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    Soyons tous coresponsables

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    Reflectionpar Jozef MATTON, cicm 
    Conseiller général  

     

    Au cours des derniers mois dans toutes les Provinces, il y a eu des consultations en vue de la nomination des Supérieurs ou des Conseillers provinciaux. Dans certaines Provinces il y en aura encore en vue de la nomination des Conseillers provinciaux.

    Nous savons tous qu’il ne s’agît pas d’élections. Les articles 91 à 93 de nos Constitutions sont clairs là-dessus. Les consultations sont un moyen de faire participer plus activement tous les confrères à la vie de la Province et à la gouvernance de leur Province.

    Chaque confrère a l’occasion de dire au Gouvernement général comment il voit la situation de la Province : qui peut gouverner la Province ou collaborer à cette gouvernance en tant que Supérieur ou Conseiller et pourquoi. Une bonne partie des confrères participant aux consultations le font ainsi.

    Une fois que les nominations sont faites, un membre du Gouvernement général fait un résumé des contributions des confrères qui ont participé aux consultations dans la Province concernée. Il le soumet ensuite au nouveau Gouvernement provincial comme un outil de travail au cours de leur mandat.

    Pas mal de confrères en effet signalent clairement où se trouvent les lumières dans la Province. Ils signalent aussi les ombres, les défis, les préoccupations. Enfin, ils notent clairement à quoi le Provincial et son conseil doivent travailler durant leur mandat !

    Mais, je suis curieux de savoir combien de confrères réfléchissent à ce qu’ils peuvent faire pour aider à résoudre ou améliorer les situations qu’ils ont identifiées. Parfois, l’on a l’impression que la Province n’est que l’affaire du Supérieur provincial et de son Conseil.

    Certes, le Supérieur provincial et son Conseil portent une responsabilité parce que les confrères leur ont fait confiance en les proposant comme leaders possibles. Mais la responsabilité des confrères ne doit pas se limiter à dire ce que les autres doivent faire !

    Quelques exemples

    •  Lors des consultations, certains confrères expriment leurs inquiétudes par rapport à la tentation, si pas le risque de dépendre ou de favoriser les confrères de certaines nationalités. Est-ce seulement la responsabilité du Provincial et de ses Conseillers de fournir des efforts pour qu’il y ait une plus grande fraternité dans une entité ou une Province ? Qui est à blâmer pour situation fâcheuse ? Le Supérieur provincial ? Ce scénario est promu ou même créé par les confrères faisant partie de ce District ou Province. Sur quelle base a-t-on proposé tel ou tel confrère comme Supérieur ou Conseiller provincial ? À cause de ses qualités ? Est-ce parce qu’il est proche de moi ou bien parce que je m’entends bien avec lui ?

    Les articles 48 et suivants, sous le titre commun « En communion fraternelle », sont clairs ! Art 50.1 dit explicitement :

    Chacun contribue à créer un climat de confiance et de respect, qui nous permet de partager notre vécu. Nous nous comportons en vrais frères, particulièrement à l’égard de ceux qui éprouvent des difficultés.

    Les Directives pour la Vie Multiculturelle en CICM contiennent plusieurs de beaux textes et conseils pour une vie fraternelle dans nos Provinces et notre Congrégation. Ils valent la peine d’être lus et surtout pris en compte dans notre vie quotidienne. Et cela n’est pas la seule responsabilité des supérieurs et leurs conseils.

    L’ancien Supérieur général, le Père Tsimba Ngoma Edouard, dans l’introduction des Directives pour la Vie Multiculturelle en CICM paru en 2010 a écrit :

    Le sujet de l’internationalité a été débattu au cours de plusieurs Chapitres généraux. Celui de 2005 a déclaré : « Nous affirmons que le caractère multiculturel de CICM est un élément constitutif de son identité. Les confrères devraient accueillir ce don, en le valorisant et en s’efforçant de s’intégrer au mieux dans cette réalité de la Congrégation ». Le présent document sera, je l’espère du moins, un outil qui aidera tous les confrères à mieux vivre ce don du caractère multiculturel dans notre chère Congrégation.

    •  Quelques Provinces connaissent des difficultés financières. Et plusieurs fois on lit dans les commentaires des bulletins de consultation que le Supérieur provincial et son Conseil doivent y remédier et tout faire tout leur possible pour améliorer la gestion. Ils doivent même prendre des mesures strictes contre des confrères en cas de fraude ou autres formes de tricherie.

    Est-ce que le confrère qui écrit cela a réfléchi sur sa propre façon de gérer l’argent et son propre style de vie ? Ne s’est-il pas posé la question si lui-même n’est pas trop exigeant ? Qu’a-t-il fait pour conseiller un confrère quand il voit que celui-ci ne vit pas conformément aux exigences de la vie religieuse ?

    Peut-être à ce point-là notre formation dans la vie religieuse n’aide pas tellement à prendre de responsabilité dans la gestion des biens d’une communauté, Province ou Institut. Partout, il y a un économe qui a comme première responsabilité de gérer les biens matériels. Toutefois, cela n’implique pas qu’il soit le seul responsable de la santé financière d’une entité donnée.

    Les Directives générales pour l’Administration financière, contiennent tout un chapitre qui a comme titre : La coresponsabilité dans l’administration des biens et dans la politique financière.

    Dans le No 15, nous lisons ceci concernant la coresponsabilité en matières financières :

    La coresponsabilité dans l’administration des biens et dans la politique financière va de pair avec la subsidiarité. Nous devons savoir que nous sommes tous coresponsables du soutien financier de l’Institut et de ses œuvres, de sorte que chacun se sente porté par ses confrères. Cela suppose une attitude responsable de chacun par rapport à la tâche confiée, à lui personnellement, à sa communauté, sa Province ou son District autonome, et à l’Institut dans son ensemble. Cela suppose également que tous aient le souci de réaliser de mieux en mieux les options communes.

    Je pourrais encore donner d’autres exemples, puisque la vie et certainement la vie religieuse a beaucoup de facettes.

    Être missionnaire religieux dans la Congrégation du Cœur Immaculé de Marie n’est pas un jeu solitaire pour son propre intérêt ou profit. C’est un engagement collectif en vue d’annoncer la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu. Ainsi, ne mettons pas les charges sur les épaules des autres et les bénéfices sur les nôtres.

    Tous ensemble responsables

    Quand nous professons nos vœux, nous disons de l’une ou l’autre façon que nous nous engageons à vivre une vie conforme aux exigences de la vie religieuse, dans la Congrégation, pas comme soliste ! mais bien au service de la mission commune confiée à la Congrégation en vue de la réalisation du Royaume de Dieu. Et en acceptant les vœux, la Congrégation s’engage à cheminer ensemble avec ce confrère pour qu’il puisse vivre son engagement missionnaire-religieux dans la fidélité. Par conséquent, nous sommes responsables les uns des autres en vue d’une mission commune.

    Je l’ai déjà écrit auparavant dans un autre article : nous sommes là pour la mission, et non pas la mission pour nous (cf. Chronica, No. 5, septembre 2019, p. 201).

    Lors des premiers ou du renouvellement des vœux, nous pouvons lire de très beaux textes qui expriment la volonté de vivre les exigences de la vie religieuse et de la mission. La réalité montre malheureusement des choses toutes différentes.

    Nous avons de très beaux textes. Plusieurs de nos documents sont vraiment uniques et servent comme références et modèles pour bien d’autres Congrégations.

    Si nous étions prêts à vivre en profondeur notre engagement missionnaire et religieux commun dont parlent nos documents, nous éviterions beaucoup de nos problèmes et difficultés au sein de nos communautés, Provinces et Congrégation. Cor unum et anima una. 

    « Le choix de nos responsables obéit à un processus de discernement qui peut être amélioré et devenir plus participatif. Les dispositions des Constitutions (art. 91) et du Directoire Commun (art. 91.1) demeurent la base de notre discernement. Celui-ci ne doit jamais être assimilé à une élection démocratique, où l’appartenance à un groupe d’intérêts primerait sur les qualités humaines et spirituelles des confrères que nous proposons pour le leadership. »  

    Actes du 15e Chapitre général, p. 18