Par Bill Wyndaele, cicm
J’ai fait partie de la vie de cette Province durant 62 de ses 75 ans. J’ai maintenant 86 ans. Je ne suis plus bon avec les noms ou les dates. Au cours de ces années, beaucoup de choses se sont passées. Il y en a eu beaucoup trop pour les mentionner, mais en voici quelques-uns qui méritent d’être soulignés.
La promotion du développement était la raison première de l’établissement de la mission aux États-Unis en 1946. C’est la raison pour laquelle Ernest Dieltiens a été envoyé de Chine aux États-Unis. Nous ne pouvons que nous émerveiller de la générosité des catholiques américains après 75 ans de travail de développement et de sensibilisation pour la mission. De nombreux bienfaiteurs sont devenus des donateurs fidèles pour nos missions et de véritables amis de CICM. Au début des années 1960, nous avions six confrères chargés de parcourir le pays pour lancer des missions d’appel (Mission appeals). Pendant des semaines, ils étaient sur la route. Depuis, de nombreux confrères d’autres Provinces sont venus aider aux missions d’appel pendant l’été. Pendant de nombreuses années, le magazine Missionhurst a été distribué à des milliers de lecteurs. Ces dernières années, le bureau de développement a privilégié la création d’un site Internet (https://www.missionhurstcicm.org) plutôt que le magazine et les missions d’appel par la poste afin de sensibiliser les bienfaiteurs potentiels et de promouvoir la mission. Nous sommes très fiers de ce que nous avons fait au cours des années au nom des autres Provinces CICM et nous nous engageons à poursuivre ce travail comme un engagement prioritaire de notre Province.
Le travail pastoral a également été accepté pour rendre les évêques américains plus ouverts à notre travail de sensibilisation à la mission. Lorsque le Gouvernement général avait décidé de commencer une mission aux États-Unis en 1946, le nombre de membres envoyés avait augmenté rapidement. Il était décidé de se concentrer sur la pastorale des Noirs. Quarante-cinq confrères ont été affectés à la mission des États-Unis au cours des trois premières années. Il n’était pas facile de trouver des diocèses disposés à fournir des paroisses pour Noirs à tous ces confrères. Ainsi, beaucoup ont été envoyés au Texas et dans plusieurs paroisses rurales de Virginie et de Louisiane. Le 17 juillet 1949, le Gouvernement général fit de la mission des États-Unis la Province des États-Unis.
Quand je suis arrivé en 1960, la Province des États-Unis était devenue une grande Province avec 86 confrères, dont la majorité était belge et quelques-uns hollandais. Ils étaient dispersés dans tout le pays. Il y avait des groupes de confrères dans le nord (Detroit, Philadelphie et Virginie du Nord) qui étaient séparés de ceux du sud (Texas et Louisiane).
Nous avions encore plusieurs confrères travaillant comme pasteurs associés dans des paroisses pour Noirs à Philadelphie et à Detroit au début des années 1960. Cependant, plusieurs d’entre eux ont été appelés à devenir enseignants dans un collège (voir ci-dessous). Our Lady of Sorrows, une communauté mixte de Noirs et de personnes d’origine belge, ne comptait plus qu’un seul confrère en1980. Ce confrère avait pris sa retraite en 1994. Cela a marqué la fin de notre présence et de notre ministère auprès des Noirs à Détroit. À Philadelphie, nous avions John Van de Paer, qui avait été le pasteur associé de George Vermeiren dans une paroisse à prédominance noire, Saint-Charles Borromeo, depuis 1952 et en était devenu le curé en 1981. Il y a travaillé avec succès jusqu’à sa retraite en 1995. Cette date marqua la fin de la pastorale des Noirs dans notre Province. De plus en plus de confrères étaient affectés à la pastorale des Hispaniques. L’Assemblée provinciale de 1980 a choisi de donner priorité à la pastorale des Hispaniques tout en mettant l’accent sur les pauvres. Depuis lors, cette option a été renouvelée à chaque Assemblée provinciale. Jusqu’en 1960, quelques jeunes confrères étaient envoyés d’Europe chaque année, mais dans les années 1960, il y a eu une baisse significative des vocations missionnaires en Belgique. Ainsi, très peu de nouveaux membres ont été affectés à la Province américaine après leurs études. À la fin des années 1980, on craignait de plus en plus que nous ne devenions une Province vieillissante et stagnante. Mais les choses allaient changer. Aujourd’hui, nous sommes 33.
La formation et l’américanisation
Très tôt dans l’histoire de notre Province, il a été décidé de recruter des Américains pour notre Congrégation. En 1958, le premier noviciat a été établi. La Province a décidé d’accepter la dotation d’une école secondaire pour garçons (Archbishop Wood High School) dans l’archidiocèse de Philadelphie. Et, elle s’est engagée à fournir jusqu’à 20 confrères pour l’administration et le personnel enseignant. L’école avait ouvert ses portes en 1964. L’espoir était que cette école devienne une source régulière de vocations CICM. Cependant, les années 1960 ont été une période difficile pour les vocations. En réalité, seuls trois ressortissants de cette école ont rejoint la CICM sur une période de quatre ans. En 1970, il était clair qu’il n’était pas approprié pour une Congrégation missionnaire d’investir autant de ses membres dans une école secondaire qui produisait si peu de vocations CICM. C’est ainsi que l’école a été rendue à l’archidiocèse en 1974. Entre 1958 et 1988, nous avons eu 20 noviciats et un total de 160 novices. En 1981, il a été décidé de ramener le noviciat après la philosophie et de commencer plutôt un programme de prénoviciat. Dans les années 1970, il y avait beaucoup de jeunes hommes dans le programme de prénoviciat, mais seulement quelques-uns avaient rejoint le noviciat. La fin des années 1960 et le début des années 1970 ont été des périodes difficiles pour la plupart des programmes de formation aux États-Unis. Même si nous ne pouvons pas qualifier nos programmes de recrutement et de formation de réussite en termes numériques, nos confrères américains (US et Canada) se sont révélés merveilleux dans leurs missions et leur service à la Congrégation. Trois ont été Supérieurs provinciaux de États-Unis, un a été Conseiller général, et un autre a été Conseiller général puis Supérieur général. Nous sommes fiers d’eux et reconnaissants pour leur service.
Le dernier noviciat a eu lieu à San Antonio de 1985 à 1986, avec un seul novice. Il a été décidé qu’aucun effort supplémentaire ne serait fait pour recruter aux États-Unis. Cependant, un fort désir de reprendre le recrutement s’est manifesté au cours de deux dernières Assemblées provinciales. Nous avons actuellement un prénovice qui suit des cours de philosophie à San Antonio, Texas. Nous prions et espérons plus de vocations à l’avenir.
Le besoin d’américaniser la Province des États-Unis s’est fait sentir à la fin des années 1970 et au début des années 1980. Plusieurs confrères américains ont été rappelés de leurs missions à l’étranger pour travailler à l’animation vocationnelle, à la Formation initiale et aux projets de développement (Promotion). De là, ils accédaient progressivement à des postes de direction. Joe Giordano a été le premier confrère d’origine américaine à être nommé Supérieur provincial de 1988 à1994. Bill Quigley a occupé la fonction de Supérieur provincial de 1999 à 2006. Mike Hann, un Canadien d’origine, a été le premier recteur non belge de la Maison provinciale (2003-2012), et Joe Giordano lui a succédé (2012 - 2020).
L’internationalisation de la Province
Trois confrères congolais ont été nommés dans notre Province entre 1982 et 1983, mais deux d’entre eux ont été rappelés après quelques années seulement pour des services dans leur Province d’origine. En 1989, 64 des 69 membres de la Province étaient encore d’origine belge ou néerlandaise, vieillissants et donc moins disponibles pour de nouvelles responsabilités. Lorsque le Gouvernement général avait demandé au Gouvernement provincial comment nous voyions l’avenir de la Province de US, notre réponse a été la suivante : « Nous croyons en l’avenir de notre Province de US. Mais… face au processus de vieillissement des membres de notre Province… nous prévoyons le besoin d’avoir 25 jeunes confrères, de préférence de cultures différentes, nommés à notre Province dans les dix prochaines années… »
Le Gouvernement général a répondu en disant que la Province des États-Unis était précieuse pour le reste de la Congrégation. Dès lors, il y eut un afflux constant de jeunes confrères de la République démocratique du Congo, d’Indonésie et des Philippines. La Province a été rapidement revitalisée et véritablement internationalisée. Plusieurs de ces nouveaux venus ont étudié la théologie à San Antonio, au Texas. Les plus récents ont participé à un programme de stage de trois ans. On leur donne le temps nécessaire pour apprendre l’anglais et l’espagnol et pour commencer le ministère sous une supervision adéquate. Parmi les 33 membres, on compte actuellement 11 Congolais, neuf Philippins, six Américains (cinq US, un Canadien), trois Indonésiens, un Zambien et trois Belges en retraite. Le sentiment général est que nous sommes une Province relativement jeune et internationale.
Une Participation plus active de tous les membres au Gouvernement de la Province et à La Formation permanente
Notre Province a commencé à impliquer plus de confrères dans le processus de prise de décision sous l’influence de « Il faut que le feu brûle » (Actes du Chapitre général de 1974). En 1980, une Assemblée provinciale était tenue à Missionhurst. Vingt délégués, sur un total de 83 membres, s’étaient joints au Gouvernement provincial avec droit de vote. Cette Assemblée provinciale avait décidé de prendre au sérieux notre Formation permanente. Un responsable de la Formation permanente a été nommé avec la tâche de publier et de proposer des modèles de programmes sabbatiques. Entre 1981 et 1984, de nombreux confrères ont participé à un programme de renouvellement ou de période sabbatique. En dehors de cela, tous les deux ans, nous avons organisé des journées de Formation permanente auxquelles tous les membres ont participé. L’Église des États-Unis dispose d’un certain nombre de merveilleux programmes de renouvellement spirituel, de guérison et de formation au leadership. Entre 1976 et 1990, nous avons facilité la participation de 69 membres d’autres Provinces CICM à un programme sabbatique aux États-Unis. Nous continuerons à le faire.
Les Assemblées provinciales se tiennent désormais tous les quatre ans. Chaque fois, nous fixons des objectifs basés sur notre charisme CICM pour les quatre années à venir. Ces Assemblées, ainsi que nos retraites annuelles où tous les membres se réunissent, ont insufflé un nouvel esprit à notre groupe. Nous avons l’occasion d’apprendre à nous connaître, nous prions ensemble, nous prenons des décisions ensemble et nous comprenons maintenant que nous sommes tous responsables de notre Province. Partager ses pensées et ses sentiments était inhabituel avant 1980, car on avait peur de la réaction des autres. Mais, avec le temps, nous avons pris l’habitude de partager nos pensées, nos prières et nos souhaits les plus profonds. À cet égard, l’aide d’animateurs qualifiés pour les Assemblées s’est avérée très bénéfique.
Je pourrais en dire beaucoup plus, mais mon dernier mot est un mot de gratitude. Nous avons eu des moments plus sombres dans l’histoire de notre Province, mais nous devons nous rappeler de compter nos bénédictions. Le Seigneur nous a bénis. Nous sommes reconnaissants pour les nombreuses bénédictions qui nous sont parvenues. Nous sommes reconnaissants pour l’excellence de leadership favorisé par les Chapitres généraux de notre Institut et les Supérieurs provinciaux. Nous sommes reconnaissants pour tous les hommes qui ont fait partie de notre Province et pour l’espoir que les jeunes membres de la Province nous ont apporté. Selon les mots de Dag Hammarskjold : « Pour tout ce qui a été, Merci. Pour tout ce qui est à venir, Oui ! »
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