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    Lutte des places - Lutte des classes

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    Jean PeetersPar Jean Peeters, cicm

    Dans notre monde moderne, il faut être compétitif, performant, le mieux adapté. Le très controversé manuel de 4ième primaire que la Belgique a voulu imposer au Congo en parachutant 5 millions d’exemplaires en est un parfait exemple. Son titre (Champion) est évocateur du type de société que l’Occident veut imposer dans ces pays : la vie est une course dans laquelle, il faut gagner, quitte à écraser les autres.

    Lavage de cerveaux

    Cette idéologie s’est développée insidieusement dans tous les domaines de notre société, que ce soit le papa bricoleur dans sa maison, le travailleur ou l’employé dans l’entreprise, et qui s’étend à tout le système économique avec tous les dégâts que les plus faibles subissent.

    Sans nous en rendre compte depuis une quarantaine d’années, nous subissons un véritable lavage de cerveau de la part des dominants : ils modifient le sens de certains mots ou concepts, afin de justifier cette idéologie, diviser la population, et faire avaler la pilule :

    - Nos charges sociales sont les plus hautes d’Europe :

    Mais étrangement, environ 270 pays disent la même chose que chez nous : France, Hollande, Italie, etc. Tout dépend des paramètres dont les gouvernants tiennent compte ! L’objectif de cette tromperie est de justifier les mesures d’austérité ainsi que les cadeaux aux grandes entreprises pour qu’elles restent en Belgique.

    - L’impôt de solidarité ou cotisations sociales sont devenus « charges sociales », un terme négatif dont il faut alléger le poids en diminuant toutes les aides sociales, et faire croire aux travailleurs qu’ils donnent leur argent aux fainéants qui ne veulent pas travailler. Ils oublient qu’eux aussi profitent de cet argent : mutuelles, hôpitaux, tous les services publics, chômage et leur pension ! Et c’est une stratégie qui, insidieusement, mènera d’ici peu à la modernisation des mutuelles en faisant appel à des assurances santé et la privatisation de plusieurs secteurs des services publics.

    - Moderniser la sécurité sociale signifie diminuer les soins de santé, réduire les indemnités de chômage, organiser la chasse aux fraudeurs. Moderniser signifie couper dans les budgets.

    - Corruption de fonctionnaires de l’Union Européenne est devenue faire du lobbying légal.

    - Il faut être des citoyens actifs, ce qui signifie travailler pour un salaire, rien d’autres. On ignore le travail de la mère de famille, des bénévoles, des actifs dans des comités de quartier, dans des restos solidaires, des jardins solidaires, etc. Alors que le manque d’emplois à durée indéterminée diminue d’année en année, mais cela justifie la pression sur les salaires.

    - Procurer de l’emploi aux travailleurs signifie en réalité utiliser leur forces de travail pour augmenter le capital. L’emploi n’est pas un cadeau fait aux travailleurs, ce sont les travailleurs qui permettent aux entreprises et leurs actionnaires de s’enrichir.

    - Flexibilité du travail : en réalité, c’est le contraire qui se produit ; car ce sont les travailleurs qui doivent être flexibles. En manipulant ainsi ce terme, les dominants peuvent manipuler les travailleurs comme des marionnettes.

    - Dégraisser, moderniser l’entreprise camoufle la réalité : licencier des travailleurs à la demande des actionnaires en vue d’augmenter leurs dividendes.

    - Le capital fait vivre et paie les travailleurs : faux ! C’est grâce au travail que les dominants voient leurs capitaux augmenter. Ce sont les travailleurs qui paient les patrons.

    - Privatiser les ressources naturelles (eau, terres cultivables, sous-sol). En réalité cela revient à s’accaparer d’un bien public.

    - Développer le Tiers-Monde signifie trop souvent développer les entreprises des pays donateurs et camoufler la véritable exploitation : diamant, cobalt, déforestation, accaparement des terres cultivables et maintien de la dette.

    Bienheureuses crises

    De plus, grâce aux crises économiques et financières, le nombre de milliardaires ne fait qu’augmenter. Cela est dû en grande partie aux multiples privatisations ou entrées du privé dans les services d’État en Afrique, en Asie ; le port du Pirée en Grèce ; et les télécommunications, l’énergie, les banques, la poste, etc., chez nous. Mais c’est également la pression qui est faite sur les Gouvernements pour organiser des coupes budgétaires drastiques dans les services publics tels que : pompiers, poste, chemin de fer, ministères de la Justice et des Finances. Ces restrictions permettent notamment la création d’une multitude de sociétés de sous-traitance, qui permettent l’exploitation du sous-prolétariat : travailleurs étrangers, émigrés, etc.

    Les chiffres sont effarants : en Belgique, entre 2000 et 2009, les dividendes versés aux actionnaires ont été multipliés par trois ; ce qui explique l’augmentation du nombre de millionnaires belges, ainsi que leur fortune totale (www.de rijkste belgen.be/de-lijst/). A Bruxelles, on connait la rue des milliardaires au bout de l’avenue Louise et privatisée depuis longtemps.

    Lutte des classes ?



    Cela voudrait-il dire que, malgré tout ce qu’on pense, la lutte des classes serait toujours d’actualité, mais qu’elle a pris une forme différente ? Il y a 200 ans, les classes étaient bien visibles : les mineurs, les sidérurgistes et les artisans ; et ceux qui tournaient autour d’eux comme les petits commerçants ou agriculteurs. Ce sont eux qui étaient esclaves du travail et exploités par la bourgeoisie et les patrons qui habitaient tout près d’eux. C’est d’ailleurs ainsi que certaines fortunes (très respectées aujourd’hui) se sont créées e constituées en Belgique grâce à l’exploitation des mineurs, des sidérurgistes et de la masse de petits agriculteurs en Flandres et en Wallonie.

    Mais aujourd’hui on voit des ouvriers se prélasser au soleil d’Espagne. Il n’y a plus que trois classes : les riches, les pauvres et les classes moyennes. Celui qui oserait aujourd’hui parler de prolétariat et de lutte des classes serait considéré comme un fantôme venu des années 1900.

    Et pourtant, en reprenant la bonne vieille définition de « classe », on voit que notre monde et notre Belgique sont toujours divisés entre ceux qui possèdent et ceux qui rentabilisent ces biens.

    Il y a ceux qui possèdent les moyens de production (usines, grosses entreprises, actionnaires, richesses minières, agricoles etc.) : les dominants (privés et actionnaires). Et tous ceux qui font tourner ces moyens de production : ouvriers, mais aussi les cadres inférieurs et supérieurs, comme les ingénieurs : les dominés (mais parmi ces derniers, certains ont subi un lavage de cerveau de sorte que, idéologiquement, ils passent de l’autre côté).

    Et nous Scheutistes

    La plupart d’entre nous sommes rentrés au pays après avoir souvent vécu proche des populations pauvres. Normalement, nous sommes habitués à lire les événements du monde avec les lunettes des plus pauvres, celles des populations du Tiers Monde, qui auraient droit à une vie bien meilleure s’il n’y avait pas cette surexploitation. Et ici, on lit les événements avec les lunettes de petits Européens pressurés comme des citrons afin de remplir la caisse des dominants.

    Et n’oublions pas que si l’Angleterre sort de l’Union Européenne, c’est en grande partie parce que le Conseil et Parlement européens sont dominés par une droite vendue aux dominants. Quelques dossiers brûlants en sont l’illustration : Monsanto, Traité Atlantique, etc. Et s’il en est ainsi, c’est parce que nous, lors de nos votes aux élections européennes, nous avons choisi d’être sous la coupe des dominants ■.