Paul Delaere (1918-2022)
Premiers vœux le 8 septembre 1938
Ordonné prêtre le 1er août 1943
Missionnaire aux États-Unis, en République dominicaine et en Belgique.
Décédé à Torhout (Belgique) le 13 septembre 2022,
à l'âge de 104 ans.
Paul était entré en CICM après avoir terminé ses humanités au Collège Sint-Amands de Courtrai. Il a étudié la philosophie à Jambes et à Scheut, et la théologie à Louvain. Avant de partir en mission, il avait étudié à l’école sociale d’Heverlee pendant quatre ans.
Il était parti pour les États-Unis d’Amérique en avril 1947. Il avait travaillé en paroisse au Texas et, de 1949 à 1956, il a été professeur au petit séminaire de Maryhill, dans l’État de Louisiane. De retour en Belgique pour son premier congé, il avait servi pendant deux ans comme Économe et professeur d’anglais dans notre noviciat à Zuun. De retour aux États-Unis, en 1958, il avait servi comme Maître des novices à Arlington pendant huit ans.
En 1964, il a été envoyé en République dominicaine où il a été plusieurs fois nommé curé dans plusieurs paroisses pendant 28 ans. C’est à partir de cette période que l’on s’adressait à Paul en l’appelant Pablo. Il était resté un homme de paysans laborieux, y compris de paysannes. En effet, Pablo s’était rendu compte que la communauté paroissiale fonctionne grâce à des femmes fortes. Aussi, avait-il estimé que les femmes pouvaient jouer un rôle plus important dans les villages, à la paroisse et dans l’Église universelle.
Pablo avait appris aux gens à se battre pour leurs droits. C’est ainsi qu’il avait essayé de travailler avec eux dans des coopératives et de leur apprendre à faire des économies. Ce qui constituait une nouveauté pour la plupart de ses paroissiens.
Pablo s’était également rendu compte que tant de choses échappaient au travail paroissial traditionnel. C’est ainsi qu’il avait commencé à sympathiser avec les Haïtiens exploités dans les plantations de canne à sucre. Il veillait sur ces migrants qui fuyaient leur pays au péril de leur vie. Pourquoi ces jeunes fuient-ils leur famille et leurs amis ? Se demandait-il. Certainement pas pour leur plaisir, mais parce qu’ils étaient à la recherche d’une vie digne, était-il convaincu. Que manque-t-il dans la société pour que tant de gens manquent de joie ? Que pouvons-nous faire pour empêcher les gens de se réfugier dans leur foi en attendant le paradis ? Telles étaient les préoccupations de Pablo. C’est ainsi qu’il avait tenté de changer les choses en profondeur.
Alors âgé de 74 ans, il avait commencé un repos bien mérité dans son ancienne paroisse de Neiba (République dominicaine) en 1992. Avant même que des livres ne soient écrits sur les « petits bonheurs », Pablo les vivait simplement et avec gratitude. Et, à travers des milliers de choses, il avait laissé parler l’amour de Dieu.
Pablo était revenu définitivement en Belgique et avait continué à se reposer dans notre maison à Courtrai en 2000. Il était devenu physiquement limité. Mais mentalement et spirituellement, il restait alerte : il résolvait des sudokus et des mots croisés, il lisait des magazines et des livres sur toutes sortes de choses et, chaque après-midi, il jouait aux cartes avec passion.
Pablo était venu à Torhout en 2015. Il avait presque 97 ans à l’époque. Il ne manquait jamais une rencontre des confrères : que ce soit pour jouer aux cartes, boire un verre ensemble, regarder le football, les courses, le tennis ou prier ensemble.
Quand il avait eu 100 ans, Pablo avait dit : « J’irai jusqu’à 104. » Son vœu était exaucé non seulement par sa propre volonté, mais aussi grâce aux bons soins des collaborateurs de notre communauté. Et, il avait commencé à tout abandonner peu après son 104e anniversaire et, après un court séjour à l’hôpital, il s’y est éteint paisiblement.
Arnold Quartier