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    JMJ 2023 Portugal - Une étape sur le chemin du Ciel : Témoignages de jeunes pèlerins accompagnés de confrères CICM

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    Eric Michael ImbaoEric Michael Imbao, cicm
    Missionnaire aux USA

     

    Cela fait des mois que les pèlerins des Journées mondiales de la jeunesse de Lisbonne, au Portugal, sont rentrés chez eux, et pourtant tout ce que nous avons vu, entendu et constaté au cours du pèlerinage nous semble encore irréel. Il ne fait aucun doute qu'elle ont laissé dans nos cœurs et dans notre foi une marque que nous porterons pour le reste de notre vie.

    Une semaine avant les JMJ, notre groupe de pèlerins a eu la chance de visiter des lieux saints à Rome et en Italie. La visite des catacombes des premiers chrétiens et des premiers martyrs nous a profondément inspirés. Nous avons également visité les quatre basiliques majeures de Rome, avec une autorisation spéciale d'accès à la nécropole et au tombeau de saint Pierre (grottes souterraines de la basilique Saint-Pierre). Le groupe a apprécié les visites que nous avons faites à des saints comme saint Ignace de Loyola, saint François, sainte Claire et le bienheureux Carlo Acutis à Assise, en Italie.

    Arrivés au Portugal, nous avons passé une journée à Fatima. La visite des

    maisons des trois petits enfants, la marche méditative sur la Via Sacra à Aljustrel (Chemin du Berger) et la visite des sites de l’apparition de Notre-Dame de Fatima ont été des bénédictions que notre groupe portera dans son cœur.

    Selon Vatican News, cet événement d'une semaine a été un patchwork vivifiant de rencontres, de réflexions et de prières de jeunes du monde entier. Unis par le thème "Marie se leva et partit en hâte" (Luc 1, 39), les participants ont répondu à l'appel du pape François à se rassembler et à explorer les profondeurs de leur foi et de leur spiritualité au milieu d’une grande diversité. Ces pèlerins ont relevé le défi du pèlerinage et se sont empressés d'être des messagers de joie.

    Le voyage lui-même fut rempli de hauts et de bas, mais un mot peut le résumer : "challenging" (défi). Mais lorsque l'on rencontre des défis et des difficultés dans l'accomplissement d'une tâche, il y a aussi beaucoup à apprendre et à gagner.  C'est comme un principe de vie : là où il y a du gain, il y a de la souffrance, en d'autres termes, “no pain, no gain". Notre groupe de pèlerins a pleinement bénéficié des sacrifices qu'il a dû faire pour vivre l'expérience des JMJ. Depuis les longues marches dans la chaleur de la journée jusqu'au sommeil sur le sol des gymnases, en passant par la nourriture inconnue, les nuits où l'on dort à peine et les échanges avec des personnes qui parlent une autre langue.

    Nos pèlerins sont heureux d’offrir leurs témoignages ici : "Une chose qui restera dans mon esprit, c’est la joie que j'ai ressentie en rencontrant des personnes passionnées par Dieu. Nous avons chanté et dansé pratiquement partout, si bien que nous nous sommes retrouvés épuisés et fatigués. Au lieu d'être impatient et de se plaindre, notre groupe est resté joyeux à chaque instant. Je crois que nous devrions prendre la vie de la même manière. - Eric Michael Imbao, CICM.

    Parmi les pèlerins, Anthony Pablo (18 ans), paroissien de Maria, Reina De Las Americas à Mount Olive, a gardé précieusement le souvenir d'avoir été en présence du pape François. Il a partagé le message qui lui tient à cœur : "No tengan miedo, tengan coraje" - " N'ayez pas peur, ayez du courage ". Pour lui, ces mots signifiaient embrasser le chemin de Dieu sans crainte. Karen Hildalgo (29 ans), paroissienne de Sainte-Marie-des-Anges à Mount Olive, a déclaré que la simple vue de milliers de fidèles rassemblés n'a jamais manqué de lui inspirer de l'admiration. Elle a ajouté : "Cette fois, je pensais être prête à ne pas être surprise, mais j'ai eu l'impression de tout recommencer ". Pour Fatima Gloria Mesa-Romero (17 ans) de Sta. Teresa, Beulaville," Voir des milliers de personnes venir du monde entier pour adorer un seul Dieu est tellement étonnant. Je ne suis pas seule dans l'Église catholique. Nous étions des milliers à partager la même foi".

    Edwin Castaneda (20 ans) de Sainte Catherine de Sienne à Tarboro a déclaré : "Je suis arrivé aux JMJ sans savoir à quoi m'attendre. Je savais que je voulais grandir dans ma foi, et je crois avoir grandi énormément ! J'ai aimé les messes, rencontrer des gens différents, et surtout apprendre au sujet de ma foi des choses dont je n'étais pas sûr. Le moment qui restera à jamais gravé dans ma mémoire est celui où le pape François a dit : ‘N'ayez pas peur.‘ Ces trois mots simples ont eu une signification beaucoup plus grande pour moi, car je me sentais comme un adolescent qui essayait de grandir dans sa foi. J'avais peur de parler de ma foi. J'avais peur de la reconnaître. Maintenant, j'ai l'impression qu'au lieu d'éviter ma foi et de regarder de l'autre côté, je devrais l'embrasser! Je ne devrais jamais avoir peur de partager ma foi !"

    Edwin a ajouté que "lorsque les choses deviennent difficiles, ce pèlerinage me rappelle que même si j'ai rencontré de nombreux obstacles, rien n’est impossible, que je dois être prêt à tout essayer. Je pense que la vie devient parfois difficile et que, dans ces difficultés, nous nous perdons souvent, qu'il s'agisse de notre foi ou de notre passion pour l'Église. Je crois que le Seigneur a choisi chacun d'entre nous dans ce groupe pour être là, alors je pense qu'il est de notre responsabilité de partager ces expériences avec les autres et d'essayer d'encourager les gens à renforcer leur foi en Dieu ou peut-être d'essayer de les encourager à aller aux prochaines JMJ !"

    D'autres pèlerins ont également fait part de leurs réflexions :

    "Quand il était temps de chanter, nous avons chanté ; quand il était temps de danser, nous avons dansé. Et quand il était temps de prier, nous avons prié. Nous avons prié pour nos familles et toutes nos communautés. C'était tellement agréable de pouvoir prier pour d'autres dans différentes basiliques en Italie et au Portugal, qui nous ont laissés émerveillés par la beauté et la sainteté de ces églises sacrées". - Amy Galvez Ortiz (18 ans)

    "La principale chose que j'ai apprise des JMJ, c'est comment ne pas tout prendre pour acquis, être reconnaissant pour tout ce que nous avons et toujours remercier le Seigneur de nous avoir donné un jour de plus, de la nourriture et un toit au-dessus de nos têtes. Je me souviendrai aussi d'une fois où nous sommes montés dans un bus (c'était le lendemain des JMJ) et où j'ai dit au Père Eric que j'avais vu des gens marcher et qu'ils avaient l'air épuisés, ce qui m'a rappelé la fois où nous sommes montés sur un pont pour nous rendre à la dernière activité sur le site de la veillée des JMJ, en transportant tant de nourriture et en étant très

    fatigués. Les JMJ m'ont beaucoup appris à être humble et à me réjouir de ce que j'ai". - Joseph Vasquez (16 ans)

    "Il ne s'est pas passé un jour sans que je sois fatigué, mais il ne s'est pas passé un jour sans que je fasse l'expérience de l'amour et de la joie de Dieu. Marcher intensément aux côtés de 1,5 million de personnes dans la chaleur chaque jour m'a donné ce bonheur dont je ne savais pas que je manquais (et un affreux bronzage Chaco). Vous m'avez donné des soirées dansantes dans la rue et les métros bondés. Merci aux JMJ, grâce à vous, j'ai réalisé à quel point il est confortable de dormir par terre. Pour tout cela et plus encore, je suis reconnaissante. - Dulce Perez Berduo (18 ans)  "Le moment que j'ai le plus aimé, c'est la façon dont, chaque jour, nous avons travaillé en équipe en nous encourageant les uns les autres. - Franuel Chima Cagal (15 ans)

    "Ce que j'ai vécu personnellement avec foi, c'est de m’accueillir tel que je suis. Comme l'a dit le pape François, "Dieu nous appelle à la foi tels que nous sommes". Nous n'avons pas à nous transformer pour ressembler à tout le monde, nous sommes créés de manière unique à l'image de Dieu. Ce moment restera gravé dans ma mémoire car j'ai toujours lutté pour m'intégrer et pour m'entendre avec les autres afin de pouvoir les appeler des amis. J'avais trop peur de leur raconter ma vie, car ils risquaient de ne pas bien me recevoir. Je me suis donc renfermé. Mais aujourd'hui, j'apprécie mon passé et mon expérience parce qu'ils font de moi ce que je suis. Les luttes, la peine que nous endurons, même les bons moments, sont ce qui a fait de nous les personnes que nous sommes aujourd'hui, et c'est ce que Dieu nous demande d'être, et nous avons tous un but." - Anthony Pablo (18 ans)

    "J'ai fait l'expérience du calme et d'une véritable connexion avec Dieu. Un moment qui restera gravé dans ma mémoire est celui où j'ai chanté dans le métro avec d'autres pèlerins. Cela m'a apporté beaucoup de joie et d'inspiration". - Diana Hernandez (16 ans) "Pendant le pèlerinage, j'ai appris à être patiente avec le temps de Dieu et à lui faire confiance. J'ai personnellement fait l'expérience de l'immensité de l'amour de Dieu." - Alexa Hurtado (16 ans)

    Les paroles du pape François selon lesquelles l'Église est toujours un lieu "para todos, todos, todos" continuent de résonner dans le cœur des pèlerins. Les Journées Mondiales de la Jeunesse sont un pèlerinage pour tous, mais ce que vous en retirerez dépendra de ce que vous êtes prêt à y investir. Notre groupe s'est investi dans le sacrifice et le défi de vivre le pèlerinage, ce qui nous a beaucoup apporté. Nous accueillons l'inconfort en étant à l'aise dans l'inconfort. Tout comme les disciples de Jésus étaient appelés à bien plus qu'une vie

    confortable, nous, en tant que pèlerins ici sur terre en route vers notre destination - le ciel, sommes également appelés à la grandeur, à la sainteté et à la vie de disciple. C'est le chemin que Dieu nous appelle à parcourir.

    Pour les pèlerins, les JMJ ne sont pas la destination, et le voyage ne se termine pas au Portugal ; notre pèlerinage continue, et les JMJ du Portugal ne sont qu'une étape sur le chemin du Ciel. 

    Lors de la messe d'envoi avec le pape, les confrères CICM de différentes missions se sont rencontrés et ont partagé la joie de notre « Un seul Cœur et une seule Âme ». (photo) Sur la photo (de gauche à droite) : P. Louland Escabusa-Hongkong, P. Joseph Gao-Hongkong, P. Galuh Arjanto Bubun-Japon, P. Ryan Carnecer-Texas, P. Frederick Mizengo- Caroline du Nord, P. Sonny Aryanto-Texas, P. Eric Imbao- Caroline du Nord, P. Bakatubia Madiayi Sébastien-Taïwan, et P. Francis Javelosa-Taïwan.

    Source : Chronica No 5


     


    Une dynamique synodale

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    In the frontlineJacques Thomas, cicm
    Missionnaire en Belgique

     

    Depuis le 29 septembre, se tient à Rome la première session de la phase universelle du Synode. Celle-ci fut précédée de rencontres au niveau des communautés, paroisses, diocèses, conférences épiscopales et continents. La phase diocésaine a coïncidé avec notre préparation au Chapitre général de juin 2023, ce qui a malheureusement quelque peu contribué à la reléguer au second plan.

    Synode et démarche synodale

    En fait le thème même du Synode pourrait être défini comme suit … “pour une Église synodale”. Ce n’est pas un simple jeu de mots. La pratique des Synodes s’est instaurée dans la foulée de Vatican II, avec le désir d’impliquer davantage les diocèses et conférences épiscopales dans la réflexion sur certains grands thèmes. Mais leur réalisation concrète n’a pas toujours répondu aux attentes. Je me souviens d’une boutade du père Peter-Hans Kolvenbach, à l’époque Supérieur général des Jésuites, qui s’était payé de luxe d’être invité à tous les Synodes, y compris le Synode spécial pour le Liban, car il y avait été missionnaire. Il disait: “Ce que je puis affirmer de tous les Synodes auxquels j’ai participé, ce qu’en fait le résultat était déjà connu d’avance.” De fait, ayant participé moi-même au Synode pour l’Afrique de 1994, j’avais remarqué que certaines réflexions trop audacieuses ne passaient pas le cap des petits groupes de discussion et n’aboutissaient pas sur la table de l’Assemblée. Ce qui aurait pu faire l’objet de débats controversés était discrètement relégué aux oubliettes.

    Un processus ouvert et dynamique

    Les choses ont bien changé. Le pape François a voulu une dynamique aussi ouverte que possible et a souhaité que chacun puisse s’exprimer librement. C’est pourquoi aujourd’hui personne ne peut prédire ce qui en sortira. Pour donner le temps à la maturation, il a même décidé que cette phase universelle se déroulerait en deux temps et reporté la partie finale en 2024.

    Tous les commentateurs s’accordent pour dire que ce Synode n’est en fait que la réactivation d’une dynamique initiée par le Concile Vatican II, et qui n’a jusqu’ici pas encore été suffisamment développée ni exploitée. Comme le dit le cardinal Jozef De Kesel dans sa lettre pastorale d’octobre 2022 concluant la phase diocésaine du Synode: “Si le pape François touche le cœur de tant de monde, c’est aussi parce qu’il reprend le fil conducteur du Concile et les questions qui se posaient alors.”  Mais plus encore que les résultats, c’est la manière d’être Église dont il est question.

    La dynamique synodale, c’est un dosage d’écoute participative et respectueuse, un processus jamais achevé. Car le cardinal d’ajouter: “Il est faux de croire que maintenant que le processus synodal est derrière nous, nous n’avons plus qu’à attendre des résultats venant de ‘plus haut’. Nous avons appris quelque chose qui gardera toute son importance: nous avons appris à nous écouter mutuellement. Nous n’avons pas seulement pu dire tout ce que nous trouvions d’important pour l’Église et son avenir mais nous avons aussi et d’abord écouté ce que les autres ont à dire à ce propos. Écouter, entrer en dialogue, discerner ensemble ce qui est important pour l’Église et ce que l’Esprit nous demande, tel est le chemin que nous avons parcouru. Il n’y a pas de dialogue sans écoute bienveillante. Entrer en dialogue est autre chose que d’avoir raison le plus vite possible. S’écouter mutuellement et discerner ensemble n’est pas seulement important pour obtenir des résultats, ils font partie du but que l’on veut atteindre.”

    La phase diocésaine

    Au niveau de l’archidiocèse de Malines-Bruxelles, plusieurs lignes de force ont été mises en évidence. J’en épingle deux. D’abord la nécessité d’une Église qui, bien que consciente de la radicalité de l’Évangile, mais avec beaucoup de tendresse et de miséricorde, ne veut exclure personne. C’est ce que le pape François a confirmé aux Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ) de Lisbonne en martelant à de nombreuses reprises le mot: TOUS. On souhaite également vivement une Église moins cléricale, et qui donne une place égale aux femmes. Lors de la célébration de clôture de la phase diocésaine dans la basilique de Koekelberg, cela s’est illustré par une procession d’entrée à l’image du peuple de Dieu: des adultes et des enfants, des hommes et des femmes, des jeunes et des moins jeunes, des valides et des moins valides en chaise roulante. C’est pourquoi je regrette l’image que s’est donnée l’Église sur la grand-place de Malines face aux terrasses remplies d’un public amusé lors de l’ordination du nouvel archevêque: une longue procession de plusieurs centaines de prêtres, flanqués d’une bonne douzaine d’évêques mitrés, tandis que les collaborateurs et assistants pastoraux laïcs, hommes et femmes attendaient dans la cathédrale. Une occasion manquée de montrer au monde un nouveau visage de l’Église, moins masculin et clérical. Cela nous invite à réfléchir davantage sur des pratiques séculaires, certainement valables et qui nous paraissent comme allant de soi, mais ne portent pas le renouveau auquel nous prétendons.

    La phase continentale

    La phase continentale à laquelle ont participé des laïcs et pas seulement des évêques a surtout mis en évidence une diversité de sensibilités et d’approches, y compris entre les Églises d’Europe. Ceci nous fait prendre conscience de ce que notre manière de voir les choses dans notre société hyper-sécularisée n’est pas à généraliser ni à imposer; et ce principe s’appliquera également à la diversité des réalités au niveau des continents et de l’Église entière.

    La diversité, signe de vitalité

    Comme le souligne encore le cardinal: “Rencontrer toutes les attentes est évidemment impossible. Le rapport final de notre diocèse rend bien compte de ce qui se vit dans la communauté chrétienne, mais il montre aussi que tous ne pensent pas la même chose et n’ont pas les mêmes attentes. Les attentes vont en sens divers ainsi que les options quant au chemin à suivre. Il nous faut apprendre à vivre avec ce fait. En soi c’est même une bonne chose. Il est important que dans l’Église, chacun puisse dire ce qu’il pense. La diversité n’est pas telle quelle une menace pour l’unité, mais un signe de vitalité. … Mais personne ne peut estimer que le prochain Synode et le processus synodal qui le précède, ne seront une réussite qu’à la condition que ses propres conceptions et attentes l’aient emporté.”

    La dynamique synodale ne connaît pas de terme. Elle est en fait appelée à devenir une manière permanente de fonctionner. Nous en avions déjà une certaine expérience dans nos Congrégations religieuses, notamment dans la préparation de nos Chapitres, avec nos Assemblées provinciales et régionales, sans oublier le travail précieux et toujours pertinent de la Commission précapitulaire. Mais cette dynamique synodale peut encore nous inspirer

    davantage: les Chapitres ne sont pas des termes en soi. Nous en attendons la publication des Actes pour poursuivre ensemble le partage et la réflexion dans l’écoute mutuelle et le respect des différences de sensibilités.

    Source : Chronica No 5 2023

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    BÉNI !

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    In the frontlineRonald Magbanua, cicm
    Missionnaire en Mongolie

     

    "Goûtez et voyez, car la joie et la bonté du Seigneur ne sont pas éphémères."

    J'ai été très enthousiaste en apprenant la venue du pape en Mongolie. En 2003, le pape Jean-Paul II devait venir en Mongolie. Cependant, en raison de circonstances défavorables, la visite a été annulée. Presque tout le monde était alors prêt pour la venue du pape Jean-Paul : l'entourage, les agences de presse, etc. J'ai participé à la préparation à l'époque, car je vivais avec feu l'évêque Wens dans la maison de l'évêque.

    Cette fois, je me suis dit : “Ce qui est important, c'est que le pape vienne et cela me suffit déjà. J'en suis déjà satisfait. Je n'ai même pas besoin de me rapprocher de lui.” Mais les confrères disaient : “Vous êtes le supérieur local et vous aurez la chance d'approcher le pape ou d'être assis près de lui.” Je leur ai répondu : “Ce n'est pas nécessaire. Sa venue en Mongolie est déjà une bonne chose pour moi, et je serai déjà très heureux.”

    En tant que membre du conseil de mission de la préfecture et curé de paroisse, j'étais bien informé et j'ai fait partie du comité de préparation. J'ai vu l'ampleur du travail à accomplir. Je me suis dit que je me rendrais disponible pour tout travail qui me serait confié ou pour tout domaine qui aurait besoin de mon aide. J'ai fait partie de la Commission de la famille qui a supervisé la décoration de la cathédrale, de la Maison de la Miséricorde (un abri béni par le pape lui-même) et de l'autel pour la messe publique du pape. Avec d'autres membres de la commission, nous avons nettoyé les abords de la cathédrale, planté des fleurs, posé des bâches et repassé les vêtements des évêques et des cardinaux.

    De nombreux pèlerins sont venus de plusieurs pays d'Asie. Quelques confrères sont également venus pour la visite du pape, dont notre Supérieur Général, Charles Phukuta ; notre Supérieur Provincial ASI Antonius Harnoko; Gilbert Sales, qui est l'un des pionniers de la Mission de Mongolie; René Cabag, Vice Supérieur Provincial de RP ; et André Aboudi du Cameroun. J'ai humblement proposé d'aller les chercher à l'aéroport, avec d'autres pèlerins. Grâce à l'aide de Jay Mark Ame, nous avons pu les accueillir et leur offrir l'hospitalité de notre communauté.La date de la visite du pape approchait et le plan n'était pas encore finalisé. La sécurité du Vatican et la sécurité de l’État n'ont cessé de modifier certaines parties du plan. Nous ne pouvions qu’accepter qu'ils étaient préoccupés par la sécurité du pape.

    Le jour du 1er septembre 2023 est arrivé. Nous étions tous très excités à son arrivée. On m'avait demandé d'être à l'aéroport pour accueillir le pape, mais je n'y suis pas allé. Au lieu de cela, j'ai rejoint nos paroissiens et je suis resté avec eux le long de la route.  En attendant le pape, j'ai eu le grand privilège d'être sollicité par les pèlerins pour le sacrement de la Réconciliation. Là, sur la route, les gens sont venus se confesser, des Mongols et des pèlerins d'autres pays. Je me suis senti tellement béni pour ce privilège. Lorsque l'entourage du pape s’est approché, quelqu'un de la foule cria : "Père, le pape s'approche. S'il vous plaît, venez." J'ai béni le dernier pèlerin venu se confesser et, ensemble, nous avons rejoint la foule. Nous avons agité nos drapeaux au passage du pape François.

    J'ai vu le pape juste devant moi alors qu'il ouvrait la fenêtre de sa voiture officielle pour nous saluer. Quel privilège ! Je sursautai tandis que d'autres pèlerins pleuraient de joie de voir le pape. Le pape François était si aimable qu'il nous a salués et souri. Nous sommes tous retournés à notre église paroissiale, et pendant que nous étions dans le bus, nous nous sommes racontés notre expérience unique.  En arrivant à notre église, j'ai invité tous les pèlerins à la Sainte Messe. Nous avons tous remercié le Seigneur d'avoir eu la chance de voir le pape passer devant nous. Après la messe, certains pèlerins sont rentrés chez eux. Ceux qui sont restés ont aidé à la préparation de la nourriture pour le lendemain. Notre église a été chargée de préparer le déjeuner pour certaines paroisses et pour d'autres pèlerins. Nous remercions le Seigneur pour les bénévoles qu'il nous a donnés afin de pouvoir préparer la nourriture pour 600 personnes.

    En fin d'après-midi, le cardinal Giorgio Marengo nous a appelés pour nous dire que le pape François nous invitait à une messe privée à l'évêché le lendemain, le 2 septembre 2023. Le pape nous a invités à sa messe pour exprimer sa gratitude à CICM et pour découvrir les nombreux travaux réalisés par CICM pour la mission de Mongolie. Nous étions trois CICM à être invités, à savoir : Charles Phukuta, Gilbert Sales et moi. L'invitation du pape à une messe privée ne pouvait que nous encourager à ce que la mission de Mongolie, qui nous a été confiée en tant que CICM, reste importante pour nous. Quoi qu'il arrive, nous ne devrions jamais abandonner cette mission.

    Le 2 septembre 2023 est arrivé. Tôt le matin, je suis allé chercher Gilbert et Charles. Immédiatement, nous nous sommes rendus à la maison de l'évêque. À l'arrivée, la police de sécurité de l’état est venue vérifier nos passeports, et en arrivant à la porte principale de la maison de l'évêque, la sécurité du Vatican est venue vérifier à nouveau nos passeports. À l'intérieur de l'évêché, le cardinal Giorgio nous a accueillis et nous a conduits à la chapelle. Il nous a également présenté l'entourage du pape François. L'excitation montait à mesure que l'heure de la messe approchait. Nous ne savions plus quoi faire.

    Le pape François est entré et le Cardinal Giorgio nous a présenté à lui. La messe a commencé et j'étais assis à côté du pape. J'étais tellement nerveux et inquiet de la façon dont je devais m'asseoir ou me tenir debout. Je ne savais pas quoi faire à ce moment-là. Le pape était si doux et si simple. Je me disais à moi-même que j'étais béni d'avoir été invité à la messe privée avec le pape. Je n'arrivais pas à y croire. Je louais Dieu pour toutes ces bénédictions. À la fin de la messe, le cardinal Giorgio nous a invités à nous rendre dans la salle de réception où le pape allait nous rencontrer.

    Nous nous sommes donc rendus à l'accueil. Le Père Général, Charles Phukuta, et Gilbert Sales doivent déjà avoir cette expérience de la rencontre avec le pape. Mais pour moi, c'était la toute première fois et peut-être la dernière. Je me demandais ce que j’allais dire lorsque j'ai rencontré le pape. Les pensées ne sont pas venues du tout. Et lorsque le pape est venu nous rencontrer individuellement, je n'ai rien dit, mais j'ai été captivé par son sourire et sa voix. Le pape a donné à chacun de nous un chapelet spécial, un chapelet que nous garderons sûrement précieusement toute notre vie. Nous sommes tous les trois rentrés chez nous très heureux. Et nous ne savions pas comment nous allions partager nos expériences avec nos confrères et d'autres personnes une fois rentrés chez nous.

    De retour à notre église paroissiale, les pèlerins étaient déjà partout. Patrick Taveirne était avec les pèlerins de Hong Kong. Ils attendaient le signal de départ pour se rendre sur la place Sukhbaatar, où aurait lieu l'accueil officiel de l’état. Avec les membres du groupe de couples de la paroisse, je suis resté dans l'église pour terminer la préparation des repas. Grâce à Dieu. Nous avons pu préparer les 600 paquets alimentaires. Les paquets de nourriture ont été distribués aux gens. De nombreux pèlerins de la campagne sont venus assoiffés et affamés. Nous leur avons également donné de la nourriture et des boissons.

     Le pape François est sorti et a salué tous les pèlerins stationnés aux alentours de la cathédrale. Après avoir salué les gens, le pape est allé à la rencontre des évêques, des prêtres, des missionnaires et des agents pastoraux. Sœur Salvia, le père Peter Sanjaajav et Rufina ont donné leur témoignage.

    Le pape, après avoir entendu les témoignages, les a remerciés et a remercié toutes les personnes présentes dans la cathédrale. Il a commencé par évoquer la mémoire de Mgr Wenceslao Padilla, CICM, premier préfet apostolique, pionnier de l'histoire contemporaine de l'Église en Mongolie. Il nous a ensuite invités à réfléchir à l’aide du Psaume 34, en disant : "Goûtez et voyez comme le Seigneur est bon ". Je cite ce qu'il a dit : "Goûtez et voyez, car la joie et la bonté du Seigneur ne sont pas éphémères. Ils restent en nous, donnent du goût à notre vie et nous font voir les choses d'une manière renouvelée.... Offrir sa vie pour l'Évangile... En même temps, je vous invite à goûter et à voir le Seigneur, à revenir sans cesse au regard originel d'où tout est parti. Sinon, nos forces s'épuiseront et notre travail pastoral risquera de devenir une prestation de services vide, une liste de tâches qui n'engendreront que lassitude et frustration. Au contraire, si nous restons en contact avec le visage du Christ, le cherchant dans les Écritures et le contemplant dans l'adoration silencieuse devant le Tabernacle, nous le verrons dans les visages de ceux que nous servons et nous ferons l'expérience d'une joie intérieure qui, même au milieu des épreuves, apporte la paix dans nos cœurs".

    J'ai senti que le pape parlait à mon cœur. Cela fait maintenant 21 ans que je suis en Mission. J'ai senti que le pape me disait de goûter et de voir le don de ce que je suis et la beauté de m’offrir entièrement au Christ qui m’a appelé à témoigner de son Amour en Mongolie. Après que le pape nous a transmis son message, nous avons tous été invités à le rencontrer un par un. Je sentais encore en moi la bénédiction que j'avais reçue plus tôt dans la matinée. Ici encore, j’ai reçu la bénédiction du pape ! Je ne pouvais que remercier le Seigneur pour sa bonté !

    Le soir, alors que d'autres se reposaient déjà, nous étions encore dans la Steppe Arena pour repasser les vêtements des cardinaux et des évêques. Nous voulions nous préparer pour la messe, mais l’autel n’était pas encore prêt. L'architecte, avec ses équipes, travaillait encore à l'autel et à la

    plate-forme. Nous sommes rentrés à la maison à presque 3 heures du matin.

    Le lendemain, tous les supérieurs locaux ont été invités à se joindre à la rencontre interreligieuse et œcuménique au théâtre de Hun. Avec d'autres supérieurs locaux, je me suis rendu sur place pour participer à la réunion. Toutes les dénominations religieuses présentes en Mongolie étaient bien représentées. Les uns après les autres, les chefs religieux ont pu partager leurs impressions, et le pape a été le dernier à le faire. Tout le monde fut satisfait du résultat de la réunion. Après la rencontre œcuménique, les supérieurs locaux se sont rendus directement à Steppe Arena pour se préparer à la messe publique du pape François.

    Lorsque nous sommes arrivés, les pèlerins faisaient déjà la queue pour entrer dans le Stade. Comme d'habitude, la sécurité fut stricte. Les agents de sécurité contrôlèrent les pèlerins un par un. Avant de le savoir, le Stade fut rempli. Tout le monde fut prêt à accueillir le pape. Entre-temps, je fus appelé pour aider aux confessions. Des cabines de confessions avaient été placées sur le côté du Stade. J'ai été heureux d’entendre les confessions de pèlerins mongols et anglophones. Je ne suis pas resté longtemps dans le confessionnal, car on m'appela à me rendre à l'autel pour la répétition de la messe. J'ai eu la chance d'être choisi pour servir à l'autel lors de la messe publique du pape. J'ai personnellement donné la communion au pape. Quelle bénédiction ! De tous les prêtres et religieux présents pour la visite du pape, ils m'ont choisi pour servir le pape. Merci, Seigneur !

    Après la messe, j'ai reçu de nombreux messages de félicitations du pays et de l'étranger, disant qu'ils m'avaient vu à l'autel et entendu ma voix. J'ai loué et remercié le Seigneur de m'avoir choisi pour servir. Si vous me demandez pourquoi j'ai été choisi, je ne connais certainement pas la réponse. Une chose est sûre, je peux le dire.  Je suis béni par le pape.  Je ne manquerai pas de partager cette bénédiction avec les personnes que je sers et je continuerai à être une bénédiction pour les autres personnes que je rencontrerai.

    Source : Chronica No 2023



    Noviciat CICM Buisson Ardent (1972-2022) : 50 ans de fidélité et de persévérance

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    In the frontlinePar Prosper-B. Mbumba, cicm

     

    L’année 2022 marque le cinquantenaire du noviciat cicm de Mbudi. En effet, après la première expérience à Katoka dans le Kasaï central de 1954-1964, le noviciat CICM en Afrique réouvre ses portes à Mbudi, une banlieue de Kinshasa, en 1972. Notre regretté confrère, le cardinal Frédéric Etsou, alors, Vice-Provincial de la Province CICM de Kinshasa et Aîné des Africains, avait joué un rôle important dans l’ouverture du noviciat de Mbudi. Les candidats y recevraient une formation missionnaire et religieuse authentiquement africaine, à en croire Mgr Léonard Kasanda, évêque émérite du diocèse de Luiza et premier maître des novices dans ce noviciat sous l’appellation de Buisson Ardent. Fondé à l’origine pour des candidats africains, aujourd’hui, ce noviciat est l’un des deux seuls noviciats de notre Congrégation dans le monde. Le deuxième noviciat est anglophone et se trouve à Taytay aux Philippines.

    Sous le thème « Cinquante ans de fidélité et de persévérance pour une flamme toujours allumée », ce jubilé d’or a culminé dans la célébration eucharistique du 8 septembre 2022, fête de la Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie présidée par Mgr Léonard Kasanda. L’homélie était prononcée par notre Supérieur général, le Père Charles Phukuta. Plusieurs autres CICM étaient au rendez-vous pour rehausser ce jubilé d’or. Nous citons, entre autres, tous les anciens maîtres des novices du Noviciat Buisson Ardent, Mgr Godefroy Mukeng’a Kalond, Archevêque émérite de Kananga (RD Congo) et premier prêtre CICM africain ; Mgr Louis NKinga, Évêque émérite de Lisala (RD Congo) et Mgr Ernest Archevêque, Archevêque de Mbandaka-Bikoro (RD Congo).

    Dans son homélie, le Père Charles avait invité l’assemblée et les 10 novices qui allaient émettre les vœux de religion au cours de la même célébration à faire confiance en Dieu qui les a appelés et de se rendre disponibles pour écouter Dieu à l’exemple de Joseph et de Marie :

    « L’Évangile d’aujourd’hui, avec la longue liste généalogique, mène à Marie et Joseph, et au fils de Dieu fait Homme. Mais c’est Joseph, le modeste Joseph, qui est mis en exergue. Ayant appris que Marie était enceinte avant même qu’ils aient vécu ensemble, Joseph prend la décision de divorcer d’avec elle : pourtant il sera doux et agira avec prudence envers elle, planifiant de se séparer d’avec elle en secret. Et voilà que, avant que Joseph ne passe à l’acte, Dieu va intervenir dans un rêve, et va casser la décision de Joseph. Un ange lui dit de ne pas avoir peur, et de prendre Marie chez lui. C’est un conseil difficile à suivre. Pourtant, la profondeur de la foi de Joseph, sa maîtrise et son courage vont prendre le dessus. Obéissant au message de l’ange, il va faire ce qu’il était bon de faire… Comme Marie et Joseph, soyons à l’écoute de Dieu et du prochain. L’écoute suppose la disponibilité : aérons notre vie, débarrassons-nous de toute sorte d’encombrements pour rendre notre cœur disponible. »

    Dans son allocution à l’occasion de ce jubilé, le Supérieur général CICM avait souligné l’importance du nom donné à ce noviciat, à savoir, Buisson Ardent :

    « Le nom « Buisson Ardent » s’inspire de l’Exode 3, lorsque Dieu, par l’intermédiaire d’un buisson ardent, a appelé Moïse et l’a envoyé libérer son peuple, les Israélites, de l’esclavage en Égypte. À travers ce buisson ardent, Dieu a proclamé son nom à Moïse, YHWH. Le buisson ardent est de ce fait un symbole puissant. Il représente l’énergie miraculeuse de Dieu, la lumière sacrée, l’illumination et le cœur brûlant de pureté et d’amour. Il représente également la révérence et la crainte de Moïse devant la présence divine… Comme pour Moïse, ce lieu est devenu une terre sacrée pour des centaines d’entre nous, où nous avons découvert et approfondi notre vocation CICM pour le monde. »

    Durant ce demi-siècle d’existence, le Noviciat Buisson Ardent a accueilli et formé 669 novices dont certains ont rejoint la vie laïque. Des missionnaires formés en ce lieu, on compte aujourd’hui cinq Évêques : Mgr Philibert Tembo, Évêque de Budjala (RD Congo) ; Mgr Ernest Ngombe ; Mgr Oscar Nkolo, Évêque de Mweka (RD Congo) ; Mgr Félicien Ntambue, Évêque de Kabinda (RD Congo) et Mgr Faustin Ambassa, Archevêque de Garoua (Cameroun). En outre, le noviciat de Mbudi compte parmi ses ressortissants deux supérieurs généraux : les Pères Edouard Tsimba (2005-2011) et Charles Phukuta (2017 –).

    Pour finir, le Supérieur général, au nom de tous les CICM, avait émis les vœux de voir ce Noviciat ainsi que celui de Taytay continuer à remplir leur vocation noble de former des missionnaires religieux capables de répondre aux défis du monde et de l’Église en mutation :

    « Que Dieu lui-même, auteur de tout bien, nous aide à maintenir ce buisson ardent afin qu’il brûle pour de nombreuses années encore. Par l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie, Mère de Notre Seigneur, et Patronne de notre Congrégation, puissent ce noviciat Buisson Ardent de Mbudi et le Noviciat Théophile Verbist de Taytay aux Philippines, croître en efficacité et dans l’accomplissement de leur haute vocation et de leur noble mission de former les futurs missionnaires religieux CICM. »  

    50 ans