Pierre Lefebvre (1926-2022)
Né à Mouscron (Belgique), le 9 février 1926.
Il a été missionnaire au Congo (Kinshasa) et en Belgique.
Décédé à Liège (Belgique), le 9 mars 2022, à l'âge de 96 ans.
« Je me demande pourquoi j’ai toujours suivi la même route, qu’est-ce qui m’a motivé ? Il m’apparaît que tout au long de ma vie, j'ai été poussé en avant, une sorte d’appel, impossible de dire non. » C’est par ces mots que Pierre commence la lettre qu’il nous adresse et qu’il a rédigée bien avant son décès. Effectivement, Pierre s’est aventuré sur plusieurs pistes durant sa vie active. Comme professeur de théologie, c’est surtout à l’Institut des Sciences Religieuses à Kinshasa qu’il s’est trouvé à l’aise, car il lui fallait trouver les moyens d’adapter le langage théologique aux laïcs, hommes et femmes qui seraient animateurs de communauté ou professeurs de religion.
Pourtant, il se sentait mal à l’aise dans l’enseignement de « vérités » et selon ses propres dires, c’est le Concile Vatican II qui l’a littéralement libéré en 1964 : l’Église ne doit pas se centrer sur elle-même, sa Mission est d’être pour le monde levain dans la pâte, et de mettre plus d’humanité et de justice dans le monde. Ainsi, nommé responsable de la Fraternité Missionnaire à Saint-Denis près de Mons, il orienta toutes les activités (conférences, retraites, récollections, écrits...) selon la volonté du Concile : une Église pour le monde. Jusqu’aujourd’hui, les laïcs et des prêtres se souviennent de l’impact qu’a eu cette communauté des laïcs et des Scheutistes sur la pastorale du diocèse de Tournai.
En 1967, il est nommé pour la Formation permanente à Kinshasa, responsable des éditions « Épiphanie » et Directeur de l’hebdomadaire illustré « Afrique chrétienne » dont il orienta évidemment beaucoup d’articles vers un changement de société. En 1972, il est expulsé à cause d’un éditorial déplaisant pour Mobutu, président de la RD Congo, mais à peine monté dans l’avion, il est rappelé, car l’expulsion est annulée afin d’éviter un incident diplomatique. En effet, le ministre Harmel était à Kinshasa pour des négociations importantes.
Avec une petite équipe cicm, Pierre a créé et animé pendant près de trente ans le Centre d’Information et d’Animation Missionnaire (CIAM). Leur outil principal a été la création et l’animation de sessions basées sur la méthode Voir-Juger-Agir. Ils avaient organisé des centaines de sessions dans tout le Congo et dans de nombreux pays africains.
Les éditions « Épiphanie » publièrent une trentaine de livrets concernant les sujets traités lors des sessions. C’est ce qui lui valut une deuxième expulsion en 1986. Car le CIAM, après avoir publié un livret sur « Élections démocratiques », avait sorti « La non-violence évangélique ». Cependant, puisqu’un parti d’opposition s’était inspiré de ces idées, Pierre fut soupçonné de complot et expulsé. Mais comme il était en congé en Belgique, c’est Jaak Vanbelle qui s’est retrouvé dans l’avion.
De retour à Bruxelles dans les années 2000, il est animateur spirituel des Carmélites, rue de Lausanne, tout en les aidant à écrire leur histoire, il tombe amoureux, selon ses propres paroles, d’une mystique. Il s’agit de Marguerite Porette qui fut brûlée vive en 1310 parce qu’elle avait pris ses distances avec Église comme institution pour se rapprocher de Jésus.
En 2012, il mettra autant d’ardeur à l’animation de la Maison de Repos des Petites Sœurs des Pauvres dans les Marolles à Bruxelles.
Alors qu’il avait sillonné le Congo et une partie de l’Afrique et fait des centaines de conférences, Pierre s’asseyait calmement aux côtés de personnes très simples et en très mauvais état de santé, non seulement pour les écouter, mais également pour les égayer par des blagues toujours bienvenues. Malheureusement, sa vue baissant de plus en plus l’obligea à laisser sa place en 2017 à un autre confrère, Léon Debruyne. C’est la communauté d’Embourg qui bénéficia de la bonne humeur contagieuse et des analyses concernant l’actualité mondiale de Pierre. Il animait plusieurs fois des partages et des récollections. Il s’est éteint à 96 ans après plusieurs hospitalisations.
Jean Peeters et Bernard Parmentier