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    Missionnaire aujourd’hui, c’est dépassé ?

    In the frontlinePar Jan Reynebeau, cicm

     

    Interview du Père Jan Reynebeau, Supérieur provincial de BNL qui encourage fortement les trois «jeunes» Scheutistes, venus de l’étranger et installés à Anvers depuis 3 ans et prépare actuellement l’insertion d’une nouvelle communauté de trois autres trentenaires Scheutistes venus de Haïti, Indonésie et République Centre Afrique dans Scheut en Famille, 2e trimestre 2020

     

    Pour convertir?

    Quand nos anciens partaient en Mission dans le temps, c’était pour faire connaître Jésus, construire l’Église et travailler au développement, puisque dans la mentalité de l’époque ils pensaient être supérieurs aux autres par leur savoir-faire, leur culture,…

    Aujourd’hui le monde devenu un grand village, non seulement parce qu’on se déplace facilement, mais surtout parce que les informations, les idées, les valeurs et les coutumes se partagent de plus en plus, ce qui nous oblige à changer et changer ensemble. C’est pour cela qu’il est bénéfique pour tous que certaines valeurs soient véhiculées à travers des petites communautés qui, à la fois, les diffusent, mais aussi qui les assimilent. Ces petites communautés dans le monde sont comme une bouffée d’oxygène : composées de personnes de cultures différentes, elles aèrent les lieux où elles sont implantées tout en évoluant elles-mêmes.

    Et Dieu dans tout ça?

    C’est évidemment l’Évangile qui ouvre ces missionnaires à d’autres cultures, et ils y croisent d’autres manières de rencontrer Dieu, en s’enrichissant de pratiques religieuses différentes. Ils espèrent enrichir également leurs amis par leurs propres pratiques. Ils le feront aussi en suivant l’exemple de Jésus lorsqu’il rencontrait des personnes de son temps. Plus d’une fois, quand il était au Sénégal, Gabi Hénaut s’était entendu dire par des amis musulmans : Gabi Djouf, tu es comme nous, pourquoi ne deviens-tu pas musulman ? Le partage des valeurs et des pratiques religieuses fait partie intégrante de la Mission. Certains aujourd’hui osent affirmer que : Dieu est trop grand pour être enfermé dans une seule religion !

    Ces nouveaux, ils vont boucher les trous?

    Pour remplacer les curés manquants en Belgique ? Absolument pas ! Sauver ou restaurer l’Église : NON. Leur objectif est de collaborer à construire un monde meilleur, le Royaume de Dieu. Ils le feront par le fait de vivre ensemble alors qu’ils sont de cultures et d’origines fort différentes : être témoins dans une Belgique de plus en plus multiculturelle, de ce qu’un « vivre ensemble » est une grande richesse.

    Ils le feront aussi par une attention particulière aux plus abandonnés, celles et ceux qui ne comptent pas ou peu dans notre société : les démunis, les sans- voix, les réfugiés,… Et enfin en prenant des initiatives diverses qui permettront aux personnes de se mettre ensemble, créer la communion, évacuer la peur de l’autre… C’est une possibilité pour eux de rencontrer bien des personnes qui sont, soit éloignées de l’Église, soit totalement indifférentes. Partager avec elles les valeurs communes tout en gardant et/ou enrichissant sa foi personnelle est une vraie tâche missionnaire.

    Ils ne seront pas curés?

    Dans les circonstances actuelles, ils seront intégrés dans une structure existante : une unité pastorale à Malines, ville multiculturelle. Mais comme ils sont trois, la tâche sera probablement moins lourde à porter, ce qui leur permettra de dépasser les frontières de la pastorale habituelle, et de sortir de l’Église, car c’est là que se trouve une bonne partie des personnes qu’ils doivent atteindre.

    On se souvient comment un autre Scheutiste — Paul Hanson — s’était affilié à un groupe colombophile quand il a compris que c’était le hobby de nombreux habitants de sa commune. De plus, ce sera également l’occasion pour la communauté paroissiale de sortir d’elle-même et de rencontrer également d’autres religions.

     

    foto2-30-03-22.jpgLes trois « jeunes » Scheutistes, venus de l’étranger et installés à Anvers depuis 3 ans.
    Ghislain Toussé (Cameroun), Thomas Hendrikus (Indonésie), Fabio Teixeira (Brésil) [de gauche à droite]

     


    La mission difficile à Dongkeng (Chine)

    In the frontlinePar Joseph Jin Xiuzhang, cicm

    Lorsque je travaillais au séminaire diocésain et, plus tard, au Centre de spiritualité comme prédicateur de retraites ou conférencier, j’avais une vision très étroite de la pastorale. Comme je n’avais jamais travaillé en paroisse, j’avais l’habitude de minimiser ce ministère pastoral, que je considérais comme un travail facile par rapport à ce que je faisais au séminaire.

    Je regrette d’avoir gardé longtemps à l’esprit une fausse conception du ministère pastoral, ce qui m’amenait parfois à critiquer les prêtres dont la performance dans le ministère n’était pas bien appréciée par leurs paroissiens.

    Mon incompréhension du ministère pastoral a été remise en question lorsque je me suis engagé dans le travail pastoral avec nos confrères. De fait, l’expérience m’a beaucoup appris. Surtout, après avoir rencontré des difficultés et des défis inattendus, j’ai commencé à me poser des questions.

    Je suis Chinois et j’ai été envoyé en mission en Chine pour ; mais dans mon propre pays, j’ai d’abord rencontré le problème de la limitation de la langue. En fait, le lieu où j’ai été nommé est différent de celui de ma naissance, et je me suis rendu compte que la plupart des habitants ne sont pas capables de parler le mandarin, la langue officielle. Bien sûr, je ne peux pas les blâmer pour cela. J’ai compris que cela est dû à leur formation. Beaucoup de gens dans le district où je travaille ne sont pas très instruits. De plus, ici les gens préfèrent parler leur dialecte local au lieu de la langue officielle (le mandarin). Un jour, une dame est venue en larmes à mon bureau et m’a partagé son histoire avec émotion. Elle se plaignait du comportement violent de son mari. Mais, j’avais de difficultés à comprendre son plaidoyer, car elle parlait avec émotion et dans une langue que je ne comprenais pas bien. Même si je pouvais deviner à partir de son émotion ce qu’elle essayait de dire, j’étais toutefois perdu et limité linguistiquement. Si je maîtrisais bien la langue, je pouvais certainement avoir plus de confiance pour l’aider. En vue de pouvoir l’aider, je lui ai demandé de parler lentement et clairement ; mais elle m’a simplement regardé et a continué à parler. J’étais tellement désolé de ne pas être en mesure de comprendre ce qu’elle disait, et de plus, je me sentais frustré. Je me suis dit que je devais l’écouter avec mon cœur au lieu de mes oreilles. C’était une expérience difficile pour moi, celle de la limitation de la langue.

    Quelques jours après, une autre dame s’approcha de moi et me dit : « Père Joseph, nous ne comprenons pas ce que vous nous prêchez. » C’était une remarque franche et touchante. Cela m’a défié pour apprendre la langue et m’adapter aux réalités locales, en vue de l’efficacité de mon ministère. Par cette expérience personnelle, je peux m’imaginer et comprendre ce que notre Fondateur Théophile Verbist et ses compagnons ont vécu au début de la mission CICM en Chine. Jusqu’aujourd’hui, beaucoup de nos confrères vivent la même expérience à travers le monde. Toutefois, dans mon expérience pastorale en Chine, outre la difficulté de la langue, j’ai fait face à une autre réalité aussi exigeante, celle de la foi catholique. Pour diverses raisons, les chrétiens ne pratiquent pas leur foi comme il se doit, bien qu’ils affirment qu’ils ont été baptisés. En fait, leur pratique religieuse est influencée par les religions traditionnelles chinoises, telles que le taoïsme, le bouddhisme et d’autres sectes religieuses.

    Par exemple, pour éviter la malchance et avoir la bonne chance, de nombreux catholiques consultent le Maître Fengshui qui, généralement, leur donne des instructions concrètes pour résoudre leurs problèmes. Ensuite, ils viennent voir les prêtres catholiques pour appliquer ce que le Maître Fengshui leur a demandé de faire. Ils le font souvent sans prendre conscience du vrai travail d’un prêtre catholique, et aussi de leur propre foi. Cela me semble étrange que les gens mettent leur foi de côté pour suivre leurs croyances traditionnelles quand ils sont dans le besoin.

    Je pense que beaucoup de prêtres ont fourni des efforts pour empêcher cela, mais jusqu’ici ils n’y sont pas encore parvenus. Et je comprends que cela ne peut pas être changé dans un ou deux ans ; car c’est un long processus auquel nous devrions consacrer plus de temps par la formation des jeunes et des générations futures. Nous pouvons mieux favoriser le lien entre la foi et la culture/les traditions, et aider aussi les gens à accepter ou surmonter leurs expériences douloureuses, telles que la maladie, la malchance, les accidents et la mort. En tant que CICM, l’éducation des jeunes est l’une de nos priorités dans le ministère pastoral, car nous espérons apporter une nouvelle compréhension de la foi en Chine. Nous avons commencé l’école du dimanche pour les jeunes, ce qui n’avait jamais été fait dans ce diocèse auparavant. C’est devenu le lieu où nous essayons d’apporter un changement significatif à la croyance et aux pratiques déformées. De plus, nous avons initié dans la paroisse les camps d’été et d’hiver pour les enfants et les jeunes qui veulent participer, et nous encourageons également les autres à se joindre à nous. Je sais que ce n’est pas toujours facile, mais nous espérons que Dieu nous aidera dans ce ministère que je crois important et significatif. Comme l’affirme Saint Paul : « Donc celui qui plante n’est pas important, ni celui qui arrose ; seul importe celui qui donne la croissance : Dieu » (1 Corinthiens 3, 7).

    Honnêtement parlant, l’épreuve la plus difficile vient de l’environnement politique. Même s’il est écrit dans la Constitution que tout citoyen jouit de la liberté de religion, le gouvernement chinois considère toujours les religions comme une menace pour le régime communiste, en particulier, la foi chrétienne. De fait, le gouvernement central donne des ordres et des règlements qui interdisent aux enfants de fréquenter des lieux de culte et de participer aux activités religieuses. Pour eux, c’est une guerre idéologique entre la foi et le pouvoir et les intérêts du gouvernement communiste chinois.

    Récemment, un bureau religieux local a donné l’ordre de fermer le Centre Tian’ai pour enfants, là où nous nous occupons des enfants, parce qu’il se trouve juste à côté de la maison de prière (l’église). En fait, le gouvernement local craint que les enfants soient influencés par la foi chrétienne. De plus, le directeur de l’école primaire où les enfants étudient menaçait de mettre dehors toute personne qui traînerait au centre. En même temps, certains enseignants continuent de dire aux étudiants que le catholicisme est une hérésie, une organisation malveillante, un opium spirituel et superstitieux.

    Nous ne pouvons rien faire, sinon nous défendre verbalement contre ces fausses accusations et raffermir notre foi selon laquelle Dieu est de notre côté, pour le bien des enfants et de la société en général. C’est cela la situation actuelle en Chine. Face à ces difficultés et défis, nous devons trouver un autre moyen d’accomplir notre mission, car, nous, missionnaires CICM, nous ne cesserons pas de prêcher et de semer le grain de la foi, comme l’a fait notre Fondateur Théophile Verbist. Nous avons récemment commémoré le 150e anniversaire de sa mort, et ses mots résonnent toujours à nos oreilles : « Pour ceux qui aiment, rien n’est impossible. » Nous comptons donc sur vos prières et votre soutien pour continuer la mission CICM en Chine, et promouvoir le bien-être des enfants que nous servons. (ASIA News Bulletin n° 33, mai-juin 2018, pp.2-4). ■


    "Être Missionnaire Aujourd’hui”

    In the frontlinePar Jan Hoet, cicm

    Cette année j’ai 47 ans de vie missionnaire en Haïti (1967 – 2014). Ma conception sur la mission a bien évolué au cours de ces 47 ans. Ceci me porte à partager la réflexion qui suit :

    La mission n’est certainement plus ce qu’elle semblait être pour beaucoup de gens du temps de la colonisation : convertir des païens ou, plus tard, apporter la vraie foi et le développement à des gens pauvres et illettrés. Au temps de ma formation, c’est un petit peu cette dernière vision qui était de mise.

    Actuellement je veux plutôt identifier un missionnaire de la manière suivante.

    Un vrai missionnaire c’est quelqu’un qui se comporte comme un citoyen du monde en partant d’une inspiration chrétienne. Il est un étranger dans son pays d’origine aussi bien que dans le pays où il vit comme missionnaire. Il prend note de cette réalité en toute sérénité sans que cela le rende malheureux. Il essaye d’être présent dans la société qui l’accueille d’une façon humble et attentive, plein de gratitude pour le fait d’être accepté par  les membres de cette société.

    This spare wheel is rather invisible. It is the driver who decides on the objective of the trip. The missionary is a passenger on an anguishing road, because the driver is driving recklessly without respecting the traffic rules.in the frontline foto1

    Un vrai missionnaire relit l’évangile dans le contexte où il vit dans son nouveau pays, et se dispose à relire l’évangile ensemble avec les gens. Il veut s’asseoir ensemble avec ses nouveaux amis dans leur réalité de pauvreté, d’exploitation, d’insécurité et d’instabilité politique, à la recherche des moyens pour en sortir. Il veut chercher ensemble avec eux comment retrouver une vraie dignité humaine et il partage leurs frustrations et impuissances.

    Un vrai missionnaire est la roue de rechange de la vielle jeep avec lequel il doit faire ses déplacements. Il ne veut pas être le chauffeur. Cette roue de rechange est plutôt invisible. C’est le chauffeur qui définit le but du voyage. Le missionnaire est un passager sur la route, pleine d’angoisses parce que le chauffeur conduit d’une façon téméraire sans respecter les règlements de la circulation.in the frontline foto2

    Un vrai missionnaire veut ôter de son esprit qu’il sait tout et que les valeurs qu’il connaît et apprécie sont les meilleurs.

    Il essaye de devenir  haïtien  avec les haïtiens sans pourtant perdre sa propre identité.  Il  reste conscient du fait qu’il est étranger. Il reste lui  même  d’une façon sincère et rend témoignage d’une manière humble de ce qui l’inspire et des motivations de son comportement et de ses actions. Il veut être un miroir pour ceux qui sont différents de lui de façon qu’ils puissent mieux se reconnaître et découvrir leurs propres valeurs et leurs propres richesses en se trouvant en face de quelqu’un de différent.

    Le missionnaire n’est pas un professeur qui enseigne du haut de sa chaire pour apporter à ses élèves la connaissance et la « vérité », mais il est bien l’élève qui se laisse évangéliser par les pauvres et les petits de ce monde.

    Le missionnaire est quelqu’un qui est heureux de pouvoir célébrer l’eucharistie ensemble avec des gens démunis pendant qu’il se laisse toucher par la profondeur des messages qu’ils  découvrent dans la bible et par la force qu’ils puisent de cette  partage de la parole et de  la  communion.

    Oui, être missionnaire reste un défi captivant et de grande valeur.


    Accompagner les jeunes dans le mouvement KIRO-JEUNESSE

    In the frontlinePar Alexandre Kakolo Beya, cicm

    J’ai été nommé aumônier national du mouvement KIRO — JEUNESSE en 2003. C’était pour moi un grand défi d’être en charge de ce mouvement catholique pour les jeunes qui a été fondé par un missionnaire belge CICM dans la paroisse Sainte Famille de

    Cerca-Cavajal (partie centrale de Haïti). Il me fallait apprendre tout au sujet de cette responsabilité d’aumônier national, mais aussi au sujet de ce mouvement lui-même.

    Un jour, lors de la célébration de l’anniversaire d’un groupe local à Port-au-Prince, le père d’un jeune me dit : « Je suis fier de mon fils, car il a rejoint le groupe des KIRO ». Je lui ai demandé ce que cela avait changé pour le garçon. Il me répondit que, avant de faire partie du groupe, il se conduisait mal et se bagarrait souvent avec d’autres jeunes, mais que maintenant, il est poli et respectueux envers ses amis et les autres personnes. Depuis lors, j’ai commencé à comprendre la valeur de ce mouvement pour les enfants et pour les jeunes, son influence aussi sur les relations des membres entre eux et avec les autres personnes rencontrées.

    1En 2006, nous avons procédé à une réflexion préparatoire à la célébration du 50e anniversaire du KIRO. J’étais de plus en plus conscient du rôle important que jouait le KIRO dans la formation des enfants et des jeunes issus de toutes les couches sociales ; ce fut le thème de nos réflexions. Beaucoup de membres et d’anciens membres ne cachèrent pas leur satisfaction en présence des valeurs humaines et chrétiennes qu’ils avaient apprises au KIRO. Ils témoignèrent de la manière dont ces valeurs les aidaient à se sentir plus responsables dans leur vie, dans leurs écoles, dans leur travail, etc. Ceci est dû au fait que le but essentiel du KIRO est d’aider les jeunes à vivre en Christ pour qu’ils deviennent ainsi de bons chrétiens et des citoyens engagés au service de l’Église et de leur pays. Le mot « KI-RO » est composé des deux premières lettres grecques du terme « XRISTOS », une habitude des premiers chrétiens.

    Comment le KIRO peut-il aider ces jeunes ? Dans ce mouvement, tous les enfants et tous les jeunes de toutes les couches sociales sont les bienvenus, accueillis et accompagnés dans la ligne des valeurs chrétiennes. Dans et par toutes les activités (réunions hebdomadaires, jeux, thèmes de réflexion, camps annuels KIRO, camps de formations pour les dirigeants…), on leur enseigne comment vivre ensemble, comment se respecter mutuellement, comment prendre leurs responsabilités en famille, à l’école et dans les communautés. Tous les membres doivent faire un choix et prendre une décision, cela les aide à croître dans toutes les dimensions de leur être, car ils sont des disciples du Christ, des soldats du Christ. Faisant de Jésus-Christ leur objectif principal, ils vivent pour aimer et servir.

    Étant donnée la grande importance que nous attribuons à notre mouvement, nous nous sommes donnés corps et âme à la préparation de ce 50° anniversaire dans un programme qui s’est étendu sur trois ans, de 2007 à 2010. De fait, cette organisation est présente dans tous les diocèses et provinces d’Haïti. Il compte plus de 62 000 membres répartis en 600 groupes locaux. C’est pourquoi, dès 2005, nous avons commencé à élaborer la préparation de cet anniversaire si important à tous les niveaux du mouvement : locaux, régionaux, diocésains, et nationaux. En novembre 2007, nous avons officiellement ouvert les manifestations le jour de la fête du Christ Roi, notre patron. Nous avons organisé beaucoup d’activités pour réfléchir sur l’impact de la formation que KIRO offre aux enfants et aux jeunes d’Haïti, cherchant à mieux les accompagner, à les aider à gérer leurs intérêts, leurs soucis et leurs projets d’avenir ; beaucoup d’initiatives aussi pour faire connaître KIRO dans notre société.2

    En tout cela, nous avons aidé les membres à s’engager davantage au service des autres en Christ dans le but spécifique de bâtir ensemble une société juste et fraternelle dans laquelle chacun, avec ses droits et ses devoirs, recherche le bien commun dans le respect mutuel. Ceci est vraiment très important, car notre société ne présente que très peu d’exemples qui puissent motiver les jeunes ; elle est traversée par l’exploitation et l’injustice envers les personnes, par la pauvreté, les divisions, la corruption et l’égoïsme. La formation KIRO veut rendre les enfants et les jeunes capables d’agir de manière responsable pour leur croissance humaine et chrétienne et pour le bien — être de leurs communautés. Nous avons bien compris la nécessité de trouver de plus en plus de moyens pour les accompagner en ce domaine. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes lancés dans la construction d’un centre de formation pour la jeunesse. Le gouvernement haïtien, reconnaissant la valeur de notre formation pour les jeunes, nous a donné une parcelle de terrain pour réaliser ce projet.

    Nous avons rencontré beaucoup d’obstacles dans la préparation de notre jubilé d’or. Entre 2008 et 2010, de grosses catastrophes naturelles ont frappé le pays. Nous ne les oublierons jamais : en 2008 quatre ouragans et, en 2010, le terrible tremblement de terre du 12 janvier suivi par l’ouragan Thomas et une épidémie de choléra !

    Beaucoup de dégâts, beau- coup de morts, entre autres parmi les membres de KIRO qui s’étaient investis avec nous dans la préparation des célébrations. Nous en perdîmes au moins 70 ; qu’ils reposent en paix !

    Tous ces événements nous ont profondément heurtés et nous nous sommes souvent demandé si cela valait vraiment la peine de poursuivre les préparations. Mais, en même temps que tout cela, il y eut de très forts moments de solidarité, d’entraide mutuelle. Même s’ils avaient souffert du tremblement de terre, perdu des membres de leur famille, des amis, leurs maisons, suivant en cela la formation KIRO, ses membres s’engagèrent dans les services de secours aux victimes de ces désastres et dans la reconstruction du pays.

    Dans les premières heures après le tremblement de terre, alors que les gens pleuraient et ne savaient que faire qu’il n’y avait pas de courant, pas d’eau, pas de communications, beaucoup de membres du KIRO étaient là pour sortir les gens des maisons écroulées, pour emmener les blessés aux hôpitaux, pour monter des abris de fortune et procurer nourriture et eau à ceux et celles qui avaient perdu leur maison. Les membres des groupes locaux visitèrent les familles pour les encourager : parler avec les gens, prier avec eux, jouer avec les enfants et les jeunes dans les camps de réfugiés.3

    Nous avons continué à travailler tout en réconfortant nos frères et sœurs. Nous nous sommes dit : « Aucune catastrophe, même pas un tremblement de terre, ne peut mettre à mal nos projets. Au contraire, ils en recevront une nouvelle signification, une nouvelle perspective ». C’est pourquoi, dans cette préparation, nous avons ménagé une large place à toutes les victimes. Ce jubilé d’or nous a appris à travailler ensemble, à nous unir pour leur venir en aide : nettoyer les cités inondées, répartir les tentes, distribuer nourriture et eau, construire des abris, procurer une assistance psychologique, faire campagne pour la prévention et le traitement du choléra. Prendre soin de toutes ces victimes est devenu une partie essentielle de la préparation de notre célébration.

    Pour la célébration de clôture aux niveaux national et diocésain, nous avons choisi le thème : «KIRO, 50 ans au service du Christ, célébrons dans l’amour» («KIWO, 50 an nan sevis Kris la, ann fete l nan renmen»). Nous pouvons travailler ensemble pour rendre les choses meilleures malgré les désastres, les pertes de vies humaines et les destructions. C’est pourquoi, avec d’autres mouvements de jeunesse, nous avons participé à la mise en place d’un Conseil de la Jeunesse haïtienne ». Nous avons décidé de travailler ensemble pour mieux promouvoir les intérêts de nos jeunes et pour contribuer en tant que Mouvements des Jeunes au bien-être de la société haïtienne.

    Tous les camps de formation que nous avions programmés pour la préparation du jubilé devinrent des occasions pour nous de réunir les dirigeants KIRO et de les aider à comprendre les forces destructives de la nature, de leur enseigner aussi que faire avant, pendant et après l’événement destructeur. De fait, dans les coins les plus reculés du pays, là où il n’y a pas de média, beaucoup de gens croient encore que ces désastres naturels sont des punitions venant de Dieu. Les membres de KIRO contribuèrent à expliquer aux communautés populaires ce qu’ils avaient appris au sujet des catastrophes cosmiques et de nos responsabilités concernant l’environnement et comment se protéger contre de tels désastres.4

    Malgré tout, nous avons pu réaliser toutes les activités programmées et clôturer les célébrations du jubilé d’or. Nous avons construit le monument commémoratif du 50° anniversaire du KIRO à Cerca-Cavajal au centre du pays, là où le KIRO avait été fondé. Des membres de partout se sont rassemblés en souvenir du père Joseph Berghmans, un missionnaire belge CICM, le fondateur du mouvement de jeunesse KIRO en Haïti ainsi que du père Noël Martens, un autre Belge CICM qui en fut le premier aumônier national.

    Cette inauguration fut suivie d’un congrès national du 11 au 14 novembre à l’endroit où nous avions démarré nos réflexions sur les 50 années du KIRO, occasion pour de nouvelles activités, entre autres une fête nationale du KIRO. Le 21 novembre 2010, le jour même du jubilé et de la fête du Christ Roi, il y eut plusieurs interventions socioculturelles et religieuses pour marquer la fin de ces célébrations qui, avec le temps de préparation, avaient duré presque cinq années !

    Je voudrais terminer avec un énorme « Merci » à chacune et à chacun, à toutes les organisations et institutions qui nous ont aidés à célébrer notre jubilé, spécialement Missionhurst Promotion et tous ses bienfaiteurs. Merci aussi à tous les membres de KIRO qui ont fait de leur mieux en des temps difficiles pour tenir bien haut la flamme de KIRO Haïti.

    La célébration est passée, mais le travail continue. Nous croyons toujours profondément dans la nécessité d’accompagner les enfants et les jeunes dans le sens des valeurs chrétiennes. C’est le meilleur moyen pour les rendre responsables pour eux-mêmes, pour leur vie dans la société qui est la leur ; là aussi, ils sont appelés à prendre leurs responsabilités à tous les niveaux. Avec l’Évangile du Christ et la formation KIRO, ils seront à même de faire face aux défis de ce monde avec toutes ses difficultés et ses promesses.5

    This inauguration was followed by a national congress from November 11 to 14 where we started reflecting on the next 50 years of Kiro. During the congress there were several activities, such as a National Kiro Fair. On November 21, 2010, the day of the golden jubilee and the Feast of Christ the King, there were several diocesan socio-cultural and religious activities to mark the end of these celebrations that had lasted, including the preparations, almost five years.

    I would like to close with an enormous «Thank You» to everyone, to all the organizations and institutions that have helped us to realize and celebrate Kiro  Haiti’s golden jubilee, especially Missionhurst promotion with all its benefactors. Thank you too, to all the Kiro members who gave their best despite the hard times, for holding Kiro Haiti’s torch high.

    The celebration is over, but the work continues. We still believe strongly in the necessity of accompanying children and young people according to Christian values. It’s one of the best ways to make them responsible for themselves and for the society in which they are living in and in which they are called to take up their responsibilities at all levels. With Kiro training and Christ’s Gospel, they will be able to face this challenging world with its difficulties and its promises.