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    "Être Missionnaire Aujourd’hui”

    In the frontlinePar Jan Hoet, cicm

    Cette année j’ai 47 ans de vie missionnaire en Haïti (1967 – 2014). Ma conception sur la mission a bien évolué au cours de ces 47 ans. Ceci me porte à partager la réflexion qui suit :

    La mission n’est certainement plus ce qu’elle semblait être pour beaucoup de gens du temps de la colonisation : convertir des païens ou, plus tard, apporter la vraie foi et le développement à des gens pauvres et illettrés. Au temps de ma formation, c’est un petit peu cette dernière vision qui était de mise.

    Actuellement je veux plutôt identifier un missionnaire de la manière suivante.

    Un vrai missionnaire c’est quelqu’un qui se comporte comme un citoyen du monde en partant d’une inspiration chrétienne. Il est un étranger dans son pays d’origine aussi bien que dans le pays où il vit comme missionnaire. Il prend note de cette réalité en toute sérénité sans que cela le rende malheureux. Il essaye d’être présent dans la société qui l’accueille d’une façon humble et attentive, plein de gratitude pour le fait d’être accepté par  les membres de cette société.

    This spare wheel is rather invisible. It is the driver who decides on the objective of the trip. The missionary is a passenger on an anguishing road, because the driver is driving recklessly without respecting the traffic rules.in the frontline foto1

    Un vrai missionnaire relit l’évangile dans le contexte où il vit dans son nouveau pays, et se dispose à relire l’évangile ensemble avec les gens. Il veut s’asseoir ensemble avec ses nouveaux amis dans leur réalité de pauvreté, d’exploitation, d’insécurité et d’instabilité politique, à la recherche des moyens pour en sortir. Il veut chercher ensemble avec eux comment retrouver une vraie dignité humaine et il partage leurs frustrations et impuissances.

    Un vrai missionnaire est la roue de rechange de la vielle jeep avec lequel il doit faire ses déplacements. Il ne veut pas être le chauffeur. Cette roue de rechange est plutôt invisible. C’est le chauffeur qui définit le but du voyage. Le missionnaire est un passager sur la route, pleine d’angoisses parce que le chauffeur conduit d’une façon téméraire sans respecter les règlements de la circulation.in the frontline foto2

    Un vrai missionnaire veut ôter de son esprit qu’il sait tout et que les valeurs qu’il connaît et apprécie sont les meilleurs.

    Il essaye de devenir  haïtien  avec les haïtiens sans pourtant perdre sa propre identité.  Il  reste conscient du fait qu’il est étranger. Il reste lui  même  d’une façon sincère et rend témoignage d’une manière humble de ce qui l’inspire et des motivations de son comportement et de ses actions. Il veut être un miroir pour ceux qui sont différents de lui de façon qu’ils puissent mieux se reconnaître et découvrir leurs propres valeurs et leurs propres richesses en se trouvant en face de quelqu’un de différent.

    Le missionnaire n’est pas un professeur qui enseigne du haut de sa chaire pour apporter à ses élèves la connaissance et la « vérité », mais il est bien l’élève qui se laisse évangéliser par les pauvres et les petits de ce monde.

    Le missionnaire est quelqu’un qui est heureux de pouvoir célébrer l’eucharistie ensemble avec des gens démunis pendant qu’il se laisse toucher par la profondeur des messages qu’ils  découvrent dans la bible et par la force qu’ils puisent de cette  partage de la parole et de  la  communion.

    Oui, être missionnaire reste un défi captivant et de grande valeur.


    Accompagner les jeunes dans le mouvement KIRO-JEUNESSE

    In the frontlinePar Alexandre Kakolo Beya, cicm

    J’ai été nommé aumônier national du mouvement KIRO — JEUNESSE en 2003. C’était pour moi un grand défi d’être en charge de ce mouvement catholique pour les jeunes qui a été fondé par un missionnaire belge CICM dans la paroisse Sainte Famille de

    Cerca-Cavajal (partie centrale de Haïti). Il me fallait apprendre tout au sujet de cette responsabilité d’aumônier national, mais aussi au sujet de ce mouvement lui-même.

    Un jour, lors de la célébration de l’anniversaire d’un groupe local à Port-au-Prince, le père d’un jeune me dit : « Je suis fier de mon fils, car il a rejoint le groupe des KIRO ». Je lui ai demandé ce que cela avait changé pour le garçon. Il me répondit que, avant de faire partie du groupe, il se conduisait mal et se bagarrait souvent avec d’autres jeunes, mais que maintenant, il est poli et respectueux envers ses amis et les autres personnes. Depuis lors, j’ai commencé à comprendre la valeur de ce mouvement pour les enfants et pour les jeunes, son influence aussi sur les relations des membres entre eux et avec les autres personnes rencontrées.

    1En 2006, nous avons procédé à une réflexion préparatoire à la célébration du 50e anniversaire du KIRO. J’étais de plus en plus conscient du rôle important que jouait le KIRO dans la formation des enfants et des jeunes issus de toutes les couches sociales ; ce fut le thème de nos réflexions. Beaucoup de membres et d’anciens membres ne cachèrent pas leur satisfaction en présence des valeurs humaines et chrétiennes qu’ils avaient apprises au KIRO. Ils témoignèrent de la manière dont ces valeurs les aidaient à se sentir plus responsables dans leur vie, dans leurs écoles, dans leur travail, etc. Ceci est dû au fait que le but essentiel du KIRO est d’aider les jeunes à vivre en Christ pour qu’ils deviennent ainsi de bons chrétiens et des citoyens engagés au service de l’Église et de leur pays. Le mot « KI-RO » est composé des deux premières lettres grecques du terme « XRISTOS », une habitude des premiers chrétiens.

    Comment le KIRO peut-il aider ces jeunes ? Dans ce mouvement, tous les enfants et tous les jeunes de toutes les couches sociales sont les bienvenus, accueillis et accompagnés dans la ligne des valeurs chrétiennes. Dans et par toutes les activités (réunions hebdomadaires, jeux, thèmes de réflexion, camps annuels KIRO, camps de formations pour les dirigeants…), on leur enseigne comment vivre ensemble, comment se respecter mutuellement, comment prendre leurs responsabilités en famille, à l’école et dans les communautés. Tous les membres doivent faire un choix et prendre une décision, cela les aide à croître dans toutes les dimensions de leur être, car ils sont des disciples du Christ, des soldats du Christ. Faisant de Jésus-Christ leur objectif principal, ils vivent pour aimer et servir.

    Étant donnée la grande importance que nous attribuons à notre mouvement, nous nous sommes donnés corps et âme à la préparation de ce 50° anniversaire dans un programme qui s’est étendu sur trois ans, de 2007 à 2010. De fait, cette organisation est présente dans tous les diocèses et provinces d’Haïti. Il compte plus de 62 000 membres répartis en 600 groupes locaux. C’est pourquoi, dès 2005, nous avons commencé à élaborer la préparation de cet anniversaire si important à tous les niveaux du mouvement : locaux, régionaux, diocésains, et nationaux. En novembre 2007, nous avons officiellement ouvert les manifestations le jour de la fête du Christ Roi, notre patron. Nous avons organisé beaucoup d’activités pour réfléchir sur l’impact de la formation que KIRO offre aux enfants et aux jeunes d’Haïti, cherchant à mieux les accompagner, à les aider à gérer leurs intérêts, leurs soucis et leurs projets d’avenir ; beaucoup d’initiatives aussi pour faire connaître KIRO dans notre société.2

    En tout cela, nous avons aidé les membres à s’engager davantage au service des autres en Christ dans le but spécifique de bâtir ensemble une société juste et fraternelle dans laquelle chacun, avec ses droits et ses devoirs, recherche le bien commun dans le respect mutuel. Ceci est vraiment très important, car notre société ne présente que très peu d’exemples qui puissent motiver les jeunes ; elle est traversée par l’exploitation et l’injustice envers les personnes, par la pauvreté, les divisions, la corruption et l’égoïsme. La formation KIRO veut rendre les enfants et les jeunes capables d’agir de manière responsable pour leur croissance humaine et chrétienne et pour le bien — être de leurs communautés. Nous avons bien compris la nécessité de trouver de plus en plus de moyens pour les accompagner en ce domaine. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes lancés dans la construction d’un centre de formation pour la jeunesse. Le gouvernement haïtien, reconnaissant la valeur de notre formation pour les jeunes, nous a donné une parcelle de terrain pour réaliser ce projet.

    Nous avons rencontré beaucoup d’obstacles dans la préparation de notre jubilé d’or. Entre 2008 et 2010, de grosses catastrophes naturelles ont frappé le pays. Nous ne les oublierons jamais : en 2008 quatre ouragans et, en 2010, le terrible tremblement de terre du 12 janvier suivi par l’ouragan Thomas et une épidémie de choléra !

    Beaucoup de dégâts, beau- coup de morts, entre autres parmi les membres de KIRO qui s’étaient investis avec nous dans la préparation des célébrations. Nous en perdîmes au moins 70 ; qu’ils reposent en paix !

    Tous ces événements nous ont profondément heurtés et nous nous sommes souvent demandé si cela valait vraiment la peine de poursuivre les préparations. Mais, en même temps que tout cela, il y eut de très forts moments de solidarité, d’entraide mutuelle. Même s’ils avaient souffert du tremblement de terre, perdu des membres de leur famille, des amis, leurs maisons, suivant en cela la formation KIRO, ses membres s’engagèrent dans les services de secours aux victimes de ces désastres et dans la reconstruction du pays.

    Dans les premières heures après le tremblement de terre, alors que les gens pleuraient et ne savaient que faire qu’il n’y avait pas de courant, pas d’eau, pas de communications, beaucoup de membres du KIRO étaient là pour sortir les gens des maisons écroulées, pour emmener les blessés aux hôpitaux, pour monter des abris de fortune et procurer nourriture et eau à ceux et celles qui avaient perdu leur maison. Les membres des groupes locaux visitèrent les familles pour les encourager : parler avec les gens, prier avec eux, jouer avec les enfants et les jeunes dans les camps de réfugiés.3

    Nous avons continué à travailler tout en réconfortant nos frères et sœurs. Nous nous sommes dit : « Aucune catastrophe, même pas un tremblement de terre, ne peut mettre à mal nos projets. Au contraire, ils en recevront une nouvelle signification, une nouvelle perspective ». C’est pourquoi, dans cette préparation, nous avons ménagé une large place à toutes les victimes. Ce jubilé d’or nous a appris à travailler ensemble, à nous unir pour leur venir en aide : nettoyer les cités inondées, répartir les tentes, distribuer nourriture et eau, construire des abris, procurer une assistance psychologique, faire campagne pour la prévention et le traitement du choléra. Prendre soin de toutes ces victimes est devenu une partie essentielle de la préparation de notre célébration.

    Pour la célébration de clôture aux niveaux national et diocésain, nous avons choisi le thème : «KIRO, 50 ans au service du Christ, célébrons dans l’amour» («KIWO, 50 an nan sevis Kris la, ann fete l nan renmen»). Nous pouvons travailler ensemble pour rendre les choses meilleures malgré les désastres, les pertes de vies humaines et les destructions. C’est pourquoi, avec d’autres mouvements de jeunesse, nous avons participé à la mise en place d’un Conseil de la Jeunesse haïtienne ». Nous avons décidé de travailler ensemble pour mieux promouvoir les intérêts de nos jeunes et pour contribuer en tant que Mouvements des Jeunes au bien-être de la société haïtienne.

    Tous les camps de formation que nous avions programmés pour la préparation du jubilé devinrent des occasions pour nous de réunir les dirigeants KIRO et de les aider à comprendre les forces destructives de la nature, de leur enseigner aussi que faire avant, pendant et après l’événement destructeur. De fait, dans les coins les plus reculés du pays, là où il n’y a pas de média, beaucoup de gens croient encore que ces désastres naturels sont des punitions venant de Dieu. Les membres de KIRO contribuèrent à expliquer aux communautés populaires ce qu’ils avaient appris au sujet des catastrophes cosmiques et de nos responsabilités concernant l’environnement et comment se protéger contre de tels désastres.4

    Malgré tout, nous avons pu réaliser toutes les activités programmées et clôturer les célébrations du jubilé d’or. Nous avons construit le monument commémoratif du 50° anniversaire du KIRO à Cerca-Cavajal au centre du pays, là où le KIRO avait été fondé. Des membres de partout se sont rassemblés en souvenir du père Joseph Berghmans, un missionnaire belge CICM, le fondateur du mouvement de jeunesse KIRO en Haïti ainsi que du père Noël Martens, un autre Belge CICM qui en fut le premier aumônier national.

    Cette inauguration fut suivie d’un congrès national du 11 au 14 novembre à l’endroit où nous avions démarré nos réflexions sur les 50 années du KIRO, occasion pour de nouvelles activités, entre autres une fête nationale du KIRO. Le 21 novembre 2010, le jour même du jubilé et de la fête du Christ Roi, il y eut plusieurs interventions socioculturelles et religieuses pour marquer la fin de ces célébrations qui, avec le temps de préparation, avaient duré presque cinq années !

    Je voudrais terminer avec un énorme « Merci » à chacune et à chacun, à toutes les organisations et institutions qui nous ont aidés à célébrer notre jubilé, spécialement Missionhurst Promotion et tous ses bienfaiteurs. Merci aussi à tous les membres de KIRO qui ont fait de leur mieux en des temps difficiles pour tenir bien haut la flamme de KIRO Haïti.

    La célébration est passée, mais le travail continue. Nous croyons toujours profondément dans la nécessité d’accompagner les enfants et les jeunes dans le sens des valeurs chrétiennes. C’est le meilleur moyen pour les rendre responsables pour eux-mêmes, pour leur vie dans la société qui est la leur ; là aussi, ils sont appelés à prendre leurs responsabilités à tous les niveaux. Avec l’Évangile du Christ et la formation KIRO, ils seront à même de faire face aux défis de ce monde avec toutes ses difficultés et ses promesses.5

    This inauguration was followed by a national congress from November 11 to 14 where we started reflecting on the next 50 years of Kiro. During the congress there were several activities, such as a National Kiro Fair. On November 21, 2010, the day of the golden jubilee and the Feast of Christ the King, there were several diocesan socio-cultural and religious activities to mark the end of these celebrations that had lasted, including the preparations, almost five years.

    I would like to close with an enormous «Thank You» to everyone, to all the organizations and institutions that have helped us to realize and celebrate Kiro  Haiti’s golden jubilee, especially Missionhurst promotion with all its benefactors. Thank you too, to all the Kiro members who gave their best despite the hard times, for holding Kiro Haiti’s torch high.

    The celebration is over, but the work continues. We still believe strongly in the necessity of accompanying children and young people according to Christian values. It’s one of the best ways to make them responsible for themselves and for the society in which they are living in and in which they are called to take up their responsibilities at all levels. With Kiro training and Christ’s Gospel, they will be able to face this challenging world with its difficulties and its promises.


    "Affermis tes frères" (Lc 22, 32)

    Jos DasPar Jos Das, cicm

    Dans ma lettre de fin d’année, adressée à ma famille, bienfaiteurs et connaissances, j’avais écrit : « Je ne construis pas des églises, ni des écoles, je ne travaille pas pour un projet de développement, mais je travaille à la formation de l’homme ». Une religieuse a réagi à ces paroles et elle m’a félicité pour cette façon d’être missionnaire. D’autre part, je suis reconnaissant envers mes prédécesseurs qui ont construit ce beau Centre qui me permet d’être missionnaire dans le domaine de la formation permanente et de l’animation.

    Ca fait 14 ans que le CTV-Mbudi, Centre Théophile Verbist a ouvert ses portes. C’est notre confrère, Feu le cardinal Frédéric Etsou qui l’a béni le 3 janvier 1998, fête de l’Epiphanie, fête éminemment missionnaire. Depuis l’ouverture, les équipes dirigeantes qui se sont succédé, ont élaboré progressivement un programme d’activités. Au début c’était principalement des retraites, mais en se limitant à ces activités, le Centre se trouvait la plupart du temps vide, et financièrement déficitaire. Les circonstances contraignantes ont obligé les responsables à réfléchir, comment le Centre pouvait jouer pleinement son rôle d’animation et de formation dans un esprit missionnaire et selon notre charisme cicm.

    Actuellement, l’équipe organise des retraites, surtout pendant les mois de juillet, août et septembre, dont plusieurs sont animées par des confrères cicm. Pendant d’autres périodes de l’année, nous présentons des sessions d’une semaine sur un thème suggéré par des religieux et religieuses, comme e.a. « L’ennéagramme spirituel », « Maturité affective et humaine dans notre ministère », « L’exercice du leadership religieux » ; « La gestion des émotions »,« L’expérience du milieu de la vie ».

    Depuis quelques années, l’équipedu CTV propose un programme de ressourcement en 12 semaines, appelé R-12, destiné à des religieuses, religieux et prêtres diocésains. L’objectif est d’aider les participants à évaluer leur propre vie sous tous les aspects : humain, psychologique, théologique, spirituel, apostolique, pastoral, communautaire. Des animateurs et animatrices compétents et expérimentés les accompagnent pendant les trois mois. Il s’agit d’une expérience communautaire qui se fait dans un environnement africain et la majorité des animateurs et animatrices sont des Africains, ce qui devrait conduire à un ressourcement qui colle à la vie concrète de chaque participant. Beaucoup font de cette période d’arrêt et de recul un temps d’action de grâce pour la bonté et la présence de Dieu dans leur vie.

    D’autres la vivent comme un temps de guérison de blessures intérieures, un temps pour un nouveau départ. A la fin de la session les participants se rendent compte qu’ils viennent de prendre un nouvel élan pour une vie plus belle et plus épanouie, sous le regard de l’amour de Dieu. Une deuxième session, appelée R-6, qui en est déjà à sa 14e édition, est destinée à des hommes et des femmes appelés à un ministère de formation initiale dans l’Institut de vie consacrée auquel ils appartiennent. Six semaines, c’est peu.

    Même dans une situation de précarité, il est nécessaire de faire ce qui est possible pour se préparer à cette tâche, car il s’agit de la vocation et de l’avenir de jeunes gens qui répondent généreusement  à un appel de Dieu. Nous savons que c’est Dieu qui est le premier et principal formateur des cœurs,mais il n’agit pas dans le vide.

    Sa sollicitude pour ceux qu’il appelle à suivre son Fils de façon radicale, passe par d’autres personnes, des aînés. Ceux-ci désirent accomplir cette mission avec compétence, avec confiance et dans un esprit de foi. Il s’agit donc d’une tâche de collaboration avec Dieu luimême. C’est donc plutôt une initiation au ministère de formateur ou formatrice. Cette initiation se veut surtout pratique, intégrée, proche des réalités du monde africain.

    Les derniers temps, l’équipe du Centre a été sollicitée aussi par des supérieures religieuses pour demander un temps de formation intense comme préparation aux vœux perpétuels de leurs jeunes Sœurs. C’est ainsi que nous proposons cette année une première session de six semaines afin de répondre à ces demandes. Le programme consiste en trois volets. Le premier veut amener les religieuses à une connaissance de soi plus profonde.

    Le deuxième volet veut les aider à approfondir la connaissance et la pratique de leur vie religieuse, en réfléchissant sur les trois vœux et la vie communautaire. Le dernier volet les aidera à mieux comprendre leur mission dans l’Eglise et dans le monde, en tant que religieuses, et à s’y engager avec enthousiasme.

    L’ensemble du programme veut inviter les participantes à faire une relecture de leur vie religieuse en vue d’un engagement définitif en connaissance de cause, qui doit être une réponse de tout leur être à l’appel d’amour du Seigneur. La méthode est active et participative. Les intervenants introduiront les thèmes et inviteront les participantes à un travail en petit groupe, qui sera suivi par une mise en commun et des échanges supplémentaires. Un accompagnement personnel est prévu et est fort conseillé, afin que les participantes puissent approfondir et intégrer la matière reçue, éprouver leurs motivations et enraciner davantage leur vie religieuse en Christ.

    Le CTV veut être un instrument au service de l’Eglise locale de la République du Congo en particulier, et de l’Afrique francophone en général ; au service des prêtres diocésains, des religieux et religieuses, toujours dans une perspective missionnaire.

    Un ministère d’animation, de formation et d’accompagnement exige un esprit et une attitude d’accueil et d’écoute. Dire à tous ceux qui viennent vers nous, comme Jésus disait à ses disciples qui revenaient de leur mission : « Venez vous-mêmes à l’écart, dans un endroit désert, et reposez-vous un peu » (Mc 6,31). Oui, après plusieurs années d’engagement, chaque personne consacrée ressent le besoin de s’arrêter, de profiter d’un temps de ressourcement, indispensable pour la santé physique, psychologique et spirituelle. Notre ministère consiste à s’asseoir au bord du puits, comme Jésus avec la Samaritaine et écouter l’histoire de leur vie. Rejoindre des pèlerins sur la route, parfois découragés, fatigués, déçus et frustrés par les coups de la vie, et faire avec eux un bout de chemin, comme Jésus faisait avec les disciples d’Emmaüs, afin qu’ils puissent continuer la route, le cœur brûlant.

    Ou encore, écouter dans le silence du soir des chercheurs de Dieu, comme Jésus accueillait Nicodème. Accueillir et écouter tous avec bienveillance, sans juger ou condamner. Les inviter à la confiance en Dieu qui connaît les cœurs et accueille chacun tel qu’il est, avec ses joies, ses peines et échecs, avec ses talents et ses limites. Le cas échéant, dire une parole de pardon, de miséricorde, de guérison à ceux qui se sont égarés quelque peu, comme Jésus disait à la femme adultère : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, désormais ne pèche plus » (Jn 8,11). Enfin, les inviter à se laisser poser la question essentielle que Jésus a posée à Simon Pierre : « Simon, fils de Jean, m’aimestu ? » Une question qui peut alors susciter une nouvelle réponse, généreuse, humble mais enthousiaste : « Oui Seigneur, tu sais tout, tu sais que je t’aime » (cfr Jn 21,15 …17). A ce moment, ils entendront de nouveau l’appel du début : « Suis-moi ». Et avec le Seigneur ressuscité, présent au cœur de leur vie, ils peuvent aller loin, très loin.

    Accueillir, s’asseoir, écouter, encourager, redonner confiance, ouvrir des horizons, être dans la joie avec ceux qui se réjouissent, partager les peines de ceux qui pleurent, affermir ceux qui doutent : n’est-ce pas cela que Jésus a fait ? En effet, chaque personne qui l’avait rencontré, reprenait sa route, transformée, renouvelée. Ainsi, nous essayons d’être missionnaires à la manière de Jésus.

    Le jour où les participants, le cœur en joie, ‘descendent de la montagne’, quittent l’oasis de silence et de paix du CTVMbudi, et reprennent la route vers leur champ de mission, nos cœurs sont habités de sentiments d’action de grâce pour l’œuvre que le Seigneur a réalisée. Nous les accompagnons avec nos prières et nous faisons nôtres les paroles de S. Paul : « Je rends grâces à mon Dieu chaque fois que je fais mémoire de vous, en tout temps dans toutes mes prières pour vous tous. … Dieu m’est témoin que je vous aime tous tendrement dans le cœur du Christ Jésus. … Que votre charité croissant toujours de plus en plus s’épanche en cette vraie science et ce tact affiné qui vous donneront de discerner le meilleur » (Ph 1, 3 … 10)

    Saint Louis University (1911-2011). Cent ans de mission ad extra dans l’enseignement: un héritage

    Jessie M HechanovaPar Jessie M. Hechanova, cicm

    INTRODUCTION

    Dans sa remarquable circulaire Les missions du Cœur Immaculé de Marie: Un centenaire (1862-1962) pour commémorer le centenaire de CICM, le supérieur général Omer Degryse décrit les Missions aux Philippines comme une partie intégrante des cent ans de la congrégation CICM. En plus, il affirme qu’aux Philippines la “Saint Louis University à Baguio est le couronnement de l’apostolat scolaire”. Dans l’histoire de la mission CICM aux Philippines, Saint Louis University (SLU) est vraiment une importante contribution de CICM au développement du peuple des Cordillères pour ce qui concerne un enseignement de qualité et une formation humaine chrétienne.

    IMPORTANCE HISTORIQUE

    Les pionniers CICM aux Philippines ont commencé et complété leur travail d’évangélisation par le biais de l’enseignement. Quand ils sont arrivés dans les régions montagneuses des Philippines en 1907, leur principale stratégie missionnaire consistait à construire des églises et à ouvrir des écoles dans les communautés locales qu’ils desservaient. Leur principe directeur était “une mission pour transformer”. Cela veut dire que la présence CICM envisageait surtout une transformation. CICM voulait changer systématiquement, par le biais de l’enseignement, les valeurs de la société pour qu’elles soient conformes aux principes de l’Évangile. 

    Appelés à la conversion, les missionnaires CICM se sont constamment efforcés d’améliorer leurs modes de vie en fonction des besoins de leurs communautés, pour devenir ainsi des témoins efficaces de l’Évangile. Les missionnaires CICM ont toujours considéré l’apostolat scolaire comme un important lieu missionnaire de transformation intégrale. SLU en tant qu’institution CICM et est devenue une université au début de 1963 avec des recteurs et des présidents CICM compétents. Depuis lors SLU a continué à évoluer en un important centre d’éducation aux Philippines.
     
    SLU AUJOURD’HUI

    Pour accomplir sa mission de transformer la société par le biais de l’enseignement comme l’ont fait les premiers missionnaires CICM, SLU continue à revitaliser sa vocation missionnaire en étendant son influence institutionnelle à l’aide de programmes académiques aux normes internationales. 

    SLU est la première institution d’enseignement supérieur CICM aux Philippines. C’est la plus grande université au nord de la capitale des Philippines et une des plus grandes du pays. SLU compte environ 27.000 étudiants pour l’enseignement supérieur dans ses quatre principaux campus, qui sont très bien situés sur son terrain de douze hectares. SLU fait preuve d’une excellence académique indubitable avec entretient cet missionnaire.
     
    SLU tomorrow

    Héritage

    L’héritage de SLU comme école CICM peut être apprécié à sa juste valeur quand elle est vue dans le contexte d’un remarquable siècle de service missionnaire à la population des régions montagneuses du nord des Philippines. Pendant les cent dernières années, elle a joué un rôle essentiel dans le développement socioculturel et la formation chrétienne des peuples de la Cordillère. 

    Fondée comme une petite école de mission en 1911 par le Père Séraphin Devesse, l’humble curé de Baguio, et établie comme collège par Mgr William Brasseur et Raphaël Desmedt en 1952, elle a grandi des programmes pédagogiques qui reçoivent le meilleur degré d’accréditation du pays. Évaluée selon les normes internationales pour la qualité de la recherche et de l’enseignement, SLU compte parmi les deux cents meilleures universités d’Asie d’après le QS (Quacquarelli SymondsWorld University Rankings

    Le caractère multiculturel et international de SLU comme établissement d’enseignement supérieur de CICM, pour lequel il a toujours été apprécié, est essentiellement en accord avec l’orientation ad extra de CICM. L’enseignement offert selon les critères de la mission ad extra modifie les méthodes que la société emploie aujourd’hui pour définir et assurer l’éducation. La mission de l’enseignement ad extra envisagé et appliqué par les écoles CICM comme SLU peut offrir un nouveau paradigme pour que l’éducation vise enfin le bien commun. 

    Poursuivre le bien commun est en fait un devoir ad extra. Il suppose, d’abord et avant tout, une compréhension globale de ce que signifie vivre dans le respect mutuel. Il implique aussi la volonté de transcender ses propres intérêts et par conséquent de se soucier du bien-être de l’autre. La mission ad extra est une orientation sociale pour aller vers l’autre qui est dans le besoin. C’est la catholicité en action! Dans une perspective pédagogique, elle implique l’élaboration d’autres outils pédagogiques, suffisamment universels et inclusifs, pour que les études soient intéressantes pour tous les étudiants. On peut dire que SLU a toujours fonctionné en vue de cet objectif. 

    En effet, SLU s’efforce d’assurer un environnement académique global, où les étudiants de différents milieux culturels, de divers pays étrangers et de diverses croyances religieuses peuvent entrer en dialogue et apprendre les uns des autres. L’université continue aussi à attirer des étudiants et des experts du monde entier. La présence de ces différents groupes ethniques et sociaux dans le campus transforme SLU en un centre de mission permanent où CICM peut prêcher la Bonne Nouvelle! 

    Ainsi, en partant de l’actuel paradigme pédagogique individualiste, consumériste et exclusiviste de la société, un enseignement missionnaire comme celui assuré par SLU peut susciter une éducation d’inspiration évangélique pour ce qui concerne la justice sociale, les droits de l’homme et la préservation de l’environnement en vue d’un avenir viable. 

    En plus de l’excellente formation académique que SLU offre à la population de la Cordillère, elle n’a pas manqué d’assumer sa responsabilité pastorale en tant qu’établissement missionnaire d’enseignement supérieur. Fidèle à son identité CICM, SLU est mandatée par CICM, par l’Église et par Dieu pour être un instrument et une source d’espoir pour les secteurs marginalisés de la société. Puisque SLU offre une éducation ayant une perspective chrétienne, il incombe à sa mission pédagogique d’ouvrir la voie vers la construction du Royaume de Dieu parmi les pauvres. 

    Dédiée à la promotion du bien-être des membres les plus vulnérables de la société, SLU en tant qu’université CICM dispose de plusieurs instituts de pastorale qui fonctionnent comme instances auxiliaires du bureau du président. Fidèle à son mandat CICM ratifié de “s’occuper des enfants abandonnés”, SLU a, entre autres: 1) le Sunflower Children’s Center, qui offre une aide psychothérapeutique et une évaluation psychologique pour des enfants ayant des besoins spéciaux; 2) le SLU Sunflower Centennial Halfway Home for Boys, qui offre un refuge protecteur à des garçons victimes d’abus ou de négligence, et, 3) l’Institute for Inclusive Education Foundation, qui s’occupe des étudiants souffrant de déficiences visuelles. 

    SLU DEMAIN 

    SLU – un remarquable institut d’enseignement de CICM aux Philippines qui, comme la “Lumière du Nord”, est chargé de la mission de transformer la société – veut continuer à être un apostolat spécialisé de CICM. Grâce à un enseignement inclusif elle soutient le principal objectif missionnaire de l’évangélisation au service des étudiants autochtones et des étudiants étrangers de toutes les cultures. L’apostolat scolaire est donc une priorité missionnaire pour CICM, puisque l’évangélisation et l’éducation sont inextricables, inséparables. L’enseignement dans une perspective chrétienne et missionnaire implique la proclamation efficace de l’Évangile de Jésus- Christ dans une société en pleine évolution, au-delà des limites géographiques et culturelles. 

    Par conséquent, vu à la lumière du message salvifique du Seigneur, l’enseignement vise à la croissance intégrale de la société en vue de la réalisation du Royaume de Dieu parmi nous, où chaque être humain est accepté et peut profiter de la plénitude de vie. En d’autres mots, l’enseignement CICM à SLU est finalement sotériologique puisqu’il veut réaliser le salut en harmonisant l’évangélisation et l’enseignement. 

    CONCLUSION 

    Fidèle à la vocation CICM de conversion, SLU doit prendre à cœur sa propre conversion institutionnelle comme une condition indispensable pour la transformation. La transformation globale est en fait une tâche de conversion, de changement du cœur, qui purifie les anciennes habitudes d’autosatisfaction et d’indifférence aux choses nouvelles. Bref, au cœur de la transformation de SLU il y a un esprit de renouvellement qui l’anime pour se transformer elle-même ainsi que la société qu’elle est appelée à servir. Je le répète: avant que SLU puisse rêver de transformer la société autour d’elle il lui incombe le devoir concomitant de se transformer pour devenir vraiment un instrument de transformation pour les autres. 

    En plus des statistiques, la présence missionnaire soutenue de SLU pendant un siècle témoigne inévitablement de l’important impact qu’elle a eu pour le développement des peuples de la Cordillère. Elle leur a donné un autre mode devie qui est inspiré par la vie et le message de Jésus-Christ. Elle leur a enseigné la compassion et le service à la société. Enfin, elle a façonné la jeunesse qui est confiée à ses soins en vue d’une formation humaine holistique selon les valeurs de l’évangile. 

    CICM a été fondée il y a cent cinquante ans avant tout pour prêcher la bonne nouvelle, pour établir des communautés chrétiennes et prendre soin des enfants abandonnés et des marginaux. Aujourd’hui, SLU en tant qu’université CICM entretient cette mission CICM ad extra en offrant une éducation de qualité qui inclut au lieu d’exclure. Elle s’unit à toutes les autres entités pastorales de CICM à travers le monde pour célébrer le cent cinquantième anniversaire de la fondation de la congrégation, et elle renouvelle son engagement d’être fidèle au Seigneur Jésus Christ, le premier missionnaire et maître, qui dit à ses disciples: “Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie” (Jean 20: 21)