Kevin Saministrado, cicm
Missionnaire en Rép. Dom.
Les sessions de formation à l'intention des membres récemment nommés des gouvernements provinciaux sont une tradition respectée depuis plus de deux décennies. La lettre du Père Charles Phukuta, CICM, Supérieur général de la Congrégation, datée du 15 juillet 2024, a convoqué les nouveaux membres du gouvernement provincial de LAC, de BNL et de US pour une session de formation d'une semaine. Cette formation s'est déroulée au Centre de retraite Ermida, Miguel Pereira, Rio de Janeiro, du 7 au 13 octobre 2024. Un ordre du jour provisoire avait été envoyé pour s'y préparer, et une étude des documents CICM avait également été recommandée. En lisant ces documents et les attentes écrites des confrères de la Province LAC lors des votes consultatifs des membres du Gouvernement provincial, j'ai soulevé de nombreuses questions : Comment puis-je aider la Province et la Congrégation ? Où en suis-je dans mon travail de conseiller ? Est-ce que je me suis bien débrouillé au cours des 3 derniers mois avant cette séance d'entraînement ? Quelles sont mes limites ? Avec toutes ces questions, je suis arrivé au Brésil un peu dans la confusion.
Cependant, j'ai été très heureux de rencontrer les confrères d'autres provinces qui ont également accepté la nomination de faire partie de leur gouvernement provincial respectif. Certains d'entre eux ont suffisamment d'expérience dans les services administratifs de CICM, et me voici, un nouveau venu et fraichement nommé dans ce ministère de leadership dans notre Congrégation. J'ai rejoint ce groupe avec enthousiasme pour mieux connaître mes tâches et mes responsabilités dans la Province d'Amérique latine et des Caraïbes et la Congrégation.
La Formation
Le Supérieur général a souligné que la présence des membres de 3 Gouvernements provinciaux avait pour but de s'animer et de s'aider mutuellement à comprendre pleinement les principes fondamentaux de la Congrégation selon ses statuts et ses Constitutions. Il a souligné que nos Constitutions CICM ont la plus haute autorité parmi tous les documents. Cela signifie que nous devons les connaître par cœur pour qu’elles nous guident en tant que membres et dirigeants de la Congrégation. Un bon leader doit être équipé de quelques outils pour prendre soin de ses confrères et affronter les différentes situations de sa province. Le rôle de leadership consiste à promouvoir la vision CICM et à inspirer les confrères à travailler avec cette vision.
Selon les statistiques générales de l'Elenchus, nous avons 740 prêtres, 21 frères et 13 diacres, ce qui indique un nombre signifiant de confrères et le caractère multiculturel de la Congrégation. Comment impliquer toutes ces personnes concernées par la vision CICM ? Au cours du 13ème Chapitre Général de 2005, à Rome, les capitulants ont été formés dans différents ateliers à l’emploi d’outils et de techniques pratiques tels que : les directives pour une communication respectueuse ; comment gérer nos expériences négatives ; inviter les autres à communiquer et analyser ce qui se passe en nous-mêmes. Heureusement, cette formation s'en fait également l'écho, en particulier les « lignes directrices de communication respectueuse d'Eric Law »:
R – Prendre la responsabilité de ce que l’on dit et de ce qu’on ressent, sans blâmer les autres
E – Utiliser l'écoute empathique
S – Être sensible aux différences de styles de communication et culturels
P – Réfléchir à ce que l’on entend et ressent avant de parler
E – Examiner ses propres hypothèses et perceptions
C – Préserver la confidentialité
T – Tolérer le fait de rester dans une certaine ambiguïté parce que l’on n’est pas là pour débattre. Il n'y a pas de «gagnants » ou de « perdants ».
Ces directives sont cruciales pour faciliter le partage et la discussion individuels dans notre groupe multiculturel. Les processus décrits par Eric Law favorisent un véritable dialogue entre divers groupes dans une série de réunions et de discussions. Ces compétences de communication précises et respectueuses doivent être basées sur l'ouverture, l'inclusion, l'honnêteté et la transparence. Elles parlent aussi de se valoriser les uns les autres et de reconnaître le rôle unique de chacun dans cette Congrégation bien-aimée.
Nous avons entendu des histoires de confrères qui se noyaient et qui étaient perdus, mais qui ont retrouvé le chemin et sont revenus dans la Congrégation. Il y eut aussi des histoires de confrères qui étaient critiqués et rejetés, mais qui sont devenus de bons curés et même des missionnaires très respectés. Cela me rappelle l'Évangile de Mt 14,22-33, où Pierre allait se noyer, et Jésus lui a tendu la main pour le sauver, ou l'Évangile de Luc 15,11-32, la parabole du fils perdu. Dans de telles situations, la communication est le meilleur moyen qui peut offrir un contexte accueillant et créer un sentiment d'appartenance et de connexion pour reconnaître nos confrères dans leur unicité, qui est mise en valeur et respectée dans notre Congrégation.
Leadership à l'échelle provinciale
Les membres du Gouvernement Provincial doivent être des animateur spirituels qui conduisent et guident chaque confrère pour répondre pleinement à l'appel du Christ ; « Allez dans le monde entier ; annoncez l'Évangile à toute la création. » (Mc 16, 15). En tant que missionnaires religieux de races et de cultures différentes, nous vivons et travaillons ensemble comme des frères. « Un seul cœur et une seule âme, nous témoignons de la volonté du Père que tous les hommes et toutes les femmes soient frères et sœurs dans le Christ. » (art. 2 de les Constitutions CICM). Travailler dans la vigne du Seigneur est un engagement collectif. Chacun d'entre nous a la mission de contribuer à la bonne récolte. Cela signifie que la province doit avoir une vision claire et précise. Où allons nous? Quels sont les outils nécessaires pour cultiver cette vigne ? Comment produirons-nous une bonne récolte ?
La compilation des attentes des confrères de la Province d'Amérique latine et des Caraïbes destinée au Bureau du Supérieur provincial, du Vice-Provincial et des Conseillers nous donne quelques idées afin que nous soyons plus productifs. Des conseils et des stratégies utiles sont partagées afin de poursuivre le travail avec les confrères ou les collaborateurs dans cette vigne. Il est demandé aux responsables d'être ouverts d'esprit et bienveillants et de promouvoir l'unité et la fraternité entre les confrères. Tous les membres de la Congrégation qui travaillent pour le Royaume de Dieu doivent être traités avec dignité et respect. Il faut être attentifs même aux plus particuliers des confrères et aux plus difficiles. Reconnaître et répondre à leurs besoins spirituels, émotionnels et physiques est essentiel à leur croissance. Enfin, les responsables doivent animer et motiver les confrères afin qu’ils soient fidèles à la mission confiée à l'Institut.
Les lignes directrices pour la vie multiculturelle en CICM recommandent à nos leaders, au Supérieur provincial et à son Conseil, qui devraient mettre un point d'honneur à ce que les statuts de la Province fournissent des lignes directrices claires et cohérentes pour tous les membres. L'absence de telles lignes directrices peut être une source de tension et conduire à toutes sortes de mauvaises interprétations, ce qui nuit à la vie multiculturelle (RI 2005, p. 17). Lors des sessions de formation, les stagiaires sont invités à lire et à consulter les documents. Que dit-on dans les Constitutions, les Vade-cum, ou dans les statuts de la province ? C'est la question que j'ai toujours entendue lors de nos échanges et de nos discussions. Cela signifie que les directives de la Congrégation et d'autres documents font référence à la manière d'accomplir une tâche et de créer une province harmonieuse. Cela garantit également que notre vie missionnaire est cohérente et se déroule sans heurts en ce qui concerne notre vision missionnaire.
Avec l'aide de ces lignes directrices, les confrères sauront ce que la Province attend d'eux. Bien que des directives, des vade-mecum, des constitutions et d'autres documents soient présents pour aligner notre vie dans la Congrégation, des conflits surgissent toujours en raison de la diversité de nos cultures, de nos personnalités individuelles, de nos styles de communication, de nos idées et de nos intérêts. On s'attend à ce que des conflits surgissent dans un groupe diversifié, même lorsque nous partageons le même charisme et la même vision. Cependant, les dirigeants doivent s'en occuper immédiatement. Passer à l'action en dialoguant avec un tel ou un autre. Comprendre le vrai problème et apporter une solution à l’amiable à telle personne ou à cette situation.
S’enraciner dans le Christ
Notre leadership doit être plus enraciné dans le Christ et imprégné de l'esprit de l'Évangile, et d'autre part, il doit être entièrement immergé dans l'esprit et l'expérience missionnaire et religieuse de la Congrégation (Actes du 15ème Chapitre général, p. 17). Le leadership en Christ est un acte de diriger et de servir les autres dans l'intérêt du Royaume de Dieu. Jésus lui-même avait toujours un comportement évident dans l'Évangile : « Jésus les convoqua et leur dit : Vous savez que les chefs des nations dominent sur eux, et que leurs hauts fonctionnaires exercent leur autorité sur eux. Qu’il n’en soit pas ainsi pour vous. Au contraire, celui qui veut devenir grand parmi vous doit être votre serviteur, et celui qui veut être le premier doit être votre esclave ; de même que le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude. » (Mt 20, 25-28).
L'exemple de leadership de Jésus est un chemin de service. Les vertus du service, de l'humilité et de l'amour se reflètent dans son travail et son enseignement. Son leadership ne consistait pas dans le fait de rassembler des foules autour de lui, mais dans le service qu’Il rendait et l’invitation qu’Il adressait à ses disciples à faire de même. Répondre aux besoins de son peuple est essentiel pour lui. Un jour Il se retourna et demanda : « Qui a touché mon manteau ? »Il savait bien ce qui était prioritaire dans la relation et a montré qu'il avait du temps pour chacun malgré d'autres responsabilités. Jésus connaissait bien sa mission. Dans les dernières heures avant sa crucifixion, son disciple l'a trahi. Pierre l'a renié trois fois, et certains l'ont abandonné, mais il est resté fidèle à son engagement envers Dieu. Il est mort pour le salut de toute l'humanité.
Nos responsables doivent prendre conscience qu'ils participent à la mission du Christ, confiée à l'Église et à l'Institut. Leur attention ne doit pas être détournée par les difficultés, le scepticisme ou les adversaires. La persévérance est une vertu que les leaders doivent apprendre pour être efficaces dans la conduite et la direction des autres. En CICM, l'appel au leadership fonctionne dans un esprit de service et considère que la tâche la plus importante est de préserver la fidélité de l'Institut à son esprit et à sa mission, de promouvoir l'unité et la communion entre les confrères et d'encourager leur participation à la vie de l'Institut (Const. Art. 84).
Les leaders de notre Congrégation doivent être de bons animateurs qui peuvent nous inspirer et nous motiver dans tous nos engagements, qui peuvent nous amener à atteindre notre objectif missionnaire. Dans des conditions ambiguës et dans un monde en évolution rapide, nos dirigeants fournissent des orientations et des priorités claires concernant la direction que nous prenons, avec l'appui de tous les membres. C'est pourquoi l'unité et la communion entre les confrères doivent être promues, afin que nous puissions créer les conditions pour les renforcer et leur permettre de participer pleinement à la vie de l'Institut, en produisant de bons résultats. Enfin, les leaders doivent créer un climat où les confrères se sentent valorisés et respectés. §