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    Nouvelles fondations et charisme CICM

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    Charles PhukutaPère Charles Phukuta, cicm
    Supérieur général

     

    Une nouvelle fondation missionnaire doit d'abord être un acte missionnaire, et non pas avec l’arrière-pensée de recruter des candidats CICM. Dès 1974, le 8ème Chapitre général recommandait au Gouvernement général de prendre « l'initiative d'accepter de nouvelles tâches missionnaires qui feront circuler du sang nouveau dans la Congrégation ». (Il faut que le feu brûle, p. 131)

    Accepter de nouvelles tâches missionnaires             implique:

    • une réflexion attentive des besoins,
    • la conformité avec notre mission, et
    • l'impact potentiel.

    CICM existe pour la mission. Ainsi, nous ne pouvons pas relever le défi des nouvelles fondations en nous contentant tout simplement d'étendre nos activités. S'engager dans de nouvelles fondations où nous sommes sollicités, c'est participer au mystère d'un Dieu créateur qui seul renouvelle la face de la terre (Ps 103, 30). Nous participons à l'activité créatrice de Dieu en restant des pionniers parce que de nouvelles fondations apportent une nouvelle vie à notre Institut et aux personnes auxquelles nous sommes envoyés. C'est pourquoi les nouvelles fondations ne peuvent pas être le résultat d'un vague désir missionnaire ou du désir d'être connu dans l'histoire de l'Institut pour avoir fondé une autre mission. Les nouvelles fondations doivent être fondées sur la pierre angulaire de notre identité missionnaire. Elles ne peuvent être construites que sur le charisme CICM.

    Demandes récentes

     

    Les diocèses de Karonga et de Mzuzu au Malawi, d'Ijebu-Ode au Nigeria, de Gaspé au Canada et de l'archidiocèse de Bangui en République Centrafricaine ont demandé une présence de CICM. Parmi les autres demandes, citons Solidarité avec le Soudan du Sud, un projet conjoint entre l'Union internationale des supérieurs généraux (UISG) et l'Union des supérieurs généraux (USG), visant à apporter soutien et solidarité au peuple du Soudan du Sud. Les Provinces de US et de LAC ont continué à entretenir l'idée de relancer le projet d’une présence missionnaire à Cuba. Les deux Provinces d'Asie se sont rendues au Vietnam et en Papouasie-Nouvelle-Guinée en vue d'y établir une possible présence missionnaire CICM. Ces demandes et d'autres à l'étude sont un signe de reconnaissance et de confiance envers notre Congrégation. Elles maintiennent vivant l'esprit d'audace, qui est le courage d'accepter de nouvelles aventures pour garder vivants nos engagements missionnaires. Le 16ème Chapitre général a demandé au Gouvernement général d'étudier la possibilité d'une initiative missionnaire en Italie et, pour la Province BNL, la possibilité d'un engagement pastoral aux Pays-Bas.

    Expériences récentes

    Notre rôle dans les nouvelles fondations, souvent appelées « nouvelles missions » ou « nouvelles entreprises », est en effet crucial. Il ne s'agit pas seulement de nouvelles insertions, mais d'extensions significatives de notre mission au-delà des frontières territoriales des pays où nous sommes déjà présents. Il est important de noter que les nouvelles insertions à l'extérieur des limites d'une province mais dans le même pays ne sont pas considérées comme de nouvelles fondations et relèvent de la responsabilité du personnel et de l'animation de la province.

    Bien que les demandes aient été valables dans la plupart des cas, le gouvernement général ne les a pas toutes examinées en raison de nos obligations envers les Églises locales où nous sommes actuellement engagés et de la diminution et du vieillissement de nos membres. Bien que nous soyons encore en train de discerner au sujet de certaines de ces demandes, le Gouvernement général n'en a retenu que deux : le Malawi, avec l'aide des provinces et des confrères qui ont répondu favorablement à l'appel du Gouvernement général, et le Canada, avec l'aide de la Province des États-Unis. Pour constituer une équipe initiale suffisamment stable, il a été difficile de libérer les confrères ayant une expérience missionnaire, car les jeunes confrères, avec expérience, sont affectés en priorité à la formation initiale et à l'administration. De plus, les problèmes de santé, d'adaptation ou d'éventuelles désillusions doivent également être pris en compte. Un autre domaine d'attention est la nécessité de préparer davantage les confrères à travailler en équipe dans de nouvelles perspectives, afin de s'adapter et de grandir dans leur travail missionnaire. L'une des dimensions du nouveau concept de mission est que les congrégations missionnaires envoient des petits groupes de missionnaires dans les Églises locales plutôt qu’elles ne proposent une présence massive, comme nous l'avons connue et la connaissons encore dans certaines provinces plus anciennes. Ils prennent en charge des tâches missionnaires bien déterminées pour répondre aux besoins les plus urgents et pour un temps limité.

     

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    Rencontre des confrères CICM avec les membres de la Curie diocésaine de Bruges :
    P. Jerri Lakonawa, P. Martin Mvibudulu, Mgr Lode Aerts, P. Piet Vandervoorde,
    P. Luc Colla, P. Wilfried Meulemeester, P. Dominique Balleger,
    P. Ryan Carnecer et P. Germain Nsasi Yengo

     

    L'avenir

    Le début d'une nouvelle fondation est complexe, mais témoigne aussi de notre esprit de pionniers. Nous rencontrons de vrais problèmes quant à la disponibilité et à la collaboration des confrères et même des Supérieurs Majeurs, qui protègent leur personnel souvent pour un «ministère d'entretien». Lorsque nous contactons une Province pour demander un confrère, la première réaction négative est généralement celle du Supérieur plutôt que le refus de confrères. Mais nous n'abandonnons pas. Nous croyons que la décision de créer de nouvelles fondations découle du dynamisme même de notre charisme missionnaire.

    De plus, les Provinces sont encouragées à évaluer plus attentivement la pertinence de leurs engagements, afin de libérer du personnel pour les Nouvelles Fondations. Est-il normal de continuer à demander du personnel pour gérer les paroisses d'autrefois, alors que le diocèse compte beaucoup de prêtres diocésains ? Notre présence missionnaire doit être qualitative plutôt que quantitative.

    Nous sommes convaincus que cette approche affecte positivement la vitalité de la Congrégation, en apportant espoir et optimisme pour l'avenir. Nos jeunes confrères ont autant le droit d'être des pionniers que ceux des générations précédentes, et nous devons continuer à incarner cet esprit pionnier, sachant que chaque nouvelle fondation insuffle une nouvelle vie à notre mission et à notre Congrégation.

    Père Théophile Verbist et ses premiers compagnons savaient qu’ils n’étaient pas nombreux et ne constituaient pas un nombre significatif. Ils se sont sentis poussés par l'Esprit Saint, à un moment précis de l'histoire, pour permettre une présence pleine d'espérance de l'Évangile pour leurs frères, comme le levain dans la pâte (cf. Ga 5, 9), comme le sel de la terre et la lumière du monde (Mt 5, 13-14). Nous réagissons positivement à ces nouveaux appels, non pour remédier à une pénurie, mais parce que nous sommes invités à accomplir des tâches missionnaires : une population qui n'est pas encore touchée par l'Évangile, le dialogue interreligieux et la contribution à l'inculturation quand l'Église locale n'est pas encore en mesure de le faire, les groupes indigènes ou marginalisés, les communautés souffrant de diverses calamités. Nous ne créons pas de nouvelles fondations parce que nous ne savons pas quoi faire du surplus de personnel. Nous ne commencerions d’ailleurs jamais si nous devions attendre un tel surplus.


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    Le Père général Charles Phukuta en conversation avec des écoliers

     

    Dans un esprit de mobilité et de disponibilité

    L'œuvre missionnaire est le but de notre Institut. Normalement, les confrères reçoivent leur première affectation vers la fin de leur formation initiale. Pourtant, l'affectation à une nouvelle fondation est l'une des raisons énumérées dans nos documents pour le transfert d'un confrère d'une entité à une autre. Notre orientation ad extra et ad gentes exprime toute notre attitude missionnaire. Nous sommes appelés à incarner l'attitude de mobilité et de disponibilité. Il ne s'agit pas seulement d'une disponibilité, mais d'une volonté courageuse de laisser le confort derrière soi et de mettre de côté ses préférences personnelles pour relever de nouveaux défis missionnaires.

    Le Chapitre général de l'année dernière portait sur le fait d’être appelés à témoigner de l'Évangile dans un monde changeant, séculier et pluraliste. L'article 3 de nos Constitutions nous rappelle qu’il faut être « attentifs aux nouvelles situations dans le monde ainsi qu'aux nouveaux besoins des Églises. Nous nous questionnons régulièrement sur les tâches que nous entreprenons. Nous adoptons volontiers les réorientations jugées nécessaires. » En effet, la valorisation des réalités de notre monde en mutation, en vue de la mission, peut dicter de nouvelles orientations et nous mettre au défi de cesser un engagement dans un lieu donné et d'aller ailleurs où le besoin est plus important et où l’impact de l'Évangile est trop pauvre. Si ces orientations ne sont pas toujours faciles, les Constitutions nous encouragent à accepter volontiers de tels changements dans un esprit de mobilité et de disponibilité.1  La mobilité et la disponibilité signifient être à l'écoute des signes des temps pour servir la mission universelle de l'Église, qui exige que nous allions vers les « périphéries » et les zones moins privilégiées en dehors de notre zone de confort. Il n'est pas facile de convaincre les confrères de se joindre à une nouvelle aventure missionnaire dans un environnement difficile.

    Nous devons souvent apprendre une nouvelle langue et apprendre à connaître une autre culture. Nous pouvons tomber malades, avoir faim ou être sans moyen de transport. Nous pouvons nous retrouver empêtrés dans les pièges de la violence et de l'injustice. Nous pouvons être appelés à partager la Croix du Christ de bien des manières. Dieu ne tisse pas nécessairement notre vie avec des fils d'or. Il s'agit de lâcher prise face aux choses qui nous retiennent et de nous concentrer sur la mission.

    J'ai reçu des lettres de quelques-uns des jeunes confrères après avoir approuvé leur profession perpétuelle. Ces lettres confirment le cœur de missionnaires en formation. Il est beau de voir que la plupart de nos confrères en Formation Initiale expriment leur disponibilité pour la mission.

    En tant que missionnaires, nous devons apprendre à écouter Dieu, qui nous parle et nous appelle dans toutes les circonstances et tous les événements de notre vie. Avec du courage et de la patience, nous pouvons simplifier nos structures et mettre l'accent sur ce que nous sommes : des missionnaires.  Être missionnaire implique de la souplesse, de la mobilité, une capacité d'adaptation et celle de quitter ce qui nous est familier et même précieux pour recommencer ailleurs. Même si notre présence peut se justifier n'importe où parce que notre mission est partout, notre présence ne s'impose pas partout avec la même urgence. Pour promouvoir une plus grande prise de conscience de notre engagement missionnaire collectif, nous devons tenir compte du bien de tout l'Institut dans notre pensée et dans nos actions. Concrètement, nous devons cultiver un sentiment vital d'appartenance à notre Congrégation au-delà des communautés locales et provinciales, en favorisant la disponibilité personnelle et la mobilité pour participer à de nouveaux projets ou initiatives missionnaires CICM.

    Conclusion

    Les traits caractéristiques de CICM étaient déjà perceptibles et vécus au cours des premières années. Notre Fondateur, Père Théophile Verbist, a quitté la Belgique (ad extra) pour aller vivre parmi le peuple chinois (ad gentes et fraternité universelle) et aider les enfants abandonnés (option préférentielle pour les pauvres) car il était convaincu que c'était là que sa présence missionnaire était la plus nécessaire (périphéries). En tant que missionnaires, notre vocation est d'être proches des gens, attentifs à leurs besoins et solidaires de leur vécu. C'est un devoir et un engagement pour la première évangélisation, une mission qui nous inspire et nous motive. Malgré les défis, les nouvelles fondations ont une valeur positive. Elles sont nécessaires pour que l'Institut conserve son dynamisme.

    Il y a un danger de tomber dans une sorte de dépendance excessive à l'égard des ressources matérielles, des structures et des procédures prévisibles, en excluant l’essentiel : la ressource divine, la Providence de Dieu. CICM est une œuvre de Dieu. Théophile Verbist a toujours eu un sens vif de l'implication de Dieu par sa providence. Nous devons faire de la place pour la grâce et garder les yeux ouverts sur l’aide invisible rendue présente sous des apparences parfois surprenantes. Cela signifie faire preuve de foi face aux angoisses et aux peurs suscitées par notre monde turbulent et en évolution rapide. Cela signifie se lancer avec courage, flexibilité et la volonté d'apprendre et d'improviser plutôt que d'attendre d'élaborer le plan parfait. Ainsi, lorsque nous acceptons de nouvelles tâches missionnaires, c'est pour faire circuler du sang neuf dans la Congrégation. Ce sont des opportunités pour un nouveau départ.     §

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    1 Constitutions CICM Commentaire, p. 23


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    Le Père général Charles Phukuta rencontre des écoliers.