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    Ceux qui nous ont quittés

    Vincent Van Meel

    Vincent Van Meel

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    Vincent Van MeelVincent Van Meel

    (1927 – 2023)

    Né à Essen le 17 janvier 1927.
    Vœux religieux le 8 septembre 1947.
    Ordination sacerdotale le 3 août 1952.  Missionnaire en République Démocratique du Congo (Kasai) et en Belgique.

    Décédé à Halle le 20 novembre 2023,à l'âge de 96 ans.

     

     

    Après ses études à Scheut, Cit (Vincent) a fréquenté l'école Normale de Torhout. Je peux me l’imaginer comme un jeune missionnaire et enseignant à Ngandajika et Mbuji-Mayi : intelligent, curieux et avide d'apprendre, ouvert, critique aussi. Avec une pile de livres à côté de lui, probablement. Parce qu'il a lu toute sa vie. Jusqu'au dernier jour, ou presque. Fondamentalement, une personne ne change pas vraiment.

    Treize ans en tant qu'enseignant auprès des jeunes lui ont permis de découvrir une culture différente. Des années plus tard, il parlait encore de ces expériences. Souvent avec humour, mais aussi avec sérieux. Rester fidèle à soi-même et respecter une autre culture est et demeure une tâche importante pour tout missionnaire. Cit a réussi. Seize ans de ministère paroissial à Mbuji-Mayi, Muene Ditu et Luputa ont suivi. Autre défi, cette fois-ci pour amener les communautés religieuses locales à choisir leurs dirigeants, à les former et à les encourager à prendre des responsabilités. Cit était aussi un maître dans ce domaine.

    Puis Cit a été élu Supérieur Provincial. Il était l'homme qu'il fallait au bon endroit. L'homme « pragmatique ». Les pieds sur terre. C'est comme ça que tout le monde le voulait. Son ouverture d'esprit lui a permis d'être également attentif aux changements dans le monde. La formation continue et l'approfondissement de la foi étaient une réponse à ce besoin.

    Lors d'une des réunions du conseil provincial, un thème « brûlant » fut abordé : «Justice et paix ». Nous parlons des années 70 et 80. Les années turbulentes qui ont suivi l'indépendance étaient derrière nous. De nouveaux dirigeants avaient émergé. Surtout des dictateurs. En ce qui concerne les Droits et la Justice, les confrères n’étaient pas bien préparés. Et pourtant, c'était important pour protéger et défendre les gens dans la rue contre l'injustice flagrante et l'exploitation. Quelqu'un a été recherché pour faire des études en vue d'un engagement dans le cadre de Justice et Paix. Les jeunes prêtres et confrères désiraient obtenir un doctorat. Mais Cit pensait autrement. Il a dit : « J’ai besoin de trouver une femme. Une femme a plus le sens des situations. Elle est plus attentionnée. Et d'en haut, on peut la contredire et la boycotter, mais on ne l'attaquera jamais physiquement, parce que c'est une femme. Elle est la garante de la vie qu'elle porte en elle, et cette vie est sacrée. » C'est ainsi qu'il pensa à une femme, à une sœur, à une religieuse, qui était sage, et qui avait déjà donné les preuves de ses efforts inlassables pour le sort des gens ordinaires. C'est ainsi qu'elle a été désignée pour commencer ces études. Scheut a financé ces études. Il faut avoir du cran pour prendre une telle décision. Cit, l'homme du « pragmatique ». Les gens sages prennent généralement de sages décisions.

    Cit avait 66 ans lorsqu'il rentra définitivement en Belgique. Il avait trente-neuf ans de « mission » derrière lui. Il est venu dans la communauté de Kessel-Lo. Retraité. Ses yeux s'étaient détériorés. Cependant, il prenait sa part de vie communautaire : sa présence tous les matins avec les confrères dépendant du service des soins infirmiers, en commençant par :  « Bonjour », et les emmenant en fauteuil roulant à la chapelle, au moment du café ou au « potus » et retour ; aussi les tâches ordinaires dans la cuisine, avec la vaisselle. C'était son interprétation du repos dans la communauté. Quand il revenait dans sa chambre, il se disait : « Je vais lire mon livre. » Combien de fois aura-il dit cela ? Son appareil auditif était son compagnon le plus fidèle, à Kessel-Lo et plus tard à Zuun. Jusqu'à quelques jours avant sa mort, en fait.

    C’est seulement à ce moment là qu’il raconta beaucoup moins qu'auparavant ce qu'il avait lu. Mais lire, il le faisait toujours. Et sa présence en communauté resta la même: une présence silencieuse.

    Quand tout est dit, le silence est le seul langage que l'on peut écouter. Quand une vie est aussi bonne qu’achevée, seule la présence silencieuse est la seule chose qui vous relie aux autres, aux frères, à l'Autre, la seule chose qui donne un sens et un but.

    Cela rend une personne reconnaissante après une vie fascinante au service des autres. Une

    personne reconnaissante ne meurt jamais.

    Cit, merci pour tout. Et maintenant, continue tes lectures au paradis.

    - Jan Reynebeau