Albert De Meyere
(1934 – 2024)
Né à Sijsele, Belgique le 23 avril 1934.
Premiers vœux le 1er mai 1955.
Missionnaire au Congo (Kasaï) et en Belgique.
Décédé à Torhout le 26 janvier 2024, à l'âge de 89 ans.
Albert est l'aîné d'une famille de onze enfants. Son père est mort beaucoup trop tôt. Berten s'est vu confier une grande responsabilité au sein du foyer. Quand sa présence devint moins nécessaire, il entra à Scheut pour travailler comme un frère, là où on l'enverrait. Ce fut le Congo, au Kasaï oriental.
Ceux qui entrèrent en contact avec lui pour la première fois ont pu être choqués. Il avait un langage coloré et véhément, mais il ne fallait pas longtemps pour que l'on découvre la profondeur de son implication dans le travail de la mission. Il ne perdait pas de temps en bavardages, mais dans les moments calmes et lorsqu'il ressentait un intérêt sincère, il pouvait parler corps et âme de ses préoccupations et de ses aventures.
Pendant trente-trois ans, il a été responsable de l'entretien de la mission et du garage de Cilomba. Cilomba était une grande mission avec de nombreux bâtiments et de nombreuses activités. De 1980 à 1995, il a dirigé à partir de Kananga des projets de construction de ponts et de reboisement. Il a trouvé une solution à tant de cas « insolubles ». Comment amener des centaines de vaches 250 km plus loin ? Berten n'improvisait pas. Il faisait le voyage lui-même, savait sur quels chefs il pouvait compter et ce qu'il devrait leur payer. Et tout se déroulait sans accrocs. Comment tirer un pont encombrant de plusieurs mètres de long par-dessus la rivière ? Berten trouvait la solution.
En 1995, il rentra définitivement en Belgique. Il ne s'est pas enfoncé dans les regrets de ce qui était passé. Il vivait au présent. Il ne savait pas comment rester assis. Il entra en contact avec World Mission Aid, où sa créativité et son éthique du travail lui ont été utiles. Il continuera à travailler pour cette cause jusqu'à son dernier souffle. Le projet d'aide à la Roumanie, en particulier, pouvait compter sur son engagement sans bornes. Trente-trois fois, il a conduit des camions chargés en Roumanie. Curieux comme il l'était, il s'informa sur l'Église orthodoxe. Leur spiritualité l'intriguait.
En 2014, il a pris sa retraite dans la communauté de Torhout. Dès le premier jour, et aussi longtemps que sa santé le lui permettra, il alla travailler au cimetière, où sont enterrés plus d'une centaine de confrères. Entre-temps, il ramassait aussi des caisses à bananes et ,à la Friperie, les bénévoles y mettaient toute la laine à tricoter pour celui qu’ils appelaient «l’homme aux cheveux longs», pour la Roumanie. Ceux qui pensent que ses cheveux étaient longs uniquement par nonchalance se trompent. Sa queue de cheval était destinée à Think Pink, qui confectionne des perruques pour les personnes atteintes de cancer. Frère Albert était plein d'attentions inattendues. Par exemple, il apportait régulièrement des fleurs, qu'il achetait au marché, pour les offrir aux infirmières de la maison.
En 2020, il a lui-même proposé de présider un chemin de croix pendant le Carême. Il n'avait pas besoin des quatorze stations. Il a offert une longue réflexion sur la souffrance du Christ. Berten ne parlait pas de Jésus. Il parlait du Christ : le Christ qui est mort pour tous les hommes. Le Christ mort entre deux larrons. Ce n'est qu'avec le bon larron qu'il en vint à cet échange : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton royaume. » – « En vérité, je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis. » Et Berten de conclure : «J'espère que lorsque
je serai sur le point de mourir, le Christ me dira aussi ces paroles : «Aujourd'hui, tu seras avec Moi dans le paradis.»
Cet « aujourd'hui » arriva subitement, plus tôt que prévu, quand LE CORONAVIRUS l'a emporté sans crier gare. Son tablier bleu, qui avait « servi » pendant tant d'années, il l’abandonna derrière lui.
- Arnold Quartier, cicm §