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    Scheut et la Première Guerre mondiale

    Romain Clement

    Romain Clement, cicm
    Missionnaire en Belgique

     

    Au début du mois d'août 1914, la Première Guerre mondiale éclate. Grâce aux médias actuels, nous avons la chance de pouvoir suivre, pour ainsi dire, de près les événements qui se sont déroulés il y a un siècle. Dans cet article nous nous limiterons aux conséquences de la guerre pour notre congrégation et plus particulièrement pour nos jeunes belges en formation. En 1914, ces derniers séjournaient principalement dans nos maisons de Scheut-Anderlecht (noviciat et philosophie) et dans la maison de Louvain (théologie et études universitaires).

    Stamford Hill

    Au cours des dernières semaines avant la guerre, une vingtaine de jeunes avaient déjà été enrôlés pour le service militaire. Ils ont été nos premiers « soldats du front ». Dès que la guerre a éclaté en août 2014, les étudiants restants ont été renvoyés provisoirement chez eux, du moins ceux qui étaient encore en mesure de partir. Le Supérieur général Florent Mortier et son Conseil décidèrent alors de se déplacer en territoire non occupé afin de pouvoir rester en meilleur contact avec les différents territoires de mission. Le P. Mortier emporta avec lui les archives de la Congrégation et se rendit, via la Flandre occidentale, à Londres où il trouva refuge dans une maison de retraite inutilisée de sœurs anglaises, le « Cénacle », à Stamford Hill, au nord de la capitale. La maison était assez spacieuse et, dès qu’il le fut possible, le P. Mortier appela à Londres le plus grand nombre possible de novices, de théologiens et de professeurs pour y poursuivre leur formation. Les étudiants de philosophie, quant à eux, se rendirent à Sparrendaal, dans les Pays-Bas neutres.

    Dès le début de la guerre, les maisons de Scheut et de Louvain sont transformées en hôpitaux d'urgence pour la Croix-Rouge et officiellement reconnues. La maison de Scheut ne sera jamais utilisée comme telle ; à Louvain, cependant, de nombreux blessés trouveront refuge jusqu'à la fin de la guerre.

     

    « Les bonnes sœurs de cet asile travaillèrent d'arrache-pied pour loger notre communauté. À cette époque, nous n'étions pas moins de 109 : théologiens, novices et étudiants. Nous, étrangers inconnus, avons reçu l'accueil le plus généreux à Stamford Hill. À tel point que, sur une terre étrangère, le Cénacle est devenu comme la Maison-Mère de notre Congrégation. C'est là qu'a été solennellement célébré notre jubilé, c'est là qu'ont eu lieu les touchantes ordinations de nos prêtres, c'est là qu'a eu lieu le départ émouvant de nos missionnaires, c'est là que nos confrères, qui sont revenus fatigués et épuisés des pays étrangers, ont trouvé un abri accueillant, des soins maternels et la possibilité de se refaire des forces. 

    (Témoignage d'un confrère de Stamford Hill, publié dans « Missions de Scheut », 1920)

    Auvours

    Une loi sur la milice de mars 1915 a eu un impact majeur sur nos étudiants. Tous les hommes belges âgés de 18 à 25 ans, qui résidaient en Belgique non occupée, étaient appelés à se mettre à la disposition de l'armée belge. Bien sûr, cela incluait une grande partie de nos étudiants qui séjournaient à Stamford Hill ou à Sparrendaal. Les étudiants religieux et prêtres ont été priés de se rendre le plus rapidement possible à Auvours, juste au nord du Mans en France. Dans les baraquements spacieux, il y avait, entre autres, un service du C.I.B.I. (Centre d'Instruction pour Brancardiers et Infirmiers) et bientôt des dizaines de jeunes Scheutistes s'y installèrent. Leur préparation pour le front pouvait commencer. Quelques étudiants belges en théologie ‘déclarés impropres au service’ allèrent avec les Hollandais à « Huize Gerra » près de Sparrendaal et y ont poursuivi leurs études.

    À Auvours, les « cibistes » furent bien préparés à la tâche qui les attendait. La vie du camp consistait en des exercices militaires et une formation par la Croix-Rouge : marches, cours théoriques sur l'organisation de l'armée belge, cours pratiques. La préparation morale et spirituelle à la vie au front a également été proposée. Cela ne se produisait généralement que le matin. Dans l'après-midi, il y avait du temps pour l'étude personnelle, la prière et la détente.


    Fatines

    Très vite, le Supérieur général vint rejoindre ses confrères en France. Grâce aux efforts de l'évêque du lieu, il put disposer du spacieux presbytère de Fatines, un village près d'Auvours. De là, il desservit quatre paroisses qui n'avaient pas de pasteur et resta également en contact avec les « cibistes » de Scheut. Bientôt, cependant, il retourna à Londres pour continuer à diriger la congrégation à partir de là. Il fut remplacé par le P. Albert Gueluy, son premier assistant, qui devint temporairement le supérieur des « étudiants sous les armes », y compris ceux qui travaillaient déjà au front ou dans les hôpitaux militaires. Ces derniers entretenaient une correspondance régulière avec le P. Gueluy. À ce jour, les lettres qui nous sont parvenues sont une source très riche d'informations sur cette période.

    Tous les soirs, les confrères d'Auvours pouvaient, s'ils le voulaient, se rendre au presbytère de Fatines pour se reposer et dîner. À partir de mai 1916, ils purent même obtenir l'autorisation de passer un dimanche entier à Fatines. Cependant, tout cela ne dura pas très longtemps car à l'été de la même année les premiers cibistes quittèrent Auvours et furent déployés sur le front. À la fin de 1916, tous avaient quitté le camp, bien que pendant toute la guerre, il y eut toujours une certaine présence de Scheutistes, e.a. ceux qui avaient été blessés au front et qui avaient besoin de soins.

    Il convient de mentionner que Scheut a également connu des épreuves à Auvours. Le 18 septembre 1915, l'étudiant en théologie Karel De Croo meurt d'une inflammation intestinale à l'hôpital voisin d'Yvré-l'Évêque. La cérémonie des funérailles fut présidée par l'aumônier du camp, le P. Karel Servranckx, sj. Et peu après, le 13 octobre 1915, Maurice Sérulier, qui allait célébrer la messe tous les jours à Yvré-l'Évêque, fut surpris par un train alors qu'il traversait une voie ferrée. Il venait d’être ordonné prêtre le 29 juin de la même année. C'est le Supérieur général Florent Mortier lui-même qui est venu de Londres pour présider les funérailles.

    À l'été 1916, lorsque les premiers cibistes arrivèrent d'Auvours, la ligne de front, du moins en ce qui concerne la Belgique, était plus ou moins stabilisée sur une longueur de 84 km grâce à une série de tranchées qui s'étendaient de Nieuport à Ploegsteert. À l'ouest de cette ligne se trouvaient les armées alliées, à l'est les armées centrales. 


    La vie au front

    Environ 120 Scheutistes furent déployés dans les armées alliées comme brancardiers-infirmiers et une douzaine comme aumôniers. Six postulants (candidats Scheutistes) étaient de simples soldats. Les missionnaires proprement dits (dans les territoires de mission, ou en congé, ou prêts à partir) n'ont pas été appelés par le gouvernement belge. Une grande partie des Scheutistes engagés dans l'armée étaient déployés sur le front lui-même, d'autres travaillaient comme infirmiers dans des hôpitaux militaires à l'arrière du front. Nous connaissons tous l'image classique des brancardiers : des personnes qui se risquent sur les lignes du front avec une civière pour transporter les morts ou les blessés. Les morts étaient enterrés provisoirement, les blessés étaient emmenés dans un hôpital de campagne ou plus loin derrière le front. Cela a dû être un travail extrêmement difficile et risqué. Pourtant, nos Scheutistes (ainsi que tant d'autres religieux et séminaristes) l'ont fait pendant deux à trois ans en fonction de leur arrivée au front.

    Mais les brancardiers, qui avaient déjà reçu une certaine formation religieuse, étaient invités à faire plus que d'emmener les blessés et de leur administrer les soins de base. Le soutien spirituel faisait également partie de leurs devoirs, et cela s'appliquait bien sûr aussi aux aumôniers. Sur la ligne de front, des lieux de culte très simples – des chapelles de front – avaient été aménagés ci et là et faisaient simplement partie du labyrinthe des tranchées. Mais les églises près du front étaient également disponibles. Les brancardiers étaient censés écouter ce qui préoccupait les soldats, les encourager, partager leurs souffrances. Ils devaient être une source d'inspiration au milieu du sentiment général de dépression et de bouleversement moral. De plus faire face aux critiques, aux moqueries et à l'opposition ouverte des soldats aigris et de leurs commandants faisait également partie de leur vécu.

    Progression de sa propre vie spirituelle

    A propos de leur formation au C.I.B.I. d'Auvours, nous avons déjà mentionné qu'en plus de la préparation à leur tâche d'aumônier ou de brancardier, beaucoup de temps et d'attention étaient également consacrés au maintien de la vie spirituelle des jeunes Scheutistes. Grâce aux efforts du P. Albert Gueluy et d'autres confrères qui séjournèrent à Fatines près d'Auvours, des leçons, des conférences et des exercices spirituels furent organisés pour ceux qui iraient bientôt au front. Ces derniers eurent également accès à de la littérature spirituelle.

    Au printemps 1916, le P. Albert Van Zuyt, mandaté par le Supérieur général Florent Mortier, avait acheté une maison pour la congrégation, la Villa Héloïse au Tréport, une petite ville sur la côte française entre Dieppe et Amiens. Albert Gueluy continua à séjourner à Fatines tandis que le P. Mortier  confiait le soin spirituel des soldats du front à Albert Van Zuyt. Dès lors, les hommes du front durent correspondre régulièrement avec le P. Van Zuyt et, entre autres, rendre compte de leurs revenus et de leurs dépenses. La plus grande partie de cette correspondance a été conservée et constitue une riche source d'informations sur la période troublée de la guerre. Pendant leurs périodes de permission, les soldats étaient invités au Tréport afin de retrouver un minimum de paix extérieure et intérieure. Et ils en ont fait usage le plus possible ! Les Scheutistes de front s'efforçaient de prendre congé  surtout au moment des grandes fêtes, pour célébrer ces journées à la manière fraternelle de Scheut.

    Les Scheutistes de première ligne étaient également encouragés à se réunir tous les mois pour ce que nous appellerions aujourd'hui une « récollection » : conférence d'un des aumôniers, lecture de quelques articles des Constitutions de Scheut, célébration de la messe, repas. Le reste de la réunion se passait en des « réjouissances scheutistes» !

    Les confrères-aumôniers coopéraient autant que possible à la formation spirituelle des Scheutistes du front. Non seulement ils tenaient occasionnellement une conférence spirituelle, mais ils louaient aussi des salles où les Scheutistes de leur division pouvaient se réunir et ils essayaient de leur fournir des livres de lecture spirituelle.

     

    « Un jour, à l'entrée de l'église de Hoogstade, un soldat s'approcha de moi, hors d'haleine ; L’Adoration du Saint Sacrement venait de se terminer et tout le monde était déjà parti.

        • Puis-je encore me confesser, aumônier ? (chaque mot était interrompu par un soupir, et en y regardant de plus près, je remarquais qu'il était rempli de boue)
        • Certainement, mon garçon, entrez, il y a un confesseur assis au confessionnal à gauche.
        • Bien, parce que c'est terrible. Nous sortions des tranchées et en cours de route nous avons été bombardés par de gros obus, plus qu'il n'en fallait pour tous nous tuer. Je suis tellement heureux d'en être sorti. Trois gars ont été tués, plusieurs blessés. J'ai jeté mon vélo dans le cantonnement et j'ai marché droit vers l'église.

    (témoignage de l'aumônier de l'armée P. Jaak Leyssen, voir Missions de Scheut, 1919, p. 183)

     

    Autres activités

    Depuis Le Tréport, Albert Van Zuyt, en collaboration avec d’autres aumôniers, commença à publier un journal du front pour les Scheutistes. Le premier numéro parut en juin 1916 et le dernier en juillet 1918. Le premier titre en fut « le Scheutiste » et est devenu plus tard « C.I.C.M. » Les aumôniers y écrivaient des articles, et les jeunes du front furent également invités à envoyer au Tréport des nouvelles du front ou d'ailleurs. Le journal fut tiré à 125 exemplaires.

    Certains Scheutistes de première ligne élargirent leurs activités en donnant de l’instruction élémentaire aux soldats ordinaires illettrés : apprendre à lire, à écrire, en français ou en néerlandais. D'autres encore formèrent des chorales ou des groupes de théâtre.

    Pour toute rencontre fraternelle, les Scheutistes étaient toujours les bienvenus chez les Sœurs Bleues de La Panne et ... chez la mère d'Edmond Devloo (également mobilisé pendant un certain temps au front) à Oostvleteren. Une photo prise lors d'une de ces réunions informelles à Oostvleteren, nous est parvenue par les bons soins de la famille Devloo. Nous avons le plaisir de la publier ici. Edmond lui-même est à l'extrême droite. Et au dos de la photo, quelqu'un a écrit « 1916 ».

     

    La fin de la guerre

    « Dans le passé, nous ne connaissions nos missionnaires que par ouï-dire, leur territoire de travail était loin d'ici. La guerre, cependant, les a amenés parmi nous, nous les avons vus dans nos rangs et sur notre propre sol travailler sur un territoire de mission – un champ de bataille ».  (C'est ce qu'écrivait le journal belge « De Standaard » le 18 mars 1919.)

    Lorsque l'offensive finale contre la Triple Alliance commença à l'été 1918, quatre Scheutistes étaient déjà morts. Les deux premiers, Karel Decroo et Maurice Sérulier, tous deux morts à Yvré-l'Evêque en 1915, ont été évoqués plus haut. Deux autres furent tués quelques mois après leur enrôlement dans l'armée : Kamiel Trap et Hector Vandeputte. Eugeen Requette meurt en 1919 dans un hôpital de Rouen des suites de ses blessures. Au cours de l'offensive finale elle-même, d’autres brancardiers furent tués: Leonard Dirckx, Herman Chielens, Karel Rathé; Gaston Devel et Paul Impe, tous deux décédés à Houthulst le 28 septembre 1918. Gervais Toussaint est tué le 9 octobre 1918. Enfin trois autres furent tués en novembre, dans les tout derniers jours de la guerre : Jan Cops, Jozef Tirez et Frans Maes, ce dernier même le 10 novembre, un jour avant l'armistice. Une trentaine de brancardiers ont également été grièvement ou légèrement blessés.

    C'est le triste résultat de la participation d'environ 130 Scheutistes à la guerre en tant que brancardiers ou aumôniers. Mgr Jan Marinis, qui dirigeait depuis septembre 1915 tout le secteur des brancardiers et aumôniers, fit ensuite l'éloge des Scheutistes qui avaient participé à la guerre. Et les autorités militaires elles-mêmes semblaient également satisfaites, étant donné les nombreuses décorations militaires qui ont été décernées à nos confrères.

     

    Démobilisation

    Il n'est pas vrai qu'après le 11 novembre 1918, tous les confrères ont pu simplement retourner immédiatement dans leurs maisons d'étude. Tout d'abord, tous les brancardiers furent rassemblés dans le C.I.B.I. de Furnes et de là déployés dans différents hôpitaux militaires de l'ancienne zone du front pour soigner les blessés de guerre. Cela changea en mai 1919. Certains des confrères brancardiers furent temporairement stationnés dans un « centre pour étudiants militaires » à Bruxelles, une autre partie à Louvain. Le premier groupe fut autorisé alors à poursuivre la formation du noviciat ou de philosophie à la maison centrale de Scheut, les autres purent continuer leur théologie dans notre maison de Louvain. Cependant, tous restèrent des soldats et devaient se présenter en uniforme à la maison de formation. Finalement, en août 1919, c'est la démobilisation générale.


    Nouvelle adaptation à la vie religieuse

    Tout d'abord, remontons le temps. En septembre 1915, la congrégation avait recommencé à accepter des novices, sous la direction du maître des novices P. Arthur Surmont. Chaque année  ces nouveaux arrivants montaient d'un an : d'abord en philosophie, puis en théologie. Cela signifie qu'au cours de l'année scolaire 1918-1919 nos deux maisons d'études de Scheut (noviciat et philosophie) et de Louvain (théologie) furent à nouveau occupées. Or, tout à coup, tout un groupe d'anciens brancardiers s'ajouta à tous les niveaux où ils avaient dû interrompre leurs études en 1915. Il était prévisible qu'il y aurait des problèmes !

    Il a dû être extrêmement difficile pour les ex-brancardiers, après des années de confrontation avec la violence de la guerre et une profonde misère physique et morale au front, d'éprouver de l'empathie pour une discipline religieuse à laquelle ils n'étaient absolument plus habitués. Ils ont dû se plier aux désirs de l'autorité qui n'avait généralement que peu ou pas d'expérience des conditions de guerre. Ils durent s'adapter au rythme d'une vie religieuse qui leur était devenue complètement étrangère. Une vie de prière régulière et intense était au programme, une vie d'étude qui était organisée dans les moindres détails, le silence devait être maintenu et en ce qui concernait la politesse il y avait des façons de faire à rééduquer. Et puis il y eut le fait qu'ils devaient désormais partager la vie avec d'autres jeunes qui n'avaient connu la guerre que de loin et qui se sentaient parfois un peu « dépassés » par ces nouveaux arrivants souvent bien rudes.

    Un élément positif dans tout cela, du moins en ce qui concerne la maison de Louvain, était que les supérieurs de la congrégation y avaient nommé le P. Albert Van Zuyt comme recteur. Par les visites des soldats du front au Tréport et par leurs lettres régulières, P. Van Zuyt les avait suivis jusqu'au bout. Il était donc l'homme idéal pour agir de manière encourageante et conciliante dans une situation souvent tendue à Louvain.

     

    Si la tâche de nos confrères a été multiforme et difficile, leur joie et leur bonheur sincères sont d'autant plus grands qu'ils sont tous revenus au milieu de nous, satisfaits du travail accompli. Endurcis dans leur énergie, ils se préparent maintenant dans nos maisons de Scheut et de Louvain avec un zèle nouveau pour aller un jour combattre le paganisme sur un sol étranger.

    P. Jaak Leyssen dans « Missions de Scheut », 1919, p. 139


    Le courant strict

    Au sein de la Congrégation, il y a toujours eu une certaine tension entre la vocation religieuse et la vocation missionnaire des Scheutistes : un Scheutiste est-il d'abord et avant tout un religieux ou un missionnaire ? C'est surtout dans les années qui ont suivi la Première Guerre mondiale que cette tension a atteint son paroxysme. Beaucoup de choses ont déjà été publiées à ce sujet, nous nous limiterons donc ici à ces quelques réflexions.

    Ceux qui mettaient l'accent sur le religieux avant tout – les adeptes du « courant strict » – aimaient parler du P. Arthur Surmont comme de leur pionnier. Ce dernier avait été maître des novices pendant 19 ans, de 1911 à 1930, et avait clairement marqué les jeunes de l'époque, dont de nombreux jeunes qui avaient rencontré les anciens soldats du front à Scheut et à Louvain. Il s'agissait donc d'un problème supplémentaire pour ces derniers, en plus de tout ce que nous avons déjà évoqué plus haut. Ici aussi, cependant, le P. Van Zuyt et quelques professeurs, dont Jozef Calbrecht, jouèrent un rôle de conciliateurs. Et pourtant, cela n'a pas changé le fait qu'environ 20 anciens soldats aient quitté la congrégation peu de temps après la guerre. D'autres, cependant, sont devenus des missionnaires pleins d’énergie et courageux.


     


    Heureux de travailler et de vivre dans notre communauté de Lubumbashi

    Eric Michael Imbao

    Albertus Padang, cicm
    Intern in DR Congo

    Gaudencio Amaral, cicm
    Intern in DR Congo

     

    Une expérience d’apprentissage de la langue Swahili

    Être missionnaire n’est pas toujours facile. La première chose que je dois maitriser est la langue. Je viens de l’Indonésie où les gens parlent Bahasa la langue nationale en Indonésie. Je n’ai pas l’habitude de parler d’autres langues, mais depuis que je suis entré dans la Congrégation du Cœur Immaculé de Marie, je me suis vu obligé d’apprendre à parler d’autres langues comme l’anglais et actuellement le swahili.

    Depuis que je fais partie de CICM, j’ai appris à quitter ma patrie pour d’autres pays, pour continuer ma vie missionnaire. Dans un premier temps, j’ai dû apprendre les deux langues de la congrégation que sont l’anglais et le français. Comme je viens d’Asie, j’ai appris l’anglais avant d’aller au noviciat, puis en théologie aux Philippines. Après l’anglais, j’ai été nommé missionnaire dans la Province de l’AFA. Cela m’a conduit au Cameroun où j’ai appris une nouvelle langue, le français. Cette langue est importante parce que parlée dans une bonne partie de ma province de mission.

    La vie missionnaire est, pour moi, une réponse à l’appel de Dieu pour servir son peuple. Chaque missionnaire doit donc vivre, disons plonger, dans la vie d’un peuple. Il faut pour cela connaitre sa langue puisque la langue est un pont indispensable entre soi et les gens. Je m’en suis vite rendu compte après mes passages, tour à tour, aux Philippines, au Cameroun et au Congo. Toutes ces expériences m’ont obligé à apprendre la langue de chaque pays pour m’intégrer, mais aussi et surtout, pour entrer en contact avec la culture des gens. C’est un grand défi que d’apprendre ces différentes langues, l’une après l’autre. Mais comme la vie missionnaire exige l’apprentissage de la langue du peuple vers lequel nous sommes envoyé, il n’y a aucune excuse pour s’en dispenser. Je me suis donc préparé en conséquence pour affronter les défis liés à l’apprentissage de la langue de ma nouvelle terre de mission qui est Lubumbashi où J’ai été envoyé. A notre arrivée, les gens étaient très contents de nous accueillir et nous nous sommes vus encouragés de commencer notre apostolat.

    Mais il fallait avant tout connaitre cette terre de mission où je venais d’arriver. Lubumbashi est la deuxième ville du Congo après Kinshasa la capitale. Deux langues y sont parlées, le français et le swahili. Mais la langue la plus parlée est le swahili. Je rappelle que je venais à peine de terminer l’apprentissage du français au Cameroun quand j’ai pris mon vol pour le Congo. Je n’avais donc pas bien maitrisé le français alors que je me voyais obligé de me lancer dans l’apprentissage d’une autre nouvelle langue. C’est un grand défi pour moi car il est difficile de maitriser deux langues en même temps.

    Voici comment l’enseignement du swahili est organisé pour moi et mon compagnon Gaudencio Amaral. Nous avons commencé l’apprentissage de cette langue avec deux professeurs. Je commençais le cours avec mon professeur de 13h30 à 15h30 et Gaudencio, avec le sien de 15h30 à 17h00. Le début fut très difficile car nos professeurs étaient souvent pris par beaucoup d’autres choses et ne disposaient pas suffisamment de temps pour nous enseigner. Après un mois, on a décidé de changer des professeurs. Père Jean Paul Kasengu a trouvé un nouveau professeur pour nous deux et chacun à son tour. Gaudencio étudiait dans l’avant midi et moi dans l’après-midi. Après un mois d’apprentissage, nous avons commencé peu à peu à nous débrouiller et à faire de petites conversations avec les gens. Mais je pense qu‘un mois n’est pas suffisant pour maitriser une langue. Il nous reste encore deux mois d’apprentissage et aussi le programme d’immersion dans des familles d’accueil, pendant trois mois, pour améliorer la langue.

    Dans le souci d’améliorer mon Swahili, au niveau personnel, j’ai décidé de me lancer dans les lectures au cours des messes matinales dans notre communauté et à la paroisse. J’ai aussi intégré une chorale de la paroisse afin de pouvoir apprendre les mots contenus dans les chants. Même en chantant, j’éprouve aussi des difficultés car le swahili est une langue à ton.

    Je tire deux grands acquis qui resteront gravés dans mon cœur. Premièrement, Dieu est présent dans les moments difficiles. Dans ces moments, je peux me retirer et prier Dieu afin qu’il me donne la force de continuer dans mon cheminement vocationnel pour servir le peuple vers qui il m’a envoyé. Comme il est écrit dans la lettre aux Hébreux, 13,5 : « Je ne te laisserai ni ne t’abandonnerai. » Aussi quand je vis de bons moments seul ou au milieu des gens, je rends grâce à Dieu qui est toujours de mon côté. Je me sens tellement béni en tout ce que je suis, je vis et fais : c’est le fruit de la providence divine.

    Le deuxième acquis est la présence de mes confrères  et le soutien du peuple de Dieu. Les professeurs sont très gentils. Ils m’aident à apprendre et à améliorer mon swahili afin d’avoir de bonnes conversations avec les gens. Les confrères sont là pour m’accompagner et me guider tout au long de ma formation. Je me sens reconnaissant de tout cela. Je prie Dieu de m’accorder plus de grâces et de mettre sur mon chemin des personnes de bonne volonté qui puissent m’aider à avancer dans ma vie missionnaire et religieuse pour sa plus grande gloire et le salut des hommes. - Albertus Padang

     

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    Une expérience de vie dans la communauté CICM

    Je me nomme Gaudencio Amaral, de nationalité indonésienne et stagiaire dans la Province CICM de l’Afrique Australe (AFA). Depuis quelques mois, je vis une expérience pastorale jumelée à l’apprentissage de la langue swahili à Lubumbashi, sous la houlette du Père Jean Paul Kasengu, Curé de la Paroisse Notre Dame de Guadalupe. Ce petit article est, pour moi, un moyen par lequel je peux partager avec vous mes expériences mais aussi mon vécu de la vie communautaire.

    Comme je l’écrivais plus haut, je fais mon stage à la paroisse Notre-Dame de Guadalupe, dans l’Archidiocèse de Lubumbashi. Mon arrivée et celle de mon compagnon Albertus a rendu notre communauté multiculturelle et internationale. Notre curé et accompagnateur local, le Père Jean Paul Kasengu, est congolais, tandis que mon compagnon de longue date Albert et moi-même sommes indonésiens. Bien que nous ayons des origines, des races et des cultures différentes, nous vivons et travaillons ensemble comme des frères dans l’accomplissement de notre mission. Vivant dans cette communauté depuis près de sept mois, je trouve personnellement que la dynamique de notre vie ici est vraiment vivante et très enrichissante.

    Le premier aspect que je voudrais partager est la vie de prière. En tant que missionnaires religieux, nous sommes des hommes de prière, donc la prière est très importante dans notre vie et notre mission. Le temps de prière est indispensable à notre vie missionnaire. Notre mission est celle du Seigneur et, en dehors de Lui, nous ne pouvons rien faire. Dans notre communauté, nous avons la prière communautaire et la messe tous les jours. Lundi, mercredi et vendredi, nous avons la messe matinale avec les chrétiens. Pour les mardis, jeudis et samedis, nous avons la messe dans notre communauté. Le soir, dans un esprit de fraternité, nous prions ensemble les vêpres. Pour moi, cet exercice spirituel m’aide beaucoup à grandir dans ma foi et à me rapprocher davantage de Dieu qui est mon véritable soutien et la force dans la mission.

    Autrement dit, je ne peux négliger Dieu, parce que ma prière et mon travail missionnaire sont inspirés par Lui sous l’action et l’impulsion de son Esprit Saint. Le deuxième aspect qui est très important, et que j’aime le plus après la vie de prière dans notre Congrégation, est la fraternité. Comme le dit notre devise,

    « un seul cœur et une seule âme », nous partageons nos expériences chaque jour autour d’une bouteille de bière à midi et le soir à 21h00. Je dois reconnaitre et avouer que le Père Jean-Paul est pour moi un modèle véritable de missionnaire CICM. Dans sa simplicité, il partage ses expériences et nous montre aussi comment nous devrions vivre notre vie en communauté. Bien qu’il soit très pris par le travail pastoral, il trouve toujours du temps pour être avec nous pendant le repas et la prière communautaire. Il se rend aussi toujours disponible pour écouter nos difficultés, et parfois il nous donne des conseils et nous corrige s’il le faut. Ce qui nous encourage dans notre marche à la suite du Christ. Il est certes vrai qu’il n’est pas facile de vivre au sein d’une communauté internationale et multiculturelle, mais avec un peu d’ouverture et d’abnégation, j’ai pu apprendre à m’adapter, intégrer et aimer les habitudes culturelles du milieu dans lequel je vis présentement. Ce qui me fait dire aujourd’hui avec fierté que je suis très heureux de travailler et de vivre dans notre communauté de Lubumbashi. - Gaudencio Amaral


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    Rester cohérent et aller de l'avant

    Eric Michael Imbao

    Franck Tchiengang, cicm
    Étudiant au Cameroun

     

    La formation initiale à la suite du 16ème Chapitre général CICM : une expérience actualisée au regard de notre monde en mutation

    Au cours de la célébration du 16ème Chapitre générale CICM tenu du 4 au 30 juin 2023 à Rome, la formation initiale a été l’un des points sur lequel les capitulaires ont échangé. Même s’il est vrai qu’aucun mémo n’a été explicitement consacré à ce sujet, il faut tout de même souligner que la Commission générale précapitulaire, consciente de l’importance que revêt la formation initiale pour les différentes Provinces, a pris le soin de l’inscrire à l’ordre du jour du Chapitre. Près d’une année après la clôture des travaux du 16ème Chapitre Général, comment ont été accueillies les recommandations et les exhortations du Chapitre en matière de formation initiale dans les maisons de formation CICM ?


    La vie interculturelle dans la Communauté Internationale de Formation en Afrique (CIFA) au lendemain du 16ème Chapitre général

    Suivant la recommandation 8 des actes du 16ème Chapitre général, la CIFA, à travers le staff des formateurs, inscrit régulièrement dans son plan stratégique annuel, des entretiens sur l’interculturalité ou sur des aspects liés à la vie interculturelle. Ces différents entretiens nous aident à accueillir la multiculturalité comme un don, et nos différences comme une source de richesse. En outre, ces entretiens permettent d’apprécier les joies qu’offre la multiculturalité et permettent d’être conscients des difficultés à surmonter.


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    Les joies

    Du chant du gloria en Lingala au chant de communion en Ewondo, en passant par l’agnus Dei en créole, les célébrations liturgiques dans notre Communauté sont sources d’une grande joie pour les confrères. Les diverses langues utilisées dans nos liturgies permettent une expérience spirituelle singulière. Une autre source de joie est à trouver dans notre réfectoire, où de succulents mets issus de différentes cultures font la joie de l’appétit des confrères. Cette variété culinaire que nous expérimentons particulièrement lors de la célébration des fêtes d’indépendance, des différents pays représentés à la CIFA, permet de réjouir les papilles gustatives des uns et des autres, et nous prépare à acquérir un « ventre missionnaire ».

     


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    Les difficultés

    Il faut reconnaitre que la vie interculturelle à la CIFA, tout en étant un don de Dieu présente néanmoins des difficultés surmontables. Parmi celles-ci, il y a parfois cette maladresse qui consiste à comparer les cultures, à vouloir convaincre que ce qui est fait chez soi est meilleur. Une telle attitude peut parfois occasionner des frustrations chez les uns et des blessures chez les autres. Par ailleurs, il existe aussi des difficultés liées à la barrière linguistique. En effet, on observe chez les confrères étudiants une faible maitrise de la langue locale (Ewondo). Cela entraine parfois une communication limitée avec les habitants du village qui nous accueille.


    Réception de l’exhortation sur la vie interculturelle

    S’agissant de l’exhortation 4 des actes du Chapitre général relative à l’interculturalité dans les Communautés de formation et dans la nomination des formateurs, la CIFA fait office de bon élève en la matière. En effet, our cette année académique 2023-2024, le CIFA a accueilli des étudiants de six nationalités différentes, originaires des Philippines, de Zambie, d'Indonésie, d'Haïti, du Cameroun et de la RD Congo. Cette diversité se reflète également dans l'équipe de formateurs, qui comprend un Indonésien et un Camerounais.  La configuration humaine de la CIFA offre un espace naturel pour faire l’expérience de l’interculturalité.


    La CIFA et les médias sociaux : les points positifs et les défis à la lumière des actes du 16ème Chapitre général

    Depuis l’année religieuse et académique 2021-2022, la CIFA s’est dotée d’une connexion internet haut débit par fibre optique. Ce dispositif technologique ouvre la Communauté en général et les confrères étudiants en particulier, à un monde globalisé et en mutation. Avoir son smartphone ou encore son ordinateur portable connecté dans sa chambre est sans aucun doute un motif de satisfaction, mais cela ne va pas sans risques.

     

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    L’impact de la connexion internet dans les performances académiques

    Si je devais donner un avis sur le sujet, je dirais qu’il était difficile de faire des recherches académiques avant l’installation de la fibre optique dans notre Communauté. Bien-sûr, il y avait déjà une connexion internet par modem, mais celle-ci était instable et lente. La nouvelle connexion par fibre optique nous offre plus de facilité dans nos recherches. Nous pouvons aisément consulter les bibliothèques numériques et regarder des cours en ligne. Tout cela enrichit grandement la qualité de nos travaux académiques


    Les réseaux sociaux : un ennemi pour les confrères étudiants de la CIFA ?

    Il convient avant toute chose, de reconnaître le rôle positif que jouent les réseaux sociaux au sein de notre Communauté. L’exemple le plus éloquent c’est l’existence d’un groupe whatsapp des étudiants de la CIFA. C’est un canal numérique interne à travers lequel nous recevons des communications et les documents numériques de la Congrégation (Chronica, les bulletins d’informations des Provinces, etc.). Ce canal whatsapp facilite grandement la circulation de l’information au sein de notre « maison commune ». Toutefois, les réseaux sociaux mettent également en communication les confrères étudiants avec le monde extérieur. Ce qui n’est pas sans conséquences négatives. En effet, il peut arriver qu’un étudiant se transforme en « ermite numérique », c’est-à-dire qu’il reste constamment dans sa chambre pour communiquer avec l’extérieur. Ils peuvent aussi causer de sérieux problèmes d’intégration non seulement au sein de la Communauté mais aussi en apostolat. En effet, ils peuvent absorber l’attention des confrères au point de les rendre physiquement présents mais absents. Enfin, le gaspillage de temps qu’ils occasionnent peut avoir des répercussions négatives sur les études. Notamment la remise tardive des travaux de recherche.

    Pour finir, je pense que relire mon expérience de la formation initiale à partir des lumières du 16ème Chapitre général est une source de croissance. Je suis convaincu que l’application progressive des recommandations et des exhortations des actes du Chapitre permettront aux Communautés de formation CICM, de former des missionnaires qui pourront répondre efficacement aux défis de notre monde actuel. Mais pour y parvenir, chaque Communauté de formation en général et chaque confrère étudiant en particulier, gagneraient à évaluer leur parcours annuel, en rapport avec les recommandations et les exhortations du 16ème Chapitre relatives à la formation initiale. Au final, l'important est de rester cohérent et d'aller de l'avant.

     


    Prendre conscience de «l'esprit de foi»

    Mark Steven Joyce, cicm
    Novice aux Philippines

     

    Nos histoires au cours d'une retraite spirituelle

    En partant de son vécu dans une salle avec Fidel Castro, pour partager ensuite la vraie joie de son expérience missionnaire au profit du développement communautaire et humain de ceux qui lui étaient confiés, le P. Alejandro 'Alex' A. Ulpindo, CICM, a fait de la « narration de son histoire » le thème de notre retraite. Notre histoire commence pour nous, novices, à notre arrivée à Home Sweet Home après avoir passé deux semaines dans différentes écoles CICM. Bénéficiant du temps frais de Baguio, nous étions très excités de nous retrouver et de pouvoir partager nos histoires au cours de notre immersion dans ces écoles. Pourtant, grâce aux exemples et aux conseils du père Alex, nous avons élargi l'horizon de nos histoires, ce qui a fait de la retraite bien plus qu'une simple réflexion au sujet de notre immersion de deux semaines. Au cours de notre retraite annuelle, le père Alex nous a fourni un meilleur ancrage dans notre groupe, grâce auquel nous avons appris davantage sur nous-mêmes et les autres, nous avons pu nous reposer et recharger nos batteries après cette expérience de deux semaines, et nous avons pu expérimenter la vie CICM en nous inspirant de l'expérience missionnaire CICM.

    Dans le cadre de notre programme de noviciat, nous avions déjà raconté « nos histoires » sous différentes formes. Habituellement « notre histoire » signifie l'histoire de notre vocation ou le récit des raisons pour lesquelles nous avons décidé de rejoindre CICM. Pourtant, au cours de cette retraite, j'ai entendu mes frères novices raconter leur histoire d'une manière nouvelle. Le premier jour, le père Alex nous a dit qu'il préférait enseigner par des témoignages plutôt que par des conférences. Il passait ainsi une heure avec nous le matin en racontant des histoires. Après cela nous recevions des questions de réflexion. Il nous disait de nous écouter les uns les autres et de raconter nos histoires dans l'après-midi. Je suis alors venu à la séance de l'après-midi avec une histoire que je pensais pouvoir raconter à partir de ma réflexion, mais je me suis senti poussé à raconter une histoire différente basée sur quelque chose que j'avais entendu. Le fil conducteur des histoires était : « Comment nous définirions-nous nous-mêmes à travers ces histoires ? J'ai ainsi réalisé que nous avons tous appris à mieux nous connaître grâce à notre noviciat, ce qui nous a permis de raconter notre histoire d’une nouvelle façon.

     Au début de la retraite, j'ai demandé au père Alex ce qu'il pensait du fait que nous allions courir ou marcher pendant la retraite. Il m’a encouragé en disant : « Un esprit heureux dans un corps sain, c'est le but d'une retraite. » Je pense que cette idée nous a tous aidés à tirer le meilleur parti de notre temps pendant la retraite. Après deux semaines dans les écoles, nous avons pu nous reposer, faire de l'exercice et réfléchir à notre vécu au cours des six mois de notre noviciat CICM. Dans certaines congrégations, l'idée que des novices puissent aller courir pendant leur retraite pourrait sembler inacceptable. Cependant, je pense que c'est un complément parfait pour une congrégation missionnaire qui a comme priorité l’ad gentes. Après avoir entendu le père Alex raconter des histoires soulignant l'importance d'être proche des gens, nous avons couru près d'un terrain de football à Burnham Park. Là-bas, nous avons vu les jeunes de Baguio se rassembler, faire du sport, rire et pratiquer les danses traditionnelles du peuple Igorot. Pour moi, non seulement ces courses m'ont aidé à me sentir mentalement équilibré, mais elles m'ont aussi aidé à réfléchir à une vie missionnaire orientée ad gentes.

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    Au cours de notre retraite, le père Alex a raconté une série d'histoires missionnaires qui étaient interpellantes, inspirantes et instructives. Un thème qui se retrouvait beaucoup dans ses histoires était le « vivre avec les pauvres et les servir ». Ces histoires nous ont ouvert les yeux sur ce qui nous attend. Une conférence qui m'a marqué, fut la lecture d'une lettre que notre fondateur, Théophile Verbist, a écrite aux premiers novices CICM. J'ai aimé le fait que le père Verbist ait écrit la lettre depuis sa mission en Chine. Même si la lettre a été écrite il y a plus de 150 ans, les leçons et l'enseignement sont toujours pertinents pour moi en tant que novice CICM aujourd'hui. Surtout quand il dit : « Le missionnaire n'a que l'esprit de foi pour le soutenir et le protéger. »  Ce qui m'a frappé dans la lettre et dans les histoires que le père Alex nous a racontées, c'est la difficulté d'une vocation missionnaire au service des pauvres. Ces récits d'expériences missionnaires CICM nous ont aidés à réfléchir à ce sur quoi nous travaillons dans nos parcours de vie avec CICM. Nous avons vivement apprécié l'hospitalité que nous avons reçue de la communauté Home Sweet Home. À peu près à mi-chemin de notre année de noviciat, il fut agréable de constater le chemin parcouru dans la connaissance et la compréhension de soi. Il était également important et utile d'avoir eu le temps de trouver un meilleur ancrage dans notre groupe et de nous ressourcer pour affronter ce qui nous attend. Mais plus important encore, la retraite nous a aidés à nous concentrer sur certains thèmes clés de la vie missionnaire qui peuvent nous inspirer dans notre cheminement vocationnel. La retraite nous a aidés à prendre conscience de « l'esprit de foi » nécessaire pour réussir dans la vie missionnaire.


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