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    Notre engagement missionnaire commun

    Fernand Degroote

    P. Fernand Degroote, cicm
    Missionnaire en Belgique

     

    La Province CICM-BNL a pu accueillir plusieurs jeunes confrères. Notre Province acquiert ainsi un nouveau visage: des jeunes originaires de différentes cultures où nous avons vécu et travaillé nous-mêmes. Ils ne sont donc pas étrangers et ont un lien avec notre passé. Ils ne sont pas venus en tant que touristes, mais avec une mission spéciale: envoyés par le Gouvernement général à la demande de notre Gouvernement provincial. L'intention est claire. La Province est en train de saigner à blanc et est confrontée à deux choix importants: soit fermer progressivement les maisons jusqu'à ce que le dernier ‘éteigne les lumières’, soit ouvrir nos portes à de jeunes confrères ‘venus d'ailleurs’. Ce n'est pas seulement une question de survie ou de sauver la Province, mais nous voulons aussi garder une présence missionnaire et servir l'Église locale de Belgique.

    Nous parlons plutôt de ‘projets missionnaires’: des nouveaux engagements bien définis, en concertation avec les évêques concernés. Un accent particulier est mis sur la spécificité du témoignage de communautés multiculturelles vivantes avec une attention particulière aux marginalisés, aux étrangers, même s’ils collaborent en même temps dans les paroisses où ils vivront.

    Face à ce nouveau type de projet missionnaire, nous, les ‘personnes âgées’ de notre Province, qui appartenons au groupe le plus important, pouvons adopter deux attitudes. Nous pouvons prétendre que ce projet est destiné aux jeunes, et que nous n'avons pas grand-chose à voir avec eux. Mais nous pouvons aussi dire que ces nouveaux projets sont un encouragement pour nous, les ‘anciens’, à donner un nouveau souffle à notre propre projet missionnaire. Nous l'avons entendu tant de fois: “Nous ne sommes pas des missionnaires au repos, mais des missionnaires à la retraite.” Jusqu'à la fin de notre vie, nous voulons rester en contact avec les jeunes dans le même grand projet missionnaire de la Province que nous devons tous porter ensemble.


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    L'image des apôtres envoyés comme ‘pêcheurs d'hommes’ peut nous inspirer.

    « Jésus, qui marchait le long de la mer de Galilée, vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et André, son frère,
    qui jetaient un filet dans la mer, car ils étaient pêcheurs.
    Il leur dit : « Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d'hommes ».
    - Matthieu 4:18 - 20

     

    Jésus envoya ses disciples pêcher. Mais les poissons ne se laissent pas attraper facilement, ils essaient de s'échapper des mains du pêcheur. Nous, les ‘vieux’, pouvons être comparés au pêcheur à la ligne, au bord d'un petit plan d'eau, qui jette patiemment la ligne dans l’étang. Notre étang est peut-être devenu bien petit, et nous n'avons plus la force de lancer la ligne bien loin, et pourtant il y a toujours quelque chose à attraper. C'est ce qui se passe dans notre communauté de Torhout. Un confrère fait deux promenades d'une demi-heure dans la ville chaque jour. Mais d'une manière modeste, il essaie de parler aux gens, en commençant simplement par dire ‘bonjour’. Rien que cela fait réagir certains, parce qu'ils ne sont pas habitués à cela. Certains ne mordent pas à l’hameçon et poursuivent leur chemin, mais d'autres se font prendre et entament une conversation. Ce confrère par exemple connaît déjà beaucoup de gens qui ont pu manger une miette du pain que nous mangeons tous les jours pour le partager. Un confrère encore plus âgé joue aux cartes avec les membres de l'OKRA (Ouvert, chrétien, respectueux et actif WSM : we social movements) chaque semaine et attire d'autres confrères pour participer aux réunions de Samana (Association de et pour personnes atteintes de maladies chroniques). Un autre confrère, suite à une rencontre avec un réfugié Erythréen, a pu entrer en contact avec son cercle d'amis, composé principalement de jeunes. Mais même ceux qui accompagnent les confrères malades à l'hôpital, et aussi les malades eux-mêmes, dans leurs contacts avec les médecins et le personnel, peuvent lancer leur ligne de pêche, même si l'étang est devenu une petite mare, pas plus grande que leur chambre.


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    P. Lodewijk Mellebeek salue les gens et engage la conversation avec eux

     

    Jeunes et moins jeunes, nous partageons tous le même projet missionnaire de la Province, et nous ne sommes rien les uns sans les autres. Timothy Radcliffe a décrit la complémentarité entre les jeunes et les personnes âgées comme suit: “La confiance dans les jeunes est une partie essentielle du leadership chrétien parce qu'ils ne sont pas là pour prendre la place des personnes âgées, mais pour faire ce que les plus âgés ne peuvent pas encore imaginer.” (Retraite pour le Synode à Rome, 6ème Méditation: L'Esprit de Vérité) Cela signifie que le projet missionnaire de la Province doit être soutenu par tous, chacun y apportant sa propre contribution. Le pape François a écrit à propos des jeunes qu'ils montrent la voie et cherchent de nouvelles voies, mais que les personnes âgées sont les gardiennes de la mémoire. (Christus vivit, n° 196)

    Dans les Actes du 16ème Chapitre général, nous lisons, à propos des nouvelles implantations missionnaires, qu'il ne s'agit pas seulement de nouveaux projets à l'intérieur ou à l'extérieur d'une Province, mais qu'il s'agit aussi d'une nouvelle manière de faire la mission. Nous devons tous être plus créatifs là où nous sommes présents. En ce sens, nous pouvons nous compléter. Le thème du Chapitre était de témoigner dans un monde en mutation. Mais le pape François va encore plus loin: “Nous sommes entrés dans un autre monde, dans une nouvelle ère.” Cela signifie également qu'il faut trouver de nouvelles voies et que personne ne peut se limiter à un seul projet, aussi important soit-il. C'est pourquoi il est important que nous tous, jeunes et moins jeunes, continuions à chercher de nouveaux chemins qui s'offrent à nous, des chemins parfois inconnus, mais avec le même engagement missionnaire. De cette façon, même ceux qui s'engagent comme curés ou aumôniers peuvent être vraiment missionnaires dans leur propre situation, et faire de leur travail un projet très significatif qui a sa place dans tous les projets missionnaires de la Province. Avec l'arrivée de jeunes confrères, nous sommes tous encouragés à ‘continuer’ dans la mission en Belgique et aux Pays-Bas.   §

     
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    P. Fernand Degroote célébrant la Sainte Messe avec les confrères CICM et les amis des environs de Torhout


    Lonkesa: maintenir vivante la flamme de la Mission

    Germain Nsasi Yengo

    P. Germain Nsasi Yengo, cicm
    Missionnaire en Belgique

     

    On m'a demandé d'écrire au sujet de la mission de Lonkesa et du contexte de sa refondation. Cet article partage mon expérience missionnaire et est le résultat d’un processus d'observation approfondi.

    L’analyse détaillée de la mission de Lonkesa peut être vue comme une critique de l'objectif missionnaire. Certains confrères expriment des préoccupations au sujet de notre présence. Que se passe-t-il à Lonkesa ? Que faites-vous là-bas ? La nouvelle paroisse est-elle en construction ? L’explication de la Mission qui suit, répondra à ces interrogations, en commençant par notre arrivée à Lonkesa.

    Nous sommes partis de Kinshasa le vendredi 26 mars 2021. À bord du véhicule, nous étions : le Père Constantin Sakamba, le Diacre Boniface Mwawatadi, le Père Bernard Kambala, moi-même Germain Nsasi Yengo et le chauffeur, M. Servais Phuati (Papa Mapéché). Le samedi dans la soirée, nous atteignions enfin Isaka Beach. Une pirogue motorisée nous conduisit d’abord à Nioki, avec nos bagages missionnaires.

    Après une bonne nuit chez les Sœurs diocésaines d’Inongo, nous avons participé, dans l’anonymat, à la messe dominicale à Saint Michel de Nioki. C’était déjà le dimanche des Rameaux. L’après-midi, nous reprenions notre canoë rapide pour longer la rivière Mfimi avant d’atteindre le début du terrifiant Lac Maï-Ndombe. Le vent et la pluie n’ont pas manqué sur le trajet. À 16h, nous sommes arrivés à Lonkesa, et nos bagages arrivèrent en pirogue motorisée tard dans la nuit.

    Accueil, visite et prise de contact

    La nouvelle de la présence de nouveaux prêtres à Lonkesa s'est rapidement répandue au cours de la Semaine Sainte. Après nous être installés, nous nous sommes présentés aux autorités locales ; la suggestion venant de notre confrère p. Sylvain Lesauye. Apparemment, toutes les personnes que nous avons rencontrées semblaient heureuses. Le Jeudi-Saint, nous avons été accueillis dans la communauté paroissiale Marie-Reine-de-la-Paix, où chacun nous a promis son soutien et sa collaboration.

     


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    P. Germain Nsasi Yengo, P. Constantin Sakamba et leurs compagnons bravant le fleuve Congo.

     

    Le Chef de la Cité de Kutu, dans son bureau, nous a dit, devant tous ses collaborateurs : "Nous sommes très heureux de vous accueillir à Kutu. Sentez-vous chez vous. Nous espérons que vous êtes venus pour faire quelque chose, car trois personnes ne peuvent pas rester sans rien faire. Le territoire de Kutu compte sur vous pour redonner vie à la Procure de Lonkesa qui le mérite."

    La communauté de Lonkesa

    Notre objectif est de restaurer Lonkesa, car notre rôle de missionnaires et de prophètes est de donner la priorité au bien-être de la communauté : c’est notre première mission. Et nous y avons cru. Ainsi, nous avons cherché à nous couler dans le rythme de la Communauté dont il fallait changer le visage et lui permettre de s’épanouir.

    Au début, nous avions l'impression de vivre dans une concession largement abandonnée. La ruine était visible et palpable. Aussi la peur des serpents à la morsure fatale. Nous avons constaté avec regret que la communauté de Lonkesa n'avait pas été entretenue depuis de nombreuses années.

     
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    Boniface Mwawatadi, Constantin Sakamba et leurs compagnons se rendant au lac Mai-Ndombe.

     

    Après avoir constaté le délabrement et l'effondrement, nous avons choisi d'observer avant de parler ou d'agir. Nous avons écouté des témoins crédibles et nous nous sommes efforcés de laisser l'Esprit nous guider dans la reconstruction de Lonkesa où plus rien ne fonctionnait, sauf les arbres fruitiers et les vaches, mais qui avaient considérablement diminué. Même la motopompe n’eut pas pitié de nous : sa tuyauterie de plus de 500 mètres avait disparu… peut-être avalée par les serpents ? De beaux bâtiments inoccupés restés vides ; certains sans toiture. Toute la nuit, les écureuils qui ont élu domicile dans les plafond snous faisaient des scènes de danse et perturbaient le sommeil des Missionnaires. Le père Constantin a essayé de les chasser en frappant le plafond avec sa raclette, mais il a fini par voir le plafond tomber sur sa tête. Moi je riais et me moquais de lui, tout en regrettant la situation.

    Nos moyens de déplacement était conditionnés par la location des motos. On ne pouvait quand même pas monter des bœufs.

    Pour rendre Lonkesa de nouveau visible et accueillante, nous avons débarrassé le terrain des herbes et des branches envahissantes et rouvert la route principale. Nous avons également acheté diverses fournitures, telles que des chaises en plastique, de la vaisselle, de la literie et le nécessaire pour le nettoyage.

    Il faut faire quelque chose… mais comment ?

    Après de nombreuses réunions, questions, études et réflexions, nous nous sommes mis d'accord sur ce que nous proposions au Gouvernement provincial qui nous faisait confiance. Faut-il relancer Lonkesa comme elle l’était il y a quelques années ? Qu'avons-nous le droit de faire à Lonkesa ? Que pouvons-nous rapporter au GP ? Devons-nous rester les spectateurs des ruines de Lonkesa ? Par où commencer ? Comment restaurer la capacité d'autofinancement de Lonkesa ? Nos réunions ont apporté plus de questions que de réponses. Après un inventaire détaillé, nos observations ont été rapportées au Gouvernement provincial avec des propositions concrètes pour un nouveau départ.

     

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    P. Constantin Sakamba et des collaborateurs laïcs priant pour la bénédiction du site de construction de l'église.

     

    Lonkesa : jardins et champs producteurs

    Chaque matin, les canards, les coqs et poules, les pigeons et les chèvres se rassemblent autour du père Constantin, attendant leur ration de maïs. Sinon, ils se mettent en grève et le poursuivent partout. Il est devenu le Noé de ces animaux et pourra bientôt aussi avoir un aquarium et une tanière de serpents. C’est un investissement conséquent, fait avec beaucoup d’amour.

    Un chantier et un lieu de progrès

     

    Depuis notre arrivée à Lonkesa, nous avons apporté des améliorations significatives qui correspondent aux idéaux de Rerum Novarum. Nous avons notamment acquis un nouveau moteur diesel pour la communauté, remplacé les panneaux solaires et les batteries qui fonctionnaient mal ; trois motos pour le transport ; une nouvelle toiture sur le bâtiment II. Nous avons également investi dans la rénovation et l'entretien.

    Questions publiques… plaintes ou encouragements ?

    En voyant le délabrement et les ruines de Lonkesa, et entendant les moqueries provocantes des pêcheurs le long du lac Mai-Ndombe, et leur demande publique d'explication, nous avons pris conscience de la valeur fragile de notre consécration religieuse dans la parabole de l'intendant malhonnête : nani abomi Lonkesa eeeeh ? (Qui a détruit Lonkesa ?). Bozali kozila nini mpo ya koteka Lonkesa ? (Qu'attendez-vous pour vendre Lonkesa ?) Bozongisela biso machine ya fufu eeeh. Sango Jaak Bos, yaka kotala ndenge bakomisi Lonkesa eeeh. Bozali wapi eeeh ? (Rendez-nous notre moulin de manioc. Père Jaak Bos, viens voir comment on a détruit Lonkesa. Où êtes-vous ?).

    Lorsque les personnes vous font part de leurs préoccupations, les écouter avec sollicitude est une bonne attitude pour créer une communion de pensées et d'idées. C'est une excellente attitude pour se comprendre. Les habitants de Kutu et des environs attendent avec impatience la réhabilitation de leur Lonkesa. Ils aiment répéter "Lonkesa na biso" (notre Lonkesa). Ceci revient tout simplement à dire que, pour nous, Lonkesa est une communauté ; mais pour le grand territoire de Kutu et la Province du Maï-Ndombe, c’est un patrimoine universel, commun.

    Nous sommes convaincus que Lonkesa a été une grande structure au service de la population et de la Mission du Maï-Ndombe. L'histoire nous apprend qu'en plus d'être un centre important d'activités diverses, l'ancienne Procure de Lonkesa avait donné à la population un goût de vivre à Kutu. L'arrêt des activités de cette structure a entraîné un exode et une pénurie de beaucoup de choses qui étaient facilitées par le service de CICM Lonkesa.

    A l'heure où tout le monde pense au bon vieux temps et se dit désespéré parce que tout s'est arrêté, l'arrivée de trois jeunes Missionnaires vient redonner l'espoir de pouvoir un jour retrouver le sourire, ne serait-ce qu'en relançant une ou plusieurs des quelques activités chères aux habitants de Kutu et des environs. Oui, l'inquiétude est légitime. Un éminent dirigeant politique nous a publiquement révélé que « Kutu était la capitale du territoire. Sa fierté est venue de la renommée de Lonkesa, et aujourd'hui, que nous reste-t-il ? ».

    La mission de Lonkesa, en tant que communauté au service du peuple de Dieu, est une urgence dont le sens se trouve dans les attentes de la population qui, sans cesse, lance un cri d’alarme : « bobongisela biso Lonkesa mpo 'te Kutu ebonga lisusu. » (Arrangez Lonkesa afin que Kutu retrouve son visage). Ceci sonne comme un impératif catégorique, une grande préoccupation empreinte, à la fois d’inquiétudes et d’attentes. C'est un cri d'alarme qui doit interpeller notre conscience de gestionnaires et réveiller le fait que nous avons été"envoyés aux nations", selon nos Constitutions : « Nous aimons et respectons sincèrement ceux vers qui nous sommes envoyés. Dans une attitude d'écoute, nous nous efforçons de connaître et de comprendre les réalités socio-économiques, culturelles et religieuses » (Const. Art. 4).

    Kutu est en détresse et demande l’urgente sollicitude de CICM via les quelques activités rénovatrices de Lonkesa. Je me fais porte-parole de cette urgence, et Dieu voit que mon témoignage est vrai, je ne mens pas.

    En vivant à Kutu, j’ai compris ceci : nous devons nous rappeler que nous ne sommes pas missionnaires pour nous-mêmes. Notre présence en tant que missionnaires est une expérience à la fois noble et délicate, démontrant, qu’on le veuille ou non, notre option préférentielle pour les pauvres. Nous suivons l'exemple du Christ en accueillant les pauvres, en les écoutant et en les soutenant de toutes les manières dont nous sommes capables. La pauvreté est omniprésente, et même si nous ne pouvons pas répondre à tous les besoins de notre communauté environnante, surtout pas comme des donateurs attitrés, mais apporter notre soutien ne serait-ce qu’à une seule personne est une expression significative de notre humanité, qui transcende les mots et les écrits, les sentiments et la passion.

     

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    Germain Nsasi Yengo, Abbé Félicien et les Femmes Consacrées du Diocèse d'Inongo

     

    La nouvelle insertion pastorale

    La création et l'érection de la nouvelle paroisse sur le site Lumumba à Kutu est un don de Dieu qui est passé par la bienveillance du Gouvernement provincial. La paroisse est dédiée à Saint Jean-Paul II : un contemporain qui a beaucoup aimé CICM. Dans une correspondance datée du 27 septembre 2021, adressée au Père Constantin Sakamba, administrateur de la paroisse, l'évêque d'Inongo, Mgr Donatien Bafuidinsoni, SJ, s'exclama : "C'est une grande joie pour nous de voir la reprise de l'œuvre missionnaire dans le diocèse d'Inongo, avec les CICM. ... Je vous souhaite, ainsi qu'à votre vicaire et au stagiaire, un ministère fructueux dans le diocèse d'Inongo, avec l'assurance de ma sollicitude pastorale et de ma prière pour votre Mission’’.

    Les généreux chrétiens de la paroisse Notre-Dame de Fatima de Kinshasa ont fait don de divers objets grâce au Mission Appeal auquel Père Michel Ekonzo a répondu. C’est une grande joie et nous rendons grâce d’avoir bénéficié de la présence généreuse du Père Michel Ekonzo qui s’est vraiment impliqué afin que nous ayons un minimum pour commencer. Il a pu animer et mobiliser les gens sans peine.

    La pastorale à Saint Jean Paul II

    C’est une mission et une pastorale de la base. Parce que la pastorale à saint Jean-Paul II est exigeante, notre engagement comme équipe pastorale est intense. Nous ne sommes plus à l'époque de la pastorale du maître qui commande à des brebis dociles. Le principe de synodalité nous oblige à collaborer sur tous les plans pour élaborer les orientations pastorales.

    Les MAC , Mouvements d’Action Catholique, fonctionnent déjà. Ainsi, il faut devenir comme une cloche ambulante pour réveiller l’engagement et la foi des fidèles et allumer en eux une nouvelle espérance et une charité inventive. Plusieurs chrétiens ne fréquentaient plus l’église à cause de l’éloignement de la paroisse, étant donné que la démographie de la cité de Kutu s’est considérablement agrandie. L'enthousiasme et l'amour pour la Maison du Seigneur témoignent de la présence de Dieu qui est à l'œuvre.

    Chaque matin, du lundi au samedi, un prêtre préside la célébration Eucharistique ou l'assistant pastoral une célébration de la Parole. La célébration eucharistique a principalement lieu tous les dimanches à 8h30 sous une tente qui peut accueillir plus de 900 personnes. Malheureusement, la pluie nous oblige parfois à nous disperser. Plusieurs fois cela nous est arrivé à notre grand regret.

    Réfléchir dans le secret et faire silence

     

    Notre engagement missionnaire et notre responsabilité religieuse nous obligent à travailler à l'œuvre de Dieu et à collaborer avec sollicitude. Nous devons perpétuer ce qu'Il a confié à CICM et maintenir vivante la flamme de la Mission.    §

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    Germain Nsasi Yengo, cicm, est actuellement missionnaire en Belgique. Au moment de la rédaction de cet article, il était stagiaire à Lonkesa. Cet article a été publié pour la première fois dans les ECHOS 179 en 2022, CICM-KINSHASA.


     CICM répond à un nouvel appel missionnaire au Canada

    Celso Tabalanza

    P. Celso Tabalanza, cicm
    Missionnaire aux USA

     

    Le 16ème Chapitre général déclare ce qui suit : « Suivant les traces de Père Théophile Verbist, notre Fondateur, et de nos précurseurs, le Chapitre général, conscient de la nature missionnaire de notre Congrégation, encourage tous les confrères et entités à répondre à de nouveaux appels missionnaires dans notre monde, tant dans nos Provinces que dans d'autres pays. »

    En 2024, la Congrégation a répondu à l'invitation de l'évêque Claude Lamoureux du diocèse de Gaspé, au Québec, à envoyer des missionnaires CICM au Canada.

    L'histoire du diocèse de Gaspé, Québec, Canada

    La ville de Gaspé est considérée comme le berceau du Canada. Il se trouve à la pointe de la péninsule gaspésienne. C'est le village où l'explorateur Jacques Cartier a planté une croix au nom du roi de France, François Ier, en 1534, ce qui a finalement conduit à la colonisation de la Nouvelle-France. L'hypothèse la plus courante est que le mot « Gaspé » pourrait provenir du mot en langue mi'kmaq Gespeg, qui signifie « la fin de la terre ».

     

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    La photo montre une croix installée en 1934, commandée par le gouvernement du Canada,
    pour commémorer le 400ème anniversaire de l'arrivée des explorateurs français au Canada.
    La croix originelle de Gaspé a été érigée le 24 juillet 1534.

     

    Le diocèse de Gaspé a été érigé par le pape Pie XI le 5 mai 1922 et est suffragant de l'archidiocèse de Rimouski au Québec, au Canada. En incluant les Îles-de-la-Madeleine, le diocèse s'étend sur 20.637 km2. Son territoire comprend les paroisses de la péninsule gaspésienne, aussi appelée Gaspésie, de Cap-Chat au nord jusqu'à Restigouche au sud ainsi que les paroisses des Îles-de-la-Madeleine.

    Jacques Cartier a voulu marquer officiellement la présence française en Amérique lorsqu'il a planté la croix. Sur la croix de dix mètres, il y fit graver les mots « Vive le roi de France ». En 1604, des colons français des régions du sud-ouest et du sud-est de la France ont établi la première colonie française dans certaines parties de la région nord-est de l'Amérique du Nord, appelée Acadie, suivie de la fondation du Québec en 1608. Les registres de l'Église montrent qu'en mai 1659, Mgr François de Laval, déclaré saint par le pape François en 2014, a visité Percé et confirmé quelque 140 jeunes et adultes, amérindiens et d'origine européenne. Cette visite a encouragé les missionnaires à établir plusieurs stations missionnaires, ce qui les a amenés à visiter les Amérindiens et les colons Français.

    En 1860, Mgr Charles-François Baillargeon, administrateur du diocèse de Québec, répond à une demande de missionnaires et érige les premières paroisses en Gaspésie. C'est ainsi que l'Église s'établit en Gaspésie, ce qui contribue à son essor dans la péninsule.

    Statistiques du diocèse de Gaspé

    Le diocèse a une superficie géographique de 20.237 km2. Lors du recensement canadien de 2021, la péninsule gaspésienne comptait une population de 89.342 habitants. Les registres de l'église indiquaient une population catholique de 74.785 personnes. Le diocèse compte trente-neuf prêtres diocésains actifs, dont beaucoup ont atteint l'âge de la retraite, et quatorze sont des Fidei Donum du Bénin. Quarante et un prêtres desservent soixante-trois paroisses, principalement le long du littoral de la baie de Gaspé et du golfe du Saint-Laurent. Le diocèse dessert également deux missions indiennes mi'kmaq. En outre, 80 religieuses du diocèse assument différents ministères : la plupart sont impliquées dans le ministère hospitalier. Les moyens de subsistance de la population sont la pêche, le transport maritime, le tourisme et l'énergie éolienne.


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    Quelques défis missionnaires dans le diocèse

    Le diocèse est divisé en onze secteurs pastoraux géographiques ; dans certains diocèses, on les appelle doyennés. Avec seulement trente-neuf prêtres en activité, un grand pourcentage proche de l'âge de la retraite et quatorze sont incardinés dans d'autres diocèses (Fidei Donum), cela devient un énorme défi pour le diocèse. Par conséquent, certains curés ont la charge pastorale de deux à trois paroisses. Mgr Lamoureux nous a parlé du besoin de poursuivre le développement des églises et des communautés locales. Avec un clergé local vieillissant et un nombre croissant de paroissiens vieillissants (32% de la population a plus de 65 ans), et les distances géographiques des paroisses, la présence missionnaire CICM pourrait revigorer et revitaliser l'œuvre d'évangélisation du diocèse.

    Contrairement à certaines zones de mission CICM, le diocèse est doté de nombreuses églises bien construites, grâce aux efforts des missionnaires de première et deuxième génération. Certaines structures sont bien entretenues, tandis que d'autres ont été abandonnées en raison de problèmes d'ingénierie structurelle. Néanmoins, l'entretien des structures n’est pas ce que nous sommes invités à faire ni d’y représenter une Congrégation Internationales de Constructeurs et Maçons.

    La présence missionnaire CICM est appelée à offrir un esprit missionnaire renouvelé axé sur la nouvelle évangélisation. Le 16ème Chapitre général estime que les nouvelles fondations missionnaires peuvent aussi être comprises comme une nouvelle façon de faire la mission, qui consiste à être plus créatifs dans nos insertions actuelles, en développant de nouvelles formes de présence missionnaire parmi les catégories sociales que nous n'avons pas encore atteintes dans notre travail pastoral. À cet égard, la question d'apporter une « touche CICM » à nos paroisses a été posée : qu'est-ce qui distingue une paroisse CICM d'une paroisse confiée au clergé diocésain ou à tout autre institut religieux ? L'esprit de flexibilité et la mobilité missionnaire sont des attitudes à encourager et à promouvoir parmi les confrères. Chaque gouvernement provincial devrait s'en préoccuper pour une plus grande vitalité et efficacité dans la mission.

     

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    André Kazadi, Mgr Claude Lamoureux et Celso Tabalanza à Gaspé, Canada

     

    Notre présence dans le diocèse de Gaspé pourrait proposer « à nouveau » l'Évangile aux fidèles du diocèse, particulièrement aux jeunes et aux jeunes adultes. On nous a dit que les jeunes adultes quittent habituellement la Gaspésie pour fréquenter les collèges et les universités des grandes villes. Le défi est donc d'offrir aux jeunes et aux jeunes adultes une formation solide afin que, là où ils sont, ils vivent leur foi en Jésus-Christ. Ainsi, notre présence missionnaire pourrait fournir une formation de disciple missionnaire qui inclut la rencontre, l'accompagnement, la communauté et la mission. 

    La Gaspésie est visitée par des milliers de touristes locaux et internationaux chaque année après une longue saison hivernale. Beaucoup d'entre eux vont à la pêche. D'autres apprécient la nature sauvage et le camping avec service complet. Certains font de la randonnée et du trekking en montagne. D'autres apprécient les excursions en mer. La présence CICM pourrait leur offrir de manière créative une sensibilisation et un accompagnement pastoral, à eux et à d'autres personnes « en mouvement », c'est-à-dire ceux qui travaillent dans l'industrie touristique, les parcs nationaux, les centres touristiques, les groupes de pèlerinage, les navires de croisière, les travailleurs migrants et bien d'autres.

    Cette liste est incomplète. La nouvelle équipe missionnaire CICM, en dialogue avec Mgr Claude Lamoureux, pourrait peut-être se concentrer sur un ou deux défis qui ne figurent peut-être pas dans la liste que j'ai citée. Après tout, CICM est au service de l'Église locale. Le Commentaire des Constitutions CICM nous rappelle que « nous ne sommes pas les maîtres de la mission, ni des communautés chrétiennes, ni des Églises, nous en sommes les serviteurs. Nous discernons toujours le type de service dont ils ont besoin. Dans ce discernement, nous dialoguons avec tous ceux qui assument une responsabilité dans les communautés et les Églises particulières ».

    La Gaspésie, nouvelle aventure missionnaire de la Province des États-Unis

    La question que se posaient certains confrères était la suivante : le Canada est-il une nouvelle fondation missionnaire ? Après de profondes réflexions, guidés par l'article 19.7 : « Nouvelles Entreprises Missionnaires » dans le Vade mecum B pour l'Administration Provinciale, qui stipule : « Par Nouvelles Entreprises Missionnaires, nous entendons le début d'une nouvelle expérience missionnaire, généralement dans un pays où CICM n'est pas actuellement à l'œuvre. L'initiative d'une nouvelle aventure missionnaire peut provenir soit du gouvernement général, soit d'une région, soit d'une province, généralement en raison d'une invitation d'une Église particulière ou d'un besoin missionnaire perçu. Il semble préférable de laisser la mise en œuvre de la nouvelle Mission à la province, le gouvernement général et la région jouant un rôle de soutien en termes de personnel et de finances ». En concertation avec le gouvernement général, le gouvernement provincial des États-Unis a décidé que la mise en œuvre de la nouvelle entreprise missionnaire dans le diocèse de Gaspé, Québec, Canada, serait laissée à la province des États-Unis avec le soutien du gouvernement général.

    Cette aventure missionnaire s'inscrit également dans le projet missionnaire de la Province des États-Unis :

    ° Nous affirmons la possibilité de ministères diversifiés en réponse aux besoins des églises locales.

    ° Nous continuerons à sensibiliser les non-baptisés et les non-croyants.

    ° Notre mission consiste à renforcer les laïcs et à en faire des partenaires missionnaires.

    ° L'un de nos projets missionnaires est l'engagement à développer des paroisses missionnaires.

    En gardant cela à l'esprit, je ne serais pas surpris si la province américaine était rebaptisée ou appelée la province des États-Unis et du Canada.

    Je demande à tous de prier l'Esprit Saint, auteur et moteur de la mission, afin que la semence de cette nouvelle entreprise missionnaire CICM puisse tomber dans un sol riche et produire des fruits, à cent, soixante ou trente pour un (Mt 13, 8).    §


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    André Kazadi et Celso Tabalanza concélébrant la messe
    avec Mgr Claude Lamoureux à l'église Saint-Cœur-De-Marie, Chandler, Québec, Canada


    Quinze années en mission au Centre Théophile Verbist (CTV)

    Romain Clement

    Jos Das, cicm
    Missionnaire en RD Congo

     

    Je suis arrivé au CTV début janvier 2009, ensemble avec le Père Herman Coenraets. Le Père Wilner Pierre était directeur et moi, j’avais été nommé comme économe, le Père Herman comme animateur des retraites et récollections. Je n’ai pas eu beaucoup de temps pour ruminer mon petit problème personnel, parce que le Père Wilner m’a proposé immédiatement d’animer une semaine d’initiation au ministère de formateur et formatrice (R-6). J’ai dû travailler dur pour préparer cette semaine. Plongé dans l’eau, je devais nager. Et un peu après, le Père Wilner me proposa d’aller animer deux retraites pour les Sœurs de Marie à Popokabaka. Encore un défi, de nouveau travailler pour préparer cette retraite. L’année suivante, une nouvelle proposition du Père Wilner. Les Sœurs Ursulines de Tildonk qui tenaient leur chapitre provincial à Goma cherchaient un modérateur. Le Père Wilner était là avec sa proposition. J’ai accepté. Je peux donc dire que le Père Wilner m’a lancé. Je lui en suis très reconnaissant. Une autre chose que j’ai fort appréciée. Lors de nos réunions d’équipe, il commençait toujours avec la question : « Comment vous sentez-vous ? Vous sentez-vous à l’aise, contents ? » Cela donnait à chaque membre l’occasion de s’exprimer librement. La personne avant le travail.

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    Deux sessions : R-12 et R-6

    Quand je suis arrivé au CTV, le Centre organisait chaque année deux sessions. La première qui datait déjà de plusieurs années, programmée par le P. David Ngondo, est une session de ressourcement de 12 semaines, appelée R-12. Quelques fois j’y ai animé une semaine sur la mission aujourd’hui. Une deuxième session s’est ajoutée après, intitulée : « Une initiation au ministère de formateur/formatrice », appelée R-6. Au début j’ai animé une semaine de cette session sur le thème de la vie religieuse et la mission. Le jour où le Père Wilner est parti en Afrique du Sud, répondant à un appel du gouvernement général, j’ai repris de lui le thème du leadership dans le ministère de formateur et formatrice.

    Une troisième session s’est ajoutée (V.P.)

    Quelques fois, des supérieures provinciales nous ont demandé une petite session en vue de la préparation aux vœux perpétuels de quelques-unes de leurs consœurs. J’ai répondu positivement à cette demande. Mais comme cette demande se répétait, nous nous sommes demandé si ce n’était pas mieux de programmer une session de 6 semaines. Ensemble avec quelques confrères nous avons élaboré un programme avec des thèmes choisis qui répondent aux attentes des participantes. Pour la première session il n’y avait que 4 inscriptions. On avait l’intention de ne plus la programmer, parce que la deuxième édition n’a pas eu lieu, vu qu’il n’y avait que 2 inscriptions. Mais voilà, l’année suivante, la Congrégation des Sœurs Ursulines de Tildonk (Goma) demandait une telle session pour 6 Sœurs. Suite à cette demande, nous avons lancé des invitations et cette deuxième édition a bénéficié de la participation de 10 religieuses. Depuis cette époque, la session a eu lieu chaque année avec une participation assez nombreuse. Au cours de cette session, que nous appelons V.P. (vœux perpétuels) j’anime une semaine. Ma contribution dans les 3 sessions consiste surtout dans les accompagnements individuels qui ont lieu en soirée.

    Des retraites, des sessions d’une semaine.

    En dehors de ces trois sessions de longue durée, le CTV organise chaque année des retraites d’une semaine, animées pour la plupart par des confrères CICM. Je crois que nous ne pouvons pas nous limiter à mettre notre Centre, cette belle infrastructure, à la disposition des autres ; nous-mêmes CICM nous devons nous engager comme animateurs des retraites et animer aussi quelques thèmes des trois sessions. En 2022 nous avons organisé trois sessions d’une semaine: une session sur le «Leadership», une autre sur «La Communication bienveillante» et une troisième sur «Une initiation au ministère d’accompagnement spirituel». Il n’y a pas mal de religieuses qui désirent faire une retraite individuelle, mais avec un accompagnement. Quand j’ai du temps, j’accepte une telle demande, bien que j’essaie toujours de les orienter vers une retraite en groupe, c’est plus riche. Le CTV est un Centre Spirituel Missionnaire, par conséquent, notre engagement pour soutenir la vie spirituelle des personnes qui s’adressent à nous, doit être une priorité. Cela demande naturellement une grande disponibilité, mais cela vaut la peine.

    Des personnes en difficultés

    Nous vivons des temps mouvementés. L’environnement ne favorise pas toujours la vie religieuse et sacerdotale. Pas mal de religieux, religieuses, prêtres se laissent contaminer par les contre-valeurs de la société, avec toutes les conséquences néfastes pour leur vie religieuse ou sacerdotale. D’autres portent des blessures intérieures profondes, blessés par les circonstances de la vie, à cause parfois d’un mauvais leadership ou d’une vie communautaire peu fraternelle. Suite à cette situation, des évêques et des supérieur(e)s nous demandent si nous pouvons accueillir des confrères ou des consœurs pour un accompagnement d’un mois, de deux mois. Je leur conseille toujours de participer à la session de ressourcement (R-12). Là ils trouveront des animateurs et animatrices compétents, et en plus, ils auront l’occasion de vivre une vie communautaire fraternelle, intercongrégationnelle, interculturelle, mixte, religieux, religieuses, prêtres diocésains, ce qui constitue une grande richesse. En plus un accompagnement personnel est prévu pendant cette session. Mais parfois, il y a urgence, alors j’accepte quand même d’accueillir ces sœurs ou ces frères blessés, car aider une personne en difficulté est une œuvre de miséricorde. Je peux dire que, si les personnes s’ouvrent à la grâce de Dieu, elles repartent d’ici renouvelées et avec un nouvel élan. Être témoin de cette œuvre de Dieu dans les cœurs, est pour moi une grande joie.

    Animateurs-animatrices, programmes

    Chercher et contacter les animateurs des retraites et des sessions et élaborer le programme annuel des activités du CTV est aussi une tâche à accomplir. Comme la plupart des inscrits sont des religieuses, nous avons cherché davantage des Sœurs comme animatrices, tenant compte naturellement de leurs compétences. Et heureusement, elles sont nombreuses les religieuses ici à Kinshasa qui ont reçu une formation solide et qui ont une expérience positive de la vie religieuse.

    Le programme des sessions, surtout celui de la session de ressourcement R-12, est régulièrement renouvelé et adapté aux besoins des temps. Ainsi les exhortations et encycliques du Pape François sont présentées aux participants : La joie de l’Evangile, Laudato si’, Amoris Laetitia, Christus vivit, Fratelli tutti. Ce sont tous des thèmes d’actualité et d’une grande importance pour toute personne. Ces thèmes nous aident aussi à vivre en union avec l’Eglise universelle et ouvrent nos esprits aux grands problèmes du monde et de l’Eglise d’aujourd’hui.

    L’équipe du CTV

    Durant les 15 ans que j’ai vécu et travaillé au CTV, le gouvernement provincial a changé plusieurs fois les membres de l’équipe. Deux Sœurs de la Congrégation des Salésiennes de la Visitation, une comme intendante et l’autre comme responsable de la restauration, forment avec nous l’équipe du CTV. Là aussi, il y a eu des changements, qui ont été chaque fois pour moi un défi à relever. Chaque personne est unique, a ses qualités, son tempérament. Chaque fois, je devais être souple pour m’adapter à cette nouvelle situation. Mais je dois avouer, ces changements se sont bien passés, sans trop de difficultés, parce que chaque personne avait la motivation nécessaire pour s’engager de tout cœur  dans les activités du CTV. De petites réunions d’équipe, une bonne répartition des tâches et le respect de la tâche de chacun et chacune contribuent à une bonne collaboration. Dans le travail en équipe une bonne communication est nécessaire, afin d’éviter les petits problèmes. Les deux Sœurs ont leur communauté de vie, mais nous quatre, nous prenons les repas ensemble. Les confrères et Sœurs qui connaissent notre équipe nous appellent la «communauté mixte». Oui, nous pouvons apprendre les uns des autres en vivant une vie fraternelle, comme des frères et des sœurs.

     

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    J’attendais un successeur

    Depuis plusieurs années j’attendais un confrère pour prendre la relève. Mais le successeur n’arrivait toujours pas. Je crois qu’il faut rajeunir et renouveler ; une nouvelle personne peut venir avec de nouvelles idées. D’un côté, je suis reconnaissant et je remercie le Provincial pour la confiance accordée. Mais de l’autre côté, je crois que personne n’est indispensable ou irremplaçable. Finalement, la bonne nouvelle est tombée: le Père Jean Lugbu est nommé à partir du 1 janvier 2024 directeur du CTV-Mbudi. Moi je continuerai ma vie missionnaire à Menkao, à la paroisse St Eugène, avec un jeune confrère camerounais, le Père Stephen Fuka, comme curé.

    Action de grâce

    Je peux dire que j’ai vécu d’heureuses années au CTV. De nombreuses personnes sont passées ici, les unes pour suivre une session, d’autres pour une retraite, d’autres encore pour un accompagnement personnel. Combien d’heures passées à les écouter ! D’où vient cette confiance qui fait que des gens viennent m’ouvrir la porte de leur cœur, et me partagent leurs joies et leurs peines, leurs combats et leurs inquiétudes, leurs espoirs et leurs rêves ? J’ai été témoin de l’œuvre de Dieu dans le cœur de ceux et celles qui s’ouvrent à lui. C’est Dieu qui touche les cœurs, c’est Dieu qui guérit.

    Tout n’a pas toujours été facile. J’ai mes limites, mes faiblesses, mon impatience. J’ai rencontré de l’incompréhension, j’ai connu des échecs. Parfois, j’ai été découragé. Je me demandais : « Qu’est-ce que je fais ici ? Est-ce que je ne perds pas mon temps ? » Les erreurs n’ont pas manqué dans ma vie. Mais comme le Pape François le dit, les erreurs sont les grands maîtres de notre vie. Par des hauts et des bas, j’ai appris à avancer. Et lui, le Seigneur m’a toujours accompagné, j’ai pu toujours compter sur lui.

    La Pape François dit : « Là où il y a des religieux (religieuses) il y a de la joie ». J’en ai fait l’expérience ici au CTV. La joie, la jeunesse, l’enthousiasme des groupes de religieux et religieuses m’ont réjoui et m’ont aidé à rester enthousiaste et jeune de cœur. J’ai pu participer à de belles liturgies avec des beaux chants. Les psaumes des laudes et les vêpres sont chantés. Tout cela est descendu sur moi comme une grâce. Je ne peux pas oublier les excursions, les pique-niques dans la nature à la paroisse St Eugène à Menkao ou dans le jardin botanique à Kisantu. Des fêtes d’anniversaire chaque mois avec des réjouissances et des danses, bien que moi-même je ne danse pas. Je rends grâce à Dieu, je dis merci à mes supérieurs pour la confiance, à l’équipe du CTV et à toutes les personnes qui sont passées ici et qui m’ont manifesté leur confiance.

    Par ma présence, mon engagement pendant ces 15 années au CTV, j’ai donné quelque chose, j’ai semé, mais c’est le Seigneur qui a donné la croissance. En même temps, je peux dire que j’ai reçu le centuple. Mon ministère ici au CTV m’a invité à rester dynamique, à étudier, à suivre l’actualité. C’est une école de formation permanente. Les rencontres, les accompagnements, les partages avec les intervenants et les participant(e)s m’ont enrichi. Vivre et travailler dans ce Centre spirituel missionnaire m’a aidé à rester en contact avec le Seigneur, à m’enraciner en lui, à orienter continuellement ma vie vers Celui qui m’a appelé à être son disciple-missionnaire, à être prêtre selon son cœur. C’est cela que j’ai essayé et j’essaie chaque jour d’être. Merci Seigneur, pour ta confiance et pour tant d’années de vie que tu m’as accordées et surtout parce que tu m’as gardé dans ton amour. Je suis parmi ces privilégiés dont le psalmiste dit : « Le nombre de nos années: soixante-dix, quatre-vingts pour les plus vigoureux !» (Ps 89,10)