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    “IL FAUT QUE LE FEU BRÛLE” appels au renouvellement

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    Alejandro Ulpindo

    Alejandro Ulpindo, cicm
    Missionnaire aux Philippines

     

    Neuf ans après Vatican II, notre Congrégation a tenu son 8ème Chapitre général à Albano, destiné à notre réflexion. Pour comprendre les idées de « IL FAUT QUE LE FEU BRÛLE », il faut se référer à Vatican II et en particulier au décret Gaudium et Spes, qui traite du rôle de l'Église dans le monde moderne.

    Points clés de Gaudium et Spes

    Le pape saint Jean XXIII a joué un rôle central dans Vatican II, mettant l'accent sur l'objectif poursuivi par le concile de mettre à jour l'Église par un renouveau spirituel, par la recherche de l'unité et par la paix mondiale, plutôt que de chercher à condamner le monde. Parmi les 16 documents publiés, Gaudium et Spes est le plus significatif car il relie l'Église et le monde moderne, montrant que l'Église existe en son sein.

    Transformer le monde par le Christ

    Les joies et les difficultés des gens d'aujourd'hui sont partagées par les disciples du Christ. L'Église vise à apporter le Christ dans le monde, en le transformant plutôt qu'en s'adaptant simplement à la modernité. L'idée que Vatican II aurait visé à moderniser l'Église interprète mal son objectif ; au contraire, l'Église est appelée à influencer le monde par le Christ. Le pape Paul VI invita Karl Barth qui déclara que si l'Esprit était à l'œuvre dans le christianisme, il était à l’évidence dans l'Église catholique. Cet éclairage nous amène à examiner les enjeux contemporains auxquels nous sommes confrontés.

    Interpréter les questions contemporaines à la lumière de l'Évangile

    L'Église doit analyser les événements actuels, comme la faim dans le monde et les injustices sociales, à travers le prisme de l'Évangile. Il est important de reconnaître les signes des temps positifs et négatifs, en comprenant que l'Église doit s'engager avec le monde en y apportant l'influence du Christ.

    Option pour les pauvres

    Gaudium et Spes met l'accent sur la nécessité d'aider les pauvres, en suggérant que ceux qui sont dans le besoin ont le droit de bénéficier du surplus des autres. Nous devons nous consacrer aux marginalisés, car leurs droits sont précieux aux yeux de Dieu.

    Comprendre la dignité humaine

    La dignité humaine vient du fait que tous sont aimés de Dieu et créés à son image. Notre dignité implique notre capacité de penser et notre recherche de la vérité, ce qui peut inciter à ne jamais trouver de repos. Notre conscience, comme nous le lisons dans Gaudium et Spes, nous guide afin de distinguer le bien du mal, à chercher le bien et à aspirer à découvrir Dieu. Dans le contexte d'aujourd'hui, la liberté fait référence à nos choix, mais la vraie liberté, selon la Bible, consiste à poursuivre le bien et à se rapprocher de Dieu.

    Trouver notre vrai moi en Christ

    L'Église joue un rôle essentiel en nous aidant à nous connecter au Christ et à découvrir le vrai sens de notre vie en Lui.


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    « IL FAUT QUE LE FEU BRÛLE »

    « IL FAUT QUE LE FEU BRÛLE » prend sa source en Vatican II et est venu raviver notre premier amour lorsque nous avons dit oui pour la première fois à l'appel de Dieu. « Il faut que le feu brûle » veut allumer et raviver l'étincelle de ce premier amour. Il appelle à un renouveau, à la fois personnel et au niveau de la congrégation. Il propose l'esprit de Vatican II d'une manière méditative, inspirante et spirituelle. Il invite tous les CICM à revenir à l’appel originel qui nous invitait à suivre le Seigneur et à vivre à la hauteur du rêve radical de Dieu pour le monde et l'humanité et, en même temps, à être à la hauteur du rêve radical de notre fondateur, Théophile Verbist, à savoir annoncer la Bonne Nouvelle à toutes les créatures. Son rêve était d'aller en Chine pour s'occuper des enfants abandonnés, en particulier des orphelins, et aussi pour annoncer la bonne nouvelle aux « païens » car, sans le Christ, ils sont dans l'obscurité. Je veux reprendre deux concepts fondamentaux de Vatican II dans « Il faut que le feu brûle » : lire et examiner les signes des temps et l’option pour les pauvres.

    Lire et examiner les signes des temps

    Lire les signes des temps, c'est prendre et étudier au sérieux la réalité du monde d'aujourd'hui. En tant que communauté, nous avons besoin de découvrir la volonté salvifique de Dieu dans les signes des temps : « Ecouter la Parole de Dieu et lire les signes des temps ». ( FB p. 75). Dans « Il faut que le feu brûle », examiner les signes des temps, c'est écouter la voix de l'Esprit à l'œuvre dans le monde à travers les cris des pauvres, des exclus, des marginalisés, de ceux qui sont jetés sur le bord du chemin dans notre société de surabondance. Discerner les signes des temps signifie écouter et apprendre des autres religions, d'où l'importance du dialogue interreligieux et culturel ; écouter le cri de l'environnement, notre maison commune qui est au bord de la destruction; inculturer l'Évangile dans les différentes cultures des peuples ; écouter et apprécier le monde séculier qui suit son chemin et écouter l'Église qui propose une autre orientation ; un appel à faire confiance aux laïcs en tant que partenaires dans la mission.

    L'Esprit travaille dans l'environnement pauvre, les cultures, les autres religions et le monde séculier. Notre fondateur est l’exemple d’une personne de discernement. Ainsi, nous pouvons dire qu'il était en avance sur son temps. C'était un homme qui écoutait l'Esprit à l'œuvre dans le monde. Pour lui, discerner les signes des temps, c'était « faire confiance à la Divine Providence ». Pour lui, il y avait une main qui guide le monde et l'Église. C'est l'Esprit Saint.


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    L'option pour les pauvres

    L'option pour les pauvres est l'option de DIEU. Ce n'est pas une option philosophique ou idéologique. C'est une option théologique. Et le Seigneur dit : « J'ai vu la misère de mon peuple en Égypte. J'ai entendu ses cris sous les coups des surveillants. Oui, je connais leurs souffrances. Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens et le faire monter de ce pays vers un beau et vaste pays, vers un pays ruisselant de lait et de miel » (Exode 3, 7-8).

    Quand je parle de l'option pour les pauvres, je peux dire avec humilité que les pauvres sont mes meilleurs enseignants qui m'ont révélé le nouveau visage de Dieu et encouragé à vivre dans le cadre de l'Église : les pauvres sont mes évangélisateurs et mes meilleurs enseignants. J'ai été envoyé pour évangéliser, mais, en fin de compte, c'est moi qui suis évangélisé par les exclus, les rejetés, les condamnés de la terre, les rebus de la société, ceux qui sont jetés sur le bord de la route, les personnes marginalisées de la société. Cette expérience m'a bouleversé. J'ai commencé à voir le monde d'en bas et j'ai commencé à voir les choses du point de vue des impuissants, des opprimés, des pauvres, mais qui sont des croyants au Dieu unique et saint. Mon regard n'est plus celui d'en haut, du cléricalisme, de l'arrogance.

    La mission est une expérience avec le Seigneur ressuscité

    Tous les lundis sont une journée de détente pour tous les prêtres du diocèse de San Francisco les Macoris, où je travaille. Un lundi matin, j'avais décidé de ralentir et de prendre le temps de prier dans le silence. Alors que je commençais à prier, j'ai entendu quelqu'un frapper à la porte d'entrée. En ouvrant la porte, une pauvre femme borgne se trouvait devant moi. Je l'ai invitée à entrer. Elle s'est assise devant moi sans dire un mot. Elle m'a regardé avec un sourire. Elle m'a pris la main droite et m'a mis 100 pesos dans la main. Pris de surprise, je lui dis : « Tu as l'air si pauvre ; Je pense que tu as besoin d'argent plus que moi ». Elle répondit : « C'est vrai. Cependant, mon fils, prêtre missionnaire, a aussi besoin d'argent. Je veux partager quelque chose de mon travail ». Je lui ai alors demandé : « Comment t'appelles-tu ? Où travaille-tu ? » « Je m'appelle Susana, je travaille dans le petit marché où je vends de la salade, et j'ai économisé cet argent pour vous, et maintenant je viens vous le donner. Je vous ai entendu parler de la mission et j'ai voulu y contribuer. C'est très peu, mais cela vient de mon cœur ». Elle s’est levée et, de nouveau, sans dire un mot, elle est partie. J'ai été vraiment touché par ce geste simple de la pauvre femme.

    Ce geste de la pauvre femme m'a aidé à prier et à comprendre un peu mieux la mission et la vie missionnaire. En même temps, cela m'a donné l’occasion d’expérimenter ma foi dans le Christ mort et ressuscité. Cette expérience m'a rattaché à la foi simple de ma mère et de mon père, qui m’ont transmis la foi en Dieu annoncé par Jésus-Christ à travers leurs exemples et leur témoignage de vie. La mission devient de plus en plus une expérience du Seigneur ressuscité.


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    Il faut que le feu brûle exprime bien que « la vie des pauvres est une école d'humanisation où nous avons beaucoup à apprendre. Leur ouverture tout à fait naturelle aux valeurs de l'entraide, de l'hospitalité et de la liberté d'esprit n'est-elle pas pour nous une leçon quotidienne ? Leur facilité à forger des relations humaines personnelles est un rappel permanent de l'importance de chaque personne. Quand nous voyons combien ils doivent travailler dur pour gagner leur pain quotidien, confiants dans le Père qui n'oublie aucun de ses enfants, nous arriverons peut-être à une vision plus évangélique de l'avenir, qui nous évitera une capitalisation immodérée. Les pauvres seront plus conscients de leurs valeurs et de leurs qualités si nous nous mettons à leur école » (FB p. 83).

    Au cours des années que j'ai passées aux Philippines, j'ai eu le privilège d'accompagner certains CICM qui ont quitté la congrégation. L'un d'eux déclarait : « J'ai été CICM et, en tant que religieux, je devais faire mon rapport financier. Je dois vous dire que faire un rapport financier précis était une grosse blague. Nous inventions ce que nous y mettions. Ce n'est pas grave. Nous nous mentions à nous-même. Maintenant que je suis marié et que j'ai mes propres enfants, chaque centime compte, et je dois donner un rapport des dépenses vraiment précis à ma femme et à mes enfants... Nous avons une voiture familiale. Tous les matins, j'amène mes enfants à l'école, ma femme à son bureau, puis je vais travailler. Je les récupère dans l'après-midi et nous rentrons ensemble à la maison. Quand j'étais CICM, j'avais ma voiture à utiliser. J’allais où je voulais sans que personne ne sache où j’étais. Maintenant que je suis marié, ma femme et mes enfants savent où je vais si je sors seul. En réfléchissant à mon expérience CICM en ce qui concerne l'utilisation de la voiture, je me rends compte que lorsque tout le monde a sa propre voiture, cela ne favorise pas la vie communautaire mais l'individualisme. »

    Un trésor de la Congrégation

    Nous avons un trésor entre nos mains, à savoir  « Il faut que le Feu brûle ». Ne l'enterrons pas dans le sol, mais dans nos cœurs. J'espère et je prie pour que nous y revenions de temps en temps pour laisser le message pénétrer nos âmes. Nous possédons le bois d'allumage et nous sommes renouvelés de l'intérieur par le Feu de Jésus et de Théophile Verbist. Ce trésor nous met au défi d'être à la hauteur de nos vœux de chasteté, de pauvreté et d'obéissance. Enfin, Il faut que le feu brûle nous provoque dans la façon dont nous traitons les gens qui nous entourent : nos confrères, nos collègues, nos partenaires de mission et nos collaborateurs, les pauvres et l'environnement.         §


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