Wilfried Meulemeester, cicm
Missionnaire en Belgique
Mon engagement et celui des personnes avec lesquelles je travaille, y compris à l'asbl Jakoeboe à Oostende, se situe avant tout dans une société multiculturelle. Travailler avec des personnes de cultures et de religions diverses est – ce que nous appelons – « un défi missionnaire ». Travailler au milieu d’autres cultures est une des priorités missionnaires de CICM.
Oostende, le terminus et le centre-ville, a un peu la mentalité d'une grande ville, avec des habitants d'origines culturelles diverses, des migrants, des réfugiés, des personnes sans résidence légale. La ville attire plusieurs personnes qui vivent en marge de la société. Travailler en situation périphérique est une vocation spécifique des missionnaires CICM.
La migration à Oostende
Oostende était autrefois le passage obligé vers l'Angleterre. L'époque où une moyenne de soixante-dix migrants en transit visitaient le lieu de distribution de nourriture de l'asbl Jakoeboe chaque semaine est révolue depuis longtemps. Oostende n'a plus de liaison fixe par ferry avec l'Angleterre. Mais les migrants en transit n'ont pas complètement disparu. Après tout, la ville est située sur l'axe Calais-Dunkerque-Zeebrugge. Les tentatives de traversée depuis les côtes de Calais sur des embarcations appelées “small boats” (petits bateaux) ont énormément augmenté au cours des deux dernières années. Et récemment, nous avons appris que le nombre des transmigrants le long de nos côtes a fortement diminué.
Pas seulement « notre » asbl Jakoeboe, mais plusieurs autres groupes de volontaires de la région d'Oostende se rendent chaque semaine à Dunkerque ou Calais avec une aide matérielle pour les migrants qui y séjournent dans des conditions épouvantables. À Oostende, les migrants en transit ne sont plus très nombreux et moins visibles. L'année dernière en mai, l’asbl « Hart boven Hard » d'Oostende a organisé un moment de recueillement sur la côte belge pour commémorer la mort du Soudanais Ali, âgé de 19 ans, qui, ne voyant pas d'issue dans son voyage désespéré vers le Royaume-Uni, a choisi la mort sur un brise-lames à Oostende.
Divers engagements sociaux
À Oostende, avec d'autres, nous essayons de nous engager dans le monde multiculturel et avec une attention aussi pour le quart monde local. Par exemple, la solitude du groupe des personnes âgées est parfois criante. Et la pauvreté n'est pas loin pour certaines d’entre elles, mais effective.
Notre Congrégation des Missionnaires CICM nous recommande de trouver des projets missionnaires en articulant clairement la justice, la paix et le soin de notre terre en plus d’autres engagements ... Nous essayons également de favoriser le dialogue interreligieux.
Nous assumons ces engagements en lien avec: l'asbl Jakoeboe – Welzijnsschakel Vluchtelingen – la distribution de nourriture, l’accompagnement et les célébrations multiculturelles mensuelles dans la Hazegraskerk, en collaboration avec l'Église protestante unie. Ou avec les confrères Scheutistes dans les engagements pour la Justice, la Paix et l’Intégrité de la Création (JPIC).
Les missionnaires CICM, en tant que religieux, sont appelés à assumer une vocation prophétique critique
Dans la société: Nous avons besoin de percevoir « les situations périphériques » et d’y travailler. À Oostende et ailleurs, il y en a beaucoup dans tous les domaines: une population âgée vivant une grande solitude et une situation de pauvreté relative, mais aussi des sans-abris, ‘des échoués’, des personnes vivant des problèmes de drogue, ... Multiculturalisme: avec pas mal de personnes sans résidence légale, plus de 150 nationalités, le phénomène des migrants en transit sur la bande côtière ... Aussi de nombreux groupes religieux différents, églises, temples, mosquées. Besoin de sens et problèmes psychologiques. Le chanteur Arno, récemment décédé, a déclaré: « Si je n'avais pas eu la musique, cela se serait mal terminé pour moi. »
Au sein de l'Église: Nous essayons d'apporter ou de garder une dimension missionnaire dans l'Église et dans Scheut. Les chrétiens diminuent dans notre société et les missionnaires flamands partis dans des pays lointains disparaissent rapidement. Nous essayons de susciter la conviction qu'il y a un travail missionnaire dans notre propre ville ou région. Les gens n'ont souvent jamais entendu parler de cela, ou du moins ils n'utiliseraient pas le terme “œuvre missionnaire” pour cela. Heureusement, il y a beaucoup de solidarité concrète au sein de notre population: il suffit de penser aux nombreux bénévoles qui ont aidé dans les centres de vaccination pendant la période corona, aux bénévoles qui aident maintenant à l'accueil des réfugiés ukrainiens, à l'engagement volontaire dans de nombreuses initiatives dans le quart monde, aux distributions de nourriture, aux activités dans les centres de réunion, aux bénévoles au sein de l'Église et bien plus encore.
Nos Églises ont toujours eu un grand engagement très concret dans la société: vous connaissez les hôpitaux, le travail pour les handicapés, les écoles ... Ces initiatives ont été adoptées avec succès par l'ensemble de la société civile actuelle. Mais il y a encore des défis importants à relever au sein de l'Église elle-même: donner plus de responsabilités au sein de l'Église aux laïcs, le rôle des femmes dans l'Église ... et bien sûr, le besoin continu de trouver du sens à la vie.
Les modestes communautés chrétiennes d’aujourd’hui ont certainement un œil attentif – modeste et dans le but de servir – pour les besoins missionnaires actuels. Et de plus en plus, les responsables de nos Églises ont une attention pour les situations périphériques pénibles actuelles. Elles deviennent de véritables Églises missionnaires. §