Jan Mallet (1870-1900). Un Martyr CICM
Jan Mallet est né le 14 octobre 1870 à Hechtel, en Belgique. Il est le fils aîné de Jan Matthieu et d’Anna Elisabeth Witters. Après avoir terminé l’école primaire, il va étudier au St. Lambertuscollege de Peer. Au séminaire de St. — Truiden, il étudie la philosophie. Dans une de ses lettres à ses parents, il mentionne que son professeur de philosophie parle toujours des missions. Ce professeur invite un Scheutiste pour parler des missions de Scheut. Le confrère partage qu’il a lui-même travaillé sept ans en Mongolie et que ce n’est pas un endroit dangereux. À la fin de sa lettre, il écrit que le missionnaire a fait une profonde impression sur les séminaristes. Profondément touché par les paroles du Scheutiste, il décide de rejoindre la Congrégation.
Le 7 septembre 1891, il entre au noviciat à Scheut, Anderlecht, Bruxelles. L’année suivante, le 8 septembre 1892, il prononce ses premiers vœux. Il est ordonné prêtre le 29 février 1896 à Scheut. Sept mois plus tard, le 21 septembre, il part pour la Chine. Il voyage par train de Bruxelles à Marseille, où il prend le bateau pour Shanghai.
Il est affecté à la Mongolie centrale. Pendant l’année de son martyre, il administre le Kong-kou-ien. Un mois avant sa mort, il écrit sa dernière lettre à Adolf Van Hecke, le Supérieur général[1] dans laquelle il mentionne que les gens appellent généralement les Boxers les soldats-esprits. Il écrit également que les Boxers semblent être possédés par des démons. Lorsque les Boxers entrent dans le village et se trouvent près de sa résidence, ils commencent à accomplir certains rituels. En réponse, il leur lance des médailles de St Benoît. L’attaque n’est pas un grand succès, et les Boxers doivent fuir. Au cours des jours suivants, plusieurs endroits sont attaqués et même un certain nombre de païens innocents est tué par les Boxers. En conséquence, de nombreux païens commencent à détester les Boxers.
Mais bientôt, la vie missionnaire de Jan prendra fin. Les mandarins, qui sont déterminés à détruire l’Église, se rendent compte que, tant que les missionnaires restent avec les chrétiens, ils ne peuvent pas faire grand-chose, car la défense des villages chrétiens est généralement bien organisée par les missionnaires. Et donc, ils cherchent à obtenir par la ruse ce que la violence ne pourrait pas obtenir. Ils envoient quelques mandarins de rang inférieur dans la région pour, comme ils le prétendent, rétablir la paix en assurant aux Boxers et aux chrétiens que les deux parties ne visent rien d’autre que la concorde et la paix. Quelques jours après leur visite, l’administrateur civil de Kuei-hua-ch'eng (Guihuacheng) invite Jan Mallet et son confrère Amand Heirman[2] à venir à la ville où ils seront en sécurité sous sa protection. Espérant qu’en s’y rendant, ils calmeront les Boxers et éviteront aux chrétiens une catastrophe, ils acceptent l’invitation. Le préfet les reçoit amicalement. Mais plus tard, les deux sont battus à mort par les soldats.[3]
La mort des martyrs n’a pas anéanti l’Église. Au contraire. Dans son Apologie, Tertullien écrit au gouverneur romain de sa province, réfutant diverses fausses accusations portées contre les chrétiens et la foi chrétienne, arguant que les disciples du Christ étaient de loyaux sujets de l’empire, et ne devaient donc pas être persécutés. En tout cas, observe Tertullien, la persécution n’a pas réussi à détruire le christianisme. Il écrit :
« Tuez-nous, torturez-nous, condamnez-nous, réduisez-nous en poussière ; votre injustice est la preuve que nous sommes innocents. C’est pourquoi Dieu souffre (permet) que nous souffrions ainsi. Lorsque vous avez récemment condamné une femme chrétienne au leno (proxénète, c’est-à-dire l’accusant d’être une prostituée) plutôt qu’au leo (lion), vous avez avoué qu’une atteinte à notre pureté est considérée parmi nous comme quelque chose de plus terrible que tout châtiment et toute mort. Votre cruauté, aussi exquise soit-elle, ne vous sert pas non plus ; c’est plutôt une tentation pour nous. Plus vous nous fauchez, plus nous nous multiplions ; le sang des chrétiens est une semence » (traduction d’un texte trouvé dans Glenn Penner. Is the Blood of the Martyrs Really the Seed of the Church? https://vomcanada.com/download/seed.pdf). ■
André De Bleeker, cicm
Archiviste général
[1] « Jan Mallet » dans Missions en Chine et au Congo, 1901, p. 1-6, et p. 25-30.
[2] Plus d'informations sur ce confrère dans le prochain numéro de Chronica.
[3] Cf. Daniël Verhelst, « Nouveau développement en Chine », dans Daniël Verhelst et Hyacint Daniëls, eds. Scheut,
hier et aujourd’hui 1862-1987. Histoire de la Congrégation du Cœur Immaculé de Marie C.I.C.M. Louvain :
Presses Universitaires de Louvain, 1993, p. 88 ; Kamiel Crabbe, « Onze Martelaren », in Missiën van Scheut, no. 6, juni
1950, p. 133.