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    Célibat et planning familial naturel

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    Frans De RidderPar Frans De Ridder, cicm
     

    En premier lieu, je dirais : personne n'est forcé d’être catholique. Personne n'est obligé de prononcer le vœu de célibat. Le célibat et la planification familiale naturelle sont des dons de notre foi, une façon, pour nous, catholiques, d'exprimer et de vivre notre identité. Nous sommes enfants de Dieu, ou du moins, nous voulons le devenir.

    En second lieu, je voudrais clarifier ce que j’entends par le terme « salut ». Pour beaucoup de gens, cela signifie : « Est-ce que j’irai au ciel ? ». Tout d’abord, il convient de dire que, décider qui ira au ciel est une affaire qui regarde uniquement Dieu. Beaucoup de théologiens diront aujourd’hui que « l’enfer existe », mais personne ne sait vraiment pas si, en fait, quelqu’un y a déjà été envoyé ou quelqu’un finira là-bas. Toutefois, nous croyons en la bonté et la miséricorde de Dieu. Ainsi, l’enjeu ne consiste pas, en premier lieu, à savoir ce qui se passera après notre mort. L’enjeu consiste plutôt à vivre aujourd'hui une vie vraiment humaine et épanouissante. L’enjeu majeur se situe donc dans la façon de vivre ma vie de manière divine, selon la volonté de Dieu. Le christianisme concerne la divinisation de la vie humaine, en d’autres termes, à réaliser notre vraie nature, celle de devenir vraiment enfants de Dieu.

    Je suis venu pour qu’ils aient la vie

    En Jean 10,10, Jésus fait une déclaration directe : « Je suis venu pour qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance. » J'ai tendance à comprendre ces paroles en référence à notre vie ici sur terre, en accord avec les paroles introductives à la prière du Seigneur. Que ton Règne vienne/Que ta volonté soit faite/sur la terre comme au ciel. Ce que Jésus désire vivement, c'est de nous faire prendre conscience du fait que nous sommes enfants de Dieu et nous aider à vivre comme tels. Il s'agit d'un cheminement rempli de constantes découvertes ; celles-ci exigent sans cesse de mourir aux anciennes habitudes, afin de mener une vie nouvelle, qui puisse être source de vie pour les autres. Le passage de Mt 16, 24-28 (et ses parallèles en Mc 8, 34 – 9, 1 ; Lc 9, 23-27 ; Jn 12, 25-26) donne une brève description des conditions pour suivre le Christ. Saint Paul en parle dans plusieurs textes de ses lettres : renoncer à soi-même et porter sa croix et suivre le Christ. Cela signifie laisser mourir le vieil homme en nous ; abandonner son vieux « moi » ; et devenir une nouvelle créature, en revêtant le Christ. Le chapitre 8 de sa lettre aux Romains est peut-être l'exemple le plus éloquent et le plus puissant de la vie nouvelle dans le Christ.

    La croix n’est pas le but mais le moyen

     

    Un autre élément très important doit être réaffirmé. Le but du christianisme n'est pas la croix. La croix est le moyen. Alors, le but du christianisme est d'embrasser la croix. Cela ne veut pas dire qu’il faut rechercher la souffrance d'une façon masochiste. Cela veut plutôt dire que, pour mener notre vie de manière humaine et compatissante, nous devrions accepter d’en payer un certain prix, celui du renoncement. En fait, l'être humain est souvent centré sur lui-même et est donc « égoïste » par nature. Saint Paul dans Gal 5, 16-21 décrit ce que signifie vivre selon la « chair » (= le projet mondain). Puis, il décrit les fruits de l’Esprit dans Gal 5, 22-26. On pourrait aussi ajouter Eph 4, 17-32 ; Col 3, 5-11 ; Rom 1, 18-32. 12, 1-2 ; et bien d'autres passages.

    Il y a une nouvelle alarmante qui me fut partagée par un gynécologue en Belgique. Ce médecin me demanda : « Père, que pensez-vous ? Combien de femmes ne sont pas satisfaites dans leur vie sexuelle ? » Pour sauver ma face, j'ai donné une estimation : « 50 % ? ». Il sourit et me dit : « Non, père, la réponse est 90 % ».

    On peut donc se poser la question : « Si être actif sexuellement est épanouissant, alors pourquoi y a-t-il un taux de divorces si élevé, si alarmant et si étonnant ? »

    L’amour ne veut pas dire la même chose que faire ce que l’on veut. L’amour, c'est plutôt faire ce qui est bon pour l'autre et en assumer la responsabilité et an accepter les conséquences. Cela exige de la sollicitude pour les autres (en mourant à soi-même et à ses désirs). Cela exige donc la prise de conscience et la discipline.

    Le célibat comme un don

    Comme prêtres et religieux, nous ne pouvons pas prétendre que nous n'avons pas des désirs et des besoins sexuels, que nous ne pouvons pas tomber amoureux, et que nous ne pouvons pas avoir le béguin pour quelqu'un. Et tous nous le savons bien ! Dans « Rencontre et Mariage /Marriage Encounter », j’ai appris cette « règle d’or » : « Aimer n’est pas un sentiment. Aimer est une décision. » Ainsi, ce qui importe, ce n’est pas ce que je sens ou désire. Ce qui importe, c'est ce que je fais, pour le bien de l’autre !

    Pour la cause du Royaume de Dieu, comme personnes consacrées par la profession des vœux, nous pouvons vivre en paix avec notre sexualité, sans devoir nous engager dans des relations intimes, de type matrimonial. Personne n'est jamais mort à cause de l'abstinence sexuelle. En tant que personnes humaines, nous ne sommes pas esclaves de notre bio-chimie corporelle. C’est ce qui nous différencie essentiellement des animaux. C’est cela aussi qui met en évidence, une fois de plus, l'importance du vœu de célibat en notre temps troublé et confus. Le thème du célibat est d'une très grande actualité. Et à propos, j’aime citer Sainte Thérèse d’Avila, qui dit : « Celui qui a Dieu ne manque de rien ! »

    Pour les personnes consacrées, une relation profondément personnelle avec le Dieu vivant dans la prière ou la contemplation est une exigence essentielle ! Je pense que, deux heures par jour devrait être le minimum.

    Planification familiale naturelle

    Maintenant, je voudrais soulever la question de savoir : « Pour la cause du Royaume, une logique semblable à celle de vie consacrée pourrait-elle s'appliquer à la planification familiale naturelle, au niveau de la vie de famille ? ». Ma réponse est : OUI. De fait, des centaines de milliers de couples à travers le monde la pratiquent déjà. Mère Teresa de Calcutta et ses sœurs ont enseigné la méthode de planification familiale naturelle (PFN) à des dizaines de milliers de gens simples en Inde. Ces personnes se trouvent parmi les couples les plus heureux que je connaisse. Parmi eux, il n’y a presque pas de divorces, d'adultères, et d'avortements : Il s’agit au contraire d’une vie nouvelle en abondance ! N’est-ce pas trop beau pour être vrai ? Jésus tient toujours ses promesses ! Cela peut-il se faire ? N’est-ce pas trop exigeant, déraisonnable, naïf ?

    Mes parents étaient de simples fermiers. Ils avaient tous les deux à peine terminé leurs études primaires et ils s’étaient mis d'accord d'attendre jusqu’à leur mariage, avant de commencer leurs relations intimes. Ils voulaient avoir six enfants et ont opté pour la planification de leur famille de façon naturelle. Ils ont pu faire cela ! Quand ma sœur cadette est née, ma mère était âgée de trente-quatre ans. Pendant de nombreuses années, ils ont pratiqué fidèlement la planification familiale naturelle. C’étaient des gens de foi, engagés à réaliser le rêve de Jésus : Que ton règne vienne ! Notre vocation, qui est en fait une invitation provenant de notre Dieu et Père très aimant, est la suivante : « Je suis votre Dieu, vous êtes mon peuple. » Mes parents étaient gens de prière. Dieu était réellement présent dans leur vie.

    Personnes mariées et célibat

    Les personnes mariées sont célibataires par rapport à toutes les autres personnes, excepté leurs conjoints. Elles sont célibataires dans leur propre mariage si, pour de bonnes raisons, l’intimité sexuelle génitale n’est pas indiquée : raisons de santé, absence physique, planification familiale naturelle ou  jeûne sexuel. L’illusion dans le monde moderne est celle du : ‘je fais ce que je veux !’ Mais, faire ce que l’on veut est bien loin d’être le véritable amour. Chesterton a inventé une phrase magnifique: « Les illusions ne cessent pas d'être fallacieuses, parce qu'elles sont à la mode. »

    Confucius (551-479 avant JC) disait : « 隨心所欲, 不逾矩 »  (Fais ce qui est dans ton cœur, mais ne va pas par-dessus bord ! ). Il y a donc des limites. Et, dans de nombreuses situations, c’est cela qui signifie « porter la croix ».

    Je le répète, personne n’est obligé de devenir catholique ou disciple du Christ. C’est une invitation et un gage de bonheur déjà ici sur terre. La question la plus importante au monde est celle-ci : « Combien grand est Dieu, ou qui est ton Dieu ? »

    Je voudrais terminer par une citation de Nietzsche, dans le livre de Viktor Frankl : L’homme en quête de sens : « Celui qui a un ‘Pourquoi’ vivre peut supporter presque tous les ‘Comment’ ». Ou encore, Confucius : « 天下無難事, 只怕有心 ! ». (Rien n’est impossible à celui qui a une motivation suffisante).

    Enfin, notre Fondateur CICM, Théophile Verbist dit : « Amanti nihil impossibile est » ; ce qui veut dire : « Rien n’est impossible à celui qui aime. » ■