Romain Mayuku K., cicm
Missionnaire au Malawi
Après quelques mois d'apprentissage de la langue Chitumbuka, notre prochaine étape en tant que stagiaires est de rester dans une famille d'accueil pendant un mois. Ensuite, nous passerons deux mois dans une paroisse du diocèse. Cette expérience vise non seulement à nous aider à nous intégrer culturellement, mais surtout à nous permettre d’avoir une vision complète de notre terrain de mission. Ce qui suit présente certaines réalités de notre mission, bien que cette présentation soit brève et incomplète. Elles sont incomplètes parce que deux points de vue présentent deux réalités différentes, et ma vision actuelle est limitée par mes propres frontières culturelles, spirituelles, sociales, anthropologiques et intellectuelles.
Avant notre départ, notre directeur de stage, le P. Ritan, nous a encouragés à vivre concrètement les vertus CICM lors de notre séjour dans nos familles d'accueil. Ces vertus comprennent la simplicité, la modération, la sobriété, l'humilité et une solide éthique de travail.
Il a souligné : « Que votre présence dans ces familles soit à la fois évangélisatrice et inoubliable. Soyez ouverts à l'apprentissage de la culture qui vous accueille. Partagez vos connaissances en proposant de préparer des plats de votre pays d'origine et en organisant des moments de prière en famille. Ne vous attendez pas à ce que les membres de la famille fassent tout pour vous. Rendez visite aux familles voisines et découvrez les us et coutumes de votre pays de mission ».
Ces mots nous ont servis de principe directeur, résonnant profondément dans nos cœurs chaque jour que nous avons passé en famille.
Le temps que nous avons passé en famille nous a permis d'apprécier l'identité profonde des gens parmi lesquels nous étions : membres d’une communauté accueillante et douce, fière de sa culture ; un peuple de paix, de travailleurs acharnés et généreux ; un peuple priant, plein de respect et, même plein d'humour. Chaque fois que nous rendions visite à une famille, nous étions accueillis par les mots «Tampokelerani » (nous vous souhaitons la bienvenue). Le mot suivant que nous entendions était « Karibu », qui signifie « bienvenue » en swahili. Ce terme est couramment utilisé au Malawi pour convier les invités à se joindre à la famille pour un repas.
Le respect est primordial dans ces rencontres. Chacun s'agenouille ou s'incline pour saluer l’ancien, le chef (fumu) ou le serviteur de Dieu. Lorsque la femme s'adresse à un homme, elle s'agenouille ou s'incline. Il est déconseillé de s'adresser directement à un chef ; Il faut passer par un intermédiaire habilité pour communiquer avec lui. Cette règle s'applique également aux visiteurs, qui doivent poser des questions par l'intermédiaire de la personne qui les introduit, même concernant la santé du chef. Partager un moment en commun avec eux, c'est faire l'expérience de la pureté des valeurs africaines.
L'économie du Malawi repose en grande partie sur l'agriculture, ce qui signifie que de nombreuses personnes travaillent sans relâche pour gagner leur vie. Lors de notre séjour en famille, nous avons appris que les gens quittent en général la maison pour cultiver leurs champs dès 4 heures du matin afin d'éviter le soleil de midi. Malgré leur détermination à améliorer leur vie, ils sont confrontés à deux défis importants : tout d'abord, le climat n'est pas propice à l'agriculture. Le sol sablonneux et caillouteux nécessite des efforts considérables pour cultiver dans l’espoir d’obtenir quelques résultats. Le deuxième problème, plus grave, est l'état des routes. Pendant la saison des pluies, les déplacements deviennent extrêmement difficiles, donc même s'ils récoltent des produits tels que le riz, le maïs, le tabac et les arachides, ils ont souvent du mal à les vendre. Parfois, ils doivent même se rendre jusqu'en Tanzanie ou en Zambie pour trouver un marché.
En période de famine, le gouvernement et le diocèse s'efforcent de subvenir aux besoins fondamentaux de la population, mais ces efforts sont souvent insuffisants.
Pour renforcer nos liens avec les familles, nous avons proposé un temps de prière quotidien pour la famille à 20h30. Elle comprend l’invocation au Saint-Esprit, la lecture de la Parole de Dieu et une prière pour la famille, les jeunes et les parents. Chacun est encouragé à y participer en présidant l'une des prières. Nous concluons alors avec l'Angélus. De plus, pour entrer en contact avec toutes les familles chrétiennes de cette zone pastorale, j'ai organisé des visites en collaboration avec les responsables des Communautés de Vie de Base (Uzengezgani).
Nous avons commencé par mobiliser les fidèles pour qu'ils répondent activement à cette vie en communauté. Les réunions ont eu un bon rayonnement et comprennent chaque fois un chant d'ouverture, une brève introduction, des chants au Saint-Esprit et la lecture de la Parole de Dieu à trois reprises. Les participants partagent leurs réflexions au passage de l'Écriture, et c’est suivi d'une courte méditation.
Nous avons également réfléchi aux divers besoins des familles en les sensibilisant aux changements socioculturels, religieux, politiques, économiques et anthropologiques qui se produisent dans notre monde, en particulier en Afrique et, plus précisément, au Malawi.
C’est l'occasion de repenser la pastorale dans une Afrique en mutation. Nous encourageons les familles à s'organiser pour plus d'autonomie et de solidarité. Après une exhortation pastorale, ces rassemblements comprennent les offrandes, des échanges mutuels, un chant d'action de grâces et une prière de clôture.
Les familles expriment leur joie d'avoir des missionnaires CICM dans leur paroisse. Ils sont fiers de cette présence et reconnaissent le travail de qualité dans la paroisse Sainte-Apollonia, à Nyungwe. À la fin de notre séjour, certains fidèles, dont ma mère d'accueil, avaient les larmes aux yeux. Ils étaient réticents à nous voir partir. Mais notre mission doit se poursuivre.