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    Ceux qui nous ont quittés

    L’Aventure missionnaire à Boula-Ibib

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    Amos Onezaire

    Père Amos Onézaire, cicm
    Secrétaire général

     

    « Avons-nous du ‘cœur au ventre’ pour commencer de nouvelles entreprises missionnaires ? » . Le 15ème Chapitre général CICM nous a interpelés tous sur notre fidélité au charisme fondateur de la Congrégation. Suivons-nous le rêve missionnaire de notre Fondateur et de ses compagnons qui sont sortis de leur zone de confort en Belgique afin d’entreprendre une aventure missionnaire périlleuse en Chine? Conscients de cette préoccupation légitime des capitulaires du 15ème Chapitre général, dans un esprit de prière et de discernement, la 5ème Assemblée provinciale de « ACO-CICM 2018 », dans sa Déclaration finale, a engagé toute la Province dans une dynamique de « nouvelles insertions missionnaires ». En réponse à l’invitation de l’Archevêque de Garoua, Mgr Faustin Ambassa Ndjodo, cicm, et conformément aux résolutions de ladite Assemblée, le Supérieur provincial d’alors, le Père Hervé Kuafa Lontsi, du consentement de son Conseil, a décidé d’entreprendre en octobre 2021 une nouvelle insertion missionnaire dans l’Archidiocèse de Garoua au Cameroun. Ainsi, CICM s’est vu confier l’administration de la Paroisse Saint-Joseph et Notre-Dame du Mont Carmel de Boula-Ibib. 

    Présentation de la Paroisse de Boula-Ibib

    Boula-Ibib est une localité située à une cinquantaine de kilomètres  de la ville de Garoua sur l’axe de la route nationale n° 1 (Garoua-Maroua). Ce village est connu pour son célèbre marché de canaris et son marché hebdomadaire du samedi, appelé, non sans humour, le 20 mai. Dès l’année 1970, les chrétiens catholiques de Boula-Ibib ont été confiés aux bons soins des oblats de Marie (OMI) polonais de la mission de Figuil. En 1975, le secteur de Boula-Ibib est rattaché à la mission oblate de Bibémi. Il a été ensuite érigé en Paroisse en 1978 par Mgr Yves Plumey, OMI, Evêque de Garoua. En l’an 2000, après le départ des missionnaires oblats polonais, Boula-Ibib a été confié aux prêtres diocésains.  

    La Paroisse comprend 36 villages et compte aujourd’hui environ 8.000 fidèles répartis en 76 Communautés Ecclésiales Vivantes (CEV). Le territoire paroissial présente une grande diversité ethnique: Guidar, Guiziga, Moundang, Toupouri, Mafa, Massa, Ngambaye, Peuls (fulbés), Kangou, Fali etc.  

    La Paroisse de Boula-Ibib est située dans la région la plus islamisée du Cameroun. D’ailleurs, c’est une Mosquée qui sert de référence à tous ceux qui veulent y arriver pour la première fois. Suivant les orientations pastorales de l’Archevêque de Garoua invitant à « garder la main tendue », la Paroisse s’efforce de promouvoir l’œcuménisme et le dialogue interreligieux. Dans l’école primaire catholique de Boula-Ibib, les élèves musulmans représentent une part significative. Bien qu’il existe une méfiance latente de part et d’autre, chrétiens et musulmans entreprennent des actions conjointes pour promouvoir la paix dans les villages.     

    Boula-Ibib se trouve dans la région du Nord qui est un espace géographique précaire. Le climat est de type sahélien. Du coup, l’environnement est rude et hostile. La fragilité environnementale conduit souvent à des conflits violents entre nos paroissiens vivant de l’agriculture vivrière et les éleveurs Mbororo (fulbés nomades). Il y a aussi une crise sécuritaire qui impacte la vie de la population: prises d’otages et demandes de rançons. En raison de l’intensification des attaques terroristes, les populations de la région de l’Extrême-Nord se déplacent vers la région du Nord. De ce fait, le territoire paroissial regorge de beaucoup de personnes déplacées.    

    L’arrivée des missionnaires cicm à Boula-Ibib 

    Trois jeunes confrères P.  Amos Onézaire (Curé - Haïti), P. Théodore Muanda (Vicaire-RDC) et Benedict Fika Nkusu (Stagiaire-RDC) ont été proposés pour être nommés par l’Archevêque de Garoua comme membres de la première équipe missionnaire de la nouvelle insertion.


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    La première équipe missionnaire de Boula-Ibid : Benedict Fika, Théodore Muanda et Amos Onézaire

     

    Parti de Yaoundé, je suis arrivé à Garoua le 27 septembre 2021 où j’ai été chaleureusement accueilli à l’Archevêché par Mgr Faustin Ambassa. La cérémonie de passation de service entre l’Abbé William Tatou Dongmo et moi-même a eu lieu le samedi 09 octobre 2021, en présence de Don Paolo Mandelli, Vicaire épiscopal de Ngong. La nuit du samedi 09 au dimanche 10 octobre 2021 a été la plus longue de ma vie, car je me suis retrouvé seul dans un village inconnu et suffoquant sous une chaleur écrasante. De mon lit dépourvu d’équipements, je pouvais apercevoir les moustiques, les reptiles et les batraciens qui s’invitaient dans ma petite chambre dont les fenêtres étaient privées de moustiquaires et de quelques vitres. Après avoir passé une nuit angoissante, j’ai célébré ma première messe à Boula-Ibib avec des personnes gentilles, accueillantes, dynamiques et enthousiastes.

    Avec l’arrivée des autres membres de la communauté, Théodore Muanda, le 17 octobre 2021 et Benedict Fika, le 06 décembre 2021, le travail missionnaire est désormais lancé. N’ayant trouvé aucun travailleur au Presbytère, nous nous sommes mis à faire les tâches ménagères et la cuisine, et en même temps à assurer la Pastorale avec le défi de la diversité des langues et des cultures.

    L’organisation générale de la pastorale

    A la suite des pionniers et de nos prédécesseurs, nous avons essayé d’organiser la pastorale selon les quatre principes pastoraux des orientations pastorales de l’Archidiocèse (2017-2023) : la continuité, qui assure la présence continuelle des soins pastoraux ; l'enracinement, qui met l'accent sur le contexte et la culture locaux ; l'amélioration, qui encourage la croissance et le développement ; et l'expansion, qui favorise la diffusion des soins pastoraux dans un plus grand nombre de secteurs.


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    P. Amos Onézaire
    célébrant le sacrement de l'onction des malades à Goka

     

    A Boula-Ibib, les prêtres parcourent jusqu’à 30 km à moto pour les diverses célébrations dans les communautés éloignées: messes dominicales, onction des malades, célébrations des funérailles, fêtes patronales, fête des récoltes, cérémonies d’attribution des noms aux nouveau-nés etc... Afin de toucher profondément les fidèles, nous nous sommes efforcés d’apprendre la langue parlée par la majorité (fulfulde) et de mettre l’accent sur une pastorale de présence et de proximité.

    Les fidèles participent avec un grand enthousiasme aux diverses célébrations liturgiques. Cependant, une véritable conversion au Christ est plus que jamais urgente. Dans le vécu de la foi, l’on peut observer quelques formes de contre-témoignages et de scandales que Mgr Faustin Ambassa appelle, dans ses orientations pastorales 2023-2029, les «péchés culturels»: recours aux marabouts, sacrifices et rites traditionnels, consultation des devins, la polygamie, le concubinage etc. La pastorale dans ce contexte consiste donc à accompagner, à former et à exhorter les fidèles à se détourner de toutes les pratiques culturelles qui contredisent leur identité d’enfant de Dieu.

    La formation des catéchistes et des animateurs de CEV

    Les catéchistes et les animateurs de CEV sont les parties prenantes de la mission. Outre l’enseignement de la catéchèse et la célébration de la Parole en l’absence du prêtre, ils assurent la traduction simultanée de nos homélies ou tout autre exposé. Ce sont eux qui gardent et éveillent la foi dans les villages. Mais, s’il n’y a pas d’encadrement, ils peuvent être aussi ceux qui font perdre la foi. Un manque d’attention et de vigilance pendant des années à leur égard a permis d’enregistrer quelques faits insolites. Dans une communauté éloignée, nous avons découvert qu’un catéchiste a été enrôlé dans une église de réveil et a passé des mois à endoctriner les fidèles à partir du message d’un homme qui s’est autoproclamé «nouveau prophète». Voulant régulariser la situation matrimoniale de tous les catéchistes, nous avons découvert avec étonnement qu’un bon nombre de catéchistes n’étaient pas baptisés. Conscients de ce besoin d’accompagnement, nous avons donc entrepris des activités afin de pourvoir à la formation des catéchistes et des animateurs de CEV.

    La Pastorale de l’Enfance et de la Jeunesse à Boula-Ibib

    Depuis notre arrivée, constatant que les enfants et les jeunes représentent plus de 65% des fidèles, l’équipe pastorale s’est vite engagée dans l’accompagnement des groupes, mouvements et associations des enfants et des jeunes : Groupe des lecteurs, Servants de messe, Chorales, Bureau paroissial des jeunes, Action Catholique de l’Enfance : Cop’ Monde etc. Chaque année, des activités culturelles et festives sont organisées à l’intention des enfants et des jeunes.


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    Céremonie d’institution au ministère de catéchiste et baptême des enfants à Labare

     

    Dans le territoire paroissial, beaucoup d’enfants ne vont pas à l’école par manque de moyens financiers ou parce que les parents n’en voient pas la nécessité. Le mariage précoce ou forcé est monnaie courante : deux (2) jeunes filles sur trois (3) se marient entre 15 et 18 ans.  Dans notre apostolat, nous essayons d’accompagner certaines jeunes filles en les envoyant dans les centres de formation professionnelle. Nous accompagnons, dans la discrétion, certains élèves du primaire et du secondaire pour l’achat des fournitures scolaires et le payement des frais de scolarité. Nous nous sommes aussi engagés à redresser l’Ecole primaire de la Paroisse abandonnée notamment pour des raisons d’effectifs par le Secrétariat diocésain à l’Education (SEDUC).

    Le défi des infrastructures

     

    Dans cette Paroisse qui a atteint l’âge de la maturité, plus de 40 ans d’existence, les besoins d’infrastructures sont bien réels : pénurie d’eau, manque de logements, absence de salles de réunions et de bureaux paroissiaux etc.


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    Pose de la première pierre d’un bâtiment de logement à Boula-bib

     

    A notre arrivée en octobre 2021, nous avons trouvé une modeste Eglise paroissiale qui a été construite en 1978 et réfectionnée en 1990. Beaucoup de communautés n’ont pas de chapelle. Nous avons trouvé un petit presbytère avec deux petites chambres et un petit salon, et une petite cabane en paille pour les visiteurs. 

    Afin de répondre au besoin urgent en infrastructures, nous avons sollicité le soutien de la Province, travaillé à l’éveil de la générosité des fidèles et élaboré des projets. Ainsi, de grands changements, en termes d’infrastructures, ont été constatés : réfection du presbytère, travaux de construction d’un nouveau bâtiment, construction d’un espace appelé « Aire Sacrée», réalisation d’un Forage et d’un château d’eau avec plaques solaires grâce au financement de Missionhurst. Les fidèles sont très contents et reconnaissants de la qualité de notre présence. 

    Enfin, je peux dire sans détour que l’aventure missionnaire à Boula-Ibib est la plus belle page de ma vie missionnaire. A Yaoundé, la pastorale des sacrements et des sacramentaux prenait une très grande place dans mon ministère sacerdotal. Mais, la mission dans ce milieu périphérique m’a rendu plus sensible à la pastorale sociale, à la pastorale des migrants, des déplacés et des réfugiés, à l’engagement pour JPIC et au dialogue interreligieux. Cette aventure missionnaire m’a inspiré la confiance en la Providence. Dieu pourvoit toujours à nos besoins missionnaires. Certes, les moyens tant humains que financiers nous font défauts, mais nous ne pouvons ni négliger ni abandonner les périphéries. Ne perdons pas «l’esprit de pionnier» pour continuer à témoigner de l’Evangile dans ce monde en mutation.   §


    Chisankhwa: ils ne cheminent pas seuls

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    Yogkim Kraeng Kirang

    Père Yogkim Kraeng Kirang, cicm
    Missionnaire au Malawi

     

    Alors que nous vivons jour après jour et instant après instant, le temps passe vite. Cela fait 3 ans que nous avons commencé à la paroisse du Cœur Immaculé de Marie – Chisankhwa (Malawi). En mai 2021, le P. Aubrey Sumbukeni et moi-même avons emménagé dans la maison des prêtres à la paroisse de Chisankhwa. Il y eut beaucoup d'événements au cours de ces 3 dernières années ; à travers des hauts et des bas, nous continuons à cheminer ensemble pour témoigner de l'Évangile dans un monde en mutation (le thème de notre dernier Chapitre général) et pour développer la présence du Royaume de Dieu ici et maintenant à Chisankhwa.

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    Paroisse du Cœur Immaculé de Marie - Chisankhwa

     

    En repensant à ce que nous avons vécu à la paroisse de Chisankhwa, j'aimerais en savoir plus sur ce que pensent les chrétiens de notre cheminement et sur ce que nous devrions faire à l'avenir pour améliorer notre paroisse. Ainsi, j'ai interviewe des paroissiens (un assistant de catéchiste, une présidente d'un poste éloigné et un membre de la chorale) pour avoir un aperçu de ce qu’ils pensent de notre cheminement en équipe dans la paroisse de Chisankhwa.

    Dominic Nkhata

    Dominic est assistant de catéchiste depuis 2 ans. Il vient d'une famille catholique, il est également directeur de l'école primaire catholique Kasisi. En tant qu'assistant catéchiste, il a surtout remarqué que la célébration des sacrements s'est beaucoup améliorée, car il était difficile de rencontrer un prêtre plus d’une fois par an. La présence de la paroisse de Chisankhwa a augmenté la foi des chrétiens, car auparavant de nombreux chrétiens n'allaient pas à l'église et de nombreux lieux de prière catholiques restaient vides le dimanche.

     

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    Dominic Nkhata avec sa femme et sa dernière fille

     

    Dominic a mentionné que certains des grands problèmes ici sont le manque d’enseignement, de leadership et de catéchèse pour les chrétiens. La visite des prêtres dans les postes éloignés le dimanche a eu un grand impact sur la vie spirituelle des fidèles. Auparavant, ils ne connaissaient pas grand-chose aux sacrements dans l'Église catholique, mais maintenant, certains demandent même le sacrement de la réconciliation avant la messe. Il était difficile d'avoir des gens pour assister aux réunions pastorales, mais maintenant beaucoup de gens sont prêts à y participer parce qu'ils veulent en savoir plus sur la foi catholique et aussi pour améliorer leur paroisse ou leur poste éloigné.

    En tant qu'enseignant, l'éducation est sa principale préoccupation, c'est pourquoi il considère que la catéchèse devrait devenir une préoccupation importante pour l’avenir proche de la paroisse de Chisankhwa. Une bonne formation est la base d'une bonne catéchèse et certains paroissiens ne sont vraiment pas instruits. Il a apprécié ce que la paroisse de Chisankhwa a fait pour ériger la nouvelle école primaire St. Charles, ainsi que pour réparer et rénover d’autres écoles primaires catholiques de la paroisse de Chisankhwa.

    Mama Nalungwe

    Mama Nalungwe est une femme présidente d’un poste éloigné de Chisankhwa. Elle a été baptisée dans l'Église catholique en 2007. Elle remarque que Chisankhwa n'était qu'une brousse ; la présence de la paroisse et de la mission de Chisankhwa ont permis quelques développements, comme l'école primaire St. Charles et la clinique St. Cynthia. Cela fait de Chisankhwa un endroit plus attirant qu'auparavant. Au début, elle dit que beaucoup de chrétiens ne savaient pas quoi penser de la présence de la paroisse. Avant de devenir une paroisse, ils ne recevaient qu'une ou deux fois par an la visite d'un prêtre. Depuis que les prêtres ont commencé à vivre à Chisankhwa, les chrétiens se demandaient ce qu’ils pourraient faire chaque jour et chaque dimanche pour leurs prêtres. Il leur a fallu du temps pour prendre conscience de ce que signifie une paroisse. L'un des problèmes au cours des premiers mois fut la subsistance des prêtres. Ils s'en plaignaient parce qu'ils devaient maintenant fournir de l’aide tous les dimanches alors qu'auparavant, c'était juste une ou deux fois par an. Cependant, peu à peu, ils ont réalisé que l’établissement de la paroisse est aussi une bénédiction et une responsabilité.


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    Mama Nalungwe (au centre) avec son mari et ses nièces

     

    Elle nous a dit qu'il y a deux points dont nous devrions nous occuper pour améliorer notre paroisse. Le premier est le travail d'équipe. La collaboration est encore un problème pour les paroissiens de Chisankhwa.  

    C'est pourquoi elle a suggéré que les prêtres accordent plus d'attention à cette question pour encourager l'esprit du travail en équipe. Le deuxième est la catéchèse. Il faut plus de cours de catéchèse pour renforcer notre foi catholique.

    Gethu Mathilda

    Gethu Mathilda est une mère célibataire avec une fille. Elle est membre de la chorale paroissiale et de la Légion de Marie. Elle n'est pas capable de marcher, mais son handicap physique ne l'empêche pas de participer aux activités paroissiales. Elle fut très heureuse lorsque Chisankhwa est devenue une paroisse parce qu'elle pouvait maintenant assister et chanter à la messe chaque matin. Elle aime chanter pendant la messe parce que cela lui rappelle son séjour au couvent des sœurs pendant son enfance.

     
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    Gethu Matilda

     

    Elle dit que le christianisme s’est développé à Chisankhwa depuis que c’est devenu une paroisse. La foi chrétienne et le développement à Chisankhwa ont changé au-delà de ce qu'elle pouvait imaginer. Elle rend vraiment grâce à Dieu en raison de la présence permanente des prêtres qui ont un impact significatif sur la vie des habitants de Chisankhwa.

    Elle espère qu'à l'avenir, la paroisse ou la mission pourra ériger une école secondaire, afin que la future génération de Chisankhwa puisse recevoir une meilleure éducation. Elle a également déclaré que la paroisse et la mission ont beaucoup contribué au développement de la foi catholique et le développement humain. Cependant, l'éducation est encore médiocre à Chisankhwa et l'aide de la paroisse et de la mission sont donc vraiment nécessaires. 

    Ils ne cheminent pas seuls

    Cela me fit du bien d'entendre ces histoires encourageantes de la part de chrétiens après ces entretiens. La paroisse de Chisankhwa et notre présence ont touché leur vie. D'autre part, leur accueil et leur soutien encouragent la mission. Peut-être que nous ne pouvons pas leur donner grand-chose pendant notre mission ici, mais au moins, ils savent et se rendent compte qu'ils ne cheminent pas seuls vers le «Royaume de Dieu ».   §


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    École primaire Saint Charles - Chisankhwa


    Notre engagement missionnaire commun

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    Fernand Degroote

    P. Fernand Degroote, cicm
    Missionnaire en Belgique

     

    La Province CICM-BNL a pu accueillir plusieurs jeunes confrères. Notre Province acquiert ainsi un nouveau visage: des jeunes originaires de différentes cultures où nous avons vécu et travaillé nous-mêmes. Ils ne sont donc pas étrangers et ont un lien avec notre passé. Ils ne sont pas venus en tant que touristes, mais avec une mission spéciale: envoyés par le Gouvernement général à la demande de notre Gouvernement provincial. L'intention est claire. La Province est en train de saigner à blanc et est confrontée à deux choix importants: soit fermer progressivement les maisons jusqu'à ce que le dernier ‘éteigne les lumières’, soit ouvrir nos portes à de jeunes confrères ‘venus d'ailleurs’. Ce n'est pas seulement une question de survie ou de sauver la Province, mais nous voulons aussi garder une présence missionnaire et servir l'Église locale de Belgique.

    Nous parlons plutôt de ‘projets missionnaires’: des nouveaux engagements bien définis, en concertation avec les évêques concernés. Un accent particulier est mis sur la spécificité du témoignage de communautés multiculturelles vivantes avec une attention particulière aux marginalisés, aux étrangers, même s’ils collaborent en même temps dans les paroisses où ils vivront.

    Face à ce nouveau type de projet missionnaire, nous, les ‘personnes âgées’ de notre Province, qui appartenons au groupe le plus important, pouvons adopter deux attitudes. Nous pouvons prétendre que ce projet est destiné aux jeunes, et que nous n'avons pas grand-chose à voir avec eux. Mais nous pouvons aussi dire que ces nouveaux projets sont un encouragement pour nous, les ‘anciens’, à donner un nouveau souffle à notre propre projet missionnaire. Nous l'avons entendu tant de fois: “Nous ne sommes pas des missionnaires au repos, mais des missionnaires à la retraite.” Jusqu'à la fin de notre vie, nous voulons rester en contact avec les jeunes dans le même grand projet missionnaire de la Province que nous devons tous porter ensemble.


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    L'image des apôtres envoyés comme ‘pêcheurs d'hommes’ peut nous inspirer.

    « Jésus, qui marchait le long de la mer de Galilée, vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et André, son frère,
    qui jetaient un filet dans la mer, car ils étaient pêcheurs.
    Il leur dit : « Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d'hommes ».
    - Matthieu 4:18 - 20

     

    Jésus envoya ses disciples pêcher. Mais les poissons ne se laissent pas attraper facilement, ils essaient de s'échapper des mains du pêcheur. Nous, les ‘vieux’, pouvons être comparés au pêcheur à la ligne, au bord d'un petit plan d'eau, qui jette patiemment la ligne dans l’étang. Notre étang est peut-être devenu bien petit, et nous n'avons plus la force de lancer la ligne bien loin, et pourtant il y a toujours quelque chose à attraper. C'est ce qui se passe dans notre communauté de Torhout. Un confrère fait deux promenades d'une demi-heure dans la ville chaque jour. Mais d'une manière modeste, il essaie de parler aux gens, en commençant simplement par dire ‘bonjour’. Rien que cela fait réagir certains, parce qu'ils ne sont pas habitués à cela. Certains ne mordent pas à l’hameçon et poursuivent leur chemin, mais d'autres se font prendre et entament une conversation. Ce confrère par exemple connaît déjà beaucoup de gens qui ont pu manger une miette du pain que nous mangeons tous les jours pour le partager. Un confrère encore plus âgé joue aux cartes avec les membres de l'OKRA (Ouvert, chrétien, respectueux et actif WSM : we social movements) chaque semaine et attire d'autres confrères pour participer aux réunions de Samana (Association de et pour personnes atteintes de maladies chroniques). Un autre confrère, suite à une rencontre avec un réfugié Erythréen, a pu entrer en contact avec son cercle d'amis, composé principalement de jeunes. Mais même ceux qui accompagnent les confrères malades à l'hôpital, et aussi les malades eux-mêmes, dans leurs contacts avec les médecins et le personnel, peuvent lancer leur ligne de pêche, même si l'étang est devenu une petite mare, pas plus grande que leur chambre.


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    P. Lodewijk Mellebeek salue les gens et engage la conversation avec eux

     

    Jeunes et moins jeunes, nous partageons tous le même projet missionnaire de la Province, et nous ne sommes rien les uns sans les autres. Timothy Radcliffe a décrit la complémentarité entre les jeunes et les personnes âgées comme suit: “La confiance dans les jeunes est une partie essentielle du leadership chrétien parce qu'ils ne sont pas là pour prendre la place des personnes âgées, mais pour faire ce que les plus âgés ne peuvent pas encore imaginer.” (Retraite pour le Synode à Rome, 6ème Méditation: L'Esprit de Vérité) Cela signifie que le projet missionnaire de la Province doit être soutenu par tous, chacun y apportant sa propre contribution. Le pape François a écrit à propos des jeunes qu'ils montrent la voie et cherchent de nouvelles voies, mais que les personnes âgées sont les gardiennes de la mémoire. (Christus vivit, n° 196)

    Dans les Actes du 16ème Chapitre général, nous lisons, à propos des nouvelles implantations missionnaires, qu'il ne s'agit pas seulement de nouveaux projets à l'intérieur ou à l'extérieur d'une Province, mais qu'il s'agit aussi d'une nouvelle manière de faire la mission. Nous devons tous être plus créatifs là où nous sommes présents. En ce sens, nous pouvons nous compléter. Le thème du Chapitre était de témoigner dans un monde en mutation. Mais le pape François va encore plus loin: “Nous sommes entrés dans un autre monde, dans une nouvelle ère.” Cela signifie également qu'il faut trouver de nouvelles voies et que personne ne peut se limiter à un seul projet, aussi important soit-il. C'est pourquoi il est important que nous tous, jeunes et moins jeunes, continuions à chercher de nouveaux chemins qui s'offrent à nous, des chemins parfois inconnus, mais avec le même engagement missionnaire. De cette façon, même ceux qui s'engagent comme curés ou aumôniers peuvent être vraiment missionnaires dans leur propre situation, et faire de leur travail un projet très significatif qui a sa place dans tous les projets missionnaires de la Province. Avec l'arrivée de jeunes confrères, nous sommes tous encouragés à ‘continuer’ dans la mission en Belgique et aux Pays-Bas.   §

     
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    P. Fernand Degroote célébrant la Sainte Messe avec les confrères CICM et les amis des environs de Torhout


    Lonkesa: maintenir vivante la flamme de la Mission

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    Germain Nsasi Yengo

    P. Germain Nsasi Yengo, cicm
    Missionnaire en Belgique

     

    On m'a demandé d'écrire au sujet de la mission de Lonkesa et du contexte de sa refondation. Cet article partage mon expérience missionnaire et est le résultat d’un processus d'observation approfondi.

    L’analyse détaillée de la mission de Lonkesa peut être vue comme une critique de l'objectif missionnaire. Certains confrères expriment des préoccupations au sujet de notre présence. Que se passe-t-il à Lonkesa ? Que faites-vous là-bas ? La nouvelle paroisse est-elle en construction ? L’explication de la Mission qui suit, répondra à ces interrogations, en commençant par notre arrivée à Lonkesa.

    Nous sommes partis de Kinshasa le vendredi 26 mars 2021. À bord du véhicule, nous étions : le Père Constantin Sakamba, le Diacre Boniface Mwawatadi, le Père Bernard Kambala, moi-même Germain Nsasi Yengo et le chauffeur, M. Servais Phuati (Papa Mapéché). Le samedi dans la soirée, nous atteignions enfin Isaka Beach. Une pirogue motorisée nous conduisit d’abord à Nioki, avec nos bagages missionnaires.

    Après une bonne nuit chez les Sœurs diocésaines d’Inongo, nous avons participé, dans l’anonymat, à la messe dominicale à Saint Michel de Nioki. C’était déjà le dimanche des Rameaux. L’après-midi, nous reprenions notre canoë rapide pour longer la rivière Mfimi avant d’atteindre le début du terrifiant Lac Maï-Ndombe. Le vent et la pluie n’ont pas manqué sur le trajet. À 16h, nous sommes arrivés à Lonkesa, et nos bagages arrivèrent en pirogue motorisée tard dans la nuit.

    Accueil, visite et prise de contact

    La nouvelle de la présence de nouveaux prêtres à Lonkesa s'est rapidement répandue au cours de la Semaine Sainte. Après nous être installés, nous nous sommes présentés aux autorités locales ; la suggestion venant de notre confrère p. Sylvain Lesauye. Apparemment, toutes les personnes que nous avons rencontrées semblaient heureuses. Le Jeudi-Saint, nous avons été accueillis dans la communauté paroissiale Marie-Reine-de-la-Paix, où chacun nous a promis son soutien et sa collaboration.

     


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    P. Germain Nsasi Yengo, P. Constantin Sakamba et leurs compagnons bravant le fleuve Congo.

     

    Le Chef de la Cité de Kutu, dans son bureau, nous a dit, devant tous ses collaborateurs : "Nous sommes très heureux de vous accueillir à Kutu. Sentez-vous chez vous. Nous espérons que vous êtes venus pour faire quelque chose, car trois personnes ne peuvent pas rester sans rien faire. Le territoire de Kutu compte sur vous pour redonner vie à la Procure de Lonkesa qui le mérite."

    La communauté de Lonkesa

    Notre objectif est de restaurer Lonkesa, car notre rôle de missionnaires et de prophètes est de donner la priorité au bien-être de la communauté : c’est notre première mission. Et nous y avons cru. Ainsi, nous avons cherché à nous couler dans le rythme de la Communauté dont il fallait changer le visage et lui permettre de s’épanouir.

    Au début, nous avions l'impression de vivre dans une concession largement abandonnée. La ruine était visible et palpable. Aussi la peur des serpents à la morsure fatale. Nous avons constaté avec regret que la communauté de Lonkesa n'avait pas été entretenue depuis de nombreuses années.

     
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    Boniface Mwawatadi, Constantin Sakamba et leurs compagnons se rendant au lac Mai-Ndombe.

     

    Après avoir constaté le délabrement et l'effondrement, nous avons choisi d'observer avant de parler ou d'agir. Nous avons écouté des témoins crédibles et nous nous sommes efforcés de laisser l'Esprit nous guider dans la reconstruction de Lonkesa où plus rien ne fonctionnait, sauf les arbres fruitiers et les vaches, mais qui avaient considérablement diminué. Même la motopompe n’eut pas pitié de nous : sa tuyauterie de plus de 500 mètres avait disparu… peut-être avalée par les serpents ? De beaux bâtiments inoccupés restés vides ; certains sans toiture. Toute la nuit, les écureuils qui ont élu domicile dans les plafond snous faisaient des scènes de danse et perturbaient le sommeil des Missionnaires. Le père Constantin a essayé de les chasser en frappant le plafond avec sa raclette, mais il a fini par voir le plafond tomber sur sa tête. Moi je riais et me moquais de lui, tout en regrettant la situation.

    Nos moyens de déplacement était conditionnés par la location des motos. On ne pouvait quand même pas monter des bœufs.

    Pour rendre Lonkesa de nouveau visible et accueillante, nous avons débarrassé le terrain des herbes et des branches envahissantes et rouvert la route principale. Nous avons également acheté diverses fournitures, telles que des chaises en plastique, de la vaisselle, de la literie et le nécessaire pour le nettoyage.

    Il faut faire quelque chose… mais comment ?

    Après de nombreuses réunions, questions, études et réflexions, nous nous sommes mis d'accord sur ce que nous proposions au Gouvernement provincial qui nous faisait confiance. Faut-il relancer Lonkesa comme elle l’était il y a quelques années ? Qu'avons-nous le droit de faire à Lonkesa ? Que pouvons-nous rapporter au GP ? Devons-nous rester les spectateurs des ruines de Lonkesa ? Par où commencer ? Comment restaurer la capacité d'autofinancement de Lonkesa ? Nos réunions ont apporté plus de questions que de réponses. Après un inventaire détaillé, nos observations ont été rapportées au Gouvernement provincial avec des propositions concrètes pour un nouveau départ.

     

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    P. Constantin Sakamba et des collaborateurs laïcs priant pour la bénédiction du site de construction de l'église.

     

    Lonkesa : jardins et champs producteurs

    Chaque matin, les canards, les coqs et poules, les pigeons et les chèvres se rassemblent autour du père Constantin, attendant leur ration de maïs. Sinon, ils se mettent en grève et le poursuivent partout. Il est devenu le Noé de ces animaux et pourra bientôt aussi avoir un aquarium et une tanière de serpents. C’est un investissement conséquent, fait avec beaucoup d’amour.

    Un chantier et un lieu de progrès

     

    Depuis notre arrivée à Lonkesa, nous avons apporté des améliorations significatives qui correspondent aux idéaux de Rerum Novarum. Nous avons notamment acquis un nouveau moteur diesel pour la communauté, remplacé les panneaux solaires et les batteries qui fonctionnaient mal ; trois motos pour le transport ; une nouvelle toiture sur le bâtiment II. Nous avons également investi dans la rénovation et l'entretien.

    Questions publiques… plaintes ou encouragements ?

    En voyant le délabrement et les ruines de Lonkesa, et entendant les moqueries provocantes des pêcheurs le long du lac Mai-Ndombe, et leur demande publique d'explication, nous avons pris conscience de la valeur fragile de notre consécration religieuse dans la parabole de l'intendant malhonnête : nani abomi Lonkesa eeeeh ? (Qui a détruit Lonkesa ?). Bozali kozila nini mpo ya koteka Lonkesa ? (Qu'attendez-vous pour vendre Lonkesa ?) Bozongisela biso machine ya fufu eeeh. Sango Jaak Bos, yaka kotala ndenge bakomisi Lonkesa eeeh. Bozali wapi eeeh ? (Rendez-nous notre moulin de manioc. Père Jaak Bos, viens voir comment on a détruit Lonkesa. Où êtes-vous ?).

    Lorsque les personnes vous font part de leurs préoccupations, les écouter avec sollicitude est une bonne attitude pour créer une communion de pensées et d'idées. C'est une excellente attitude pour se comprendre. Les habitants de Kutu et des environs attendent avec impatience la réhabilitation de leur Lonkesa. Ils aiment répéter "Lonkesa na biso" (notre Lonkesa). Ceci revient tout simplement à dire que, pour nous, Lonkesa est une communauté ; mais pour le grand territoire de Kutu et la Province du Maï-Ndombe, c’est un patrimoine universel, commun.

    Nous sommes convaincus que Lonkesa a été une grande structure au service de la population et de la Mission du Maï-Ndombe. L'histoire nous apprend qu'en plus d'être un centre important d'activités diverses, l'ancienne Procure de Lonkesa avait donné à la population un goût de vivre à Kutu. L'arrêt des activités de cette structure a entraîné un exode et une pénurie de beaucoup de choses qui étaient facilitées par le service de CICM Lonkesa.

    A l'heure où tout le monde pense au bon vieux temps et se dit désespéré parce que tout s'est arrêté, l'arrivée de trois jeunes Missionnaires vient redonner l'espoir de pouvoir un jour retrouver le sourire, ne serait-ce qu'en relançant une ou plusieurs des quelques activités chères aux habitants de Kutu et des environs. Oui, l'inquiétude est légitime. Un éminent dirigeant politique nous a publiquement révélé que « Kutu était la capitale du territoire. Sa fierté est venue de la renommée de Lonkesa, et aujourd'hui, que nous reste-t-il ? ».

    La mission de Lonkesa, en tant que communauté au service du peuple de Dieu, est une urgence dont le sens se trouve dans les attentes de la population qui, sans cesse, lance un cri d’alarme : « bobongisela biso Lonkesa mpo 'te Kutu ebonga lisusu. » (Arrangez Lonkesa afin que Kutu retrouve son visage). Ceci sonne comme un impératif catégorique, une grande préoccupation empreinte, à la fois d’inquiétudes et d’attentes. C'est un cri d'alarme qui doit interpeller notre conscience de gestionnaires et réveiller le fait que nous avons été"envoyés aux nations", selon nos Constitutions : « Nous aimons et respectons sincèrement ceux vers qui nous sommes envoyés. Dans une attitude d'écoute, nous nous efforçons de connaître et de comprendre les réalités socio-économiques, culturelles et religieuses » (Const. Art. 4).

    Kutu est en détresse et demande l’urgente sollicitude de CICM via les quelques activités rénovatrices de Lonkesa. Je me fais porte-parole de cette urgence, et Dieu voit que mon témoignage est vrai, je ne mens pas.

    En vivant à Kutu, j’ai compris ceci : nous devons nous rappeler que nous ne sommes pas missionnaires pour nous-mêmes. Notre présence en tant que missionnaires est une expérience à la fois noble et délicate, démontrant, qu’on le veuille ou non, notre option préférentielle pour les pauvres. Nous suivons l'exemple du Christ en accueillant les pauvres, en les écoutant et en les soutenant de toutes les manières dont nous sommes capables. La pauvreté est omniprésente, et même si nous ne pouvons pas répondre à tous les besoins de notre communauté environnante, surtout pas comme des donateurs attitrés, mais apporter notre soutien ne serait-ce qu’à une seule personne est une expression significative de notre humanité, qui transcende les mots et les écrits, les sentiments et la passion.

     

     CHRO 4 2024 P149


    Germain Nsasi Yengo, Abbé Félicien et les Femmes Consacrées du Diocèse d'Inongo

     

    La nouvelle insertion pastorale

    La création et l'érection de la nouvelle paroisse sur le site Lumumba à Kutu est un don de Dieu qui est passé par la bienveillance du Gouvernement provincial. La paroisse est dédiée à Saint Jean-Paul II : un contemporain qui a beaucoup aimé CICM. Dans une correspondance datée du 27 septembre 2021, adressée au Père Constantin Sakamba, administrateur de la paroisse, l'évêque d'Inongo, Mgr Donatien Bafuidinsoni, SJ, s'exclama : "C'est une grande joie pour nous de voir la reprise de l'œuvre missionnaire dans le diocèse d'Inongo, avec les CICM. ... Je vous souhaite, ainsi qu'à votre vicaire et au stagiaire, un ministère fructueux dans le diocèse d'Inongo, avec l'assurance de ma sollicitude pastorale et de ma prière pour votre Mission’’.

    Les généreux chrétiens de la paroisse Notre-Dame de Fatima de Kinshasa ont fait don de divers objets grâce au Mission Appeal auquel Père Michel Ekonzo a répondu. C’est une grande joie et nous rendons grâce d’avoir bénéficié de la présence généreuse du Père Michel Ekonzo qui s’est vraiment impliqué afin que nous ayons un minimum pour commencer. Il a pu animer et mobiliser les gens sans peine.

    La pastorale à Saint Jean Paul II

    C’est une mission et une pastorale de la base. Parce que la pastorale à saint Jean-Paul II est exigeante, notre engagement comme équipe pastorale est intense. Nous ne sommes plus à l'époque de la pastorale du maître qui commande à des brebis dociles. Le principe de synodalité nous oblige à collaborer sur tous les plans pour élaborer les orientations pastorales.

    Les MAC , Mouvements d’Action Catholique, fonctionnent déjà. Ainsi, il faut devenir comme une cloche ambulante pour réveiller l’engagement et la foi des fidèles et allumer en eux une nouvelle espérance et une charité inventive. Plusieurs chrétiens ne fréquentaient plus l’église à cause de l’éloignement de la paroisse, étant donné que la démographie de la cité de Kutu s’est considérablement agrandie. L'enthousiasme et l'amour pour la Maison du Seigneur témoignent de la présence de Dieu qui est à l'œuvre.

    Chaque matin, du lundi au samedi, un prêtre préside la célébration Eucharistique ou l'assistant pastoral une célébration de la Parole. La célébration eucharistique a principalement lieu tous les dimanches à 8h30 sous une tente qui peut accueillir plus de 900 personnes. Malheureusement, la pluie nous oblige parfois à nous disperser. Plusieurs fois cela nous est arrivé à notre grand regret.

    Réfléchir dans le secret et faire silence

     

    Notre engagement missionnaire et notre responsabilité religieuse nous obligent à travailler à l'œuvre de Dieu et à collaborer avec sollicitude. Nous devons perpétuer ce qu'Il a confié à CICM et maintenir vivante la flamme de la Mission.    §

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    Germain Nsasi Yengo, cicm, est actuellement missionnaire en Belgique. Au moment de la rédaction de cet article, il était stagiaire à Lonkesa. Cet article a été publié pour la première fois dans les ECHOS 179 en 2022, CICM-KINSHASA.