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    Une vie pleine de valeurs spirituelles et missionnaires

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    Roger Nshono MbanjiRoger Nshono Mbanji, cicm
    Conseiller général

     

    Méditation sur les influences et les sources d'inspiration de notre Fondateur, Théophile Verbist, pour comprendre sa spiritualité.

    L'influence familiale : une expérience de fraternité et une école d'inventivité.

    Le fondateur, Théophile Verbist, était un des sept enfants de sa famille. Il a un frère jumeau, Edmond, qui deviendra avocat. Leur père, Guillaume Verbist, a exercé les métiers d'homme d'affaires, d'employé de bureau et de représentant de commerce. En 1830, il se met à son compte et devient banquier. Malheureusement, son entreprise s'effondre quelques années plus tard, ce qui constitue pour lui une expérience humiliante.

    L'influence de son environnement familial est évidente dans l'élargissement de son horizon pour imaginer de nouvelles entreprises. Il était plein de génie dans ses efforts pour trouver des ressources matérielles pour la mission et dans sa capacité à nouer des relations avec les gens. Son amitié avec Alöis Van Segvelt, ses contacts avec son évêque, le nonce apostolique et les autres évêques belges, son ouverture aux conseils spirituels de Benjamin Bossu et ses relations avec les bienfaiteurs ont été déterminants pour la future entreprise.

    La famille chrétienne est une communauté de vie intime, une école de vertus, un sanctuaire de vie, une église domestique et une pépinière de vocations religieuses. Une expérience positive de la vie familiale favorise la vie communautaire et le sens de l'inventivité et de l'imagination. Notre fondateur a vu son père travailler dur dans ses différentes entreprises, ce qui a nourri son désir d'inventer, d'imaginer et de créer.

    Dévotion mariale à Notre-Dame de Grâce

    Dans les articles de J. Calbrecht, nous lisons que depuis 1445, une statuette attachée à un tilleul et dédiée à Notre-Dame de Grâce était vénérée à Scheut. Les pèlerins se rendaient dans ce sanctuaire où des miracles ont été constatés. La chapelle fut détruite par les guerres, laissée en ruine et abandonnée jusqu'en 1885. Un Bruxellois, J.C. Brabandt, acheta le terrain et restaura l'ancienne chapelle des Chartreux de Scheut, qu'il confia ensuite à la Congrégation naissante. J. Rutten nous apprend que Théophile Verbist avait une grande dévotion pour la Vierge Marie.

    Cette dévotion à la Dame de Scheut incita le Fondateur à consacrer la nouvelle Congrégation sous le patronage du Cœur Immaculé de Marie dont il demanda l'intercession pour obtenir des grâces : "C'est la grâce que je ne cesse de demander pour vous et par l'intercession du Cœur Immaculé de la Vierge Marie, notre Mère et Patronne, jusqu'à ce qu'elle vous conduise sur le terrain destiné à votre travail apostolique " (T.II B/ L. 552/Octobre 20 1867).

    La spiritualité ignatienne

    Dès l'âge de 7 ans, notre Fondateur fréquente l'école des Jésuites d'Anvers. Lors de la fondation de la Congrégation, il est accompagné spirituellement par Benjamin Bossue, père jésuite (1804-1882). Lors de la bénédiction solennelle de la chapelle Notre-Dame de Grâce, le 27 avril 1863, au cours d'une célébration eucharistique présidée par le père Théophile Verbist, le père Joachim Delciurt, sj, prononça l’homélie. Dans le cadre de la préparation aux premiers vœux, la retraite débuta le 19 octobre 1864 et fut prêchée par le Père Benjamin Bossue, SJ.

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    «Théophile Verbist»
    Une peinture à l'huile de Prudencio Andaya, Jr, cicm
    Collegio Missionario CICM - Rome


    Notre Fondateur a été considérablement influencé par la Compagnie de Jésus. On comprend que la spiritualité ignatienne ait façonné son langage. Il écrit le 26 mars 1861 au chanoine Éleuthère De Girardin, vice-président et directeur de l'Œuvre de la Sainte-Enfance à Paris : "Le projet est hardi, téméraire peut-être, mais nous avons tout pensé, et nous ne désespérons pas, avec l'aide de Dieu, de mener à bonne fin une entreprise qui n'a d'autre motif que le salut des âmes."

    La tradition ignatienne a forgé la pensée de notre Fondateur sans faire de lui un "ignatien". Le charisme d'Ignace est qu'il a pu aider beaucoup d'hommes et de femmes, laïcs et prêtres, e.a. les chartreux, les franciscains et les dominicains, sur des chemins spirituels pourtant déjà tracés pour eux. C'est l'avis du cardinal Martini, pour qui "Ignace de Loyola a créé une méthode à partir de ses exercices spirituels qu'il a écrits et qu'il nous a laissés en héritage, non seulement pour son ordre mais pour tous, afin qu'ils s'exercent à grandir dans la familiarité avec Dieu et avec Jésus-Christ et qu'ils apprennent à discerner les esprits et à parvenir à des prises de décisions en conscience". 

    Lors de ma formation de formateurs chez les Jésuites en France, j'ai pu constater l'influence de la méthode ignatienne dans notre famille religieuse. J'encourage les confrères qui peuvent faire une retraite ignatienne à ne pas hésiter à puiser à cette source.

    Etudiant puis formateur au petit séminaire : prudence dans le recrutement et discipline dans l'accompagnement

    Après une formation chez les Jésuites, il entre au petit, puis au grand séminaire de Malines. Après avoir été élève au petit séminaire, il y revient comme formateur (surveillant). Pour être surveillant dans une telle institution, il faut avoir soi-même la discipline personnelle nécessaire. Dans son introduction, Daniel Verhelst le décrit comme suit : "Sans être doué d'une intelligence supérieure, il a fait de bonnes études au petit séminaire et au grand séminaire de Malines, travaillant avec ardeur et persévérance". En tant qu'ancien professeur, les lettres, qu’il a écrites, témoignent d'une bonne connaissance de la formation initiale.

    Il y eut un événement Providentiel. Un ami de Théophile Verbist, Aloïs Van Segvelt, est nommé sous-directeur au même petit séminaire. Il se peut que leur désir de partir en mission les ait unis. Mais lorsque deux grands amis se rencontrent, il y a une grande ouverture de cœur et des échanges en profondeur. Même un partage informel est parfois, voire souvent, source de grande inspiration. L'expérience de Théophile Verbist au séminaire et sur le terrain pastoral va l'aider à organiser la formation initiale dans l'Institut qu'il va fonder. Dans sa lettre 222 déjà citée, il écrit : "Je crois qu'il est prudent cependant de vous conseiller de ne pas précipiter vos admissions, mes chers amis. Croyez-moi, à moins d'avoir une vocation solide et profonde, les personnes âgées se découragent facilement en arrivant ici parce que la langue est atroce pour elles. Je vous en prie, n'acceptez pas non plus les aventuriers, ni ceux qui, pour sortir d'une situation où ils n'en peuvent plus, voudraient venir en mission."

    Aumônier de l’école militaire : une école d'endurance et de détermination

    J'ai rencontré quelques aumôniers militaires, ce sont des hommes robustes, courageux et déterminés qui ne reculent pas devant les obstacles. Le brochure "THÉOPHILE VERBIST, C.I.C.M. UN COEUR, UNE ÂME" montre des jeunes gens qui le regardent jouer au football en soutane. L'un d'eux demande aux autres : "T’AS VU SA DÉTENTE ?" Un autre lui répond : "BAH! AVEC SON 1 MÈTRE 87, ÇA N’A RIEN D’EXCEPTIONNEL !". Un troisième dit : "N’EMPÊCHE QU’IL EST TRÈS SYMPA L’ABBÉ VERBIST !".

    Notre Fondateur était un homme ferme et tenace. L'endurance est la capacité de résister à la fatigue physique ou aux épreuves morales. Théophile Verbist n'a jamais faibli devant les obstacles. Lorsqu'il entreprend de fonder un institut religieux, il en connaît les enjeux : refus, pressions des bienfaiteurs pour mener à bien le projet, long voyage des missionnaires en Chine, humiliations, incompréhensions, intempéries, épidémies, etc. Lorsqu'il entreprend le voyage vers la Chine, il sait qu'il ne reverra peut-être jamais sa Belgique natale. Mais rien ne pouvait le dissuader de s'engager.

    Aumônier des sœurs de Notre Dame de Namur à Bruxelles : la naissance d'un projet

    L'aumônier d'une famille religieuse a besoin d'une bonne connaissance de sa spiritualité. Certains d'entre nous qui exercent un ministère d'accompagnement spirituel savent bien qu'après avoir accompagné quelqu'un, quelque chose se déclenche en nous qui nous fait du bien ou nous dérange. Plusieurs sœurs de Notre Dame de Namur étaient déjà en pays de mission depuis 1840. L'écoute régulière des sœurs dans les confessions et l'accompagnement spirituel a peut-être été à l'origine du désir de fonder un institut religieux. On raconte que c'est en priant dans la chapelle des sœurs que Théophile Verbist aurait eu l'idée de devenir missionnaire et, plus tard, de fonder un institut missionnaire.

    Un projet est constitué de tâches visant à atteindre un résultat spécifique ou d'un ensemble de ressources et de résultats nécessaires à la réalisation d'un objectif particulier. Je crois que le projet de notre Fondateur est né de la prière, ce qui indique que l'œuvre est donnée par Dieu, tout comme les divers apostolats que nous entreprenons. Son travail de promotion de la Sainte-Enfance a inspiré sa vocation missionnaire.

    Directeur de la Sainte-Enfance : vers la réalisation du projet

    Alors qu'il est aumônier à l'école militaire, il apprend la maladie de l'élève officier De Mortier. Lors d'une visite au patient, ils eurent l’occasion de bien converser. Au cours de cette conversation, il découvre que les sœurs de De Mortier sont engagées au service de la Sainte-Enfance et qu'elles ne pouvaient donc pas lui rendre visite. Cette simple conversation au chevet du malade a fait naître chez l'aumônier le rêve d'une vie, celui d'aller en Chine.

    De Mortier n'était peut-être pas conscient de l'impact sur le cœur de Verbist de ses propos. Dans son livre "Missionnaires CICM 1966-2016, 50 ans au service de l'Église qui est au Cameroun", à la page 38, le Père Sinclair Boko parle des efforts invisibles des confrères au service de la mission : "Par de simples conversations, les confrères ont pu insuffler un idéal de vie à de nombreuses personnes et les ont sans doute aidées à changer leur vie, tant dans leur rencontre avec Dieu que dans la recherche de leur vocation". Ces efforts invisibles ont un impact profond sur nous, souvent sans que nous nous en rendions compte.

    Nous nous souvenons de la simple observation de la Vierge Marie lors des noces de Cana : "Ils n'ont pas de vin", qui a donné lieu à un signe important et à une série d’autres signes par la suite. Nous nous souvenons également du chant répété par un enfant alors que Saint Augustin était aux prises avec son combat intérieur : "Prends et lis !" Avec le soutien d'Alypius, il a été guidé dans son discernement.

    Le 10 septembre 1946 marque un tournant dans la vie de Mère Teresa. Alors qu'elle se rendait à sa retraite annuelle à Darjeeling, elle a ressenti "l'appel dans l'appel" - une vocation à s'occuper des plus pauvres parmi les pauvres. Cette journée d'inspiration a éveillé une profonde soif d'aimer et d'être aimée par les plus démunis. Ce désir, suscité par la rencontre d'un homme mourant ayant besoin d'eau, est devenu la force motrice de l'œuvre de sa vie.


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    «Théophile Verbist»
    Une peinture à l’huile de G. Valerio,
    Collegio Missionero CICM – Roma

     

    La visite de Théophile Verbist au chevet d'un malade a changé sa vie, l'amenant à devenir directeur national de la Sainte-Enfance et à se dévouer de manière désintéressée. Cette visite a fait naître en lui un appel qui a façonné sa vocation de Fondateur. Il l'a concrétisée en saisissant les opportunités qui se présentaient à lui.

    La ratification du traité de Tianjin et le départ des Lazaristes : Un signe de la Divine Providence

    Le 25 octobre 1860, le traité de Tianjin est ratifié entre l’Empereur de Chine et la France, marquant l'ouverture des portes de la Chine. Cet événement marquant inspire au Père Théophile Verbist sa vocation missionnaire. Il partage son désir avec son directeur spirituel, le Père Benjamin Bossue, SJ, son ami d'enfance le Père Alois Van Segvelt, et le Cardinal Sterckx, archevêque de Malines.

    En 1864, le Supérieur Général des Lazaristes, Jean-Baptiste Etienne, écrit au Cardinal-Préfet de la Congrégation pour la Propagation de la Foi, exprimant le retrait des missionnaires de Mongolie et de Hunan en raison d'un manque de personnel. C'est l'occasion pour Théophile Verbist et ses compagnons de se voir confier le territoire (Cf. Scheut hier et aujourd'hui, 1862-1987, p. 34).

    Les événements de notre vie sont des lieux privilégiés pour discerner la volonté de Dieu et nous aider à comprendre le plan de la Divine Providence, auquel notre Fondateur croyait fermement. Nous avons besoin de discerner la volonté de Dieu. Le discernement est un don de Dieu. Nous pouvons trouver du sens, dans chaque instant de nos vies, en considérant les événements et en méditant les Écritures, dans lesquelles l'Esprit Saint a révélé comment se déroule le plan de Dieu. Être à l'écoute de Dieu est crucial pour le discernement, en particulier pour la prise en charge des plus petits et des abandonnés. (Cf. Mt 11, 25). Pour le Fondateur, c'est dans l'enchaînement des événements qu'il a découvert la volonté de Dieu. La ratification de ce traité et le départ des Lazaristes sont un signe du ciel qui lui ouvre les portes de la Chine. Il devra cependant faire face à de nombreuses épreuves et contraintes.

    En réfléchissant à la vie du Fondateur, j'ai identifié plusieurs influences et sources d'inspiration, auxquelles j'ajoute l'influence de la règle Spiritaine dans la rédaction des premiers statuts. Les influences que j'ai relevées proviennent de ma sensibilité. A la relecture, je me suis rendu compte que la fondation de CICM par Théophile Verbist reste pertinente malgré le décalage du temps. Il a vécu en son temps, mais ses idées continuent d'être une source d'inspiration pour notre vie quotidienne et notre travail. La vie de Théophile Verbist m'a appris à ne jamais perdre courage et à me souvenir que les œuvres de Dieu ne prennent jamais racine sans rencontrer de grandes difficultés. Comme lui, je crois que "Amanti nihil difficile". Le Seigneur de la Mission transforme les peines en joies et les épines en consolations (T.II B/ L. 419/16 mars 1867).

    Comme lui, je crois que nous avons suffisamment de preuves de la volonté de Dieu dans l'œuvre de Th. Verbist : elle fait partie de ses plans ; les difficultés actuelles sont des épreuves, et avec la grâce de Dieu, nous les surmonterons. (T.II A/ L.167/23 mai 1866). Comme lui, "mon opinion est toujours que nous avons une bonne et belle mission, mais qu'il nous faut une bonne vocation pour y travailler, sans laquelle nous serons malheureux." (T.IIB/ L. 501/mi-juillet 1867). 

    Je crois, comme Théophile Verbist que les qualités humaines sont insuffisantes pour accomplir l'œuvre de Dieu. Dans sa lettre 549 du 20 octobre 1867, Théophile Verbist adresse aux novices ces mots forts : "Humainement parlant, le terrain est ingrat, et les forces spirituelles acquises doivent surpasser de beaucoup les forces corporelles." Nous prions "pour que le bon Dieu nous donne les lumières et la prudence nécessaires...". (cf. T.IIA/L. 56/27 novembre 1865).