Fernold Denna, cicm
Missionnaire aux Philippines
La réflexion qui suit présente la nature et le défi de la formation initiale en CICM. Elle a comme but d'inculquer à ceux qui sont en formation ou les confrères étudiants, l'impératif d'une relation profondément intime avec le Seigneur Jésus-Christ et une collaboration généreuse à la formation au séminaire, comme une démarche commune de pèlerins d'espérance en route avec les formateurs.
Le pape François, dans son message aux recteurs de séminaires (25 janvier 2025), souligne « l'orientation capitale de la vocation sacerdotale vers la mission », affirmant en outre que :
Le prêtre est toujours pour la mission. Bien que le fait d’être prêtre implique un épanouissement personnel, on ne le devient pas pour soi-même, mais pour le peuple de Dieu, pour lui permettre de connaître et d'aimer le Christ. Le point de départ de cette dynamique ne peut être trouvé que dans un amour toujours plus profond et passionné pour Jésus, nourri par une formation profonde à une vie intérieure et l'étude de la Parole de Dieu.
Comme l'a souligné le Pape François, cet élément clé de la formation au séminaire est même plus précisément formulé pour la formation initiale de CICM, comme le prévoit l'article 59 des Constitutions de CICM et reconfirmé par le 16ème Chapitre général de CICM, « La formation initiale est entièrement orientée vers la vie missionnaire religieuse telle qu'elle est vécue dans notre Institut. Les différentes dimensions de notre vie doivent être présentes à chaque étape de la formation initiale et être intégrées dans les programmes ».
De plus, les Orientations générales de CICM pour la formation initiale stipulent : « La formation initiale doit souligner l'unité des différentes dimensions de la vie missionnaire que nous avons choisies. On recherchera un juste équilibre entre les études, la formation missionnaire et pastorale, la vie communautaire et la vie spirituelle », sans oublier le développement humain de chaque confrère étudiant.
La formation doit toucher toutes les dimensions de la personne et l'orienter vers la mission. La formation humaine et spirituelle intégrale dans les séminaires CICM, qui fournit à ceux qui sont en formation, l'éducation complète de l'esprit, du cœur et des mains, vise une vie désintéressée de service, principalement des pauvres, comme l'a montré notre Seigneur Jésus-Christ. Par conséquent, « il est important qu'à toutes les étapes, le programme conduise ceux qui sont en formation à vivre toujours plus pleinement l'appel et la vision commune de CICM. » [GGIF #13]
Dans la formation initiale, l'appel de Dieu adressé à chaque candidat est nourri par une vie de séminaire remplie de discernement, de dialogue et d'ouverture à l'invitation de Dieu. En d'autres termes, la formation initiale, qui commence et est soutenue par la grâce de Dieu, exige la collaboration entre les formateurs et ceux qui sont en formation, afin qu’ils travaillent ensemble dans le but de reconnaître humblement l'accomplissement de l'appel de Dieu, en particulier pour les confrères étudiants concernés. Les formateurs chargés de cette tâche délicate sont appelés à assumer leur rôle tout aussi vital dans l’accompagnement de ceux qui sont en formation. Oui, l'accompagnement est au cœur de l'œuvre de formation au séminaire. Nos Constitutions le disent clairement : « Chaque confrère en formation initiale porte la responsabilité première de sa propre formation. Avec l'aide du Seigneur et l'accompagnement de l'équipe de formation, il essaie de grandir dans sa vocation. » (Constitutions Art.73) En premier lieu, c'est le confrère étudiant lui-même qui est responsable de sa propre formation. La formation initiale présuppose toujours que chaque étudiant est un adulte qui comprend et peut s'engager pour la durée de sa vie. À plusieurs reprises, le pape François a déclaré que la formation est une œuvre d'art, et non une action policière. Par conséquent, le rôle du formateur est de servir de médiateur entre celui qui est formé et le formateur principal, Dieu. Le formateur facilite le dialogue entre ceux qui sont en formation et Dieu, permettant ainsi à Dieu, initiateur de l'appel à la formation, de prendre en charge la vie de ceux qui sont en formation.
Le travail d'accompagnement des formateurs comprend une disponibilité d'écouter, de comprendre, d'encourager et de défier ceux qui sont en formation au cours de la vie au séminaire, de leur donner une orientation de vie et la joie sincère d'être CICM. Dans son message aux participants d'un cours destiné aux recteurs et formateurs de séminaires d'Amérique latine le 10 novembre 2022, le pape François l'a dit avec beaucoup d'éloquence : « L'un des indicateurs de la maturité humaine et spirituelle est le développement et la consolidation de la capacité d'écoute et l'art du dialogue, qui sont naturellement ancrés dans une vie de prière, où le formateur entre en dialogue quotidien avec le Seigneur, même dans les moments d'aridité ou de confusion. Dans le service qu'un formateur rend à ses frères et sœurs, et en particulier dans sa tâche de formateur, la disponibilité à l'écoute et à l'empathie est plus qu'un instrument d'évangélisation, mais sont précisément le milieu où l'évangélisation germe, s'épanouit et porte du fruit.
Un bon formateur est un auditeur actif, attentif à l’histoire de chacun, aux expériences, aux pensées et aux besoins de ceux qui sont en formation. La bonne volonté et l'ouverture de ceux qui sont en formation sont cruciales dans ce processus. Ceux qui sont en formation doivent revenir sur leur histoire de vie et être prêts à la partager avec les formateurs, car un soutien efficace dépend de l'ouverture mutuelle. [RF #94]
La collaboration exige de la transparence et de l'honnêteté. Alors qu'un formateur a besoin d’une endurance spirituelle vitale pour être efficace, la réceptivité à l'Esprit Saint transforme le processus de formation. Cela conduit à un apprentissage réciproque entre ceux qui sont en formation et les formateurs. Ainsi, la maîtrise de l'art de l'écoute exige de l'habileté, de l'humilité et de la patience de la part du formateur.
Depuis que j'ai commencé mon travail en tant que formateur à l'AIFC, je dirais que, d'après mon expérience, une grande partie de l'accompagnement de nos confrères étudiants est consacrée à leur écoute, surtout lorsqu'ils viennent pour des entretiens individuels ou des partages. Lors de ces rencontres, ils parlent plus, et c'est moi qui écoute. J'ai appris qu'une partie de l'écoute des confrères étudiants est l'art de reprendre ce qu’ils disent, de les encourager et de leur permettre de parler du fond du cœur, en les aidant à identifier et à s'approprier leurs sentiments et leurs émotions. Plus important encore, cela les amène à reconnaître la grâce et la présence de Dieu dans leurs expériences et leur quotidien. Encore une fois, ce n'est pas une tâche facile. Cela demande beaucoup de patience et d'humilité. C'est un ministère difficile mais gratifiant.
La formation au séminaire est cruciale pour nourrir la relation d'un étudiant avec Dieu à travers la liturgie, la prière et les exercices spirituels. La prière est fondamentale pour notre croissance en tant que missionnaires, comme le soulignent nos Constitutions (art. 34). Le pape François note que « les missionnaires de l'espérance sont des hommes et des femmes de prière », soulignant que la prière est à la fois une activité missionnaire primordiale et une source d'espérance. De plus, l'accompagnement des formateurs et la vie partagée avec ceux qui sont en formation, apportent un soutien essentiel dans ce processus. Dans son discours aux recteurs de séminaires, le pape François compare la formation initiale à un pèlerinage :
En tant que pèlerins, nous entendons l’appel à sortir de nous-mêmes, à nous lancer dans un voyage qui comprend différents moments et étapes jusqu'à ce que nous atteignions notre destination. De même, dans la formation sacerdotale, l'objectif est de devenir des pasteurs humbles et miséricordieux du Peuple de Dieu, reflets du Cœur du Christ. N'oubliez pas que vous n'êtes pas seuls, n'hésitez pas à ouvrir votre cœur au Seigneur et à lui permettre de guider et de façonner votre vie.
Des confrères étudiants de divers horizons nationaux et culturels se réunissent pour la formation initiale dans nos séminaires : la Communauté internationale de formation CICM-ASIA (CICM-AIFC) à Quezon City, le noviciat Théophile Verbist à Taytay et le séminaire Maryhurst à Baguio City, aux Philippines. Cette année scolaire, CICM-AIFC compte 13 nationalités parmi ses 36 confrères. Il est essentiel pour ces élèves d'apprendre les valeurs de la vie en communauté, notamment le respect mutuel, le dialogue et la convivialité.
Alors que le 16ème Chapitre général recommandait que l'interculturalité soit promue dans les communautés de formation initiale, les journées d'orientation du début de l'année académique 2024-2025 étaient axées sur le thème : « Vivre en communauté interculturelle à l'AIFC ». Nous avons invité des confrères-intervenants à donner des sessions et à partager leurs expériences vécues sur le sujet. Il convient de mentionner que la Maryhill School of Theology (MST) a également tenu compte de la recommandation d'inclure l'interculturalité dans ses programmes. De plus, le contact régulier avec les différents confrères sur le terrain et avec les confrères en vacances ou en visite aux Philippines est une expérience riche car elle donne une forme concrète et une touche de réalisme à l'aspiration missionnaire de ceux qui sont en formation.
Tout en reconnaissant les efforts déjà déployés dans le domaine de l'interculturalité et de l'internationalité à l'AIFC, les formateurs doivent continuer à sensibiliser et à témoigner de cet aspect essentiel de notre identité CICM. Les formateurs sont appelés à faire prendre conscience aux étudiants-confrères de l'importance de ce vécu au cours de leur formation. C'est crucial, car la façon dont nous nous organisons en tant que communauté internationale et multiculturelle affectera la façon dont nous gérerons les conflits. Nos structures (comités, équipes d'apostolat, attribution des salles, etc.) reflètent la façon dont nous gérons les conflits. Animée par l'esprit de charité, la résolution des conflits dans la communauté se traduira par le respect et l'acceptation mutuels. C'est pourquoi l'internationalité, l'interculturalité, la compétence et l'apprentissage doivent être considérés comme des conditions nécessaires pour permettre au cadeau de la diversité de s'épanouir à travers la vie fraternelle.
Maintes et maintes fois, nous nous rappelons que la vie fraternelle en communauté est l'endroit où l'on apprend à accepter les autres comme des cadeaux de Dieu, en acceptant les aspects positifs ainsi que les différences et les limites de chacun. C'est à travers la vie fraternelle que l'on apprend à partager les dons reçus pour l'édification de tous. C'est à travers la vie fraternelle que l'on apprend la dimension missionnaire de la consécration religieuse.
Par conséquent, pour une croissance continuelle dans le processus de discernement et de prise de décision, ceux qui sont en formation sont appelés à faire confiance à la sagesse du directeur spirituel comme canal de la parole de Dieu. L'article 60 stipule : « L'accompagnement d'un directeur spirituel est indispensable pendant les premières années de formation. » Selon nos Constitutions cette disposition sur l'accompagnement spirituel dans la formation initiale est la base d'une vie au séminaire saine à laquelle ceux qui sont en formation se soumettent avec bienveillance et humilité. Son caractère indispensable vient de l'approfondissement de la relation avec le Seigneur Jésus-Christ, auquel ceux qui sont en formation ont répondu : « Viens et suis-moi » : ainsi ils sont appelés à se consacrer au Christ avec courage, enthousiasme et joie.
En cette Année Jubilaire de l'Espérance 2025, la Province CICM RP héberge modestement, en union avec le Gouvernement général de CICM, la formation initiale et s'efforce constamment d’ouvrir de nouveaux horizons, de répondre de manière créative et de remplir efficacement son mandat pour aider dans la préparation des futurs missionnaires CICM. Ils veulent relever les défis et les opportunités qu’offre la formation initiale, pour que ces confrères deviennent des agents d'espérance et qu’ils soient envoyés dans le monde pour annoncer aux hommes le règne libérateur de Dieu, qui est la source de toute espérance.