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    CICM Audio

    « Vous êtes le sel de la terre ! »

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    Melanio Michael Reyes

    Philippe de Rosen, cicm
    Missionnaire en Belgique

     

    Quand Jésus parle, il a souvent devant les yeux quelque chose qui lui sert de matériel didactique.

    Les Exégètes font l’hypothèse qu’il voit à ce moment des gens qui détruisent un ancien four à pain pour répandre les déchets dans les ornières de la route provoquées par l’érosion. De là sa remarque en fin de phrase : « Quand le sel se dénature il n’est plus bon qu’à être jeté dehors et piétiné par les hommes ».

    En effet, les fours à pain, à l’époque de Jésus, étaient fabriqués avec des blocs de terre mélangés avec le sel de la mer morte ; ces blocs font office de pierres réfractaires: ils avaient remarqué que le sel permettait d’accumuler la chaleur dans le four et ensuite, le feu étant retiré, de cuir les pains sans les bruler.

    Le chrétien par le baptême reçoit le feu de l’Amour de Dieu : s’il a en lui le SEL de la foi il peut accueillir le feu de l'Esprit de Dieu et ainsi le rayonner ensuite autour de lui.

    Le sel perdait sa force d’accueillir le feu, ainsi les fours étaient détruits, mais pouvaient servir à consolider les chemins abîmés par l’érosion... et étaient donc piétinés par les gens, comme dit Jésus dans l’évangile...

    Gardons le sel de la foi et nous rayonnerons autour de nous l’Amour que Dieu a déposé dans nos cœurs (Mt. 3, 17 : traduction liturgique)

    Le sel dans le passé était aussi employé pour conserver les aliments, quand on n’avait pas de frigo. Le sel CONSERVE.

    Le sel peut alors aussi être signe de fidélité, d’incorruptibilité (=quelque chose qui ne se gaspille pas) : ainsi la Bible parle d’une Alliance de sel.

    Le sel est aussi ce qui sert à donner du goût à la nourriture : les chrétiens sont appelés à donner du goût à la vie : à donner cette touche indispensable à la vie en société : le don de soi, le service des autres. Par l’amour nous transformerons le monde.

    Message sur Internet (2003)

    Copyright : Association Apostolat Sainte Thérèse

    « Je prends un exemple pour montrer comment notre ignorance du milieu palestinien nous rend une parabole obscure. Je parle de la parabole du SEL: "Vous êtes le sel de la terre" (Mat 5,13), et dans une autre forme en Marc 9,50 et Luc 14, 34-35 : "vous êtes le sel de la terre si le sel perd sa saveur avec quoi le salera-t-on? Il n'est plus bon qu'à être jeté dehors et foulé aux pieds par les hommes".

    " Si le sel perd sa saveur !" Vous connaissez un sel qui n'est plus salé? Cela n'existe pas; à quoi cela fait-il allusion? Et pourquoi dire que ce sel, on le jette par terre et qu'on marche dessus?

    En général, les Pères de l'Eglise ne connaissaient pas la Palestine. C'étaient des grecs et ils avaient un mépris profond pour les civilisations barbares. Ils ont dit des tas de choses sur le sel: le sel c'est ce qui conserve les aliments, c'est ce qui empêche de pourrir. En fin de compte on n'a jamais compris ce que Jésus voulait nous dire quand il a dit: "Vous êtes le sel de la terre". Et puis, il y a une trentaine d'années, un sociologue suisse est allé s'établir dans un petit village de Palestine, dans la région d'Hébron pour faire une étude de sociologie sur les coutumes de la vie bédouine palestinienne. Un jour il rencontre des enfants qui, sur un chemin, piétinaient, cassaient des plaques de sel, ils foulaient au pied le sel.

    Il leur dit: "Qu'est-ce que c'est que ce sel ?" - "C'est le sel du four" répondent-ils.

    [Pour le dire en passant, il y a encore un problème philologique ici, - en araméen "sel du four" est à peu près le même mot que "sel de la terre", parce que "four" et "terre" c'est à peu près le même mot (arsa)].

    Le savant leur dit : "qu'est-ce que c'est que ce sel du four ?" - Ah bien...ça brûlerait pas si on ne mettait pas de sel".

    En Palestine, il y a très peu de bois et dans les villages arabes le combustible le plus utilisé pour la cuisine, c'est la bouse de chameau. Mais la crotte de chameau, je ne vous conseille pas de prendre cela comme moyen de chauffage parce cela brûle très mal. Aussi, ils mettent du sel, mais pas du sel ordinaire, le sel de la mer morte, très riche en chlorure de magnésium. Notre sociologue a pris un de ces morceaux de sel et l'a envoyé à un de ses amis qui était chimiste pour qu'on étudie ce sel et qu'on voie dans quelle mesure ce sel pouvait aider la combustion. On a découvert que c'était un catalyseur qui permettait de faire du feu avec des choses qui brûlent mal, avec beaucoup moins de bois qu'il n'en faut d'habitude. D'après la Bible, au Temple de Jérusalem, on faisait parfois des holocaustes avec 12 taureaux. Vous vous représentez ce qu'il fallait comme bois [ Et le rituel pour l'holocauste dit qu'il faut "saler" les victimes pour le feu (Ez. 43,24. Lev. 2,13) ], c'est pour que cela brûle avec moins de bois. Et St Marc nous dit que : "tout homme sera salé pour le feu" 9, 50 – cfr TOB note c

    "Salé pour le feu". Qu'est-ce que cela veut dire? Cela prend un sens quand on s'aperçoit que dans la Palestine d'alors on devait utiliser le sel pour faciliter la combustion. Et vous vous rappelez aussi que Jésus a dit : "Je suis venu mettre le feu sur la terre qu'est-ce que je veux sinon qu'il prenne? (Luc 12, 49). Si vous mettez cela à l'arrière-plan qu'est-ce que Jésus veut nous dire quand Il nous dit :"Vous êtes le sel de la terre ?"

    Eh bien, c'est une des plus belles définitions de l'apostolat : vous êtes les catalyseurs.

    Le feu, c'est l'action de Dieu, c'est l'Esprit ;

    La tâche de l'apôtre, ce n'est pas d'être le feu, mais c'est d'être celui dont la présence permet au feu de s’étendre, de se propager… Il attise le feu.

    L'apôtre c'est cela. C'est quelqu'un dont la présence permet au feu de l'Esprit de prendre, à la Parole de passer.

    J'ai longuement développé cet exemple parce qu'il me paraît être très instructif de ce que l'archéologie, de ce que l'étude du milieu peut apporter pour comprendre une parabole qui nous était une lettre fermée. »

    Le chrétien par le baptême reçoit le feu de l’Amour de Dieu : s’il a en lui le SEL de la foi il peut accueillir le feu de l'Esprit de Dieu et ainsi le rayonner ensuite autour de lui.

    Le sel perdait sa force d’accueillir le feu, ainsi les fours étaient détruits, mais pouvaient servir à consolider les chemins abîmés par l’érosion... et étaient donc piétinés par les gens, comme dit Jésus dans l’évangile...

    Gardons le sel de la foi et nous rayonnerons autour de nous l’Amour que Dieu a déposé dans nos cœurs (Mt. 3, 17 : traduction liturgique)

    Dieu a déposé en nous son Amour, son Feu. Comment l’entretenir ? Comment puis-je être ce sel qui permet à cet amour de rayonner ?


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    Duc in altum: L'auto-aggiornamento dans un monde en mutation rapide

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    Melanio Michael Reyes

    Jonel Dalimag, cicm
    Missionnaire aux Philippine

     

    Les sessions de Formation Permanente font déjà partie de la tradition CICM. Ce sont des occasions extraordinaires pour les confrères de partager leur vie et leurs expériences de missionnaires religieux. Ce sont aussi des investissements appropriés pour la Congrégation en termes d'animation, de formation et de renouveau spirituel.

    En octobre 2022, j'ai participé à une session de formation permanente organisée par le gouvernement général. Avec le thème « Avance en eau profonde et jetez vos filets» (Lc 5, 4), l'objectif de la Session de FP 2022 était de raviver, de revitaliser et d'approfondir sa vocation missionnaire et sa spiritualité. C'était une invitation à l'auto-aggiornamento au milieu des changements rapides dans le monde qui s’accélère par les progrès des sciences, des technologies de l'information et des médias sociaux. Cet auto-aggiornamento et ce renouveau sont enracinés dans notre charisme, notre spiritualité, notre mission et notre histoire et sont bien décrits et enregistrés dans nos documents magnifiquement écrits. La formation permanente est aussi une invitation pour nous à revenir à nos documents. William Wyndaele, cicm, a écrit un jour : « Nous avons nos propres puits où puiser une vie spirituelle CICM, pour une spiritualité CICM. Ce que nous devons faire, c'est boire à nos propres puits.1

    Le thème de la session de 3 semaines de FP a été subdivisé en thèmes hebdomadaires : Pour atteindre l'objectif du renouveau et de l'auto-aggiornamento la première semaine avait pour thème « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute » (1 Sam. 3 :10). La deuxième semaine s'est poursuivie avec le thème « Tu es le sel de la terre » (Mt 5 :13) ; et la troisième semaine a commencé avec le thème « À vin nouveau, outres neuves» (Mc 2, 22).

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    Parle, Seigneur, ton serviteur écoute

    En tant que missionnaires religieux, nous limitons souvent notre compréhension de la Parole de Dieu à ce qui est écrit dans la Bible. Lorsque nous prenons le temps d'écouter Dieu, nous avons tendance à nous concentrer uniquement sur des passages de la Bible. Parfois, nous nous concentrons même sur un seul mot ou une seule phrase. Cette méthode devient tellement ancrée en nous qu'elle est notre réglage par défaut chaque fois que nous nous engageons dans l'écoute spirituelle. Cette habitude enlève l'aspect missionnaire de l'écoute du Seigneur qui nous parle à travers les histoires humaines et les voix de la nature. En tant que missionnaires, nous interagissons régulièrement avec les gens, et Dieu nous parle à travers leurs histoires. À notre tour, nous transmettons le message de Dieu aux autres à travers nos propres expériences.

    Au cours des deux premiers jours de la session de FP, Mgr Prudencio Andaya, Jr., CICM, D.D., le facilitateur, a animé une récollection sur le thème Raviver le feu et vivre l'appel aujourd'hui. Il a souligné le pouvoir de la narration et de l'écoute d'histoires pour raviver la flamme de la mission et vivre notre appel dans le monde d'aujourd'hui. Il a souligné l'importance des histoires qui expriment le chemin et le plan de Dieu, qui relient les gens à travers les générations et, en fin de compte, connectent tout le monde à Dieu. Il a suggéré que nos histoires et celles de Dieu, tout en étant des expériences originales, peuvent être « à son image et à sa ressemblance » et faire partie de la même histoire.2


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    En tant que missionnaires CICM, nous prenons le Verbe incarné comme modèle pour notre charisme, notre spiritualité et notre mission. On nous rappelle constamment qu’il est nécessaire de nous incarner dans les cultures, les histoires, les luttes et les joies des personnes que nous servons. Le document « Il faut que le feu brûle » de 1974 souligne le passage d'un idéal d'Église monolithique à un idéal, qui unit les différentes Églises locales dans l'unité, et tend vers une plus grande incarnation. En CICM, la mission est définie comme la participation conjointe de toutes les communautés religieuses à l'action libératrice de Dieu dans l'histoire. Le but de la mission n'est pas l'Église elle-même, mais l'avènement du Royaume dans le monde. Chaque communauté ecclésiale a une vocation historique de service pour le monde, inspirée par l'Évangile et la foi dans l'avènement du Royaume de justice, d'amour, de communion et de paix. L'Église écrit l'histoire avec les communautés en travaillant avec les divers peuples pour construire un monde meilleur comme Dieu le souhaite.3

    Dans nos missions, le concept d'incarnation se manifeste dans diverses attitudes missionnaires telles que l'intégration, la solidarité, l'unité du cœur et de l'âme, la communauté, l'internationalité, l'interculturalité et le multiculturalisme. Les Actes du 9ème  Chapitre général de 1981 soulignent l'attitude missionnaire d'intégration comme un élément essentiel de notre mission et de notre spiritualité :

    « Nous sommes de nations différentes, mais nous nous rencontrons au sein du peuple parmi lequel nous vivons. C'est à ces personnes que notre comportement et notre action missionnaire doivent se référer afin de rendre notre intégration aussi complète que possible. Cette exigence implique que nous dépassions les limites de notre histoire et de notre propre culture. Nous devons faire tout notre possible pour cultiver en nous une attitude d'ouverture et d'écoute qui nous permette non seulement de donner, mais aussi de recevoir, d'aller au-delà de nos modes de pensée et d'accepter des situations où nous dépendons des personnes et de la situation locale. De plus en plus, nous devons approfondir les implications d'une véritable communion avec les pauvres, du partage de leur style de vie et de leur volonté d'être évangélisés par eux. »4

    En effet, le Seigneur nous parle à travers les histoires des personnes que nous rencontrons, les événements dont nous sommes témoins et, bien sûr, à travers les Saintes Écritures.

    Tu es le sel de la terre

    « Vous êtes le sel de la terre ; mais si le sel perd sa propriété, comment redeviendra-t-il du sel ? Il n'est plus bon qu’à être jeté dehors et foulé aux pieds par les hommes » (Mt 5,13). Si le sel perd sa qualité, comment lui rendre son identité ? La réponse est la formation continue!

    Les sessions de formation permanente font partie intégrante de la vie en CICM. Ces sessions ne portent pas seulement sur les nouvelles idées et tendances de la vie missionnaire religieuse. Ce sont avant tout des occasions pour chacun de réfléchir à son cheminement personnel et à la mission de la Congrégation. Le but de la formation permanente est de renforcer l'essence de notre vitalité missionnaire afin que nous ne devenions pas « bons à rien et que nous ne soyons pas rejetés et foulés aux pieds par les hommes. »

    La vie est un voyage, et notre mission est aussi un voyage. À un moment donné, nous pouvons nous sentir épuisés au long de ce voyage. Il y a des moments où la vie devient insupportable en raison de douleurs atroces, d'un ennui énergivore, de décisions et d'actions sans but et de routines quotidiennes dénuées de sens. Lorsque cela se produit, notre tendance naturelle est d'abandonner. Abandonner, c'est devenir complaisant avec la vie malgré la perte de vitalité et de créativité. Alors que nous nous sentons à l'aise avec cette existence dénuée de sens et sans but, nous ne reconnaissons pas l'invitation à approfondir la vie, son potentiel et ses opportunités. Nous perdons notre « salinité ».

    L'appel à jeter nos filets au large n'est plus attrayant parce que nous devenons trop à l'aise avec la vie au bord de la mer. La vie au bord de la mer est plus attrayante et détendue parce qu'il y a moins de risques et de dangers, et la beauté constante du rivage, le sable lisse et les vagues effacent toutes les empreintes de nos difficultés ou de nos problèmes. Nous nous sentons bien lorsque les vagues dans le sable effacent les empreintes ou les traces de nos problèmes. Cela nous donne un soulagement temporaire. Cependant, au plus profond de nous, la perte de sens et de but épuise lentement nos énergies, nos opportunités et notre potentiel. La volonté de vivre de manière significative, d'être pertinent et de susciter une différence dans la vie des autres est anéantie en nous.

    Lorsque la vie est trop confortable, nous risquons de perdre notre audace d'aller au loin. Notre peur de perdre notre sécurité, notre confort et nos routines familières dans la vie nous prive de la joie de nous aventurer vers l'inconnu, le non familier et la partie non encore découverte de ce que nous sommes en profondeur. Nous découvrons davantage qui nous sommes lorsque nous nous mettons au défi de risquer de jeter nos filets dans un endroit profond, inconnu et surprenant où nous n'avons aucune sécurité autre que notre foi. Nous avons besoin d'être dérangés dans les choses ordinaires et familières que nous avons toujours faites et qui nous apportent confort et sécurité. Nous devons être dérangés dans nos plans pour voir d'autres options pour nous que nous avons pu éviter depuis longtemps. « Dérange-nous, Seigneur, alors qu'avec l'abondance des choses que nous possédons, nous avons perdu notre soif des eaux de la vie. »

    Ne laissons pas le confort et les sécurités de la vie éteindre cette flamme ou cette étincelle qui a brillé auprès de nous ou en nous. Il est toujours tentant de rester là où la vie est si facile. Cependant, le feu de la mission, du service, de l'amour et de la foi en nous exige que nous allions au-delà du confort et de ce qui est familier, et que nous cheminions vers la partie inconnue et non-familière qui est en nous. Nous devons voyager en nous-mêmes pour raviver la flamme qui s'est allumée lorsque nous avons décidé de prendre le chemin d’une vie vouée aux autres.

    Il faut beaucoup de courage pour plonger dans nos vies, faire un effort supplémentaire, en faire plus et tester les limites de notre potentiel. Il n’est pas évident de rassembler notre courage. Cependant, si nous voulons avoir de l’impact dans le monde d'aujourd'hui, c'est-à-dire être le sel de la terre et provoquer la différence dans la vie des autres, nous devons rassembler notre courage pour plonger nos filets dans les profondeurs. Nous apprenons à mieux nous connaître en jetant notre vie dans les profondeurs. En faisant face à nos propres démons, à nos ténèbres et à nos problèmes, nous pouvons trouver de nouvelles directions et relancer nos vies avec une meilleure version de ce que nous sommes. Duc in Altum est un voyage au plus profond de nous-mêmes. Ce voyage nous permet de revisiter nos motivations, nos inspirations, nos aspirations, nos valeurs et nos principes. En nous aventurant dans ce voyage, nos seules sécurités sont notre espoir et notre foi qui surmontent nos peurs et nos hésitations. D'autres ne peuvent pas le faire pour nous. Nous devons le faire nous-mêmes.

    Vin nouveau, outres neuves

    Avec le temps, notre vitalité missionnaire religieuse et l'intensité de notre service et de notre dévouement diminuent, s'estompent ou disparaissent. Nous nous sentons épuisés en raison de la routine d’une vie de la mission qui peut être monotone. Nous nous sentons vidés d'énergie parce que nous ne voyons aucune nouveauté dans nos actions. Nous ne sommes plus féconds. Lorsque nous sommes dans cette situation d'improductivité, nous avons souvent tendance à continuer à faire ce que nous faisons depuis si longtemps sans y mettre de sens, de signification ou de pertinence. Nous le faisons juste pour avoir quelque chose à faire et non pour le bien de la mission. Par conséquent, l'auto-aggiornamento est nécessaire. Nous avons besoin de « vin nouveau dans des outres neuves ».

    Vin d’un style de vie dans une outre neuve

    Duc in Altum appelle le dérangement ou un détournement de ce que nous faisions auparavant. Ce voyage de Duc in Altum exige l'attitude de LÂCHER PRISE : un lâcher prise de notre confort, de nos sécurités, de nos routines, de nos plans et de nos projets pour nous permettre d'en découvrir davantage sur la vie, son but et sa signification. En lâchant prise, nous découvrons la véritable LIBERTÉ, qui remplit nos vies d'un but et d'une direction. La liberté peut être découverte lorsque nous brisons les pièges et les chaînes qui nous empêchent d'aller de l'avant. Il n'y a pas de liberté quand on craint le jugement ou les punitions. La liberté est un mode de vie. Il y a une vraie liberté lorsque nous vivons un mode de vie qui permet à nos énergies et à notre potentiel de circuler librement et spontanément. Lorsque nous faisons des choses simplement parce qu'elles sont obligatoires ou parce que nous voulons impressionner nos supérieurs, alors nous ne sommes pas libres. Lorsque nous faisons des choses simplement parce que nous craignons que les autres jugent que nous sommes bons à ne rien faire, alors nous ne sommes pas libres. Cependant, la liberté devient un mode de vie lorsque les choses sont faites comme l'expression spontanée de qui nous sommes et de ce que nous sommes. LE STYLE DE VIE EST UNE MISSION ! « Sortez de votre vie sédentaire pour prendre soin de vos frères et sœurs et témoigner de l'Évangile de la joie » (Pape François, 22 avril 2022). Il est frappant de constater que certains, qui ont de solides convictions doctrinales et spirituelles, tombent dans un style de vie qui conduit à un attachement à la sécurité financière ou à un désir de pouvoir ou de gloire humaine à tout prix, plutôt que de donner leur vie à d'autres dans la mission. Ne nous laissons pas voler l'enthousiasme missionnaire ! (EG #80).

    Aimer le vin et l'outre

    La beauté de se jeter dans les profondeurs réside en ce que nous découvrons que, le noyau le plus profond de qui nous sommes et de ce que nous sommes, est l'AMOUR. « La foi, l'espérance et l'amour... les trois, mais le plus grand est l'AMOUR. Nous lâchons prise parce que nous aimons. Nous sommes libres parce que nous aimons. Nous espérons parce que nous aimons. Nous avons exprimé notre foi parce que nous sommes aimés. L'amour n'est pas seulement une chose émotionnelle à ressentir, mais un engagement, une conviction et une disposition à vivre, à témoigner et à mettre en action. L'amour en tant que mission ne se limite pas à notre relation avec nous-mêmes et avec les autres. L'amour en tant que mission englobe notre relation avec la nature, les vivants et les morts, les esprits qui nous entourent et le GRAND ESPRIT (le Créateur). L'amour nous permet de voir le visage de Dieu dans les visages d'autres personnes qui sont différentes de nous. L'amour nous permettra de reconnaître Dieu dans la nature, dans les rivières et les montagnes, et nous conduira à agir selon cette reconnaissance de l'Esprit de Dieu dans la nature.

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    1 P. William Wyndaele, cicm, Spiritualité CICM, dans EUNTES, n° 4, (1990) 14-24.

    2 William Bausch, Storytelling : Imagination and Faith (Connecticut : Twenty-Third Publications, 1995), p. 15-16

    3 Il faut que le feu brûle, Actes du 8ème Chapitre général (Albano, 1974), p. 47-51

    4 Présence missionnaire CICM, Actes du 9ème Chapitre général (Rome, 1981), p. 30.


    Méditation auprès du tableau peint par un artiste Vietnamien: offert à SCHEUT après l’Exposition Universelle 1958

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    A gauche : l’Incarnation ; à droite : le buisson et la Rédemption
    La Vie est plus forte que la mort. Le BUISSON fleurit.

     

    Philippe de Rosen

    Philippe de Rosen, cicm
    Missionnaire en Belgique

     

    « Quand Dieu se révèle à Moïse (Exode 3), Il se tient dans un buisson épineux. Qu’est-ce que cela signifie? Un texte juif, de Rabbi Shimon ben Yohaï, l’explique: « De même que ce buisson épineux est le plus dur de tous les arbustes du monde, en sorte que tout oiseau qui y entre ne peut en sortir sain et sauf sans se déchirer les ailes  aux épines, de même l’esclavage d’Israël en Egypte était plus dur que tous les esclavages du monde ».

    Pourquoi Dieu parla-t-il à Moïse du sein de ce buisson? « J’ai vu, j’ai entendu le cri de mon peuple. Je suis descendu pour le délivrer... Va, je t’envoie... ! (Ex. 3, 7-8)

    De même que ce buisson était le plus humble de tous les arbustes du monde, de même les Israélites étaient descendus au plus bas et Dieu descendit avec eux pour les sauver ».

    « La Bible est une œuvre pédagogique, qui révèle peu à peu qui est ce Dieu, capable de s’abaisser, de s’emprisonner par amour. Elle révèle ainsi aussi qui est l’homme: l’homme est grand aux yeux de Dieu, en dépit de ses faiblesses et de ses défauts.

    - Jacques Duquesne: le Dieu de Jésus Christ p.91

     

    « Un buisson chétif du désert qui s’enflamme, et qui « s’em-bourgeonne » ; la puissance destructrice n’arrive pas à éliminer la puissance de vie de la sève!

    C’est l’image du peuple de Dieu : à l’intérieur du peuple de Dieu il y a quelqu’un que Moïse ne connaît pas encore. »

    « En ce jour-là, un rameau sortira de la souche de Jesse, père de David, un rejeton (SCHEUT en néerlandais) jaillira de ses racines. Sur lui reposera l’Esprit du Seigneur : esprit de sagesse et de discernement, esprit du conseil et de force, esprit de connaissances et de crainte du Seigneur. » Isaïe 11, 1-3.

    « Que reste-t-il quand on a tout perdu, quand la souffrance nous écrase? Il reste Dieu. Mais que peut-il faire si on ne l’accueille pas? Comme Moïse nous préférons trop souvent faire un détour pour “comprendre” sans trop nous impliquer ! Comment Dieu peut-il passer le barrage de notre

    incrédulité? Il est la Présence.... extérieurement rien ne change: la souffrance, le malheur sont toujours là, mais il nous rejoint là. C’est dans l’expérience de mon impuissance totale que Dieu peut être libéré lui-même de son impuissance à agir, si nous le laissons entrer dans notre cœur ».

    - Notes prises à Besançon: Retraite 2001

     

    NOËL et PÂQUES sont une même réalité: C’est le Christ humblement couché dans une crèche, solidaire des enfants innocents massacrés, solidaire des immigrés en étant obligé de fuir protégé par ses parents jusqu’en Egypte, prêt à faire la volonté du Père en restant dans le Temple 3 jours à l’insu de ses parents…..dès le début un « glaive transperce le cœur de Marie »...

    Comment nous situer face à ce mystère ? Osons nous ce saut dans la foi: quelle que soit la souffrance à laquelle nous sommes confrontés, la VIE offerte par Jésus (Dieu-Sauve, - Emmanuel, Dieu avec nous) aura le dernier mot. La LUMIÈRE sera plus forte que nos ténèbres.

    Sur un tableau peint par Jan Van Coninxloo en l’église St. Denis à Forest-Bruxelles, nous voyons l’ange Gabriel qui annonce à Marie qu’elle a été choisie pour être la Mère de Jésus, le Fils de Dieu.

    Marie est agenouillée sur un prie-Dieu et médite la Bible ouverte sur le passage du Buisson Ardent en Exode 3. Cette méditation sur l’humilité de Dieu lui permet de dire OUI, je suis la Servante du Seigneur.

    Our Lady of Scheut appeared at Pentecost 1450

     

     

     

     

     

    Notre Dame de Scheut est apparue à la Pentecôte 1450, entourée de Lumière, sur le terrain où a été fondé notre Institut par le Père Théophile Verbist. Marie entourée de « bourgeons » dans un arbre en pleine floraison. Est-ce un rappel de cette révélation du Buisson ardent ? Un appel pour devenir à notre tour des missionnaires appelés à annoncer que Dieu vient faire un Monde Nouveau et que déjà se monde « bourgeonne ».

     

     

     

     

     

    Our Lady of Scheut

    Notre Dame de Scheut, Notre Dame entourée de bourgeons, aide nous à croire en la vie plus forte que la mort.


    Transparence et responsabilité - Réunion de tous les économes provinciaux CICM

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    Melanio Michael Reyes

    Melanio Michael Reyes, cicm
    Missionnaire aux Philippines

     

    Introduction

    Dans la foulée des profonds changements globaux qui ont entraîné des mutations et des transitions significatives, le rôle des économes a évolué vers une tâche de plus en plus complexe, délicate et vitale. Comme plus d'une décennie s'est écoulée depuis la dernière réunion de tous les Économes provinciaux, vu la nécessité de naviguer à travers les changements au sein de notre Congrégation et dans le monde, notre Économe général Raul Caggauauan a organisé une session de tous les Économes provinciaux du 2 au 13 octobre 2023. Avec pour thème  "Transparence et responsabilité dans notre travail missionnaire", la réunion s'est tenue à la Guest House nouvellement rénovée de l'Université Saint Louis, Baguio City, Philippines. Les objectifs de la réunion étaient de créer l’occasion pour les économes de partager leurs expériences et d'acquérir les outils et stratégies nécessaires pour s'adapter efficacement aux changements significatifs qui ont un impact sur leur travail.

    Encouragés par la présence du Père Charles Phukuta, Supérieur général, les huit Économes provinciaux, munis de tous les documents et informations nécessaires à la réunion, ont entamé ensemble avec l’Économe général un échange fraternel d'expériences et de points de vue, dans le but de mettre à jour et d'améliorer leurs compétences.

    L'atmosphère fraîche et sereine de Baguio, associée à l'accueil chaleureux et cordial de Gilbert Sales, Président de SLU et du personnel de SLU, a fourni une bonne toile de fond pour créer et renouveler l'esprit commun et familier de CICM parmi les économes. La réunion a bien commencé le premier jour avec le Saint Louis University Glee Club qui a accueilli et diverti les participants avec une démonstration captivante et enchanteresse de talents qui a reçu de leur part un accueil chaleureux.

    La salle de conférence du dernier étage, décrite à juste titre comme "la chambre haute", avec sa vue panoramique sur la ville et les horizons montagneux, a été le lieu où les participants se sont embarqués pour un voyage commun, unis de cœur et d’esprit, vers un engagement collectif pour la transparence, la responsabilité et la gestion responsable des ressources financières.


    Points de vue d'experts

    Étant donné l'importance de comprendre les nouveaux défis auxquels les économes sont confrontés aujourd'hui, l’Économe général a invité des experts à aider les participants à découvrir la valeur de leur ministère, ainsi qu'à les doter des outils et stratégies nécessaires pour naviguer en toute confiance dans un paysage financier en constante évolution et détecter les menaces potentielles qui peuvent compromettre la qualité de leur témoignage et l'intégrité de la mission.

    Notre Archiviste général, André de Bleeker a partagé avec les participants une conférence perspicace et inspirante sur le rôle des économes en tant que ministres témoins dans la congrégation. L'intervention du Père André a initié un partage qui a transcendé les aspects techniques de la gestion financière en invitant à une préoccupation plus profonde sur la dimension spirituelle du travail des économes. Sa conférence a suscité chez les économes une compréhension plus profonde de la spiritualité, en illustrant les nobles exemples de notre Fondateur et la compréhension de l'argent dans la Bible. L'apport du Père André et l'échange d'expériences ont réaffermi l'engagement des économes en faveur de la responsabilité et de la transparence.

    M. Andreas Machnik, de Pax-Bank, basée à Cologne en Allemagne, a fait une présentation sur la gestion financière et les meilleures pratiques bancaires. Il a abordé les défis auxquels sont confrontés les instituts religieux pour maintenir une bonne conduite financière. Il a souligné l'importance d'une bonne conduite financière au sein de l'Église en donnant des exemples de cas de mauvaise gestion financière qui ont affecté les institutions religieuses et des difficultés auxquelles elles continuent de faire face en conséquence. Dans sa discussion, il a souligné la nécessité de prévenir la corruption. Comprenant la complexité de la situation, tous les participants étaient convaincus de la nécessité d'élaborer un système global de prévention de la corruption, en faisant éventuellement appel à une aide extérieure pour mettre en place des contrôles internes efficaces qui favorisent l'intégrité et la responsabilité financières.

    Pour renforcer l'expertise financière des économes, Mme Jill Landefeld de Brown Advisory, membre du comité de gestion des investissements de l'IHM, a animé une session sur les investissements. L'objectif de cette session était de leur fournir des informations et des connaissances précieuses pour améliorer leur capacité à prendre des décisions financières éclairées concernant le réinvestissement des dividendes des fonds communs de l'IHM, la vente d'actions, la réalisation de gains et la manière de financer le déficit budgétaire. Bien que la plupart des économes ne soient pas directement impliqués dans la gestion de portefeuille, la session et l'exercice sur la construction de portefeuille ont fourni un avant-goût précieux de la manière dont les fonds de capital fonctionnent au sein du fonds commun de l'IHM.

    Afin de mieux comprendre la dynamique de l'EMI, une conférence téléphonique a été organisée avec les responsables des opérations de l'assurance médicale de l'EMI, M. Sylvain Sacheli et Mme Anne-Marie Goossens, la responsable basée à Scheut du groupe CICM de l'assurance EMI. Leur intervention a permis de dissiper plusieurs inquiétudes dans les provinces concernant les remboursements médicaux et a fourni une procédure claire sur la façon d’améliorer le travail pour obtenir de meilleurs résultats.


    Partage d’expériences

    L'ordre du jour prévoyait la possibilité pour chaque économe de présenter son expérience et de faire la lumière sur la situation financière de sa province. Ce forum leur a permis d'exprimer les joies, les frustrations et les défis inhérents à leur fonction. L'échange d'expériences s'est avéré être une expérience enrichissante. Les économes ont acquis de nouvelles connaissances, élargi leurs horizons et mieux compris les subtilités financières liées à leurs fonctions. Les participants ont réalisé que les défis rencontrés par une Province pouvaient trouver un écho dans d'autres Provinces, ce qui a favorisé un sentiment de solidarité et d'unité parmi les économes. Au-delà de chaque récit, une image plus large a émergé. On a obtenu un aperçu de la situation financière de chaque Province. D'une certaine manière, cette compréhension collective a mis en évidence le besoin de solidarité congrégationnelle dans la poursuite de la mission commune de CICM.


    Autres questions pratiques

    Au cours des derniers jours de la réunion, l’Économe général a pris les choses en mains et a dirigé les discussions sur divers points pratiques. Les participants ont discuté de diverses questions sur les finances dans la formation initiale, le fonds de prévoyance, le fonds vert, la solidarité congrégationnelle et d'autres questions pertinentes décrites dans notre document Vade mecum B. Tout au long de la session, les participants se sont engagés dans une discussion fructueuse et ont reçu les éclaircissements nécessaires concernant les politiques provinciales en matière de finances. Les clarifications et les rappels ont contribué à aider les économes à améliorer la collaboration et à travailler efficacement.

    Au fil des jours, les participants se sont trouvés immergés dans les activités quotidiennes, apprenant quelque chose de nouveau et acquérant de précieuses connaissances. L'expérience a permis de cultiver la nécessité d'élargir leur compréhension et leurs compétences dans le cadre de leur travail d’économes. L'esprit communautaire qui régnait parmi les participants était fraternel et inspirant.

    Les événements de la journée ont toujours laissé des impressions de plénitude aux participants. La prière commune, la célébration de l'Eucharistie et la convivialité du "potus" du soir ont favorisé la détente et renforcé la camaraderie entre confrères. Pour renforcer encore leur lien fraternel, le groupe s'est embarqué pour une excursion d'un week-end dans les pittoresques "Cent îles" de Pangasinan, où la détente et l'émerveillement devant la beauté de la nature s'entremêlent harmonieusement.


    Paroles de soutien fraternel

    Le dernier jour, le Père Charles Phukuta, s'est adressé aux participants et leur a délivré un message cordial de gratitude et d'appréciation. Il a souligné l'importance d'être féconds et fidèles, en s'inspirant des figures bibliques de l'Évangile. Il a rappelé aux économes la nécessité de rester ouverts à la Providence de Dieu et d'accueillir la nouveauté dans leur travail. Enfin, il a souligné l'importance du repos et du sens de l'humour pour leur bien-être et leur efficacité en tant qu'économes.

    La réunion s'est terminée par une célébration eucharistique à la paroisse de SLU, présidée par le Supérieur Général. Les confrères du district de Baguio-La Union se sont joints à lui, ainsi que les responsables des différents bureaux de l'université. Un repas fraternel a ensuite été partagé, ce qui a renforcé la communion fraternelle entre les confrères et affermi leur identité et leur mission en tant que Missionnaires CICM.


    Conclusion

    On peut affirmer que la réunion des Économes

    provinciaux a été une réussite, comme le montre l'évaluation. La réunion a rempli son

    objectif de partage et d'apprentissage entre les participants et les experts invités. Les défis auxquels ils sont confrontés dans la gestion des finances sont sans aucun doute exigeants, en particulier dans un contexte en constante mutation. Dans un monde où les situations financières sont en perpétuelle évolution, les économes peuvent trouver du réconfort et des conseils en accueillant l'invitation à trouver en profondeur dans leur vie le véritable trésor.

    En quittant la "chambre haute", ils ont emporté avec eux l'inspiration et l'énergie renouvelée pour poursuivre leur ministère. Ils ont compris que si le paysage financier peut être volatile et incertain, leur véritable et ultime trésor réside dans le Seigneur et dans la mission qui leur a été confiée.

    Source : Chronica No 5 2023

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