Herman De Vriendt (1941-2020)
Né le 26 août 1941 à Denderhoutem (Belgique)
Premiers vœux le 8 septembre 1961
Ordonné prêtre le 7 août 1966
Missionnaire en RD Congo, en Belgique et au Sénégal
Décédé à Dakar (Sénégal) le 3 juillet 2020 à l’âge de 78 ans
C’est difficile de cerner les contours de l’homme, Père Herman, car il fut un patrimoine commun, une bibliothèque et une mémoire non seulement pour notre Congrégation, mais surtout pour notre Église particulière, laissons dire ; l’archidiocèse de Dakar. « Mag mët naa bàyyi cim réew, xale mën naa yéég ci garab du gis, mag toog ci taatu garab di gis » ;(Il est indispensable qu’il y ait un ancien dans un pays. Un enfant au sommet d’un arbre ne peut rien voir alors que l’ancien qui est au pied de l’arbre voit ce que l’enfant ne voit pas). Voici ce que Père Herman était devenu ces dernières années.
Devoir de mémoire et reconnaissance oblige, je dois écrire quelques lignes modestes sur l’homme, Père Herman, nos chemins se croisent en 1986 et j’étais vicaire à la paroisse Sainte Agnès de Rufisque. Le Père Herman est l’aîné d’une famille de sept enfants. Après son ordination il a été envoyé en mission au Zaïre (RDC) dans l’archidiocèse de Kinshasa. Il a été vicaire à la Paroisse Saint-Pie X de Ngiri-Ngiri et curé a. i à la Paroisse Saint-Antoine de Bumbu. De 1970 – 1975 : il rentre en Belgique et entreprend des études à l’Université Catholique de Louvain en vue du doctorat en théologie. Durant son séjour en Belgique, il a assumé certaines fonctions : maître des novices, recteur, accompagnateur, animation missionnaire et vocationnelle pour les candidats cicm.
Arrivé au Sénégal en 1986, il a été vicaire et premier prêtre résident à Diamaguene (avant son érection en paroisse Notre-Dame de la Paix le 3 janvier 1999). Ensuite, il est devenu Supérieur du District Autonome du Sénégal (1994-2000), Directeur du projet Wolof Diisso, Économe du District, vicaire à la Paroisse st Abraham, coordinateur de stage de nos jeunes confrères cicm et vers la fin, vicaire dominical.
Voici certains points que je retiens de mon voisinage avec le Père Herman.
Un missionnaire profondément intégré
Arrivé au Sénégal en 1986, le Père Herman s’est mis à l’étude de la langue wolof avant de se lancer dans le ministère pastoral paroissial. Et il a consacré tout son temps à la maîtriser jusqu’à créer un petit noyau autour de lui, qui est devenu le projet wolof « Diissoo » pour la promotion de cette langue, les traductions liturgiques (Lectionnaires A.B.C, le Missel Romain et autres publications) et la culture du pays de la Teraanga. Il avait acquis une parfaite maîtrise de cette langue qu’il parlait couramment mieux qu’un natif et l’utilisait dans ses célébrations liturgiques. Avec son équipe, il a assuré pendant des années l’apprentissage de la langue aux jeunes confrères, les membres de certains instituts religieux et laïcs. Toujours disponible à se mettre au service des autres, il a animé conférences et retraites en wolof dans les paroisses où il était invité pour que les petits comprennent selon la devise du projet wolof Diissoo (Ndax ñu tuuti nànd). Un Style de vie simple qui faisait penser à Saint Paul « Oui, libre à l’égard de tous, je me suis fait l’esclave de tous, afin de gagner le plus grand nombre » 1Co 9,19-20.
Le Père Herman s’était aussi investi dans l’alphabétisation et la promotion des jeunes filles. Il était à l’école des pauvres. D’ailleurs, la vie des pauvres eux-mêmes est pour nous une école « d’humanisation » où nous avons beaucoup à apprendre. Père Herman, toujours dans le souci pour que les petits comprennent collaborait avec d’autres médias pour communiquer la Bonne Nouvelle : il animait une émission religieuse catholique titrée Laudemus Dominum sur la RDV, une télévision privée sénégalaise et la Radio Misercordia. Il était une référence en wolof et sa renommée débordait le Sénégal. Voici l’extrait de notre dernière correspondance « À ta question me concernant, je peux répondre que je me porte bien ; je ne sors pas et suis bien les consignes de “laver les mains, masque, etc. Mais le travail continu pour la radio Espérance m’occupe bien. Cela me fait vivre, surtout les émissions sur Laudato si. En plus l’abbé Sandi m’avait demandé de traduire les deux prières à Marie que le Pape a envoyées pour le mois de mai. Hier soir, nous avons pu lui envoyer la traduction : 2 belles prières. »
Permanent dans la prière
Il avait un contact intime avec le Christ et c’est là où il puisait ses forces. Même s’il ne présidait pas la messe, il portait toujours son aube pour concélébrer. L’homme d’écoute, il recevait les paroissiens pour les accompagner et leur donnait le sacrement de réconciliation. Il aimait la lecture spirituelle. Ses célébrations eucharistiques étaient toujours soignées. Il avait un chapelet noir des orthodoxes avec cette prière à Jésus « Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur ». Saint Augustin et le Bienheureux John Henry cardinal Newman l’avaient bien marqué. Il avait compris ces mots du Pape Paul VI « N’oublions pas la leçon de l’histoire : la fidélité à la prière ou son abandon est le test de la vitalité ou de la décadence de la vie religieuse ».
Amour de la Congrégation de Scheut et de sa famille
Père Herman aimait sa Congrégation et voulait la faire connaître, je pense aux soins qu’il portait aux organisations des fêtes de la Congrégation : 25 ans de la présence CICM au Sénégal et 150 ans de la fondation de la Congrégation. Il souffrait de manque de vocation en Belgique. Il partageait facilement les nouvelles de sa famille lors nos réunions et certains membres de sa famille sont venus le visiter plusieurs fois. Il célébrait leur anniversaire de naissance en communauté avec un bon verre de bière et nous exhortait à ne pas nous en priver. Il était d’une compagnie agréable.
Oui nous connaissions bien ton vœu de terminer ton pèlerinage terrestre ici au pays de la Teraanga. Car tu disais souvent que d’année en année, tu t’approchais de la Grande Rencontre, mais c’est aller très vite. Que dire ? Tout à fait à l’improviste, tu as entrepris ton dernier voyage vers le Maître de la vie. Celui-ci t’aura dit sans doute : « Viens, fidèle et bon serviteur, dans ma joie. » Nous te sommes reconnaissants pour tout. Maam Booy (cher grand-père comme les paroissiens l’appelaient affectueusement), va et repose en paix. Mission accomplie ! ■par Charles Ilunga