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    Une dynamique synodale

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    In the frontlineJacques Thomas, cicm
    Missionnaire en Belgique

     

    Depuis le 29 septembre, se tient à Rome la première session de la phase universelle du Synode. Celle-ci fut précédée de rencontres au niveau des communautés, paroisses, diocèses, conférences épiscopales et continents. La phase diocésaine a coïncidé avec notre préparation au Chapitre général de juin 2023, ce qui a malheureusement quelque peu contribué à la reléguer au second plan.

    Synode et démarche synodale

    En fait le thème même du Synode pourrait être défini comme suit … “pour une Église synodale”. Ce n’est pas un simple jeu de mots. La pratique des Synodes s’est instaurée dans la foulée de Vatican II, avec le désir d’impliquer davantage les diocèses et conférences épiscopales dans la réflexion sur certains grands thèmes. Mais leur réalisation concrète n’a pas toujours répondu aux attentes. Je me souviens d’une boutade du père Peter-Hans Kolvenbach, à l’époque Supérieur général des Jésuites, qui s’était payé de luxe d’être invité à tous les Synodes, y compris le Synode spécial pour le Liban, car il y avait été missionnaire. Il disait: “Ce que je puis affirmer de tous les Synodes auxquels j’ai participé, ce qu’en fait le résultat était déjà connu d’avance.” De fait, ayant participé moi-même au Synode pour l’Afrique de 1994, j’avais remarqué que certaines réflexions trop audacieuses ne passaient pas le cap des petits groupes de discussion et n’aboutissaient pas sur la table de l’Assemblée. Ce qui aurait pu faire l’objet de débats controversés était discrètement relégué aux oubliettes.

    Un processus ouvert et dynamique

    Les choses ont bien changé. Le pape François a voulu une dynamique aussi ouverte que possible et a souhaité que chacun puisse s’exprimer librement. C’est pourquoi aujourd’hui personne ne peut prédire ce qui en sortira. Pour donner le temps à la maturation, il a même décidé que cette phase universelle se déroulerait en deux temps et reporté la partie finale en 2024.

    Tous les commentateurs s’accordent pour dire que ce Synode n’est en fait que la réactivation d’une dynamique initiée par le Concile Vatican II, et qui n’a jusqu’ici pas encore été suffisamment développée ni exploitée. Comme le dit le cardinal Jozef De Kesel dans sa lettre pastorale d’octobre 2022 concluant la phase diocésaine du Synode: “Si le pape François touche le cœur de tant de monde, c’est aussi parce qu’il reprend le fil conducteur du Concile et les questions qui se posaient alors.”  Mais plus encore que les résultats, c’est la manière d’être Église dont il est question.

    La dynamique synodale, c’est un dosage d’écoute participative et respectueuse, un processus jamais achevé. Car le cardinal d’ajouter: “Il est faux de croire que maintenant que le processus synodal est derrière nous, nous n’avons plus qu’à attendre des résultats venant de ‘plus haut’. Nous avons appris quelque chose qui gardera toute son importance: nous avons appris à nous écouter mutuellement. Nous n’avons pas seulement pu dire tout ce que nous trouvions d’important pour l’Église et son avenir mais nous avons aussi et d’abord écouté ce que les autres ont à dire à ce propos. Écouter, entrer en dialogue, discerner ensemble ce qui est important pour l’Église et ce que l’Esprit nous demande, tel est le chemin que nous avons parcouru. Il n’y a pas de dialogue sans écoute bienveillante. Entrer en dialogue est autre chose que d’avoir raison le plus vite possible. S’écouter mutuellement et discerner ensemble n’est pas seulement important pour obtenir des résultats, ils font partie du but que l’on veut atteindre.”

    La phase diocésaine

    Au niveau de l’archidiocèse de Malines-Bruxelles, plusieurs lignes de force ont été mises en évidence. J’en épingle deux. D’abord la nécessité d’une Église qui, bien que consciente de la radicalité de l’Évangile, mais avec beaucoup de tendresse et de miséricorde, ne veut exclure personne. C’est ce que le pape François a confirmé aux Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ) de Lisbonne en martelant à de nombreuses reprises le mot: TOUS. On souhaite également vivement une Église moins cléricale, et qui donne une place égale aux femmes. Lors de la célébration de clôture de la phase diocésaine dans la basilique de Koekelberg, cela s’est illustré par une procession d’entrée à l’image du peuple de Dieu: des adultes et des enfants, des hommes et des femmes, des jeunes et des moins jeunes, des valides et des moins valides en chaise roulante. C’est pourquoi je regrette l’image que s’est donnée l’Église sur la grand-place de Malines face aux terrasses remplies d’un public amusé lors de l’ordination du nouvel archevêque: une longue procession de plusieurs centaines de prêtres, flanqués d’une bonne douzaine d’évêques mitrés, tandis que les collaborateurs et assistants pastoraux laïcs, hommes et femmes attendaient dans la cathédrale. Une occasion manquée de montrer au monde un nouveau visage de l’Église, moins masculin et clérical. Cela nous invite à réfléchir davantage sur des pratiques séculaires, certainement valables et qui nous paraissent comme allant de soi, mais ne portent pas le renouveau auquel nous prétendons.

    La phase continentale

    La phase continentale à laquelle ont participé des laïcs et pas seulement des évêques a surtout mis en évidence une diversité de sensibilités et d’approches, y compris entre les Églises d’Europe. Ceci nous fait prendre conscience de ce que notre manière de voir les choses dans notre société hyper-sécularisée n’est pas à généraliser ni à imposer; et ce principe s’appliquera également à la diversité des réalités au niveau des continents et de l’Église entière.

    La diversité, signe de vitalité

    Comme le souligne encore le cardinal: “Rencontrer toutes les attentes est évidemment impossible. Le rapport final de notre diocèse rend bien compte de ce qui se vit dans la communauté chrétienne, mais il montre aussi que tous ne pensent pas la même chose et n’ont pas les mêmes attentes. Les attentes vont en sens divers ainsi que les options quant au chemin à suivre. Il nous faut apprendre à vivre avec ce fait. En soi c’est même une bonne chose. Il est important que dans l’Église, chacun puisse dire ce qu’il pense. La diversité n’est pas telle quelle une menace pour l’unité, mais un signe de vitalité. … Mais personne ne peut estimer que le prochain Synode et le processus synodal qui le précède, ne seront une réussite qu’à la condition que ses propres conceptions et attentes l’aient emporté.”

    La dynamique synodale ne connaît pas de terme. Elle est en fait appelée à devenir une manière permanente de fonctionner. Nous en avions déjà une certaine expérience dans nos Congrégations religieuses, notamment dans la préparation de nos Chapitres, avec nos Assemblées provinciales et régionales, sans oublier le travail précieux et toujours pertinent de la Commission précapitulaire. Mais cette dynamique synodale peut encore nous inspirer

    davantage: les Chapitres ne sont pas des termes en soi. Nous en attendons la publication des Actes pour poursuivre ensemble le partage et la réflexion dans l’écoute mutuelle et le respect des différences de sensibilités.

    Source : Chronica No 5 2023

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