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    Soyons tous coresponsables

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    Reflectionpar Jozef MATTON, cicm 
    Conseiller général  

     

    Au cours des derniers mois dans toutes les Provinces, il y a eu des consultations en vue de la nomination des Supérieurs ou des Conseillers provinciaux. Dans certaines Provinces il y en aura encore en vue de la nomination des Conseillers provinciaux.

    Nous savons tous qu’il ne s’agît pas d’élections. Les articles 91 à 93 de nos Constitutions sont clairs là-dessus. Les consultations sont un moyen de faire participer plus activement tous les confrères à la vie de la Province et à la gouvernance de leur Province.

    Chaque confrère a l’occasion de dire au Gouvernement général comment il voit la situation de la Province : qui peut gouverner la Province ou collaborer à cette gouvernance en tant que Supérieur ou Conseiller et pourquoi. Une bonne partie des confrères participant aux consultations le font ainsi.

    Une fois que les nominations sont faites, un membre du Gouvernement général fait un résumé des contributions des confrères qui ont participé aux consultations dans la Province concernée. Il le soumet ensuite au nouveau Gouvernement provincial comme un outil de travail au cours de leur mandat.

    Pas mal de confrères en effet signalent clairement où se trouvent les lumières dans la Province. Ils signalent aussi les ombres, les défis, les préoccupations. Enfin, ils notent clairement à quoi le Provincial et son conseil doivent travailler durant leur mandat !

    Mais, je suis curieux de savoir combien de confrères réfléchissent à ce qu’ils peuvent faire pour aider à résoudre ou améliorer les situations qu’ils ont identifiées. Parfois, l’on a l’impression que la Province n’est que l’affaire du Supérieur provincial et de son Conseil.

    Certes, le Supérieur provincial et son Conseil portent une responsabilité parce que les confrères leur ont fait confiance en les proposant comme leaders possibles. Mais la responsabilité des confrères ne doit pas se limiter à dire ce que les autres doivent faire !

    Quelques exemples

    •  Lors des consultations, certains confrères expriment leurs inquiétudes par rapport à la tentation, si pas le risque de dépendre ou de favoriser les confrères de certaines nationalités. Est-ce seulement la responsabilité du Provincial et de ses Conseillers de fournir des efforts pour qu’il y ait une plus grande fraternité dans une entité ou une Province ? Qui est à blâmer pour situation fâcheuse ? Le Supérieur provincial ? Ce scénario est promu ou même créé par les confrères faisant partie de ce District ou Province. Sur quelle base a-t-on proposé tel ou tel confrère comme Supérieur ou Conseiller provincial ? À cause de ses qualités ? Est-ce parce qu’il est proche de moi ou bien parce que je m’entends bien avec lui ?

    Les articles 48 et suivants, sous le titre commun « En communion fraternelle », sont clairs ! Art 50.1 dit explicitement :

    Chacun contribue à créer un climat de confiance et de respect, qui nous permet de partager notre vécu. Nous nous comportons en vrais frères, particulièrement à l’égard de ceux qui éprouvent des difficultés.

    Les Directives pour la Vie Multiculturelle en CICM contiennent plusieurs de beaux textes et conseils pour une vie fraternelle dans nos Provinces et notre Congrégation. Ils valent la peine d’être lus et surtout pris en compte dans notre vie quotidienne. Et cela n’est pas la seule responsabilité des supérieurs et leurs conseils.

    L’ancien Supérieur général, le Père Tsimba Ngoma Edouard, dans l’introduction des Directives pour la Vie Multiculturelle en CICM paru en 2010 a écrit :

    Le sujet de l’internationalité a été débattu au cours de plusieurs Chapitres généraux. Celui de 2005 a déclaré : « Nous affirmons que le caractère multiculturel de CICM est un élément constitutif de son identité. Les confrères devraient accueillir ce don, en le valorisant et en s’efforçant de s’intégrer au mieux dans cette réalité de la Congrégation ». Le présent document sera, je l’espère du moins, un outil qui aidera tous les confrères à mieux vivre ce don du caractère multiculturel dans notre chère Congrégation.

    •  Quelques Provinces connaissent des difficultés financières. Et plusieurs fois on lit dans les commentaires des bulletins de consultation que le Supérieur provincial et son Conseil doivent y remédier et tout faire tout leur possible pour améliorer la gestion. Ils doivent même prendre des mesures strictes contre des confrères en cas de fraude ou autres formes de tricherie.

    Est-ce que le confrère qui écrit cela a réfléchi sur sa propre façon de gérer l’argent et son propre style de vie ? Ne s’est-il pas posé la question si lui-même n’est pas trop exigeant ? Qu’a-t-il fait pour conseiller un confrère quand il voit que celui-ci ne vit pas conformément aux exigences de la vie religieuse ?

    Peut-être à ce point-là notre formation dans la vie religieuse n’aide pas tellement à prendre de responsabilité dans la gestion des biens d’une communauté, Province ou Institut. Partout, il y a un économe qui a comme première responsabilité de gérer les biens matériels. Toutefois, cela n’implique pas qu’il soit le seul responsable de la santé financière d’une entité donnée.

    Les Directives générales pour l’Administration financière, contiennent tout un chapitre qui a comme titre : La coresponsabilité dans l’administration des biens et dans la politique financière.

    Dans le No 15, nous lisons ceci concernant la coresponsabilité en matières financières :

    La coresponsabilité dans l’administration des biens et dans la politique financière va de pair avec la subsidiarité. Nous devons savoir que nous sommes tous coresponsables du soutien financier de l’Institut et de ses œuvres, de sorte que chacun se sente porté par ses confrères. Cela suppose une attitude responsable de chacun par rapport à la tâche confiée, à lui personnellement, à sa communauté, sa Province ou son District autonome, et à l’Institut dans son ensemble. Cela suppose également que tous aient le souci de réaliser de mieux en mieux les options communes.

    Je pourrais encore donner d’autres exemples, puisque la vie et certainement la vie religieuse a beaucoup de facettes.

    Être missionnaire religieux dans la Congrégation du Cœur Immaculé de Marie n’est pas un jeu solitaire pour son propre intérêt ou profit. C’est un engagement collectif en vue d’annoncer la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu. Ainsi, ne mettons pas les charges sur les épaules des autres et les bénéfices sur les nôtres.

    Tous ensemble responsables

    Quand nous professons nos vœux, nous disons de l’une ou l’autre façon que nous nous engageons à vivre une vie conforme aux exigences de la vie religieuse, dans la Congrégation, pas comme soliste ! mais bien au service de la mission commune confiée à la Congrégation en vue de la réalisation du Royaume de Dieu. Et en acceptant les vœux, la Congrégation s’engage à cheminer ensemble avec ce confrère pour qu’il puisse vivre son engagement missionnaire-religieux dans la fidélité. Par conséquent, nous sommes responsables les uns des autres en vue d’une mission commune.

    Je l’ai déjà écrit auparavant dans un autre article : nous sommes là pour la mission, et non pas la mission pour nous (cf. Chronica, No. 5, septembre 2019, p. 201).

    Lors des premiers ou du renouvellement des vœux, nous pouvons lire de très beaux textes qui expriment la volonté de vivre les exigences de la vie religieuse et de la mission. La réalité montre malheureusement des choses toutes différentes.

    Nous avons de très beaux textes. Plusieurs de nos documents sont vraiment uniques et servent comme références et modèles pour bien d’autres Congrégations.

    Si nous étions prêts à vivre en profondeur notre engagement missionnaire et religieux commun dont parlent nos documents, nous éviterions beaucoup de nos problèmes et difficultés au sein de nos communautés, Provinces et Congrégation. Cor unum et anima una. 

    « Le choix de nos responsables obéit à un processus de discernement qui peut être amélioré et devenir plus participatif. Les dispositions des Constitutions (art. 91) et du Directoire Commun (art. 91.1) demeurent la base de notre discernement. Celui-ci ne doit jamais être assimilé à une élection démocratique, où l’appartenance à un groupe d’intérêts primerait sur les qualités humaines et spirituelles des confrères que nous proposons pour le leadership. »  

    Actes du 15e Chapitre général, p. 18


    500 ans du christianisme aux Philippines : Quelques questions et défis cruciaux pour les missionnaires d’aujourd’hui

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    ReflectionPar Adorable Castillo, cicm 
    Vicaire général  

    Dans un article très instructif paru dans le bulletin de SEDOS1, James H. Kroeger affirme que les Philippines sont la « troisième plus grande Église locale du monde » (après le Brésil et le Mexique), 82,9 % de sa population totale de plus de 100 millions d’habitants étant des catholiques romains. 60 % des 120 millions de catholiques d’Asie sont des Philippins. Le catholicisme a été introduit aux autochtones de plus de 7000 îles par les missionnaires espagnols qui se sont joints à l’expédition de Ferdinand Magellan en 1521. La première messe a été célébrée aux Philippines dans la petite île de Limawasa. Ce fut une étape importante dans le développement de l’Église locale aux Philippines. En 1565, Miguel Lopez de Legazpi et sa flotte coloniale débarque sur l’île de Cebu et y établissent une colonie espagnole permanente. Quelques années plus tard, en 1571, il transfère son siège colonial à Manille. L’archipel a été revendiqué par la Couronne espagnole sous le roi Philippe II et maintenu comme une importante colonie jusqu’en 1898.

    L’évangélisation des Philippines a été entreprise à dessein par plusieurs groupes de missionnaires dévoués : les Augustins (1565), les Franciscains (1578), les Jésuites (1581), les Dominicains (1587) et les Augustins Récollets (1606). Manille est devenue un diocèse en 1579 avec Fray Domingo de Salazar, OP comme premier évêque. Salazar était une figure exceptionnelle. Il était un « disciple » zélé de Bartolome de las Casas (plus tard évêque du Chiapas au Mexique). Lors du tout premier synode de Manille tenu en 1582, il a dénoncé les abus des fonctionnaires coloniaux et les a tenus responsables devant Dieu et le peuple, et a même refusé « l’absolution » et la « sainte communion » à ces Espagnols fautifs.

    Après la révolution philippine de 1898 et l’occupation impériale américaine qui s’en est suivie à partir de 1899, plusieurs organisations missionnaires masculines (non espagnoles) ont été appelées à poursuivre l’œuvre des missionnaires espagnols. Pour n’en citer que quelques-uns : Les Rédemptoristes irlandais (1905), les Missionnaires de Mill Hill (1906), les Missionnaires CICM (1907), les Missionnaires du Sacré-Cœur (1908), les Missionnaires du Verbe Divin (1908), les Frères des Écoles chrétiennes (1911), les Oblats de Saint-Joseph (1915), les Missionnaires de Maryknoll (1926), les Missionnaires de Columban (1929), la Société Saint-Paul (1937), les PME-Québec (1937), les Oblats de Marie Immaculée (1939), et d’autres. Des milliers de religieuses dévouées sont également venues s’engager dans les nombreuses œuvres caritatives, éducatives et sociales de l’Église.

    Une question singulière se pose : les Philippines sont-elles effectivement « christianisées » après 500 ans de présence du christianisme ? Selon les statistiques, près de 94 % des Philippins sont chrétiens, soit 82,9 % de catholiques romains, 5,2 % de protestants (de diverses dénominations présentes depuis 1901), 2,6 % d’aglipayens (une Église indépendante fondée par Isabelo de los Reyes et Gregorio Aglipay en 1902) et 2,3 % d’Iglesia ni Cristo (fondée par Felix Manalo en 1914). Si plus de 94 % des Philippins sont « baptisés », sont-ils « évangélisés » pour autant ? L’Évangile aurait été proclamé par les missionnaires lorsque Magellan a débarqué dans l’archipel en 1521 et, sûrement, il est connu depuis lors. L’Évangile est-il vécu « radicalement » comme un mode de vie pour la plupart des Philippins ? Il est intéressant de noter que les Philippins, dans l’ensemble, ont été « sacramentalisés », mais insuffisamment « évangélisés ». Et donc, il y a un besoin urgent d’une « nouvelle évangélisation » qui a été entreprise depuis le pontificat de Jean Paul II qui a visité les Philippines deux fois en 1981 et 1995, respectivement. Les missionnaires et agents pastoraux contemporains sont-ils impliqués dans cette initiative de la « nouvelle évangélisation » ou s’agit-il simplement d’une continuation routinière de la « sacramentalisation » des « baptisés » ? Par exemple, comment assurer une formation holistique aux diacres nouvellement ordonnés ? Revêtus d’une étole de diacre et d’une dalmatique majestueuse, sont-ils également formés pour « servir » les plus pauvres des pauvres, à l’instar de la fonction réservée aux sept premiers diacres dans les Actes des Apôtres 6, 1-6 ? Ou sont-ils tout simplement préparés à devenir des « servants d’autel » alertes et adroits ? Alors que les évêques, les prêtres et les diacres « rendent service à l’autel », le ministère ordonné est et, peut-être mieux, authentiquement exercé « au-delà de l’autel », dans les périphéries, dans les franges de la société dominante où nous trouvons « les derniers, les plus petits et les perdus ».

    Magellan a été chargé d’entreprendre un voyage autour du monde à la recherche d’or et d’épices et d’établir la domination espagnole dans ces « terres nouvellement découvertes ». En d’autres termes, Magellan et ses marins étaient des « mercenaires », mandatés et payés par la Couronne espagnole pour promouvoir l’ambition impérialiste et les intérêts commerciaux de l’Espagne. Mais lorsque Magellan et son équipage, affamés et fatigués par les voyages, ont rencontré les indigènes de Homonhon et Limasawa dans les provinces de Samar et Leyte, ils ont été « désarmés », voire « charmés », par leur hospitalité et leur générosité. En d’autres termes, Magellan et ses « mercenaires » sont devenus sans le vouloir des « missionnaires » à part entière, comme l’a exprimé de manière appropriée l’évêque Pablo David de Kalookan :

    Ils étaient surtout des mercenaires qui se sont rapidement mis à agir comme des missionnaires lorsqu’ils ont rencontré des personnes de bonne volonté parmi les indigènes de Samar, Leyte et Cebu. C’étaient des étrangers qui avaient besoin d’un abri et de provisions et qui ont été traités comme des invités bienvenus par nos ancêtres… Ces étrangers européens, qui pensaient apporter Dieu à des gens impies, ont probablement été surpris de trouver Dieu dans les cœurs simples et généreux des indigènes qui leur donnaient de la nourriture, de la boisson et un abri, et qui les aidaient à enterrer leurs morts et à adorer leur Dieu.2

    La transformation « missionnaire » inattendue, mais providentielle de Magellan et de son équipage de « mercenaires » est un défi opportun pour les « missionnaires » d’aujourd’hui aux Philippines, qui doivent remplir avec audace et sincérité leur mandat missionnaire et se méfier consciemment de toute « inversion des rôles » malheureuse.

    Les institutions éducatives catholiques fondées par les missionnaires ont été florissantes aux Philippines. Des milliers d’écoles paroissiales ont éduqué des millions de jeunes Philippins. Un nombre considérable de nos dirigeants politiques, du secteur des affaires et de la société civile ont été formés dans ces écoles. Une question lancinante demeure : pourquoi les Philippines ont-elles obtenu un faible score dans l’indice de perception de la corruption de 2020, soit 34 sur 100 ? Il y a cinq ans, un leader populiste a été élu et ses méthodes de gouvernance ont entraîné le meurtre de milliers de petits trafiquants de drogue, de militants et de civils innocents. Apparemment, notre institution éducative a éduqué « une élite, mais pas un peuple ». Si nous considérons l’excellence académique comme l’un des principaux objectifs de l’éducation catholique, mesurée par le nombre de professionnels et d’experts diplômés des écoles catholiques, encourageons-nous la formation d’une conscience sociale informée et d’un sens profond de la responsabilité sociale ?

    Comme en Amérique latine et ailleurs, la religiosité populaire aux Philippines est un phénomène social avec lequel il faut compter. Des milliers, voire des millions de fidèles, affluent à l’église de Quiapo pour la fête annuelle du Black Nazarene (Nazaréen noir). Des millions de personnes participent également à la célébration festive du Santo Niño et prennent activement part à de nombreuses dévotions à la Sainte Vierge et à d’autres saints dans diverses régions du pays. Quel est le rôle de la religiosité populaire dans l’effort d’évangélisation actuel ? Le pape François insiste beaucoup sur le pouvoir inhérent de la religiosité populaire d’approfondir la foi des fidèles et d’exploiter leur capacité de transformation sociale. En Argentine, il était connu comme « l’évêque des bidonvilles » pour son programme pastoral dans les « villas miserias » de Buenos Aires. Il reconnaît le pouvoir évangélisateur des expressions populaires de la foi à la fois dans le « processus sans fin d’inculturation » (Evangelii Gaudium, no126) et dans l’activité pastorale libératrice pour les pauvres afin de promouvoir le changement social. Dans un livre intitulé, Pasyon and Revolution, l’historien philippin Rafael C. Ileto soutient que la lecture populaire de la passion du Christ est devenue un puissant véhicule idéologique pour la résistance locale et les soulèvements contre la domination coloniale dans les Philippines du XIXe siècle.3 La révolution populaire EDSA de 1986 a été l’une des manifestations exemplaires du rôle à la fois symbolique et transformateur de la religiosité populaire dans un bouleversement politique historique aux Philippines.

    Dans l’article mentionné ci-dessus, J. H. Kroeger affirme qu’aux Philippines, « le ratio des prêtres catholiques est l’un des plus bas du monde» et «il y a aussi la répartition inéquitable flagrante du personnel apostolique dans le pays.»4 Les prêtres et les religieux se trouvent principalement dans les zones urbaines où la demande de sacrements est élevée et où les commodités de la vie moderne sont facilement accessibles. On peut dire sans se tromper que l’idée de « périphéries » n’est pas seulement géographique, mais aussi existentielle. Cependant, si nous fermons les yeux sur la négligence des « périphéries géographiques » et l’abandon des zones rurales, nous courons le risque de commettre un « péché d’omission » missionnaire.

    Une autre question qui devrait intéresser les missionnaires d’aujourd’hui aux Philippines est la présence de l’Islam dans le pays et l’appel au dialogue interreligieux. Les musulmans ne représentent que 4,6 % de la population et sont surtout présents à Mindanao, dans les provinces de Lanao del Sur, Maguindanao, Basilan, Sulu et Tawi-Tawi. L’islam a été introduit dans l’archipel au XIVe siècle par des marchands musulmans et des missionnaires soufis. En raison de troubles sociaux prolongés et de violents bouleversements politiques, un bon nombre de musulmans ont déjà émigré dans la plupart des grandes villes de Luzon et des Visayas. L’événement dévastateur le plus récent a été le siège de Marawi City qui a commencé le 23 mai 2017 et a duré cinq mois. Des centaines de milliers de personnes, tant chrétiennes que musulmanes, ont été déplacées et des difficultés économiques en grande proportion ont suivi. Les causes de l’agitation sociale, de la rébellion et de la violence dans ces régions sont innombrables. Peut-être, la seule solution possible est « la paix et le dialogue » entre les peuples de différentes confessions. Le pape François a déjà entrepris de nombreux efforts pour promouvoir le dialogue entre musulmans et chrétiens. En 2019, il a rencontré le Grand Imam Ahmad Al-Tayyeb à Abu Dhabi, et en 2020, il s’est rendu en Irak et a rendu visite au leader chiite, le Grand Ayatollah Ali al-Sistani. Dans sa dernière encyclique Fratelli Tutti, il souligne en ces termes le rôle des chefs religieux en tant que médiateurs de la paix et du dialogue :

    Les chefs religieux sont appelés à être de véritables « personnes de dialogue », à œuvrer à la construction de la paix non comme des intermédiaires, mais comme d’authentiques médiateurs. Les intermédiaires cherchent à faire des remises à toutes les parties dans le but d’en tirer un gain personnel. En revanche, le médiateur est celui qui ne garde rien pour lui, mais qui se dépense généreusement, jusqu’à se laisser consumer, en sachant que l’unique gain est celui de la paix. Chacun de nous est appelé à être un artisan de paix, qui unit au lieu de diviser, qui étouffe la haine au lieu de l’entretenir, qui ouvre des chemins de dialogue au lieu d’élever de nouveaux murs (no 284).

    À nous, missionnaires, souhaitant tirer les leçons des 500 dernières années de christianisme aux Philippines, de nombreux défis nous attendent encore. Le passé n’a d’avenir que si nous sommes attentifs aux incitations de l’Esprit dans notre temps présent, et si nous apprécions pleinement le don de la foi que nous avons reçu. Comme l’évoque le thème principal de la célébration : nous avons « le don pour donner » et le don ne reste un don que s’il est partagé avec le reste du monde. 

    ____________________________________

    1 Cf. James H. Kroeger, “A Beautiful Journey of Faith: Five Centuries of Philippine Catholicism” dans SEDOS Bulletin, vol. 53, no. 1/2 (January-February, 2021), pp. 2-16.

    2 “Church Situation in the Philippines: Church-State Relation, Perspectives for the Future,” article non publié de Pablo David, évêque de Kalookan, 2021.

    3 Cf. Rafael C. Ileto, Pasion and Revolution: Popular Movements in the Philippines, 1840-1910 (Quezon City: Ateneo de Manila University Press, 1997).

    4 Kroeger, p. 11.


    Un leadership responsable

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    ReflectionPar Charles Phukuta, cicm
    Supérieur général

    Tous les trois ans, chaque entité amorce un processus de consultation pour la désignation d’un nouveau Gouvernement provincial. En pensant à ce processus, je me souviens des délibérations du 15ème Chapitre géné­ral. Le leadership y est présenté comme une part essentielle de notre mission et de notre communion fraternelle. Nous y lisons : « le lea­dership en CICM devra se comprendre comme un service de l’autorité. C’est un leadership de proximité qui, à travers une bonne communication, les relations interpersonnelles et un accompagnement régulier, amènera les confrères à donner le meilleur d’eux-mêmes et participer résolument aux processus de prise de décisions. » [1]

    Dans ce sens, le leader est appelé à guider, à montrer le chemin, à inspi­rer courage ou à donner de l’espoir à ceux qu’il sert. Lorsque, éventuelle­ment, le leader ne parvient pas à matérialiser cet idéal, toute l’organisation en souffre. Voilà pourquoi, à un moment particulier de l’histoire, il est im­portant de bien choisir son leader : un qui est capable de catalyser une meil­leure perception de la mission à accomplir, un qui est capable de stimuler dans ces membres le sens de l’appartenance à l’entité qu’il sert.

    Bien que les Constitutions parlent abondamment du Gouvernement de l’Institut, il n’y a qu’un article au sujet de ce que sont ou doivent être les leaders dans la Congrégation. L’article 101 stipule : « Le Supérieur général sera un homme de Dieu. Il doit aimer l’Institut, être pénétré de son esprit et convaincu de sa mission. Il fait preuve de sagesse et de discernement. Il est vraiment un frère pour tous les membres de l’Institut, les guidant avec courage et fermeté. » Cet article nous décrit l’identité et la spiritualité du Supérieur général et de tous les responsables de l’Institut. Ce que décrit l’article 101 peut pratiquement être appliqué à tous les responsables des paroisses et les administrateurs des œuvres.

    Il est évident que les Constitutions ne parlent pas d’un confrère rem­pli de qualités extraordinaires. Un leader responsable n’a pas besoin d’avoir de charismes exceptionnels, mais doit être d’abord un homme de Dieu. Bien que la profondeur de nos relations avec Dieu varie d’un con­frère à l’autre, nous sommes tous des hommes de Dieu. Nous aimons la Congrégation et nous avons une bonne connaissance de son esprit et de sa mission. Nous avons tous reçu les dons de sagesse et de discernement, chacun à sa mesure.

    Cependant, le dernier élément de l’article 101 est le plus difficile à mettre en pratique : être un vrai frère pour chaque confrère et en même temps être courageux et ferme. L’expérience nous montre que ce n’est pas facile d’être un frère pour tous. En fait, certains confrères considè­rent le Supérieur comme un frère dans la mesure où il n’est ni courageux ni ferme, spécialement à propos des questions qui les concernent. Pour­tant il y a une incompatibilité entre être un vrai frère et être continuelle­ment complaisant.

    Dans ce sens, un leader dans la Congrégation est, avant tout, un bon confrère, conscient de ses dons et du besoin de grandir. Il fait preuve d’une conduite appropriée par des actions normatives et personnelles et par des relations interpersonnelles. Il fait la promotion d’une telle conduite par une communication interpersonnelle, des encouragements et des prises de décisions. Il n’est pas étonnant que le leader soit appelé à être positif, honnête et un modèle digne de confiance qui fait appel aux valeurs de l’Évangile et aux principes de la vocation religieuse missionnaire comme boussole pour son leadership et sa prise de décision.

    Le leader responsable est une personne mature avec une spiritualité fer­mement enracinée en Christ. Il est facilement accessible et a une grande ca­pacité d’accueil. Les confrères se sentent à l’aise avec lui – ce qui fortifie leurs motivations. Il sait où il va et il n’a pas peur de prendre ses responsabilités. Finalement, et surtout, il se laisse inspirer par un esprit d’équipe.

    Les Constitutions n’exigent pas de qualités exceptionnelles et je ne sais pas où trouver un leader qui a tous les dons nécessaires. Pourtant, je suis sûr qu’une équipe est plus susceptible de relever le défi. Il faut remarquer que le Droit Canon parle d’un collegium chargé de prendre effectivement les décisions comme autorité suprême des instituts reli­gieux. Le canon 631 parle des chapitres généraux. C’est une déclaration claire au sujet d’un leadership collégial, mais cela n’est pas un moyen pratique pour un gouvernement ordinaire.

    C’est pour cette raison que le Supérieur général, du consentement de son Conseil, nomme d’autres Supérieurs majeurs et leurs Conseils après consultation des membres des entités concernées. Paraphrasant Perfec­tae Caritatis, le Droit Canon (618-619) décrit le leadership des supérieurs comme docile à la volonté de Dieu et dans un esprit de service. Ils considèrent les membres de l’Institut comme les enfants de Dieu et ils les respectent comme tels. Ils les écoutent attentivement, même les plus difficiles parmi eux et suscitent leur coopération en formant des com­munautés bienveillantes où l’on cherche et où l’on aime Dieu et les autres.

    En se basant sur les articles 83 – 85 de nos Constitutions, ce qui est décrit plus haut concerne ce que chaque confrère peut attendre des autres confrères. Il s’agit de notre identité. Les responsables et tous ceux qui ont une autorité doivent personnellement faire en sorte qu’aucun de ces aspects ne soit négligé. Ceci ne signifie pas que les responsables doivent remplir chaque obligation envers chaque membre individuellement. Ils peuvent faire appel à d’autres confrères pour les aider, particulièrement les membres du Conseil qui doivent personnellement en rendre compte.

    Il arrive souvent que l’exercice personnel de l’autorité, même lorsqu’il s’agit de responsables bien motivés, frise l’arbitraire, ou le rejet autori­taire d’opinions divergentes. Quand il s’agit de décisions concrètes con­cernant directement les membres, le Droit Canon considère le rôle et po­sition du supérieur comme légalement distincts de ceux des autres membres du Conseil. Les deux assument des fonctions différentes de gouvernement. Les supérieurs ne peuvent pas agir sans leurs conseils. Un travail d’équipe est nécessaire et le Droit Canon (cc. 127 et 627) insiste sur la nécessité de rechercher et de valoriser l’assistance du conseil ; et établit également différentes lignes de conduite qui garantissent la liberté et la responsabilité de chacun.

    Par conséquent, le rôle principal du Conseiller consiste à aider le Supé­rieur, en lui prodiguant des conseils fondés et honnêtes. Pour bien conseil­ler, le Conseiller doit être attentif à la réalité de la Province. Si nécessaire, il rappelle au Supérieur la nécessité de consulter les membres au sujet des matières qui les concernent personnellement. Le Conseiller doit être libre de dire ce qu’il pense en réalité et avec suffisamment de discrétion, en évi­tant de divulguer ce qui s’est dit dans les réunions du Conseil.

    Nos Constitutions et Directoire commun mentionnent les décisions qui requièrent l’avis et le consentement du Conseil pour leur validité. L’action d’un Supérieur est légalement invalide s’il n’a pas obtenu l’avis et le consentement du Conseil en la matière. Lorsqu’une action requiert le consentement, le Supérieur ne peut pas légitimement agir s’il n’a pas obtenu ce consentement.

    Comme dans le travail paroissial ou toute autre œuvre congrégation­nelle, les Supérieurs responsables partagent leur autorité au lieu de l’im­poser. Ayant un esprit d’écoute, ils trouvent toujours un moyen d’enga­ger et d’impliquer tout le monde dans le processus d’Administration et de Gouvernance. Ils mettent en évidence les capacités de leurs membres et les amènent à assumer la responsabilité de leurs actions. Ils encoura­gent la liberté d’expression pour élargir leur esprit. Ils favorisent la col­laboration plutôt que la compétition.

    Travaillant main dans la main et non les uns contre les autres, ils facilitent le service de l’Administration et de la Gouvernance. En retour, ils deviennent plus proches les uns des autres, plus humains, de meil­leure humeur, curieux et compatissants. La réalité est que les respon­sables d’aujourd’hui doivent être souples dans un monde qui change ra­pidement, prêts à tomber des milliers de fois et à se relever. En puisant dans leur humanité, les leaders responsables peuvent mieux voir et com­prendre les autres, apprécier les individualités et les différences et créer une culture prospère de solidarité et de fraternité universelle.

    Aujourd’hui notre société exige plus de responsabilité, plus de rede­vabilité, même de la part de l’Église. Beaucoup de confrères seront d’ac­cord avec moi si je disais que le leadership est l’un de nos défis les plus critiques. Les confrères exigent d’être impliqués ; ils ne demandent pas de réponses théoriques, telles que de nouvelles déclarations ou de nou­velles structures. Bien sûr que celles-ci peuvent être utiles, mais ils ont besoin de bien plus, entre autres, une spiritualité, un esprit communau­taire, un accompagnement adéquat, de la compassion, de la réconcilia­tion et une passion pour la mission. C’est de chaque confrère qu’ils at­tendent une réponse. Une réponse honnête à leurs questions ne sera pos­sible que dans un contexte relationnel : dans la relation avec Dieu et dans la relation les uns avec les autres.

    Nous espérons que cette réflexion permettra une réflexion contem­plative plus approfondie, tout particulièrement pour les nouveaux Gou­vernements provinciaux. Dans notre désir d’un leadership responsable, à la suite du Christ lors de la dernière cène, prenons la cruche et versons l’eau dans le bassin. Les pieds de nos confrères attendent. ■


    [1] Actes du 15ème Chapitre général, p. 5.


    Plantes et agriculture : Leçon pour un disciple missionnaire

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    Silvester AsaPar Silvester Asa, cicm
    Conseiller général

    Je me souviens très bien de ce moment où, lors d'une visite dans la ville natale de ma mère à Atapupu, sur la côte nord de l'île de Timor, certains de mes camarades de classe du lycée, un groupe ap­pelé « Smansa86 », [1] m'ont offert un santal timorais qui était bien emballé dans un sac en plastique.

    J'ai été ravi de ce cadeau. D'une part, le bois de santal timorais était si précieux que, dans les temps an­ciens, les marchands chinois qui se rendaient au Timor se mariaient avec les filles des dirigeants timo­rais et adoptaient le système ma­triarcal en vigueur au Timor afin de pouvoir accéder facilement au commerce du bois de santal.[2] Par la suite, les Européens, notam­ment les Portugais et les Néerlan­dais, ont également manifesté un grand intérêt au commerce du bois de santal, ce qui les a attirés au Timor et a marqué le début de dé­cennies de colonisation occiden­tale des Timorais. Malheureuse­ment, à l'heure actuelle, en raison de la surexploitation, il est difficile de trouver un santal sur les terres où il poussait. [3]

    Comme prévu, j'ai planté cet arbre de santal près des tombes de mes grands-parents maternels. J'ai pris quelques photos de ce santal nouvellement planté et les ai envoyées à mes camarades de classe du lycée. En voyant la photo, un camarade de classe qui travaille au département des fo­rêts m'a demandé ce qui était ar­rivé aux petites plantes qui pous­saient autour du jeune santal dans le sac en plastique qu'ils m'avaient donné. Comme je pen­sais qu'il s'agissait de plantes sau­vages qui gêneraient la croissance du santal, j'avais décidé de les ar­racher. Je ne savais pas que ces plantes poussaient avec le santal pour servir de support nécessaire à la croissance de ce dernier.

    Je n'ai pas pu m'empêcher de me rappeler cette expérience particuliè­rement embarrassante lorsque j'ai lu certains articles de Robin Wall Kimmerer. Je me suis même de­mandé si mon action n'était pas un peu plus efficace que celle des colonisateurs qui sont arrivés en Amérique du Nord pour la première fois. Paradoxalement, même s'ils mangeaient des fruits du jardin produits par les Amérindiens, les colonisateurs ont dénigré la ma­nière dont ces derniers pratiquaient l'agriculture. Il est évident que pour ces colonisateurs, un jardin était « des rangées droites d'une seule espèce, et non pas un étalement tridimensionnel de l'abondance », [4] une forme d’agriculture pratiquée par les autochtones depuis des temps immémoriaux.

    Il est compréhensible que chaque culture ait des vues et des pratiques différentes en matière d'agriculture. Ce qui est assez in­quiétant, c'est l'attitude des coloni­sateurs face à un mode d’agricul­ture différent du leur. Alors que les autochtones « parlent de ce style de jardinage comme des Trois Sœurs », [5]où le maïs, les haricots et les courges poussent ensemble, tout comme les asters et les verges d'or peuvent pousser ensemble en parfaite harmonie et évoquent à leur tour non seulement le sens de la beauté mais aussi les besoins corporels de l'être humain, [6]les co­lonisateurs regardaient cette agri­culture avec condescendance.

    Roger Schroeder, SVD, a décrit une entreprise missionnaire comme « entrer dans le jardin de quelqu'un d'autre ».[7] En effet, les mission­naires peuvent être assimilés à des gens qui entrent dans le jardin de quelqu'un d'autre. Ce qu'on attend d'eux, c'est du respect, de la pru­dence et de l'humilité pour éviter qu’ils poursuivent leurs propres « ombres culturelles ». [8] Pire en­core, ils déracineraient cer­taines des plantes qui ont poussé dans le jardin bien avant leur arrivée, pensant qu'il s'agit de mauvaises herbes. Comme cela s'est produit par le passé, malgré toutes les nobles in­tentions de répandre l'Évangile, cer­tains chrétiens ont considéré les peuples indigènes comme infé­rieurs et ont prôné la conquête plu­tôt que le témoignage des valeurs de l'Évangile, ce qui a malheureuse­ment entraîné l'anéantissement non seulement d'une culture mais aussi de tout un peuple. [9]

    En effet, l'expérience que j'ai vé­cue au Timor et le travail de Kimmerer servent de rappel écla­tant du danger d'agir de manière imprudente dans le champ du Seigneur. Ils peuvent aussi servir d'invitation à « chercher le fil qui relie le monde, à unir au lieu de di­viser ». [10] En tant que mission­naires religieux CICM, nous sommes « envoyés aux nations pour annoncer la Bonne Nouvelle où notre présence missionnaire est le plus nécessaire, spécialement où l’Évangile n’est pas connu ou vécu ». [11] Le fait que nous partions, que nous nous détachions de nos propres cultures pour être des mis­sionnaires religieux dans une cul­ture différente de la nôtre ne nous libère pas de nos propres cultures. Nous emporterons toujours avec nous nos propres ombres cultu­relles partout où nous irons, comme l'ont si bien souligné Peter Koh et Jan Swyngedouw.[12] Il faut espérer que la prise de cons­cience de nos propres ombres nous enrichisse mutuellement dans notre rencontre avec la culture des gens auxquels nous sommes en­voyés.

    En effet, malgré toutes mes rencontres avec ceux qui sont « Culturally Holy Other », [13] je resterai toujours un Timorais, né dans un pays autrefois célèbre pour son bois de santal. Mais en tant que missionnaire religieux CICM, je peux rêver et travailler pour un jardin où le santal pousse au milieu des asters et de la verge d'or et soutient les trois sœurs : maïs, haricots et courges. Un tel jardin offrirait une belle vue de violet et de jaune des as­ters et de la verge d'or, une ali­mentation corporelle des trois sœurs, la guérison et le réconfort de l'âme brisée par le par­fum thérapeutique et aromatique du santal.


    [1] Smansa est une abréviation de "SMA Satu". SMA est l'abréviation du "Lycée" en Indonésie. "86" fait référence à l'année d'entrée au lycée en 1986 (Promotion 1986).

    [2] Agni Malagina et Syefri Luwis. Koin Kuno Spanyol dan Kisah Rempah Wangi di Pulau Timor (Antique Spanish Coins and the Tale of Timorese Scented Spices) on National Geographic Indonesia, posté le 8 février 2019. Consulté le 1er janvier 2021. https://nationalgeographic.grid.id/read/131623619/koin-kuno-spanyol-dan-kisah-rempah-wangi-cendana-di-pulau-timor?page=2

    [3]Sigiranus Marutho Bere. Pohon Cendana di Timor Nyaris Punah, (Timorese Sandalwood, at the Brink of Extinction) publié le 3 avril 2012, consulté le 1er janvier 2021. https://regional.kompas.com/read/2012/04/03/16514511/Pohon.Cendana.di.Timor.Nyaris.Punah

    [4] Robin Wall Kimmerer. Braiding Sweetgrass: Indigenous Wisdom, Scientific Knowledge, and the Teachings of Plants. The Three Sisters (Minneapolis: Milkweed Editions, 2013), 129.

    [5] Kimmerer. Braiding, p.131.

    [6] Robin Wall Kimmerer. Braiding Sweetgrass: Indigenous Wisdom, Scientific Knowledge, and the Teachings of Plants. Asters and Goldenrod (Minneapolis: Milkweed Editions, 2013), 46.

    [7] Stephen B. Bevans et Roger P. Schroeder. Prophetic Dialogue: Reflections on Christian Mission Today (Maryknoll, New York: Orbis Books, 2011), 33-4

    [8] Peter Koh Joo-Kheng, CICM et Jan Swyngedouw, CICM, Our Cultural Shadows: Letters From and To A Young Missionary (Quezon City: Claretian Publications, 1998), xii.

    [9] Stephen B. Bevans et Roger P. Schroeder. Constant in Context: A Theology of Mission for Today (New York: Orbis Books, 2004), 176.

    [10] Kimmerer. Braiding Sweetgrass. 42.

    [11] Congrégation du Coeur Immaculé de Marie. Constitutions et Directoire commun. Article 2. (Rome, 1988), 14.

    [12] Koh, Our Cultural Shadows, xii.

    [13] Dans sa conférence publique à la Catholic Theological Union, CTU Chicago sur " Interculturality and Leadership in Consecrated Life ", Antonio M. Pernia, SVD, a parlé de " culturally other". Ainsi, " Culturally Holy Other " est un ajout de ma part basé sur la conférence de Pernia. Conférence vidéo à la CTU, consultée le 6 janvier 2021.https://learn.ctu.edu/antonio-pernia-monday/


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